1 Paul, apôtre de Jésus-Christ, selon le commandement de Dieu notre Sauveur et de Jésus-Christ notre espérance, 2 à Timothée, mon légitime enfant en la foi : Grâce, miséricorde, paix, de la part de Dieu le Père et de Jésus-Christ notre Seigneur !
3 Comme je t’exhortai, lorsque je partis pour la Macédoine, à demeurer à Éphèse, afin que tu recommandasses à certaines personnes de n’enseigner point une autre doctrine, 4 et de ne point s’attacher à des fables et à des généalogies interminables, qui produisent des disputes plutôt qu’elles n’avancent la dispensation de Dieu, qui est dans la foi… 5 Or le but de la recommandation, c’est une charité qui procède d’un cœur pur et d’une bonne conscience et d’une foi sincère ; 6 dont quelques-uns s’étant détournés, se sont égarés dans de vains raisonnements ; 7 prétendant être docteurs de la loi, et ne sachant ni ce qu’ils disent ni ce qu’ils affirment. 8 Or, nous savons que la loi est bonne, pourvu qu’on en use légitimement, 9 sachant ceci, que ce n’est pas pour le juste que la loi est établie, mais pour les iniques et les rebelles, les impies et les pécheurs, les immoraux et les profanes, les meurtriers de père et de mère, les homicides ; 10 les fornicateurs, les abominables, les voleurs d’hommes, les menteurs, les parjures, et tout ce qui est contraire à la saine doctrine, 11 selon l’Évangile de la gloire du Dieu bienheureux, qui m’a été confié. 12 Je rends grâces à Celui qui m’a fortifié, Jésus-Christ notre Seigneur, de ce qu’il m’a estimé fidèle, en m’établissant dans le ministère, 13 moi qui étais auparavant un blasphémateur et un persécuteur et un homme violent ; mais j’ai obtenu miséricorde parce que j’ai agi par ignorance, dans l’incrédulité ; 14 mais la grâce de notre Seigneur a surabondé, avec la foi et la charité qui est en Jésus-Christ. 15 Cette parole est certaine, et digne de toute acceptation, que Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, dont je suis le premier. 16 Mais à cause de ceci j’ai obtenu miséricorde, afin que Jésus-Christ fît voir, en moi le premier, toute sa longanimité, pour que je servisse d’exemple à ceux qui croiront en lui pour la vie éternelle. 17 Or, au Roi des siècles, incorruptible, invisible, seul Dieu, soit honneur et gloire, aux siècles des siècles. Amen ! 18 La recommandation que je t’adresse, Timothée, mon enfant, c’est que, conformément aux prophéties qui ont été faites autrefois de toi, tu combattes par elles le bon combat, 19 conservant la foi, et une bonne conscience, laquelle quelques-uns ayant rejetée, ils ont fait naufrage quant à la foi, 20 du nombre desquels sont Hyménée et Alexandre, que j’ai livrés à Satan, afin qu’ils apprennent à ne pas blasphémer.
Le véritable but de la Loi, pourquoi Paul a laissé Timothée à Éphèse, salutation
Signature et adresse de la lettre, vœu apostolique (1, 2).
Paul a laissé Timothée à Éphèse afin qu’il s’oppose à certains faux docteurs qui, s’attachant à des fables, provoquent dans l’Église de vaines disputes et qu’il affermisse-les âmes dans la dispensation divine (3, 4).
Le but de l’Évangile est de produire la charité et une bonne conscience ; ceux qui s’en détournent se perdent en de vains raisonnements, n’entendant pas même ce qu’ils affirment avec tant d’assurance (5-7).
La loi qu’ils prétendent soutenir a un tout autre but : elle est destinée, non à ceux qui sont justifiés par la grâce, mais aux transgresseurs qu’elle doit convaincre de péché ; c’est là ce qui est conforme à l’Évangile de la gloire de Dieu (8-11).
Paul rappelle l’origine et l’autorité de son apostolat alors même qu’il s’adresse à un frère qui ne sera point tenté de révoquer en doute cette mission divine (Actes 9.15 ; comparez Galates 1.1, note).
Dans les épîtres pastorales il donne souvent à Dieu le beau et doux nom de Sauveur (1 Timothée 2.3 ; 1 Timothée 4.10 ; 1 Timothée 1.3 ; 1 Timothée 3.4), parce qu’il voit en lui la cause première du salut (comparer : Jean 3.16). Quant à celui qui l’accomplit, Jésus-Christ, Paul l’appelle notre espérance, parce qu’il en est seul le fondement, ou plutôt l’objet. Il devait trouver dans toutes ces expressions une consolation dont son cœur avait besoin lorsque, parvenu aux derniers temps de sa vie, fatigué de sa course, de ses travaux, de ses souffrances, il ne pouvait que soupirer après la délivrance finale. C’est ainsi encore qu’il emploie dans le vœu qu’il adresse à Dieu pour son disciple (1 Timothée 1.2) ce terme de miséricorde, qui ne paraît pas habituellement dans ses salutations apostoliques, mais qui trahit un sentiment toujours plus profond des misères humaines dont il avait tant souffert et que ses derniers combats lui rendaient plus douloureuses encore (comparer 1 Timothée 1.13-16).
Ce titre si rempli de paternelle affection confirme la pensée que c’était bien l’apôtre qui avait amené Timothée à la foi (voir l’introduction I ; comparez 1 Corinthiens 4.17). Il y a dans cette paternité spirituelle une profonde réalité.
Voir Romains 1.7, note.
L’apôtre n’a pas achevé cette longue phrase (1 Timothée 1.3 ; 1 Timothée 1.4) que nous rendons telle qu’il l’a laissée. Il s’agit de bien saisir les pensées qui se pressent sous sa plume et qui souvent le détournent d’une construction rigoureusement grammaticale.
Il rappelle d’abord (1 Timothée 1.3) à son disciple qu’il l’a exhorté à rester à Éphèse dans un but important qu’il va indiquer (1 Timothée 1.3 ; 1 Timothée 1.4). Cela eut lieu lorsqu’il partit d’Éphèse pour la Macédoine. Or, on cherche en vain dans la vie de Paul, selon le récit des Actes, le voyage ici mentionné. On cite Actes 20.1-4, mais plusieurs circonstances ne coïncident pas.
D’autres ont imaginé un voyage, qui ne serait pas raconté par Luc, mais sans aplanir les difficultés. Il est donc très probable qu’il s’agit d’une époque postérieure qui doit se placer après la première captivité de l’apôtre (voir l’introduction II).
Le but de l’apôtre, en laissant Timothée à Éphèse, était qu’il recommandât à certaines personnes (bien connues de lui) de ne pas enseigner une autre doctrine (grec : « enseigner autrement ») que celle de Paul. C’est ce qu’il appelle ailleurs « prêcher un autre Évangile » (Galates 1.6 ; comparez 2 Corinthiens 11.4). Ces fausses doctrines, il les désigne comme des fables et des généalogies interminables. Timothée savait certainement ce qu’il devait entendre par là.
Aujourd’hui, les exégètes proposent les explications les plus diverses de ces termes.
Les uns pensent qu’il s’agit des traditions fabuleuses par lesquelles les Juifs prétendaient expliquer l’Ancien Testament et qui ont formé peu à peu la science talmudique, aussi bien que des recherches généalogiques sur les ancêtres du Messie.
Les autres appliquent ces mots aux vaines spéculations sur les ordres divers des anges, dont on trouve déjà des traces dans de précédentes épîtres (Éphésiens 1.21 ; Colossiens 1.16 ; Colossiens 2.10-15).
D’autres encore veulent retrouver ici les premiers germes des notions gnostiques sur des émanations successives d’êtres spirituels, toutes les perfections de Dieu s’engendrant les unes les autres dans une succession infinie, interminable.
Quel que fût le sens précis de ces erreurs, il est certain que l’imagination des fidèles n’ayant pour guide ni la raison ni la révélation, ne pouvait produire que des disputes et non la dispensation de Dieu, qui est dans la foi. Le texte reçu lit ici l’édification de Dieu. Dans ce sens, l’apôtre voudrait parler d’une édification selon Dieu, opérée par lui, dont la foi est le vrai élément et qu’il opposerait aux vaines spéculations. Mais au lieu de ce mot édification, la plupart des manuscrits portent l’expression que nous rendons par la dispensation, ou l’économie ou l’administration et qui désigne tout ce que Dieu a fait pour le salut des hommes (comparer Éphésiens 1.10 ; Éphésiens 3.2-9 ; ou encore 1 Corinthiens 9.17).
L’apôtre veut dire que cette dispensation de Dieu dans l’Évangile de sa grâce doit être reçue par la foi et n’est pas favorisée, avancée au milieu des hommes pour les faux systèmes qu’il combat, mais tout au contraire. Ou bien, s’il prend ce mot dans le sens de 1 Corinthiens 9.17 (comparer 1 Timothée 4.1), c’est-à-dire comme signifiant l’administration du ministère évangélique, il entend que ceux qui sont revêtus par Dieu de cette charge doivent s’en acquitter dans la foi et non dans l’esprit de ces systèmes humains.
Ou de l’avertissement, de l’exhortation, de la prédication (comparer 1 Timothée 1.18 ; 1 Timothée 4.11 ; 1 Timothée 5.7 ; 1 Timothée 6.13).
L’apôtre reprend la pensée de 1 Timothée 1.3, où se trouve le même mot, pour indiquer ce que Timothée devait faire à Éphèse.
La charité, qui est l’accomplissement de la loi (Romains 13.10), est le but suprême de la rédemption, par conséquent aussi de toute proclamation de la vérité. Cet amour de Dieu et des hommes n’est compatible qu’avec un cœur pur de tout mauvais motif, de tout égoïsme et avec une conscience qui a la paix de Dieu.
L’homme ne peut aimer qu’un Dieu réconcilié, qui a pardonné ; et tout péché nouveau, dont on n’aurait pas obtenu le pardon, trouble la bonne conscience. Mais la principale source de cet amour, c’est la foi, une foi sincère (grec : « sans hypocrisie ») qui ne se contente pas des apparences sans la réalité. C’est cette foi qui produit aussi la bonne conscience (voyez 1 Timothée 1.19 ; 1 Timothée 3.9 ; 2 Timothée 1.3 ; 2).
Ou « vains discours » ; par où l’on peut entendre les vaines questions dont l’apôtre a parlé à 1 Timothée 1.4.
Ils se sont détournés, non seulement de la « foi sincère » (1 Timothée 1.5), mais de tout ce qui constitue un vrai caractère chrétien, tel que Paul vient de le dépeindre.
Ce titre pompeux de docteur de la loi était sans doute celui que s’attribuaient les faux docteurs ; ce qui montre qu’ils étaient des chrétiens judaïsants.
Plusieurs autres passages de nos épîtres confirment cette opinion. Et cependant ils n’entendaient ni la loi, ni les question (1 Timothée 1.4 ; 1 Timothée 1.6) sur lesquelles ils parlaient avec tant d’assurance et dont ils prétendaient trouver la solution dans l’Ancien Testament. S’ils avaient mieux compris la loi, ils auraient aussi mieux compris l’Évangile (1 Timothée 1.8).
Par cette antithèse dans les mots : « la loi est bonne si quelqu’un en use légitimement », l’apôtre veut dire que la loi atteint son but quand l’homme pénètre jusqu’à son essence même et la saisit dans sa profonde spiritualité, quand il en éprouve la sainte influence, quand il est amené par elle à la connaissance de son péché et de sa corruption (Romains 7.7 ; Romains 7.10 ; Romains 7.14, notes).
Le Sauveur faisait appel à cet usage de la loi quand il y renvoyait ses auditeurs et leur disait qu’ils auraient la vie s’ils pouvaient l’accomplir (Luc 10.28 ; Luc 18.20 et suivants ; comparez Romains 10.5, note).
Mais la loi cessait d’être bonne quand elle devait servir à de vaines spéculations et surtout lorsque, interprétée dans un sens extérieur et matériel, à la manière des pharisiens, elle ne servait plus qu’à nourrir l’illusion d’une orgueilleuse propre justice (voir Matthieu 19.20).
Pour comprendre ce passage sur la destination de la loi, il faut se rappeler l’enseignement apostolique touchant la justification.
Celui que l’apôtre nomme le juste (1 Timothée 1.9), n’est jamais l’homme qui est parvenu à un certain degré de justice propre par l’observation de la loi (Romains 3.20, note), mais le croyant qui est justifié devant Dieu par la foi (Romains 1.17, note ; Romains 3.24, note).
Cette justification, fruit de sa réconciliation avec Dieu, rend le chrétien capable d’aimer la loi de Dieu, parce qu’il aime Dieu ; or, « l’amour est l’accomplissement de la loi » (Romains 13.10).
L’Esprit de Dieu, répandu dans ce cœur régénéré, y devient une loi vivante ; la loi écrite, avec ses prescriptions et ses condamnations, ne le régit plus, si ce n’est pour exercer toujours plus complètement en lui son ministère de mort (Romains 7.10, note), et pour le rejeter plus complètement dans la foi. Le but de la loi est atteint quand elle s’est rendue superflue par son action même (Romains 6.14, note ; Galates 5.18).
Mais il n’en est pas ainsi pour l’homme inconverti, à qui la loi n’a point encore fait sentir son péché ; la loi est là spécialement pour lui. Et l’apôtre choisit à dessein les termes les plus forts, cite les transgressions les plus grossières, afin de faire sentir d’autant plus vivement l’erreur des faux docteurs qui se glorifiaient de la loi, tout en en méconnaissant la spiritualité et qui la considéraient comme supérieure à l’Évangile de la grâce, par lequel seul pourtant l’homme parvient à accomplir réellement la volonté de Dieu.
En même temps, Paul laisse entrevoir (comme Romains 2.17, suivants) que ceux qui, dans leur aveuglement et leur orgueil, se glorifient de la loi, sont les premiers violateurs de la loi.
On peut remarquer que, dans ce triste catalogue des transgresseurs de la loi, l’apôtre nomme d’abord (en six termes divers) ceux qui pèchent contre Dieu et les choses saintes, puis ceux qui violent leurs obligations à l’égard du prochain. Dans cette dernière énumération, il suit à peu près l’ordre de la seconde table du décalogue.
Sur ce mot voleurs d’hommes, comparez Exode 21.16, où il s’agit d’hommes qu’on dérobait pour les vendre comme esclaves. Ce crime n’a pas encore disparu de la terre.
On n’attendait pas ici ce mot de saine doctrine, mais plutôt quelque expression se rapportant à la morale et à la pratique du bien. Mais, pour les écrivains sacrés, la doctrine, ou la vérité, est inséparable de la sainteté et l’erreur intimement unie au péché.
Ainsi le terme même de saine doctrine, qui revient souvent dans les épîtres pastorales (1 Timothée 6.3 ; 2 Timothée 1.13 ; 2 Timothée 4.3 ; 2 Timothée 1.9-13 ; 2 Timothée 2.1-2), suppose qu’il peut y avoir une doctrine moralement malsaine, nuisible à la santé de l’âme (1 Timothée 6.4 ; 2 Timothée 2.16 ; 2 Timothée 2.17).
C’est aussi pour cela qu’on trouve si souvent dans ces lettres l’idée que la foi ne saurait exister sans la bonne conscience (1 Timothée 1.5, note).
Ces mots : selon l’Évangile, ne se rapportent pas seulement à ce qui précède immédiatement, comme s’ils devaient caractériser « la sainte doctrine », mais à toute la pensée exprimée aux 1 Timothée 1.8-11 sur la vraie destination de la loi. L’Évangile confirme cette destination en mettant la loi à sa vraie place, en montrant que l’homme, humilié, condamné par cette loi, ne peut ensuite être sauvé que par la grâce.
C’est pour cela même que cet Évangile est si glorieux aux yeux de l’apôtre : l’Évangile de la gloire du Dieu bienheureux. Il proclame la gloire, la miséricorde, l’amour de ce Dieu souverainement heureux, qui veut, par l’Évangile, faire part de ce bonheur suprême à de pauvres et misérables créatures.
La grandeur de la miséricorde divine apparaît en ce que Paul a été appelé au service de Celui qu’il avait blasphémé, persécuté ; puisqu’une telle miséricorde lui a été faite et que cette grâce a surabondé, produisant en lui la foi et la charité, il est bien évident que Jésus-Christ est venu pour sauver les pécheurs (12-15).
Le but de cette miséricorde était de manifester, dans l’exemple de Paul, toute la longanimité de Dieu pour ceux qui croiront ; c’est à ce sujet que Paul entonne un chant de louange (16, 17).
Grec : « pour le service ».
La mention de l’Évangile qui lui a été confié (1 Timothée 1.11) conduit Paul à proclamer la parfaite gratuité de ce don, qu’il oppose aux mérites acquis au moyen de la loi (1 Timothée 1.8 et suivants). Or, la manière la plus frappante d’exprimer cette vérité, c’est assurément de la montrer réalisée dans un fait, dans sa propre histoire qu’il rappelle ici (1 Timothée 1.12-17), pour en conclure la grande affirmation de 1 Timothée 1.15.
Ainsi s’explique et se justifie cette apparente digression qui rentre parfaitement dans l’ensemble de la pensée de l’apôtre.
Par cette action de grâces, Paul attribue à Jésus-Christ son Seigneur, toute la force qu’il a mise ensuite au service de son Maître. S’il mentionne sa propre fidélité, c’est assurément pour la faire remonter à la même source, comme le prouve abondamment la profonde humilité, la douloureuse repentance avec laquelle il va parler de lui-même.
Blasphémateur envers Dieu et l’Évangile de sa grâce ; persécuteur à l’égard des enfants de Dieu ; violent dans son caractère charnel et orgueilleux. Paul nomme ses péchés par le nom qui leur est propre, sans aucun ménagement. Plus il s’humilie, plus il exalte la grâce gratuite qui l’a sauvé (1 Timothée 1.14).
Grec : « Parce que, ignorant, je l’ai fait par incrédulité ». Si l’ignorance atténue son péché, l’incrédulité l’aggrave. Paul ne veut donc pas s’excuser par ces mots, mais au contraire, il veut décrire plus vivement encore sa profonde misère (1 Timothée 1.15).
L’ignorance comporte la possibilité du salut (Luc 23.34, note). Le salut ne devient impossible que lorsque l’homme reconnaissant la Parole et l’œuvre de Dieu comme étant de Dieu, les blasphème et les foule aux pieds. C’est là le péché contre le Saint-Esprit (Matthieu 12.31 ; Matthieu 12.32).
Plus sa culpabilité était grande, plus il a fallu que la grâce surabondât en lui pour y produire la foi au lieu de l’incrédulité (1 Timothée 1.13), et l’amour au lieu de la haine et de la violence du persécuteur. Toute cela, il ne se lasse pas de le répéter, il l’a trouvé en Jésus-Christ.
Grec : « Cette parole est fidèle », ou littéralement « fidèle est cette parole », belle expression propre à nos épîtres pastorales (1 Timothée 3.1 ; 1 Timothée 4.9 ; 2 Timothée 2.11 ; 2 Timothée 3.8).
Et parce que cette parole est fidèle, elle est digne d’être acceptée, reçue par tous à cœur ouvert, avec la plus vive reconnaissance.
Ils ignorent absolument la nature de la repentance ceux qui trouvent exagérée cette expression de l’humilité de l’apôtre. Si chaque chrétien a plus ou moins le sentiment qu’à tout prendre il est le plus misérable de tous les pécheurs et doit « estimer les autres plus excellents que lui-même », combien plus Paul, avec le terrible souvenir qu’il vient d’exprimer, d’avoir haï, persécuté son Sauveur et blasphémé contre Dieu ! (comparer Éphésiens 3.8, note.)
Quant à la grande et magnifique vérité dans ce verset, elle ne fait que redire, dans un style qui rappelle celui de saint Jean, la parole du Sauveur lui-même (Matthieu 18.11 ; Luc 19.10).
La miséricorde qui a été faite à l’apôtre, avait pour but de l’établir comme un exemple qui pût servir éternellement à la consolation et à l’encouragement des pécheurs les plus disposés à désespérer.
En s’exprimant ainsi, l’apôtre montre encore une profonde humilité, puisqu’il donne à entendre que le but de cette divine miséricorde n’était pas son salut, à lui, mais le salut des autres.
Et en même temps qu’aurait-il pu dire de plus persuasif, de plus émouvant pour prouver les richesses de la grâce de Dieu, manifestées dans l’Évangile ?
Un exemple nous fera mieux sentir ce qu’il a voulu exprimer. Représentez-vous une cité populeuse dont tous les habitants se sont rendus criminels envers leur prince, les uns plus, les autres moins. Parmi eux, il en est un qui est, plus que tous, coupable et digne de condamnation. On annonce à tous que le roi fait grâce ; nul ne le croit entièrement jusqu’à ce qu’ils voient que celui-là aussi a obtenu son pardon, qui est le plus criminel de tous ; mais après ce fait, il n’y a plus de doute. Ainsi, dit Paul, Dieu, voulant prouver à tous les hommes qu’il fait grâce, choisit le plus coupable de tous, exerce envers lui sa pleine miséricorde : qui pourra douter désormais ?
Ce chant de louange, auquel l’apôtre donne essor en finissant, a le même motif et le même sens que celui de Romains 11.32 et suivants.
C’est un regard sur le merveilleux décret de Dieu, de sauver le pécheur par sa pure et libre grâce, qui arrache à l’âme de Paul ces hymnes d’adoration. Ici, il donne à Dieu des attributs qui tous ont un rapport profond avec cette œuvre de sa grâce : il le nomme Roi des siècles, ou « des éternités », parce qu’avant tous les âges il a tout préparé dans le conseil de sa miséricorde pour se glorifier, par le salut des pécheurs, jusque dans l’éternité ; incorruptible (non immortel, selon nos versions), parce que les desseins de son amour sont invariables et que ses promesses ne trompent jamais ; invisible, parce que, « habitant une lumière inaccessible de gloire » (1 Timothée 6.16), ses voies sont insondables (Romains 11.33) ; seul Dieu (le texte reçu lit seul sage, contre les meilleures autorités), parce que nul ne peut s’opposer à sa volonté et qu’il restera le souverain bien de ses enfants, tout en tous.
L’apôtre se montre jaloux de donner à Dieu seul toute la gloire et il redouterait de s’en attribuer la moindre partie.
Après avoir exposé ainsi les trésors de l’Évangile, il presse son disciple de combattre pour cette vérité divine, en lui mettant sous les yeux l’exemple de ceux qui se perdent en la falsifiant.
Pour encourager son disciple à la lutte contre l’erreur, Paul lui rappelle des prophéties faites à son sujet (18).
Sa force pour le combat sera dans l’union de la foi et d’une bonne conscience qu’on ne peut abandonner sans faire naufrage ; il en cite deux exemples effrayants, Hyménée et Alexandre (19, 20).
Il paraît qu’il y avait eu, dans les Églises d’Asie, des chrétiens doués du don de prophétie, qui avaient annoncé par le Saint-Esprit que Timothée deviendrait un serviteur de Dieu distingué. C’est là ce que rappelle l’apôtre, ici et ailleurs (1 Timothée 4.14 ; 1 Timothée 6.12).
Grec : « Que tu fasses en (ou : par) elles la bonne guerre », dans ces prophéties ; ce qui peut vouloir dire : que tu combattes de manière à accomplir ce qu’elles annonçaient ; ou bien : que tu combattes avec le courage qu’elles t’inspireront.
C’est par cette recommandation que l’apôtre revient à sa pensée de 1 Timothée 1.3 (comparer 1 Timothée 1.5, note).
La foi et la bonne conscience sont unies comme la cause et l’effet ; mais il y a toujours action et réaction de l’une sur l’autre.
La foi est le gouvernail du vaisseau, la bonne conscience en est l’ancre ; l’une ou l’autre manquant au jour de la tempête, il y a danger terrible de faire naufrage.
Il est de la plus haute importance, pour les chrétiens de tous les temps, de ne jamais considérer une doctrine indépendamment de la disposition morale qui l’a produite, ou qu’elle peut engendrer (comparer 1 Timothée 1.5, note).
Grec : « Afin qu’ils soient châtiés pour ne plus blasphémer » (voir sur Alexandre 2 Timothée 4.14 ; et sur Hyménée 2 Timothée 2.17).
Livrer à Satan est une expression déjà employée par l’apôtre Paul (1 Corinthiens 5.5, note) et qui signifie excommunier, bannir du corps de l’Église. Il applique cette mesure de rigueur, soit afin que ces faux docteurs ne répandent pas leur poison parmi les fidèles, soit dans l’espoir de les ramener, en réveillant en eux le sentiment de leur chute.
Dans l’un et l’autre cas, c’était mettre un terme à leur action nuisible sur l’Église. Cette action, l’apôtre la désigne comme blasphématoire, soit que ces hommes parlassent mal de la saine doctrine, soit que leurs principes continssent véritablement des blasphèmes contre Dieu.
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