1 Où est allé ton bien-aimé, ô la plus belle des femmes ? De quel côté ton bien-aimé s’est-il dirigé, que nous le cherchions avec toi ? 2 Mon bien-aimé est descendu à son jardin, aux parterres d’aromates, pour se repaître dans les jardins et pour cueillir des lis. 3 Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi, lui qui paît parmi les lis. 4 Tu es belle, mon amie, comme Thirtsa, agréable comme Jérusalem, redoutable comme des bataillons sous leurs bannières. 5 Détourne de moi tes yeux, car ils me troublent. Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres qui descendent de Galaad. 6 Tes dents sont comme un troupeau de brebis qui remontent du lavoir : toutes portent des jumeaux, et aucune n’est stérile. 7 Ta joue est comme une moitié de grenade, derrière ton voile. 8 Il y a là soixante reines et quatre-vingts concubines et des jeunes filles sans nombre. 9 Une seule est ma colombe, ma parfaite, elle, l’unique de sa mère, la préférée de celle qui lui donna le jour. Les filles l’ont vue et l’ont dite heureuse ; les reines et les concubines [aussi], et elles l’ont louée. 10 Qui est celle-ci, qui apparaît comme l’aurore, belle comme la lune, pure comme le soleil, redoutable comme des bataillons sous leurs bannières ? 11 J’étais descendue au jardin des noyers pour voir les jeunes pousses de la vallée, pour voir si la vigne bourgeonnait, si les grenadiers fleurissaient. 12 Je ne sais pas comment mon âme m’a poussée vers les chariots d’un peuple de prince. 13 Reviens, reviens, ô la Sulammith ! Reviens, reviens, que nous te regardions !
Les jeunes filles qui entourent Sulammith entrent dans sa pensée, comme par une espèce de jeu et lui demandent de les diriger dans la recherche qu’elles veulent entreprendre avec elle.
La réponse de celle-ci est le fruit capricieux du rêve.
Mais ce qui est réel, c’est son amour, auquel répond celui de son bien-aimé.
Ici Salomon entre de nouveau en scène jusqu’au verset 10. À l’éloge de la beauté du bien-aimé, dans la bouche de Sulammith, il répond par celui de la beauté de Sulammith elle-même.
Belle comme Thirtsa. Thirtsa était, d’après Josué 12.24, la résidence d’un roi du nord de Canaan, avant la conquête par Josué. Jéroboam premier, qui avait d’abord résidé à Sichem (1 Rois 12.25), en fit la capitale du royaume des dix tribus, rang qu’elle conserva jusqu’au règne d’Omri (1 Rois 14.17 ; 1 Rois 15.21-33). Celui-ci transporta sa résidence royale à Samarie (1 Rois 16.23-24). Dès lors Thirtsa n’est plus mentionnée que 2 Rois 15.14. Sur l’emplacement de cette ville, voir la note Josué 12.24. Thirtsa peut avoir été mentionnée comme la plus belle ville du nord, ainsi que Jérusalem l’était pour le sud, bien avant le moment où Jéroboam premier en fit sa capitale. Son nom signifie grâce, beauté et elle devait en effet se distinguer des autres villes du nord pour que Jéroboam en fit sa résidence royale.
Redoutable comme des bataillons. Salomon n’avait jamais rencontré une aussi fière résistance chez aucune femme.
Un troupeau de chèvres. Image des boucles de cheveux qui ondoient sur la tête de Sulammith.
Tes dents… : pas une ne manque ; chacune a sa correspondante.
La beauté du teint de Sulammith brille même à travers son voile.
Il y a là soixante reines… Il y a, entre ces chiffres et ceux de 1 Rois 11.3, un écart que l’on peut essayer de combler de différentes manières. Il y avait des épouses de premier et de second rang, puis des jeunes filles sans nombre comme servantes dans le harem ; mais, quoi qu’il en soit du lien extérieur qui puisse l’unir à l’une quelconque des reines de premier ordre, Sulammith seule sera l’épouse de son cœur, son unique, aussi chère qu’une fille unique l’est à sa mère. Chez les autres femmes elles-mêmes, l’admiration l’emportera sur la jalousie.
La question : Qui est celle-ci… ? exprime l’admiration toujours nouvelle qu’éprouve le roi à chaque regard qu’il jette sur elle.
Sulammith, saisie elle-même par l’impression qu’elle produit, se recueille et se demande comment elle est arrivée dans une semblable position. Alors lui revient en mémoire la dernière circonstance qu’elle se rappelle distinctement et de laquelle est procédé tout ce qui se passe actuellement. À ce souvenir, qui l’émeut profondément, elle s’exprime d’une manière entrecoupée. Voici la traduction littérale : J’étais descendue… Jardin des noyers, pour voir… (la suite comme dans le texte) … Je ne savais pas. Mon âme m’a poussée… chars d’un peuple de prince. Il y a là comme un bégaiement, tel que celui qui caractérise l’aveu pénible d’une faute, mais on comprend pourtant le sens de cette phrase. Elle était descendue dans le jardin voisin de sa demeure ; elle a aperçu à quelque distance un cortège de riches chariots et s’est laissée aller à s’en rapprocher curieusement ; de là est provenu tout le mal. Ces deux versets, dont le sens, malgré l’incohérence du texte, est cependant intelligible, sont la clef de tout le poème, aussi bien au sens naturel qu’au sens typique (voir Introduction).
Reviens, reviens … ! Cette prière, quatre fois répétée, prouve que Sulammith, en prononçant les dernières paroles, s’est mise a fuir, comme si elle voulait échapper, en ce moment même, aux gens du cortège qui l’ont remarquée et la poursuivent. Les jeunes filles qui l’admirent veulent l’arrêter et la contempler à loisir. Sulammith s’étonne de l’admiration dont une pauvre villageoise, comme elle, est l’objet.
La Sulammith. Sur ce nom voir l’Introduction, note.
Danse de Mahanaïm. Voir l’Introduction.
Vous êtes actuellement sur une version optimisée pour mobile, si vous souhaitez basculer sur la version complète suivez le lien suivant : Cantique des cantiques 6