1 Et après avoir été sauvés, nous reconnûmes alors que l’île s’appelait Malte. 2 Et les barbares nous montrèrent une humanité peu ordinaire ; en effet, ayant allumé un grand feu, ils nous en firent tous approcher, à cause de la pluie qui s’était établie, et à cause du froid. 3 Mais Paul, ayant ramassé une certaine quantité de bois sec et l’ayant mis sur le feu, une vipère en sortit, par l’effet de la chaleur, et s’attacha à sa main. 4 Et quand les barbares virent la bête suspendue à sa main, ils se dirent les uns aux autres : Assurément cet homme est un meurtrier, puisque, après qu’il a été sauvé de la mer, la Justice n’a pas permis qu’il vécût. 5 Lui donc, ayant secoué la bête dans le feu, n’en éprouva aucun mal. 6 Eux cependant s’attendaient à ce qu’il enflerait ou tomberait mort subitement. Mais ayant attendu longtemps, et voyant qu’il ne lui arrivait rien d’extraordinaire, ayant changé de sentiment, ils disaient que c’était un dieu.
7 Or, aux environs de ce lieu, se trouvaient des terres qui appartenaient au premier personnage de l’île, nommé Publius, qui nous reçut et nous logea amicalement durant trois jours. 8 Or il arriva que le père de Publius était au lit, malade de la fièvre et de la dysenterie. Paul étant entré auprès de lui, et ayant prié, le guérit en lui imposant les mains. 9 Cela étant donc arrivé, les autres habitants de l’île qui étaient malades vinrent aussi, et ils étaient guéris. 10 Ils nous rendirent aussi de grands honneurs, et, à notre départ, ils nous pourvurent de ce qui nous était nécessaire.
11 Or au bout de trois mois nous nous embarquâmes sur un vaisseau d’Alexandrie qui avait passé l’hiver dans l’île, et qui portait pour enseigne les Dioscures. 12 Et ayant abordé à Syracuse, nous y demeurâmes trois jours. 13 De là, en longeant la côte, nous arrivâmes à Reggio. Et un jour après, le vent du sud s’étant levé, nous vînmes en deux jours à Pouzzoles ; 14 où ayant trouvé des frères, nous fûmes priés de demeurer avec eux sept jours : et ainsi nous vînmes à Rome. 15 Et de là les frères, ayant appris ce qui nous concernait, vinrent au-devant de nous jusqu’au forum d’Appius, et aux Trois-Tavernes ; et Paul les voyant, rendit grâces à Dieu, et prit courage. 16 Et quand nous fûmes arrivés à Rome, le centenier remit les prisonniers au préfet du prétoire ; mais à Paul il fut permis de demeurer en son particulier, avec le soldat qui le gardait.
17 Or il arriva que, trois jours après, Paul convoqua les principaux des Juifs ; et quand ils furent réunis, il leur disait : Hommes frères, quoique je n’eusse rien commis contre le peuple ni contre les coutumes de nos pères, fait prisonnier à Jérusalem, j’ai été livré entre les mains des Romains, 18 qui, après m’avoir interrogé, voulaient me relâcher, parce qu’il n’y avait rien en moi qui méritât la mort. 19 Mais les Juifs s’y opposant, j’ai été contraint d’en appeler à César, sans que j’aie aucun dessein d’accuser ma nation. 20 C’est donc pour ce sujet que j’ai demandé à vous voir et vous parler ; car c’est à cause de l’espérance d’Israël que je suis lié de cette chaîne.
21 Et eux lui dirent : Nous n’avons point reçu de lettres de Judée à ton sujet ; et il n’est venu non plus aucun frère qui ait rapporté ou dit aucun mal de toi. 22 Or nous estimons juste d’entendre de toi-même ce que tu penses ; car, à l’égard de cette secte, il nous est connu qu’on la contredit partout. 23 Et lui ayant assigné un jour, ils vinrent à lui, en plus grand nombre, dans son logis ; et depuis le matin jusqu’au soir, il leur exposait le royaume de Dieu, rendant témoignage, et cherchant à les persuader, par la loi de Moïse et par les prophètes, de ce qui regarde Jésus. 24 Et les uns étaient persuadés par ce qu’il disait ; mais les autres ne croyaient point. 25 Et n’étant pas d’accord entre eux, ils se retiraient, après que Paul leur eut dit une seule parole : C’est avec raison que l’Esprit-Saint a parlé à nos pères, par Ésaïe le prophète, disant : 26 Va vers ce peuple et dis : Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez point ; et en regardant, vous regarderez, et vous ne verrez point. 27 Car le cœur de ce peuple s’est engraissé ; et ils ont ouï difficilement des oreilles, et ils ont fermé leurs yeux ; de peur qu’ils ne voient des yeux, et qu’ils n’entendent des oreilles, et qu’ils ne comprennent du cœur, et qu’ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse. 28 Sachez donc que ce salut de Dieu a été envoyé aux païens ; et eux l’écouteront.
29 [Et quand il eut dit cela, les Juifs s’en allèrent, ayant de grandes contestations entre eux.] 30 Mais Paul demeura deux ans entiers dans une maison qu’il avait louée, et il recevait tous ceux qui venaient le voir, 31 prêchant le royaume de Dieu, et enseignant les choses qui regardent le Seigneur Jésus-Christ, avec toute liberté, et sans être empêché.
Séjour à Malte
Voyage de Malte à Rome
Après un séjour de trois mois, ils prennent passage sur un navire alexandrin, à l’enseigne des Dioscures, qui avait hiverné dans l’île. Ils gagnent Syracuse, où ils passent trois jours. En louvoyant, ils atteignent Reggio et de là, grâce au vent du midi, ils arrivent en deux jours à Pouzzoles. Ils y trouvent des frères et restent une semaine avec eux, puis se mettent en route pour Rome. Les frères de cette ville, apprenant l’arrivée de Paul, viennent à sa rencontre. En les voyant, Paul rend grâces et prend courage (11-15).
Cette île, célèbre dans l’histoire, est située au sud de la Sicile.
Nos naufragés ne la reconnurent qu’après y avoir été sauvés (le verbe grec composé d’une particule signifie entièrement sauvés).
La constatation qu’ils étaient à Malte leur causa sans doute de la joie, car ils étaient peu éloignés de l’Italie, tandis que, durant la tempête, ils avaient craint d’être jeté bien loin sur les côtes de l’Afrique (Actes 27.17, 2e note).
En même temps, ce fut pour eux tous la confirmation de la prédiction de Paul (Actes 27.26). La suite du récit de Luc (versets 11 et 12) nous fait écarter l’hypothèse d’après laquelle Paul aurait abordé dans une île qui porte aujourd’hui le nom de Meleda et se trouve sur la côte de l’Illyrie.
Le texte reçu porte (majuscules récents) : ils reconnurent. Luc, présent à toutes ces scènes, les raconte à la première personne du pluriel.
Ces insulaires n’étaient point barbares dans le sens qu’on attache aujourd’hui à ce mot, puisqu’ils témoignèrent aux naufragés une peu ordinaire humanité (grec philanthropie) ; mais alors on appelait ainsi tous les étrangers qui ne parlaient ni grec ni latin.
L’île de Malte était habitée par des colons d’origine phénicienne et carthaginoise.
La vipère, ranimée par la chaleur du feu, s’élança sur la main de Paul et y resta suspendue par une morsure que les insulaires jugèrent aussitôt mortelle ; ils en concluent que la Justice (qui était à leurs yeux une divinité) n’a pas permis que cet homme, à peine échappé du naufrage, vécût.
Les verbes sont au passé, pour marquer que sa mort était certaine a leurs yeux. Ils en concluent aussi que ce malheureux devait être un criminel, un meurtrier.
Ils virent dans ce fait une délivrance miraculeuse et c’est assurément ce que Luc a voulu raconter.
Dès lors, passant brusquement d’un extrême à l’autre comme le font les peuples enfants, ils disaient que Paul était un dieu, c’est-à-dire une divinité apparue sous forme humaine.
Nous avons vu un exemple d’un pareil changement de sentiment, Actes 14.11-19.
Ce Publius, premier de l’île, était un grand personnage indigène (Actes 13.50 ; Actes 25.2 ; Actes 17.4), plutôt qu’un magistrat romain.
Il est douteux qu’un légat du gouverneur de la Sicile, dont relevait Malte, fût établi à demeure dans l’île.
Publius n’était chez les Romains qu’un prénom, qui n’aurait pas suffi pour désigner un fonctionnaire. Publius avait entendu parler de Paul par le centenier qui l’avait sous sa garde ou par la rumeur publique. De là son amicale hospitalité envers ce prisonnier et ses amis, y compris le centenier. C’est sans doute ce que Luc entend par nous, car Publius n’aura pas reçu dans sa maison les deux cent soixante-seize naufragés qui voyageaient avec Paul.
La prière et l’imposition des mains étaient les moyens par lesquels Paul opérait ces remarquables guérisons.
Les prières de l’apôtre et le nom de Jésus-Christ prononcé sur les malades étaient, pour ces insulaires païens, une prédication rendue plus puissante encore par les guérisons opérées.
Et comme Paul ne perdait aucune occasion d’annoncer l’Évangile, on peut supposer que son séjour de trois mois dans l’île de Malte (verset 11) eut, pour beaucoup d’âmes, des résultats bien plus importants que la guérison des malades. C’est ce qu’indique le verset suivant.
Pleins de reconnaissance pour les bienfaits reçus par le moyen de ces étrangers, les Maltais, qui avaient eu occasion de les connaître, les comblèrent d’honneurs et comme ils savaient que, dans leur naufrage, ils avaient tout perdu, ils exercèrent à leur égard une généreuse charité, en les pourvoyant de ce qui leur était nécessaire pour continuer leur voyage.
Comme la direction de Dieu se manifeste à chaque pas envers ses serviteurs !
Pour la seconde fois (Actes 27.6), le centenier trouve un vaisseau d’Alexandrie frété pour l’Italie et y embarque ses prisonniers, cette circonstance s’explique par le fait que l’Égypte expédiait ses blés et ses autres produits dans tout l’Occident et surtout à Rome.
L’exact historien des Actes fait encore deux remarques sur ce vaisseau : d’abord qu’il avait hiverné à Malte et ainsi échappé à la tempête ; puis qu’il avait pour enseigne les Dioscures Castor et Pollux, deux fils de Jupiter, que l’antiquité honorait comme les patrons des marins.
L’enseigne du vaisseau était une image peinte ou sculptée à la proue comme cela se voit encore aujourd’hui sur maint navire.
Le vaisseau toucha d’abord à Syracuse, grande ville commerçante située sur la côte orientale de la Sicile.
Il y resta trois jours, ayant sans doute des marchandises à y déposer.
De là, en longeant la côte de Sicile, ils arrivèrent à Reggio, petite ville située au sud de l’Italie, sur le détroit de Messine.
Le verbe que nous rendons par contourner, longer la côte, signifie proprement aller autour.
De Syracuse à Reggio, la navigation pouvait se faire en droite ligne, sans suivre la côte. Mais il eût fallu pour cela le vent du sud, qui ne se leva que le lendemain. Grâce à ce vent deux jours suffirent à nos voyageurs pour arriver à Pouzzoles, près de Naples.
Pouzzoles servait de port à Rome. La plupart des vaisseaux d’Égypte, de Syrie et d’Espagne y déposaient leurs marchandises, parce que la navigation le long des côtes du Latium présentait des difficultés.
À Pouzzoles, Paul et ses amis eurent la joie de trouver des frères, qui les invitèrent à demeurer auprès d’eux toute une semaine.
Ce fut là une grande consolation pour eux dans ce triste voyage.
Mais Paul était prisonnier ; comment put-il obtenir du centenier l’autorisation de rester là si longtemps ?
Plusieurs exégètes s’expliquent ce fait par l’affection que l’apôtre avait inspirée à cet officier, sur lequel il avait acquis une grande influence, comme le prouvent divers incidents du voyage. Cette opinion est très probable.
On peut toutefois supposer aussi que le centenier, devant conduire à pied ses prisonniers de Pouzzoles à Rome avait quelques préparatifs à faire pour ce voyage.
Et ainsi, ajoute Luc, après cette douce visite aux frères de Pouzzoles, nous vînmes à Rome.
Les frères de Rome purent apprendre l’arrivée de l’apôtre pendant les sept jours qu’il avait passés à Pouzzoles ; et aussitôt un certain nombre des membres de l’Église se mirent en route pour aller au-devant de lui.
Les uns, partis les premiers, vinrent jusqu’au Forum ou Marché d’Appius, village éloigné de Rome de 43 milles (63 km. 55) ; les autres jusqu’aux Trois-Tavernes, qui se trouvaient sur la route, à 34 milles (50 km. 25) de la capitale.
On comprend le zèle et l’amour avec lesquels ces chrétiens de Rome entreprirent ce petit voyage, afin de voir plus vite le grand apôtre, que plusieurs connaissaient déjà (Romains 16.1) et dont ils avaient lu et relu la lettre immortelle adressée par lui à leur Église !
Combien il était naturel que Paul, pour qui Rome avait été le but longtemps désiré de son activité (Actes 19.21 ; Actes 23.11 ; Romains 1.10), à la vue de ces frères qui lui apportaient l’expression de l’amour de leur Église fit monter vers Dieu ses ardentes actions de grâces et dans ce moment si sérieux se sentit animé d’un nouveau courage pour l’avenir de sa vie et de sa vocation !
Paul convoque les Juifs de Rome et leur explique les motifs de son arrivée
Paul prêche l’Évangile aux Juifs
Un jour ayant été fixé, les Juifs viennent nombreux chez Paul. Du matin au soir il leur annonce le royaume de Dieu, leur démontrant par la loi et les prophètes que Jésus est le Sauveur. Les uns se laissent persuader, les autres demeurent incrédules. Comme ils se séparent en désaccord, Paul leur applique une parole d’Ésaïe et leur déclare que le salut de Dieu est envoyé aux païens. Ils s’en vont en contestant (23-29).
Paul deux ans captif à Rome
Il demeure deux ans entiers dans une maison qu’il a louée, reçoit ceux qui viennent à lui et prêche avec liberté le royaume de Dieu et ce qui concerne le Seigneur Jésus (30-31).
Le préfet du prétoire (grec chef du camp) était le capitaine général de la Garde prétorienne ou Garde du corps de l’empereur ; c’est à lui qu’était confié le soin de mettre en sûreté les prisonniers.
Il y avait en général deux officiers de ce grade, si Luc ne parle que d’un, c’est que, à l’époque où nous transporte notre récit et jusqu’au printemps de l’an 62, il n’y en eut temporairement qu’un seul, qui était alors le noble Burrhus.
L’historien Mommsen a émis l’idée qu’il fallait traduire ce titre, avec le manuscrit latin Gigas, par chef du camp des étrangers.
C’était un corps composé de centurions détachés des légions des provinces, à qui incombaient des fonctions de police, spécialement les enquêtes sur les prévenus. Leur camp se trouvait sur le mont Caelius. Mais leur existence n’est établie, d’une manière certaine, qu’à partir du deuxième siècle.
Les mots : le centenier remit les prisonniers au chef du camp manquent dans Codex Sinaiticus, B, A, quelques minuscules, diverses versions anciennes, ils sont supprimés par la plupart des critiques ; mais ils se lisent dans les majuscules récents et tous les témoins du texte occidental. Il est d’ailleurs difficile d’admettre qu’un renseignement aussi précis et qui a tous les caractères de la vérité ait été ajouté au texte à une époque plus récente. Aussi, avec de Wette, Meyer et d’autres, croyons-nous que ce trait du récit est authentique.
Cette faveur si précieuse à l’apôtre pour l’exercice de son ministère, il la dut sans doute, soit au rapport de Festus, qui le déclarait innocent (Actes 25.25 ; Actes 26.31), soit à la recommandation du centenier, qui put rendre un si bon témoignage à la conduite de ce prisonnier et même déclarer que c’était à lui que tous les passagers avaient dû leur salut dans la tempête (Actes 27.30-36).
Cependant Paul était gardé par un soldat et lié à ce soldat par une chaîne (Actes 28.20 ; Actes 22.30, note). Vraie souffrance pour un homme de son caractère et de son activité.
Si Paul avait été libre, il se serait rendu auprès de ces principaux des Juifs (présidents de synagogue, etc.) et il leur aurait annoncé l’Évangile dans leurs assemblées.
Prisonnier, il doit les prier de venir auprès de lui pour entrer en relation avec eux, selon son grand principe de s’adresser tout d’abord à son peuple (Actes 13.5-14, notes ; Romains 1.16).
Quant à ce premier discours de l’apôtre, il est naturel qu’il ait un caractère apologétique. Arrivant à Rome prisonnier, ce seul fait pouvait le rendre fort suspect aux yeux de ses concitoyens Juifs ; en outre, ceux-ci pouvaient avoir reçu de Jérusalem des rapports faux à son sujet (verset 21).
Il lui importait donc de gagner confiance, afin de pouvoir leur faire du bien. C’est à cela que tendent les paroles suivantes.
Cette première entrevue avec les Juifs eut lieu trois jours après l’arrivée de Paul à Rome ; durant ce temps, il entra sans doute en diverses relations avec l’Église chrétienne, dont il avait déjà vu plusieurs membres (verset 15).
Au premier abord, on est étonné que Luc passe sous silence les rapports de l’apôtre avec l’Église qu’il avait depuis si longtemps le désir de voir. Mais toute cette fin du livre des Actes est si abrégée !
Ainsi Paul affirme son innocence, d’abord à l’égard de son peuple et des coutumes des pères.
Livré injustement entre les mains des Romains et conduit par eux à Césarée, ceux-ci reconnurent qu’il n’y avait d’ailleurs rien en lui qui méritât la mort et ainsi ils l’auraient relâché, sans l’opposition des Juifs, qui le contraignit d’en appeler à César.
Mais cet appel à César, ajoute Paul avec une grande délicatesse, avait exclusivement pour but sa propre défense et en venant à Rome, il n’avait aucun dessein d’accuser sa nation auprès de l’autorité romaine, malgré les injustices dont il avait été l’objet.
Ces faits, qui devaient gagner la confiance des Juifs de Rome confirment, avec quelques légères divergences et complètent le récit précédent de Luc sur le procès de l’apôtre (Actes 25.11-12 ; Actes 25.25 ; Actes 26.31-32).
L’apôtre conclut donc que le but de cette entrevue qu’il a provoquée était d’entrer en relation avec ses auditeurs (vous voir et vous parler).
Et de leur côté, ils pouvaient répondre à son désir avec d’autant plus de confiance, que, s’ils le voyaient lié (grec entouré) de cette chaîne, c’était uniquement à cause de l’espérance d’Israël, cette grande espérance qui était commune à toute la nation (comparer Actes 26.6-7, note).
On a trouvé étrange que les Juifs de Rome n’eussent rien appris du procès de Paul ni par des lettres de la Judée ni par l’arrivée de quelque frère.
Mais, avant l’appel à César, auquel l’apôtre recourut à la dernière extrémité (Actes 25.10), les Juifs de Palestine, qui espéraient retenir sa cause ou se défaire de lui en le tuant (Actes 25.3), ne songeaient nullement qu’il irait à Rome et ils n’avaient aucun intérêt à instruire de cette affaire les Juifs de cette ville.
Et après l’appel de l’apôtre, il s’écoula peu de temps jusqu’à son départ (Actes 25.13 ; comparez Actes 27.1) ; des rapports de la Judée n’auraient guère pu précéder Paul à Rome, car les communications étaient lentes et difficiles ; le récit de la navigation de Paul au chapitre précédent, la présence à Malte de ce vaisseau d’Alexandrie, qui avait passé tout l’hiver dans l’île, le prouvent assez (verset 11).
La pensée de ces Juifs est donc celle ci : Nous n’avons rien appris de défavorable à ton sujet ; et quoique nous te voyions en prison, nous estimons juste d’entendre de toi-même ce que tu auras à nous dire sur ton enseignement, car, ajoutent-ils, quant à cette secte (voir sur ce mot Actes 24.14, note), à laquelle nous savons que tu appartiens, nous savons aussi qu’on la contredit partout.
Raison de plus de t’expliquer avec nous. Ils veulent paraître neutres dans la cause de Paul et du christianisme.
Beaucoup d’exégètes ont tiré de cette réponse des Juifs la conclusion étrange qu’ils n’avaient aucune connaissance de l’Église chrétienne de Rome.
L’école de Tubingue et beaucoup d’interprètes actuels nient pour cette raison la vérité de tout le récit. Il est inadmissible que ces Juifs ignorassent qu’il y avait une Église à Rome.
L’épître aux Romains montre qu’il y avait dans cette Église une forte proportion de Juifs (Romains 14).
S’ils la passent sous silence et s’ils parlent du christianisme comme d’une secte qui rencontre une universelle contradiction, c’est que, par prudence, ils évitent de se prononcer. N’était-ce pas là entre eux et Paul une question brûlante, qui devait bientôt les diviser (verset 28) ?
De Wette dit à ce sujet : « Comme Luc venait de parler de l’Église de Rome (verset 15), il ne lui est probablement pas même venu à l’idée qu’on pût inférer de la réponse des Juifs qu’ils ignoraient une chose si connue à Rome ».
Au jour fixé, ils vinrent en plus grand nombre que la première fois dans son logis (verset 16).
Le mot grec peut signifier que Paul logeait chez un ami qui lui donnait l’hospitalité, tandis qu’au verset 30 il est question d’un appartement loué.
Quoi qu’il en soit, l’apôtre profite, avec son zèle habituel, de cette occasion pour exposer le royaume de Dieu, avec la clarté et la force d’un témoignage, bien propre à persuader.
Ce n’est pas sans dessein que Luc accumule tous ces termes. Et naturellement le grand objet de cette prédication était ce qui regarde Jésus, le Sauveur.
Enfin, comme ses auditeurs sont des Juifs qui croient les Écritures de l’Ancien Testament, Paul emprunte ses démonstrations à la loi de Moïse et aux prophètes, comme il le faisait toujours en pareil cas (Actes 24.14 ; Actes 26.22).
Le travail de l’infatigable apôtre avait lieu du matin jusqu’au soir, car ses auditeurs se succédaient sans doute ; plusieurs aussi ne se lassaient pas plus d’écouter que lui de parler.
Comme partout et toujours, cette prédication puissante persuadait les uns, tandis que les autres ne croyaient point (Les verbes à l’imparfait indiquent une lutte prolongée entre la foi et l’incrédulité).
Enfin, en désaccord les uns à l’égard des autres, ils se retiraient (imparfait) lentement, écoutant Paul qui leur disait encore une seule parole, parole finale et d’une immense importance, adressée à ceux qui n’avaient pas cru.
C’est avec raison, ou plutôt (grec) bien, très bien (comme Matthieu 15.7), a dit l’Esprit Saint. Ainsi, aux yeux de Paul, c’est bien le Saint-Esprit qui par Ésaïe le prophète, a prononcé là grande parole, dont la citation va terminer ses discours à ces Juifs de Rome. Qui sait si ce dernier témoignage divin n’ébranla pas leur conscience ?
Cette citation est empruntée à Ésaïe 6.9-10, d’après les Septante (voir pour l’explication Matthieu 13.14-15, note et comparez Jean 12.40, note).
Ce salut de Dieu (Codex Sinaiticus, B, A), que vous rejetez, en accomplissant la prophétie d’Ésaïe, a été envoyé aux païens ; Paul le leur prêchait depuis sa conversion.
Et (heureux contraste avec les Juifs !) eux l’écouteront et le recevront dans leur cœur.
Ces paroles de Paul redisent aux Juifs rebelles de Rome la redoutable vérité que Jésus avait déclarée aux Juifs de Jérusalem concernant l’avenir de son règne (Matthieu 21.43). Et ce n’est pas ici la première fois que notre apôtre, instruit par l’expérience, les répétait à ses auditeurs Israélites, qui rejetaient l’Évangile (Actes 13.46 ; Actes 18.6).
Ce verset entier manque dans Codex Sinaiticus, B, A et beaucoup de versions. M. Blass l’a admis dans son texte occidental.
Deux ans entiers, après les deux ans de sa prison à Césarée (Actes 24.27), donc quatre ans de captivité ; dure épreuve pour un homme du caractère de Paul !
Mais ces derniers versets du livre des Actes nous montrent avec quelle force et quelle sérénité il supportait sa captivité, elle ne pouvait diminuer en rien son infatigable activité.
Il recevait tous ceux qui venaient le voir (grec qui entraient vers lui) Juifs, chrétiens ou païens.
On comprend avec quelle joie les croyants devaient se prévaloir de la présence du grand apôtre, pour venir écouter ses instructions. Aussi Luc, après cette importante remarque, a-t-il jugé superflu de nous parler en détail des rapports de l’apôtre avec l’Église de Rome.
Il prêchait le royaume de Dieu (voir ce terme Matthieu 3.2, 2e note) et pour cela il enseignait les vérités qui ont pour objet le Seigneur Jésus-Christ (Codex Sinaiticus omet Christ), tout ce qu’il est, tout ce qu’il a fait et continue à faire du haut du ciel pour le salut de l’humanité déchue.
Il remplissait cet apostolat avec une sainte liberté (grec assurance, hardiesse), par une direction providentielle de Dieu, il ne lui survenait du dehors aucun empêchement.
Voir sur cette fin du livre des Actes, l’Introduction.
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