1 Au maître chantre. Psaume des fils de Koré. 2 Tu avais montré, ô Éternel, ton bon plaisir envers ton pays ;
Tu avais ramené les captifs de Jacob ; 3 Tu avais ôté l’iniquité de ton peuple ;
Tu avais couvert tout leur péché.
(Jeu d’instruments). 4 Tu avais retiré tout ton courroux,
Tu étais revenu de l’ardeur de ta colère… 5 Rétablis-nous, Dieu de notre salut !
Et mets fin à ton indignation contre nous ! 6 Seras-tu éternellement courroucé contre nous ? Feras-tu durer ta colère d’âge en âge ? 7 Ne reviendras-tu pas nous rendre la vie,
Afin que ton peuple se réjouisse en toi ? 8 Fais-nous voir ta bonté, ô Éternel,
Et nous accorde ton salut ! 9 J’écouterai comment parle le Dieu fort, l’Éternel ;
Car il parlera de paix à son peuple et à ses fidèles.
Mais qu’ils ne retournent pas à leur folie ! 10 Oui, son salut est près de ceux qui le craignent,
Afin que la gloire habite dans notre pays. 11 La bonté et la vérité se sont rencontrées ;
La justice et la paix se sont embrassées. 12 La fidélité germera de la terre,
Et la justice regardera des cieux. 13 L’Éternel aussi donnera ses biens,
Et notre terre donnera ses fruits. 14 La justice marchera devant lui
Et prendra garde au chemin de ses pas.
Ce psaume commence par l’action de grâces, continue dans les larmes et se termine par une description triomphante de l’ère messianique. Comment expliquer ces contrastes ? Le verset 2, qui parle du retour des captifs comme ayant déjà eu lieu, nous donne la clef de l’énigme. Le peuple est revenu de Babylone, mais sa situation est encore bien précaire. Il semble qu’après avoir pardonné à Israël et l’avoir ramené chez lui, Dieu laisse encore sa colère peser sur le pays. On sait quelles difficultés le peuple eut à surmonter, pour relever son temple et ses murailles, puis ce qu’il eut à souffrir sous Antiochus. Nous ne saurions préciser à quelle époque de cette période troublée appartient ce psaume. Il nous montre, en ces temps difficiles, la foi de l’élite d’Israël plongeant ses racines dans les délivrances passées et comptant, en dépit de toutes les tristesses présentes, sur les bénédictions des temps messianiques.
Une première partie expose le triste état d’Israël, en regard des délivrances d’autrefois (versets 2 à 8). Une seconde partie décrit la félicité à venir (versets 9 à 14).
L’iniquité : ce qui constitue la culpabilité du péché (Psaumes 32.1, note).
Leur péché : l’acte mauvais lui-même a été supprimé en quelque sorte par le pardon, comme par un voile qui le soustrait à la vue.
Rétablis-nous, proprement : fais-nous revenir. Il y a opposition entre ce mot et le verset 2 : Tu as ramené. Le retour de la captivité n’est en réalité pas terminé, tant que l’état du peuple est encore si misérable. C’est ainsi que le chrétien peut dire : Tu m’as sauvé et pourtant sauve-moi ; tout est accompli sur la croix, mais tout est à faire dans mon cœur.
Afin que ton peuple se réjouisse en toi. Les relations de Dieu avec son peuple et du peuple avec Dieu ne sont normales que quand Israël se réjouit en Dieu. Comparez Jean 15.11 ; Philippiens 3.1 ; Philippiens 4.4.
J’écouterai… Comparez Habakuk 2.1. Plutôt que de parler lui-même, le psalmiste préfère écouter la voix de Dieu, qui parle en son âme et annonce de bonnes nouvelles.
Il parlera de paix, de prospérité, de félicité ; le mot hébreu comporte ces différents sens. Dieu donnera à son peuple une heureuse fin de tous ses maux.
Ses fidèles ou ses bien-aimés ; ce terme s’applique à la relation d’amour réciproque qui existe entre Dieu et les siens (Psaumes 12.2 ; Psaumes 18.26 ; Psaumes 30.5 ; Psaumes 31.24, etc.).
À leur folie. Ce mot donne indirectement l’explication des malheurs dont Israël ressent encore le contrecoup, au moment où parle le psalmiste.
Oui, son salut… Le psalmiste développe à partir de ce verset, en langage prophétique et sous d’admirables images, le contenu de ce décret divin dont il vient de parler et qui est renfermé tout entier en germe dans le mot schalom (paix) du verset 9. Le salut, qui semble si éloigné, est près et son premier effet sera de remplacer la dévastation et la désolation par la gloire, signe de la présence de Dieu au milieu de son peuple. Puis toutes les vertus célestes qui doivent habiter au milieu des hommes et attirer la bénédiction d’en-haut sur un pays sont représentées comme venant se fixer en Israël après une longue absence. Cette personnification de la justice, de la vérité, etc., rappelle Ésaïe 32.16 ; Ésaïe 45.8, etc.
La bonté et la vérité…, la justice et la paix… Le péché, folie de l’homme (verset 9), a séparé la bonté de la vérité, la justice de la paix. Comment peut-on témoigner de la bienveillance au coupable, sans fermer les yeux sur ses fautes et voiler ainsi la vérité ? Et comment, dans un monde plein d’iniquité, la justice pourrait-elle élever la voix, sans amener le trouble et bannir la paix. Mais l’Éternel intervient et désormais l’harmonie est rétablie ; la bonté et la vérité ne suivent plus des chemins différents : elles se rencontrent, bien plutôt pour marcher unies, la paix ne se fait plus en violation de la justice ; au contraire, chacun étant rentré dans l’ordre, l’homme vis-à-vis de Dieu et le frère vis-à-vis de son frère on ne connaît plus d’autre paix que celle qui procède de la justice.
Se sont rencontrées… Le psalmiste parle déjà au passé, tant l’état de choses nouveau lui parait définitif.
La fidélité…, la justice… Sous l’action de la grâce divine, la terre se couvre de toute une floraison d’œuvres dans lesquelles l’homme affirme sa fidélité à l’alliance divine et dans lesquelles la justice de Dieu trouve une pleine satisfaction.
L’Éternel…. notre terre : nouvelle rencontre, nouveau concours de bénédictions. Ici c’est, d’une part, l’Éternel lui-même qui dispense à la terre les biens en abondance : lumière, chaleur, pluies et saisons fertiles ; d’autre part, c’est la terre qui, en réponse à ces bienfaits, donne libéralement son fruit. Comparez Psaumes 67.7 ; Lévitique 26.4 ; Osée 2.21-22. Ainsi, à l’épanouissement de vie spirituelle décrit aux versets 11 et 12, s’ajoute l’abondance de tous les biens temporels (2 Timothée 4.8).
Le psalmiste, qui vient de mentionner l’Éternel lui-même, ne voit plus, dans ce verset final, que sa présence glorieuse au milieu de son peuple. Cette présence se manifeste par le règne de la justice. Celle-ci précède l’Éternel ; elle le suit (elle prendra garde au chemin de ses pas, pour y marcher après lui). Il la prépare, il la consomme. C’est cette nouvelle terre ou la justice habite, dont parle 2 Pierre 3.13.
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