1 Or à Césarée un homme nommé Corneille, centenier de la cohorte appelée Italienne, 2 pieux et craignant Dieu avec toute sa maison, qui faisait beaucoup d’aumônes au peuple et priait Dieu continuellement, 3 vit clairement dans une vision, environ la neuvième heure du jour, un ange de Dieu entrant vers lui et lui disant : Corneille ! 4 Et lui, ayant les regards fixés sur lui, tout effrayé, dit : Qu’y a-t-il, Seigneur ? Et il lui dit : Tes prières et tes aumônes sont montées en mémorial devant Dieu. 5 Et maintenant, envoie des hommes à Joppé, et fais venir un certain Simon, qui est surnommé Pierre. 6 Il est logé chez un certain Simon, corroyeur, qui a une maison près de la mer. 7 Et quand l’ange qui lui parlait s’en fut allé, ayant appelé deux de ses domestiques et un soldat pieux, d’entre ceux qui étaient attachés à sa personne, 8 et leur ayant tout raconté, il les envoya à Joppé.
9 Or le lendemain, comme ils étaient en chemin et qu’ils approchaient de la ville, Pierre monta sur la terrasse de la maison pour prier, environ la sixième heure. 10 Or il eut faim et voulut prendre de la nourriture ; et pendant qu’on la lui apprêtait, il tomba en extase. 11 Et il voit le ciel ouvert, et une espèce de vase qui descendait semblable à une grande toile, tenue par les quatre coins, qui s’abaissait sur la terre ; 12 dans lequel il y avait tous les quadrupèdes et les reptiles de la terre et les oiseaux du ciel. 13 Et une voix s’adressa à lui : Lève-toi, Pierre, tue et mange. 14 Mais Pierre dit : Nullement, Seigneur, car jamais je n’ai mangé rien de souillé et d’impur. 15 Et la voix s’adressa à lui encore pour la seconde fois : Ce que Dieu a purifié, toi ne l’appelle pas souillé. 16 Or cela se produisit jusqu’à trois fois ; et aussitôt le vase fut enlevé dans le ciel.
17 Or, comme Pierre était incertain en lui-même sur ce que pouvait bien signifier cette vision qu’il avait eue, voici, les hommes envoyés par Corneille, s’étant enquis de la maison de Simon, se présentèrent à la porte, 18 et appelant ils s’informaient si Simon, surnommé Pierre, logeait là. 19 Et comme Pierre réfléchissait sur la vision, l’Esprit lui dit : Voici des hommes qui te cherchent ; 20 mais lève-toi, descends, et va avec eux, sans hésiter, car c’est moi qui les ai envoyés. 21 Et Pierre étant descendu vers ces hommes, dit : Me voici, je suis celui que vous cherchez ; quel est le motif pour lequel vous êtes venus ? 22 Ils dirent : Corneille, centenier, homme juste et craignant Dieu, et de qui toute la nation des Juifs rend un bon témoignage, a été divinement averti par un saint ange de te faire venir dans sa maison et d’écouter ce que tu diras. 23 Pierre les ayant donc fait entrer, les logea. Et le lendemain s’étant levé, il partit avec eux, et quelques-uns des frères de Joppé l’accompagnèrent.
24 Et le jour suivant, ils entrèrent à Césarée. Or Corneille les attendait, ayant assemblé ses parents et ses amis intimes. 25 Et au moment où Pierre entra, Corneille, étant allé au-devant de lui, se jetant à ses pieds, se prosterna. 26 Mais Pierre le releva, lui disant : Lève-toi, moi-même aussi je suis un homme. 27 Et s’entretenant avec lui, il entra. Et il trouve beaucoup de personnes réunies, 28 et il leur dit : Vous savez combien c’est chose illicite pour un Juif de se lier avec un étranger ou d’aller chez lui ; mais pour ce qui me concerne, Dieu m’a montré que je ne dois appeler aucun homme souillé ou impur. 29 C’est pourquoi aussi je suis venu sans faire d’objections, quand vous m’avez envoyé chercher. Je demande donc pour quel sujet vous m’avez fait venir.
30 Et Corneille dit : Il y a, à cette heure, quatre jours que j’étais en prière dans ma maison, à la neuvième heure ; et voici, un homme se présenta devant moi en un vêtement éclatant, 31 et dit : Corneille, ta prière est exaucée, et tes aumônes ont été rappelées en mémoire devant Dieu. 32 Envoie donc à Joppé, et fais venir Simon, qui est surnommé Pierre ; il est logé dans la maison de Simon, corroyeur, près de la mer. 33 J’ai donc aussitôt envoyé vers toi, et toi tu as bien fait de venir. Maintenant donc nous sommes tous présents devant Dieu, pour entendre ce qui t’est commandé par le Seigneur. 34 Et Pierre, ouvrant la bouche, dit : En vérité, je reconnais que Dieu ne fait point acception de personnes, 35 mais qu’en toute nation, celui qui le craint et qui pratique la justice lui est agréable. 36 C’est la parole qu’il a envoyée aux fils d’Israël, en annonçant la paix par Jésus-Christ. Lui est le Seigneur de tous. 37 Vous savez ce qui s’est passé dans toute la Judée, en commençant par la Galilée après le baptême que Jean a prêché : 38 concernant Jésus, qui était de Nazareth, comment Dieu l’a oint d’Esprit saint et de puissance, lui qui est allé de lieu en lieu, faisant du bien et guérissant tous ceux qui étaient opprimés par le diable ; parce que Dieu était avec lui. 39 Et nous, nous sommes témoins de toutes les choses qu’il a faites, tant au pays des Juifs qu’à Jérusalem, lui qu’ils ont même fait mourir, le pendant au bois. 40 Dieu l’a ressuscité le troisième jour, et il a permis qu’il fût manifesté, 41 non à tout le peuple, mais aux témoins qui avaient été auparavant choisis de Dieu, à nous qui avons mangé et bu avec lui, après qu’il fut ressuscité des morts. 42 Et il nous a ordonné de prêcher au peuple, et d’attester que c’est lui qui a été établi par Dieu comme juge des vivants et des morts. 43 C’est de lui que tous les prophètes rendent le témoignage que quiconque croit en lui reçoit par son nom la rémission des péchés.
44 Comme Pierre prononçait encore ces mots, l’Esprit Saint descendit sur tous ceux qui écoutaient la Parole. 45 Et tous les fidèles circoncis, qui étaient venus avec Pierre, furent dans l’étonnement de ce que le don du Saint-Esprit était répandu aussi sur les païens. 46 Car ils les entendaient parler en langues et magnifier Dieu. 47 Alors Pierre reprit : Quelqu’un peut-il refuser l’eau du baptême à ceux-ci, qui ont reçu le Saint-Esprit aussi bien que nous ? 48 Et il ordonna qu’ils fussent baptisés au nom de Jésus-Christ. Alors ils le prièrent de demeurer quelques jours avec eux.
Les visions de Corneille et de Pierre
Pierre se rend à Césarée
Luc va raconter la conversion de Corneille avec beaucoup de détails, à cause de sa grande importance, car cet homme, amené à la foi, sera les prémices du paganisme.
Il nous décrit d’abord sa position extérieure, puis son état religieux et moral (verset 2).
Corneille était centenier (officier qui commande à cent hommes) dans une cohorte appelée Italienne en garnison à Césarée (voir sur cette ville Actes 8.40, note).
Césarée étant la capitale politique du pays, la résidence du gouverneur, on tenait sans doute à y avoir une de ces cohortes composées de soldats originaires d’Italie et qui jouissaient du droit de citoyens romains. Elles inspiraient plus de confiance que les troupes auxiliaires formées par des indigènes, qui étaient cantonnées dans le reste du pays et dans la ville de Césarée même, dont la garnison comptait cinq cohortes.
Ainsi Corneille était Romain, ou du moins Italien.
Corneille, né païen, était parvenu à la connaissance du vrai Dieu, sans doute par son séjour au milieu du peuple juif. Cette connaissance n’était point restée stérile ; la piété et la crainte de Dieu régnaient dans son cœur et dans toute sa maison, sur laquelle il avait exercé une salutaire influence (comparer verset 7, note).
Sa vie répondait entièrement à ces sentiments ; il manifestait sa charité envers le peuple par de nombreuses aumônes et sa foi en Dieu par de continuelles prières. Aussi était-il aimé et estimé des Juifs (verset 22).
Le terme : craignant Dieu pourrait être simplement synonyme de pieux (comparez verset 35) ; mais il est probable qu’il désigne Corneille comme un de ces demi prosélytes qui adoptaient les idées religieuses des Juifs et pratiquaient en partie le culte israélite, sans se soumettre à la circoncision et à toutes les obligations de la loi Lévitique (Lévitique 13.16-26).
Au point de vue juif ils n’en restaient pas moins entachés de l’impureté des païens.
C’est ce qui explique les paroles que Pierre adresse à Corneille en versets 28 et 34 Voir encore Actes 11.3 ; Actes 15.7, où Corneille est désigné comme incirconcis et païen.
Le fait que Corneille avait subi en quelque mesure l’influence du judaïsme ne diminue pas l’importance historique de sa conversion : il fut bien le premier païen admis dans l’Église chrétienne.
La neuvième heure, trois heures de l’après-midi, était, chez les Juifs, l’un des moments de la journée consacrés à la prière (Actes 3.1).
Corneille, qui avait appris d’eux à connaître Dieu et à prier, aimait à se joindre à eux en prière. Pressé par ses profonds besoins religieux, il priait (verset 30) et sans doute demandait à Dieu plus de lumière pour son âme.
Dieu répondit à sa requête en lui envoyant un ange, qu’il vit clairement dans une vision c’est-à-dire que le fait réel de la présence de l’envoyé céleste ne fut perceptible qu’à son esprit en extase.
À toutes les grandes époques de son règne (et l’entrée du monde païen dans ce règne en était une), Dieu daigne se révéler aux hommes par ces êtres célestes qui exécutent avec amour ses ordres (Psaumes 103.20 ; Hébreux 1.14).
Sans parler de l’Ancien Testament, de pareilles révélations furent accordées à Zacharie, à Marie, mère du Sauveur, aux bergers de Bethléhem, à Jésus lui-même.
Dans le culte israélite, le sacrificateur faisait monter vers Dieu, en la brûlant sur l’autel, l’offrande de fleur de farine, arrosée d’huile et jointe à l’encens.
Cette offrande était présentée en mémorial.
Les Septante traduisent le mot hébreu par le terme qui est ici appliqué aux actes de piété et de charité de Corneille (Lévitique 2.2 ; Lévitique 5.12 ; Lévitique 6.15).
Dieu n’avait point oublié les prières et les aumônes de Corneille ; il les avait acceptées, parce qu’elles provenaient d’un cœur sincère et pourtant elles ne suffisaient pas pour assurer à Corneille la paix et la joie du salut, puisque Dieu lui envoie une révélation surnaturelle, afin de l’amener à la connaissance du Sauveur.
Ce n’est pas par l’ange que Dieu fait annoncer l’Évangile à Corneille ; nul ne peut le faire, sinon de pauvres pécheurs qui en ont éprouvé la puissance et qui y ont puisé la paix et la vie.
Pierre, visitant les Églises (Actes 9.32), se trouvait providentiellement à portée de Césarée et c’est lui que Corneille doit inviter à venir lui annoncer la bonne nouvelle du salut.
Cette dernière pensée est exprimée par les mots que le texte reçu ajoute à la fin du verset 6 et qui sont empruntés à Actes 9.6 : C’est lui qui te dira ce que tu dois faire.
Corneille, obéissant aussitôt aux directions qu’il vient de recevoir, a le bonheur de trouver près de lui des domestiques de confiance et un soldat pieux auxquels il peut tout raconter.
Telle est l’influence bénie qu’il exerçait sur sa maison et même sur ce soldat romain devenu un soldat pieux.
Il est désigné comme l’un de ceux qui étaient attachés à sa personne.
On a proposé d’entendre cette expression de gens qui « avaient la même tendance religieuse » (Actes 8.13), que Corneille. Mais il est plus naturel d’y voir l’indication de leur position à son service.
La terrasse de la maison (grec), le toit (Luc 17.31), qui était en forme de terrasse, comme aujourd’hui encore en Orient et où l’on se retirait pour jouir de la solitude ou de la fraîcheur de l’air.
Pierre s’y était réfugié pour prier. La réponse à sa prière sera l’importante révélation qu’il va recevoir.
C’est toujours par la prière que la lumière d’en haut resplendit dans les âmes.
Grec : une extase fut sur lui, termes qui expriment ce qu’il y eut d’inopiné dans cette manifestation d’en haut.
Le mot extase signifie littéralement un état où l’âme est hors d’elle-même, élevée au-dessus de la sphère ordinaire où elle se meut. Ce n’est plus alors par les sens qu’elle perçoit les objets, mais par un contact immédiat avec une révélation qui lui est présentée (comparer 2 Corinthiens 12.1-4, où la même pensée est exprimée par un autre terme).
Cette révélation peut, comme ici, se manifester sous la forme d’une vision qui se passe exclusivement dans l’esprit de celui qui la reçoit, ou de toute autre manière.
Ce que voit Pierre dans sa vision (il faut remarquer ce verbe au présent), c’est d’abord le ciel ouvert (comparez Actes 7.56 ; Matthieu 3.16 ; Jean 1.51, 2e note), c’est ensuite un vase, un récipient qui descend, semblable à une grande nappe, ou toile. Elle était tenue par les quatre coins. Le grec porte simplement, dans Codex Sinaiticus, B, A : par les quatre coins, il (le vase) s’abaissait sur la terre.
Dans le texte reçu (C), on lit : par les quatre coins il était lié et s’abaissait sur la terre.
Qu’on admette ou non cette adjonction, il ne faut pas penser, avec quelques interprètes, que les extrémités de la nappe étaient nouées les unes aux autres, car alors Pierre n’aurait pu voir ce qu’elle contenait.
L’image décrite n’implique pas que ces quatre coins pendaient vers la terre, mais plutôt qu’ils étaient tenus par des mains invisibles, par des anges peut-être (comparer Actes 11.5-7).
Nous restituons ici le vrai texte (Codex Sinaiticus, B, A), en supprimant les mots et de bêtes sauvages que le texte reçu porte après quadrupèdes.
La distinction entre les animaux de la terre et les oiseaux du ciel (Matthieu 6.26, note) est à la fois naturelle et poétique (comparer Romains 1.23).
Pierre aurait pu choisir pour les tuer et les manger des animaux purs.
Mais il a compris que l’ordre reçu efface la distinction entre animaux purs et impurs. De là son refus décidé, inspiré par son respect de la loi. Nullement, Seigneur ! s’écrie-t-il.
Il reconnaît donc la voix qui lui parle comme celle de Dieu. Il en résultait un conflit de devoirs.
Grec : toi, ne le souille pas.
En effet Pierre en tenant un objet pour souillé, le rendait tel pour lui (Romains 14.14).
Ces paroles renferment tout le sens de la vision.
Comme Pierre ne comprenait pas le sens de la vision (verset 17), afin que l’impression en fût plus vive, Dieu la lui fit voir trois fois.
Les faits se chargeront de la lui expliquer, comme le montre la suite de notre récit.
Pendant que Pierre revenu de son extase, réfléchissait sur le sens de la vision, les messagers de Corneille, après s’être enquis (le terme grec, qui ne se trouve qu’ici dans le Nouveau Testament, les montre s’informant de rue en rue) de la maison de Simon le corroyeur, appellent et s’informent si l’apôtre demeure là.
En même temps, celui-ci, qui ignorait tout encore, est averti par l’Esprit que des hommes (leçon de D, majuscules, Peschito ; Codex Sinaiticus, A, C : portent trois hommes ; B : deux hommes) le cherchent et exhorté à suivre ces hommes sans hésiter.
L’avertissement n’était pas inutile, car, comme ceux qui le cherchaient étaient des païens Pierre aurait fort bien pu refuser d’entrer en relation avec eux (verset 28).
Pour le décider, il fallait donc aussi cette déclaration : c’est moi qui les ai envoyés.
Grec : des paroles de ta part, paroles de vérité divine qui seront pour Corneille autant de révélations.
Ces envoyés s’acquittent de leur message simplement, clairement et avec amour pour leur maître.
Pour désigner la révélation de l’ange à Corneille, ils se servent d’un terme classique que nous rendons par : divinement averti et qui, chez les anciens, signifiait : recevoir réponse d’un oracle.
Ici, c’était la réponse de Dieu aux prières de Corneille (comparer Matthieu 2.12-22 ; Luc 2.26 ; Hébreux 8.5 ; Hébreux 11.7).
Donc, à la suite de l’avertissement qu’il a reçu (v 20) et des paroles de ces messagers qui lui inspirent de la confiance, Pierre les reçoit sans hésiter et exerce envers eux l’hospitalité dont il jouissait lui-même chez un frère ; car ils ne pouvaient plus repartir le même jour (verset 30, note).
Le lendemain, ils se mettent en route, non pas seuls, mais accompagnés de quelques frères de Joppé. Car là aussi, il y avait déjà des chrétiens convertis par le ministère de Pierre (Actes 9.42).
Six de ces nouveaux frères allèrent avec lui (Actes 11.12). Il y avait grand intérêt pour eux à le suivre dans cette mission importante et plus encore pour Pierre à avoir des témoins de ce qui allait se passer ; car il devra en rendre compte à l’Église de Jérusalem, pour sa propre justification (Actes 11.1 et suivants).
Grec : ses amis nécessaires, excellente définition de l’amitié la plus intime.
Corneille voulut que parents et amis, tout ce qu’il aimait, eût avec lui le bonheur d’entendre la bonne nouvelle de l’Évangile.
L’amour des âmes est inséparable de la foi, même là où elle est encore obscure.
Grec : Et comme il arriva que Pierre entra.
C’est en se prosternant que les Orientaux rendaient hommage aux grands de la terre ; mais le mot que nous traduisons ainsi implique dans le Nouveau Testament l’idée d’adoration (Actes 8.27 ; Jean 4.21 et suivants ; Actes 12.20, etc.) et la parole de Pierre (verset 26) dit assez clairement qu’une telle intention n’était pas étrangère à Corneille.
Celui-ci, d’après la révélation qu’il avait reçue et selon ses anciennes idées païennes, pouvait considérer Pierre comme un être au-dessus de l’humanité (comparer Galates 4.14). Or l’apôtre tient à réprimer toute apparence d’idolâtrie. Corneille montre qu’il était plus avancé en pratique qu’en connaissance ; cela vaut mieux que l’inverse, qui est l’ordinaire.
Le texte occidental (Blass, d’après D, la Peschito et d’autres documents) présente une variante, d’une certaine importance, au verset 25 : Or comme Pierre approchait de Césarée, l’un des serviteurs, ayant couru en avant, annonça qu’il arrivait. Et Corneille étant sorti à la hâte et étant allé à sa rencontre, s’étant jeté à ses pieds, l’adora.
Un homme :
cela suffit pour bannir toute élévation propre et l’admiration des autres.
Jésus n’a jamais repoussé de tels hommages (Luc 8.41-47 ; Marc 3.11 ; Jean 9.38).
La loi n’interdisait pas aux Juifs toute relation avec des étrangers, c’est-à-dire avec des païens ; les traditions du pharisaïsme et son mépris de tout ce qui n’appartenait pas au peuple israélite avaient inspiré cette règle étroite (Jean 18.28).
Pierre était encore soumis à ces traditions, considérées comme sacrées même par les Juifs qui avaient embrassé la foi chrétienne (Galates 2.12), il veut que ses auditeurs sachent qu’il est autorisé à agir comme il le fait.
Dieu lui a montré, par la vision qui précède, cette grande loi de la liberté et de la charité. Et c’est avec bonheur qu’il s’en prévaut pour la première fois.
La neuvième heure, c’est-à-dire trois heures de l’après-midi (Actes 10.3 ; Actes 3.1).
Corneille indique l’heure précise où l’ange lui était apparu, quatre jours auparavant.
La distance de Césarée à Joppé était de trente milles (environ 45 kilomètres) ; les messagers, partant dans l’après-midi, n’étaient arrivés à Joppé que le lendemain vers midi (versets 9 et 17).
Pierre et ses compagnons de voyage ne se mirent en route que le lendemain (verset 23) et comme il leur fallut plus d’un jour pour se rendre à Césarée, ils n’y arrivèrent que le quatrième jour après la vision de Corneille.
Celui-ci rappelle qu’il était en prière, lorsque l’ange lui apparut ; Dieu répondait ainsi à sa requête.
Après priant, le texte reçu (Versions Majuscules) ajoute : et jeûnant, mots qui probablement ont été introduits parce que les Juifs et les premiers chrétiens joignaient d’ordinaire le jeûne à la prière. Ils ne se trouvent pas dans Codex Sinaiticus, B, A, C.
Le texte reçu avec C, D, majuscules, versions ajoute : lequel étant venu te parlera.
Voir, sur ce récit, versets 3-6.
Corneille raconte simplement ce qui lui est arrivé puis il conclut en exprimant la pensée que c’est sous le regard de Dieu qu’ils Sont tous assemblés pour entendre la parole du Seigneur.
Chez de tels auditeurs, la prédication qui va suivre portera infailliblement tous ses fruits.
Au lieu des mots devant Dieu, D, la vulgate et une des versions syriaques portent : devant toi (Texte occidental).
Pierre annonce l’Évangile à des païens
Effusion de l’Esprit et baptême des païens présents
Comme Pierre parlait encore, l’Esprit descend sur ses auditeurs païens ; les Juifs, qui avaient accompagné l’apôtre, sont étonnés de les entendre parler en langues étrangères. Pierre déclare que le baptême ne saurait être refusé à ceux qui ont reçu l’Esprit et donne l’ordre de les baptiser au nom de Jésus-Christ. Ils le prient de prolonger son séjour parmi eux (44-48).
La locution : ouvrant la bouche, a quelque chose de solennel qui fait attendre un discours grave et soutenu (comparer Actes 8.35 ; Matthieu 5.2, note).
En effet, Pierre annonçant pour la première fois l’Évangile à des païens, dut le faire dans une instruction lumineuse et complète dont nous n’avons ici que le résumé.
En vérité, je reconnais, ce verbe est au présent, c’est une lumière, une conviction (sens du mot grec) qui se fait en ce moment même dans l’esprit de l’apôtre.
Qu’est-ce qui a concouru à former en lui cette conviction ?
D’abord la vision qu’il a eue, puis le récit de Corneille qui la lui rend claire. Une parole de l’Écriture qu’il connaissait lui devient tout à coup lumineuse : Dieu ne fait point acception de personnes, littéralement : Dieu ne reçoit pas le visage, l’extérieur, l’apparence (Deutéronome 10.17 ; 1 Samuel 16.7 ; comparez Romains 2.11 ; Galates 2.6 ; Éphésiens 6.9 ; 1 Pierre 1.17).
À quoi donc regarde-t-il ? Au cœur, à la vie, à la crainte qu’on a de lui, à la pratique de la justice.
Quiconque est dans ces dispositions, à quelque nation qu’il appartienne, Juif ou païen, lui est agréable (grec recevable, acceptable, agréé). Il n’est point encore en plein dans le royaume de Dieu, mais tout préparé pour y entrer.
Il est évident que Pierre applique à Corneille cette grande vérité. Mais on ne saurait en conclure que « toutes les religions sont bonnes ». L’histoire de Corneille qui doit être amené à la connaissance de Christ pour avoir part au salut contredit précisément une telle opinion.
Trouver dans cette parole l’idée que toutes les religions se valent et s’en servir pour vanter l’indifférentisme, est la plus haute légèreté exégétique
La parole ou en d’autres termes la vérité que Pierre vient d’énoncer (versets 34 et 35) est celle que Dieu a déjà fait connaître aux fils d’Israël, en leur annonçant la bonne nouvelle de la paix (Ésaïe 52.7) par Jésus-Christ.
Puisque cette paix n’est que par Jésus-Christ, il est évident qu’on ne l’obtient pas en observant les prescriptions de la loi juive, mais que Dieu la destine à tous.
L’apôtre fonde encore son affirmation de l’universalité du salut sur le fait que ce Sauveur qui donne la paix est le Seigneur de tous, de tous les hommes Juifs ou païens. C’est ainsi que Paul lui-même établissait cette grande vérité (Romains 3.29).
Pierre, parlant avec émotion, jette sa pensée dans une phrase grammaticalement incorrecte.
Aussi les exégètes construisent-ils de diverses manières versets 36-38.
Au lieu de considérer les mots du verset 36 (grec) : la parole qu’il a envoyée, comme dépendant du verbe : je reconnais (verset 34) et se rapportant à la vérité énoncée dans versets 34 et 35 (de Wette, Ebrard, Baumgarten), on a cru qu’ils étaient coordonnés au terme de justice (verset 35) et l’on a traduit : « celui qui pratique la justice…et qui accomplit la parole qu’il a envoyée » (Ewald, Nösgen, Zöckler). ; mais le sens qu’on obtient ainsi est moins satisfaisant.
De nombreux interprètes (Meyer, Wendt, Lechler, Barde) rattachent verset 36 à ce qui suit et traduisent : « Vous savez la parole que Dieu a envoyée à Israël en annonçant la paix par Jésus-Christ (il est le Seigneur de tous) ; vous savez ce qui s’est passé dans toute la Judée ».
Nous opposons à cette construction deux objections principales :
Aussi ne saurions-nous admettre la conjecture de M. Blass qui envisage le mot seigneur comme une interpolation et en le retranchant, traduit : « La parole qu’il a envoyée aux fils d’Israël, en annonçant la paix par Jésus-Christ, elle est de tous », c’est-à-dire elle est « destinée à tous ». Cette conjecture ne se fonde sur aucun document.
Mais B, A, versions, présentent une variante, qui a l’air d’être née aussi du désir de simplifier la phrase. Ils suppriment le pronom relatif après parole. Il faut alors traduire : « Il a envoyé la parole aux fils d’Israël, annonçant la paix par Jésus-Christ » (Oltramare, Segond, Stapfer).
Pierre annonce à ses auditeurs Jésus-Christ, qu’il venait de nommer comme auteur de la paix (verset 36), en ces termes : (grec) vous savez le fait qui s’est produit,…savoir (Luc 2.15) Jésus qui était de Nazareth, comment Dieu l’a oint d’Esprit Saint (Ésaïe 61.1 ; Matthieu 3.16 ; Jean 1.32-34). Sa sainte vie fut une suite non interrompue de bienfaits : il alla de lieu en lieu (Actes 8.4) faisant du bien, guérissant et délivrant même les malheureux qu’opprimait la puissance des ténèbres. Quelles preuves éclatantes que Dieu était avec lui !
Relativement à ces faits extérieurs de la vie de Jésus, l’apôtre pouvait dire : Vous savez parce que, ses auditeurs habitant la Palestine, il était impossible qu’ils n’en eussent pas quelque connaissance ; mais ils n’en avaient pas compris la signification profonde. Pierre la leur révèle.
Afin de bien persuader ses auditeurs de la réalité des faits qu’il expose, Pierre déclare que lui et ses condisciples en sont les témoins (Actes 1.8), témoins divinement autorisés, puisqu’ils avaient été (verset 41) auparavant choisis de Dieu.
Ce choix, fait par Jésus est ici attribué à Dieu lui-même (Jean 15.16).
Après l’avoir poursuivi de leur haine, les Juifs l’ont même fait mourir (voir sur le terme : le pendant au bois, Actes 5.30, note), mais Dieu l’a ressuscité le troisième jour.
Et pour établir la certitude de la résurrection de Jésus, Pierre rappelle que les apôtres ont mangé et bu avec lui après qu’il fut ressuscité des morts (Luc 24.41-43 ; Jean 21.12).
Pourquoi Jésus ressuscité n’a-t-il pas été manifesté à tout le peuple ? Voir la réponse de Jésus à cette question qui lui est posée par l’un de ses disciples (Jean 14.22-24).
Son règne est le règne de la foi ; c’est un règne céleste, il n’est pas de ce monde, il dédaigne un vain éclat ; il reste caché sous l’humble apparence de la croix.
L’ordre dont il est ici question n’est pas celui de prêcher l’Évangile à tous les peuples (Actes 1.8 ; Matthieu 28.19), car il s’agit d’un message adressé au peuple d’Israël et qui présente Jésus principalement comme juge.
Faut-il admettre avec Meyer que Pierre fait allusion à un ordre spécial de Jésus, qui ne serait pas rapporté dans les évangiles ?
Cela n’est point nécessaire. Jésus s’est souvent déclaré le Juge suprême.
Il en résultait pour ses apôtres l’obligation de le prêcher et de l’attester comme tel (Matthieu 25.31 et suivants ; Jean 5.27 ; comparer : Actes 17.31 ; 2 Timothée 4.1 ; 1 Pierre 4.5).
Les vivants et les morts sont ceux qui vivront et ceux qui seront morts à l’avènement du Seigneur.
Le témoignage de tous les prophètes avait précédé le témoignage des apôtres, pour attester que quiconque croit au Sauveur, à quelque nationalité qu’il appartienne, reçoit la rémission ou le pardon de ses péchés par son nom, c’est-à-dire en lui et par lui.
Voilà l’universalité du salut proclamée par Pierre, comme elle le sera par Paul (Romains 3.22).
Quel sujet de joie pour les païens qui écoutaient ces paroles !
Quand Pierre dit : tous les prophètes, il ne prétend pas qu’il y ait dans les écrits de tous des passages précis déclarant que le pardon des péchés est accordé à quiconque croit au Sauveur mais tous, en annonçant le libérateur et les temps évangéliques, annonçaient implicitement cette précieuse vérité.
Grec : l’Esprit Saint tomba (de même Actes 8.16 ; Actes 11.15) c’est-à-dire que tous les auditeurs de Pierre furent tout à coup saisis par l’Esprit de Dieu.
Leur âme était préparée à le recevoir (verset 33) ; il n’y eut donc rien de magique dans cette action de l’Esprit.
Mais à quel signe les assistants reconnurent-ils cette effusion du Saint-Esprit dont le moment précis est indiqué ?
Les versets 45 et 46 répondent à cette question.
Grec : Les fidèles de la circoncision, c’est-à-dire les Juifs convertis qui avaient accompagné Pierre de Joppé à Césarée (verset 23), reconnurent l’action de l’Esprit à ses effets (verset 46) et ils s’en étonnèrent, parce que c’était la première fois que l’Esprit était donné à des païens.
Ces nouveaux croyants Corneille et ses amis remplis de joie et d’un saint enthousiasme, magnifiaient Dieu. Ils donnaient essor à leurs sentiments, non en langage ordinaire, mais ils parlaient en langues.
Ici se reproduit donc le phénomène de la Pentecôte (voir Actes 2.4, 2e note).
Grec : Alors Pierre répondit : Quelqu’un peut-il refuser l’eau en sorte que ceux-ci ne soient baptisés ?
La grâce signifiée par le baptême étant donnée, pourquoi refuser le signe ?
Pierre, au lieu de les baptiser lui-même (comparez 1 Corinthiens 1.15, note), ordonne de les baptiser au nom de Jésus-Christ.
Le texte reçu porte : au nom du Seigneur ; la variante ici adoptée se lit dans Codex Sinaiticus, B, A.
Le Saint-Esprit est donné à Corneille et aux gens réunis dans sa maison avant qu’ils reçoivent le baptême, ailleurs ce don de l’Esprit suit le baptême (Actes 8.16 ; Actes 19.5-6).
Dieu nous montre ainsi que, dans la dispensation de ses dons il est parfaitement indépendant de l’action humaine ; il les accorde quand et comme il le trouve bon. « Le vent souffle où il veut ».
Mais il faut bien remarquer que Pierre n’en estime pas moins nécessaire d’administrer le baptême d’eau qui reste le sceau visible de la grâce invisible, c’est-à-dire de la régénération par le Saint-Esprit.
Même les plus vivantes expériences de la grâce ne feront que rendre plus pressant dans une âme humble le désir de participer aux symboles sacrés institués par Jésus-Christ.
Ces nouveaux convertis, heureux de la présence de Pierre au milieu d’eux, désirent affermir leur foi et recevoir des lumières nouvelles dans des entretiens prolongés avec lui. La foi est toujours « opérante par l’amour ».
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