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Job 3.9 Ancien Testament Zadoc Kahn
Dialogue entre Job et ses amis
Intervention n° 1 de Job
1 Après cela, Job ouvrit la bouche et maudit le jour de sa naissance. 2 Job prit la parole et dit : 3 Périsse le jour où je suis né, la nuit qui a dit : « Un homme a été conçu ! » 4 Que ce jour-là ne soit que ténèbres ! Que Dieu ne daigne s’y intéresser du haut de sa demeure, et qu’aucune lueur ne l’éclaire ! 5 Que l’obscurité et l’ombre de la mort le revendiquent comme leur, qu’une épaisse nuée pèse sur lui, et que des éclipses de soleil en fassent un objet d’épouvante ! 6 Cette nuit-là, que de profondes ténèbres s’en saisissent, qu’elle ne prenne pas rang parmi les jours de l’année et n’entre pas dans le compte des mois ! 7 Oui, que cette nuit-là soit condamnée à la solitude, et que nul chant ne s’y élève ! 8 Puisse-t-elle être exécrée par ceux qui maudissent le jour et possèdent le secret d’éveiller le Léviathan ! 9 Que les étoiles de son aube matinale demeurent obscures, qu’elle attende vainement la lumière et ne voie point s’ouvrir les paupières de l’aurore, 10 pour n’avoir pas tenu closes les portes du sein qui m’avait conçu et caché la misère à mes regards ! 11 Que ne suis-je mort dès le sein de ma mère Que n’ai-je rendu le dernier soupir en me détachant de ses flancs 12 Pourquoi deux genoux m’ont-ils recueilli À quoi bon des mamelles pour m’allaiter ? 13 A présent je serais couché dans une paix profonde, je dormirais et jouirais du repos, 14 en compagnie des rois et des arbitres de la terre, qui se bâtissent des monuments destinés à la ruine, 15 ou bien des grands qui ont possédé de l’or et rempli d’argent leurs maisons. 16 Ou encore, que n’ai-je été comme l’avorton qu’on enfouit, comme ces petits enfants qui n’ont pas aperçu la lumière 17 Là, les méchants mettent un terme à leur violence, là, se reposent ceux dont les forces sont à bout. 18 Là aussi les captifs sont en paix, sans plus entendre la voix d’un maître despotique. 19 Petits et grands y sont confondus, et l’esclave est libéré de son maître. 20 Pourquoi octroie-t-on la lumière au misérable, et la vie à ceux dont l’âme est pleine d’amertume, 21 qui appellent de leurs vœux la mort, qui les fuit, et la cherchent plus avidement que des trésors, 22 qui ressentent des transports de joie et sont dans l’allégresse, dès qu’ils obtiennent une tombe ; 23 à l’homme enfin dont la destinée est voilée et que Dieu a confiné comme dans un enclos 24 Aussi bien, je ne mange pas un morceau de pain que mes sanglots n’éclatent, et que mes plaintes ne se répandent comme l’eau. 25 C’est que tout malheur dont j’avais peur fond sur moi ; ce que je redoutais vient m’assaillir. 26 Je ne connais plus ni paix, ni sécurité, ni repos : les tourments m’ont envahi.