1 J’exhorte donc, avant toutes choses, à faire des supplications, des prières, des intercessions, des actions de grâces pour tous les hommes ; 2 pour les rois, et pour tous ceux qui sont en dignité : afin que nous menions une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté. 3 Car cela est bon et agréable devant Dieu notre Sauveur, 4 qui veut que tous les hommes soient sauvés, et parviennent à la connaissance de la vérité. 5 Car il y a un seul Dieu, et un seul Médiateur entre Dieu et les hommes Jésus-Christ, homme, 6 qui s’est donné lui-même en rançon pour tous ; c’est le témoignage rendu en son propre temps ; 7 pour lequel j’ai été établi prédicateur et apôtre (je dis la vérité, je ne mens point), docteur des païens dans la foi et dans la vérité. 8 Je veux donc que les hommes prient en tout lieu, en élevant des mains pures, sans colère et sans contestation. 9 Que de même aussi les femmes, dans un vêtement décent, avec pudeur et modestie, se parent non de tresses et d’or ou de perles ou d’habits somptueux ; 10 mais de bonnes œuvres comme il est séant à des femmes qui font profession de servir Dieu. 11 Que la femme reçoive l’instruction dans le silence avec une entière soumission ; 12 car je ne permets pas à la femme d’enseigner, ni de prendre de l’autorité sur son mari, mais elle doit être dans le silence. 13 Car Adam fut formé le premier, Ève ensuite. 14 Et ce ne fut pas Adam qui fut séduit ; mais ce fut la femme qui, séduite, tomba dans la transgression. 15 Mais elle sera sauvée par l’enfantement, si elle persévère dans la foi et dans la charité et dans la sainteté, avec modestie.
Paul ne voulait pas seulement donner des conseils à Timothée sur son attitude à l’égard des fausses doctrines ; il avait diverses recommandations à lui faire concernant la vie intérieure de l’Église elle-même.
Il passe à ce sujet par un donc qui n’introduit pas précisément une conclusion logique de ce qui précède, mais qui rattache le nouveau sujet qu’il aborde à ce qu’il a dit (1 Timothée 1.3 suivants) de la raison pour laquelle il a laissé son disciple à Éphèse.
Il commence par des instructions relatives aux assemblées.
Les prières doivent y tenir la principale place. Ce sont elles que l’apôtre recommande en premier lieu.
Il désigne ces prières à faire par des noms divers qui répondent à tous les besoins, selon les circonstances (comparer Philippiens 4.6). Aux prières ordinaires, aux supplications qui sont des demandes positives et plus instantes auprès de Dieu dans les temps mauvais, l’apôtre veut qu’on ajoute des intercessions, non seulement pour des frères en la foi, mais pour tous les hommes.
Les chrétiens doivent être animés de cette charité qui ne connaît pas de limites, de cette sympathie pour tous les maux, à qui rien d’humain ne reste étranger. Et si une Église plaide ainsi devant Dieu la cause de tous, lui demandant le salut de tous (1 Timothée 2.4), elle doit aussi, sensible aux bénédictions que d’autres reçoivent, adresser à Dieu au nom de tous des actions de grâces.
Il veut unir tous les hommes, non seulement par la prière, mais par des actions de grâces. Celui, en effet, qui peut bénir Dieu de tout le bien qui arrive au prochain, doit l’aimer et l’envisager comme un ami.
On comprendra mieux l’importance de ces préceptes, si l’on se représente l’état du monde d’alors. La connaissance d’un seul Dieu, qui aime tous les hommes, qui les appelle tous au salut (1 Timothée 2.3 et 1 Timothée 2.5) ; le sentiment d’une misère commune qui ne pouvait trouver de remède que dans la grâce d’un Sauveur mort pour les péchés du monde entier : (1 Jean 2.2) c’étaient là des vérités parfaitement ignorées, en dehors du christianisme.
Même les Juifs, dans leur étroit particularisme, n’avaient pas su les trouver dans les Écritures de l’Ancien Testament, où elles sont pourtant clairement énoncées ; et les faux docteurs judaïsants, qui cherchaient à propager leurs erreurs dans les Églises d’Asie, ne pouvaient qu’obscurcir encore ces grandes et précieuses vérités. L’Église devait les mettre en évidence, et cela, par des actes solennels de son culte, par ses prières, plus impressives que tous les enseignements.
Mais qui ne voit combien ces recommandations sont nécessaires pour tous les temps, en présence de l’égoïsme du cœur humain, si porté à les oublier ? Elles sont inspirées par un esprit missionnaire qui se manifestera avec puissance dans toutes les Églises où elles seront fidèlement mises en pratique.
On ne saurait prier « pour tous les hommes » sans le faire spécialement pour ceux qui les gouvernent et desquels dépend dans une si grande mesure le bonheur ou le malheur de tous.
L’ordre extérieur, maintenu par les autorités, est un bienfait de Dieu ; c’est le seul moyen de mener une vie paisible et tranquille et le chrétien doit apprécier hautement ce bien. Il doit prier pour ceux qui le dispensent, alors même qu’ils ne lui paraîtraient que fort peu dignes de son intérêt, ce qui était bien le cas des autorités païennes du temps de l’apôtre. Au reste, il est évident que le premier objet de ces prières pour les rois et ceux qui sont en dignité, doit être leur conversion à Dieu (1 Timothée 2.4).
Ces prières pour tous sont une chose bonne et agréable à Dieu.
Cette pensée est pour le chrétien le motif suprême de toutes ses actions. Mais l’apôtre ajoute à cette considération la raison pour laquelle cela est agréable à Dieu : c’est que, dans sa miséricorde infinie, il veut le salut de tous les hommes et qu’ainsi il daigne associer à son amour et à son œuvre ceux que déjà il a sauvés (Dieu notre Sauveur, 1 Timothée 1.1, note).
Cet enseignement si clair et si beau que Dieu veut le salut de tous les hommes, il faut se garder de lui faire violence pour l’accommoder à l’esprit d’aucun système (comparer 2.11).
Dire avec nos réformateurs que Paul a en vue ici tous les peuples, toute les classes (parce qu’il vient de parler des rois) et non les individus, c’est se mettre en opposition avec la recommandation renfermée à 1 Timothée 2.1 et briser l’unité de la pensée apostolique.
Distinguer un conseil universel de Dieu, qui se manifeste par l’appel adressé à tous au moyen de l’Évangile et un conseil particulier, qui nous reste caché, c’est une pure contradiction, qui ôte à ces paroles toute leur vérité et leur sincérité.
Mais puisque, d’une autre côté, il est bien évident que les hommes ne parviennent pas tous à la connaissance de la vérité, ces paroles nous obligent à reconnaître que la condamnation des impies, comme toute opposition à la volonté de Dieu, comme la première chute de l’homme, renferme pour nous un mystère impénétrable.
Mais au-dessus de ce mystère plane une double vérité, qui ressort clairement de la pensée de notre passage, c’est que, d’une part, ceux qui se perdent ne pourront attribuer leur ruine qu’à eux-mêmes et non à Dieu ; et que, d’autre part, le salut des élus de Dieu sera reconnu comme l’œuvre de sa libre grâce. De toutes manières, à Dieu sera la gloire et à l’homme pécheur la confusion.
Dieu unique, Dieu de tous également (Romains 3.29 ; Romains 3.30). Cette pensée doit motiver la précédente, comme l’indique le car.
Médiateur pour tous. Comment il l’a été, l’apôtre l’enseigne ici même (1 Timothée 2.6 ; comparez Hébreux 9.14 ; Hébreux 9.15). Établir entre Dieu et les homes d’autres médiateurs, soit sur la terre, soit dans le ciel, c’est donner un démenti à cette parole et renier en partie Jésus-Christ et son œuvre.
Ce mot de Médiateur ne se trouve, sous la plume de Paul, qu’ici et Galates 3.19 ; Galates 3.20. Mais l’épître aux Hébreux l’emploie plusieurs fois (Hébreux 8.6 ; Hébreux 9.15 ; Hébreux 12.24).
L’apôtre accentue particulièrement l’humanité de Jésus-Christ, parce qu’il ne pouvait être médiateur qu’en étant homme. Il fallait qu’il appartint à la fois aux deux parties qu’il devait réconcilier dans sa personne (Hébreux 2.14 ; Hébreux 4.15). Par son humanité, il est le second Adam, la souche d’une humanité nouvelle, « le Fils de l’homme » (Matthieu 8.20, note).
Ainsi encore l’apôtre confirme l’idée d’un salut pour tous, accompli en Jésus-Christ.
Matthieu 20.28. La rançon était le prix que l’on payait pour racheter les esclaves ou les prisonniers de guerre. Celle que Christ a payée, c’est sa propre vie ( 2.14 ; 1 Pierre 1.18 ; 1 Pierre 1.19, etc.).
Encore ici l’apôtre répète que la rançon payée par Christ, selon l’intention de Dieu (1 Timothée 2.4) est suffisante pour tous.
Grec : « Témoignage (réservé) à ses propres temps » Le rachat de l’humanité, par la rançon de Jésus-Christ, ne pouvait être témoigné, prêché qu’en son temps, c’est-à-dire après qu’il eut été accompli selon le plan de Dieu (1 Timothée 6.15 ; 1 Timothée 1.3 ; Galates 6.9 ; Actes 17.26 ; Éphésiens 3.5).
Le texte reçu ajoute à ces mots : je dis la vérité, ceux-ci : en Christ, empruntés à Romains 9.1.
Cette affirmation solennelle de son apostolat n’était pas nécessaire pour Timothée, mais bien pour les adversaires.
Pour les instruire dans la foi et dans la vérité. D’autres pensent que ces mots caractérisent la fidélité et la véracité avec laquelle Paul s’acquitte de son apostolat. Cette interprétation n’est pas admissible. Il s’agit de la foi comme élément subjectif de la vie chrétienne et de la vérité révélée, qui en est l’élément objectif. Paul en appelle à sa vocation comme prédicateur, apôtre et docteur (termes accumulés à dessein) des païens, pour prouver l’universalité du salut offert par l’Évangile (1 Timothée 2.3), de même qu’il en appelait naguère (1 Timothée 1.12-16) à sa conversion pour établir la gratuité de la miséricorde de Dieu envers les plus grands pécheurs.
Ce genre d’argumentation a beaucoup de force ; car dans toute l’histoire de son règne, c’est par des faits que Dieu manifeste ses desseins et sa volonté.
Les hommes seuls, par opposition aux femmes (1 Timothée 2.9), selon la signification du mot grec. Il s’agit ici des assemblées publiques (1 Timothée 2.12).
Par ces mots l’apôtre revient à sa recommandation de 1 Timothée 2.1.
Dans toutes les assemblées et partout où ils se trouvent, puisque Dieu est partout présent pour les entendre.
Ces paroles prouvent aussi que dans l’Église apostolique tous les hommes, tous ceux qui avaient le don de la prière, étaient admis à offrir à Dieu les requêtes de l’assemblée. On ne connaissait point encore l’office exclusif du prêtre ou du pasteur.
Élever les mains en priant, comme pour recevoir de Dieu ce qu’on lui demande, était un usage israélite (Psaumes 28.2 ; Psaumes 44.21 ; Psaumes 141.2).
Ces paroles semblent indiquer que les premiers chrétiens avaient la même coutume. Mais, ce qui est plus important, ces mains doivent être pures (grec : « saintes ») et le cœur libre de passions. La prière est parfaitement incompatible avec les mauvais sentiments du cœur et avec les divisions au sein d’un troupeau.
C’est la charité qui écoute la prière, c’est elle qui la doit former.
Elles doivent être modestes et sans luxe dans leur mise, parées de bonnes œuvres, silencieuses dans les assemblées, soumises à leurs maris (9-12).
Paul motive cette attitude de la femme par le fait qu’elle a été créée pour l’homme et non l’homme pour la femme et aussi par le fait que la femme a été cause de la chute ; toutefois elle se relève en s’acquittant des fonctions de la maternité et en remplissant les devoirs de la vie chrétienne (13-15).
Selon les mœurs orientales, c’était déjà une grande liberté pour les femmes que de paraître dans des assemblées publiques.
Les apôtres avaient donc raison de désirer qu’elles évitassent dans leur mise tout ce qui aurait pu prêter à la calomnie de la part des adversaires de la foi (1 Pierre 3.3-5), et qu’en général leur vie fût ornée, non des objets de luxe, aliments de la vanité, mais de bonnes œuvres, servant à l’édification.
Il serait peu conforme à l’Évangile, qui est la loi de la liberté, de vouloir astreindre les femmes chrétiennes à observer à la lettre ces préceptes qui peuvent varier selon les temps, les mœurs et les positions ; mais très certainement l’esprit de ces recommandations est universellement violé en nos temps Il est tout simplement scandaleux de voir une femme faisant profession de piété, qui cherche à attirer sur elle les regards par son luxe et qui se montre esclave de la mode.
Voir 1 Corinthiens 14.34, note.
L’apôtre montre la destination de la femme dans ce que la Genèse (Genèse 2) nous raconte de sa création. Comme aide et compagne de l’homme, elle devait, dès l’origine et selon l’intention du Créateur, être dans la dépendance de son mari. Le même argument se retrouve ailleurs sous la plume de Paul (1 Corinthiens 11.8).
Dans l’histoire de la chute (Genèse 3), plus encore que dans celle de la Création apparaît cette nature de la femme, plus faible, plus mobile, plus facilement ébranlée, qui justifie sa dépendance (comparer 2 Corinthiens 11.3).
L’apôtre ne permet pas à la femme d’enseigner dans l’Église, ni d’y déployer aucune activité publique (1 Timothée 2.11 ; 1 Timothée 2.12).
En revanche, il lui assigne sa vraie place, soit dans le cercle de la famille, soit dans la vie chrétienne.
Être mère, élever ses enfants pour le ciel, leur donner l’exemple de la foi, de la charité, de la sainteté, de la modestie, voilà sa destination. Par là, elle est affranchie de la malédiction prononcée sur elle après la chute (Genèse 3.1) ; ses douleurs, ses humiliations, ses renoncements deviennent pour elle des bénédictions et elle sera sauvée quoiqu’elle soit le premier auteur du péché (1 Timothée 2.14).
Telle est l’explication la plus habituelle de cette parole obscure : « La femme sera sauvée par l’enfantement ».
D’autres commentateurs pensent qu’il s’agit ici spécialement d’Ève (1 Timothée 2.13 ; 1 Timothée 2.14) dont la postérité écrasera la tête du serpent (Genèse 3.15).
La femme produira le salut pour l’homme, tout en le recueillant pour elle-même par l’enfantement de la semence qui lui fut promise.
Ce qu’il dit d’Eve, le type de la femme, l’apôtre l’étend à tout son sexe. Cette transition est marquée dans l’original par le passage subit du singulier au pluriel : « Elle (la femme) sera sauvée par l’enfantement, pourvu qu’elles (les femmes) persévèrent dans la foi ».
Quoi qu’il en soit, il est évident que l’apôtre ne voit pas la cause du salut de la femme dans sa vocation de mère, puisqu’il lui montre, comme à tout pécheur, le chemin du salut dans la foi, la charité, la sainteté et qu’il lui demande de persévérer dans ces vertus en y joignant la modestie.
Il a recommandé celle-ci à propos du vêtement (1 Timothée 2.9) ; il la mentionne de nouveau, parce qu’elle doit imprimer son caractère à tout l’être moral de la femme, à sa piété, à son activité chrétienne.
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