1 Sonnez du cor en Sion, et sonnez de la trompette sur ma sainte montagne ! Que tous les habitants du pays tremblent ; car le jour de l’Éternel vient ; il est proche. 2 Jour d’obscurité et de ténèbres ; jour de nuages et de brouillard ! Comme l’aurore qui s’étend sur les montagnes, un peuple apparaît, nombreux et fort, tel qu’il n’y en a jamais eu auparavant et qu’après lui il n’y en aura pas jusque dans les âges les plus reculés. 3 Devant lui le feu dévore, et derrière lui la flamme brille. La terre est comme un jardin d’Éden devant lui, et derrière lui c’est un affreux désert ; il ne laisse rien de reste. 4 À les voir on dirait des chevaux, et ils courent comme des cavaliers. 5 Quand ils bondissent sur le sommet des montagnes, c’est comme un bruit de chars ; c’est comme le bruit de la flamme qui dévore le chaume. C’est comme un peuple robuste rangé en bataille. 6 Devant eux les peuples sont éperdus ; tous les visages pâlissent. 7 Ils courent à l’assaut comme des héros, ils escaladent la muraille comme des hommes de guerre. Ils marchent chacun devant soi ; ils ne changent pas de direction. 8 Ils ne se poussent pas l’un l’autre ; ils suivent chacun son chemin ; ils tombent sous la lance, ils ne rompent point leur rang. 9 Ils courent dans la ville, il s’élancent sur les murs, dans les maisons ; ils entrent par les fenêtres comme le voleur. 10 Devant eux la terre frémit, les cieux tremblent, le soleil et la lune s’obscurcissent, les étoiles perdent leur éclat. 11 Et l’Éternel fait entendre sa voix à la tête de son armée, car immense est son camp et vaillant l’exécuteur de sa parole. Car la journée de l’Éternel est grande et très redoutable, et qui la soutiendrait ? 12 Mais maintenant encore, dit l’Éternel, revenez à moi de tout votre cœur, avec jeûne, avec larmes et en vous frappant la poitrine. 13 Déchirez vos cœurs et non vos vêtements, et retournez à l’Éternel votre Dieu ; car il est miséricordieux et plein de pitié ; il est lent à la colère et abondant en grâce, et il s’afflige du mal [qu’il fait souffrir]. 14 Qui sait s’il ne reviendra pas en arrière et ne se repentira pas ? Et s’il ne laissera pas après lui une bénédiction, l’offrande et la libation pour l’Éternel notre Dieu ? 15 Sonnez du cor en Sion, ordonnez un jeûne, convoquez une assemblée ! 16 Assemblez le peuple, ouvrez une sainte réunion ! Rassemblez les vieillards, réunissez les enfants et ceux qu’on nourrit à la mamelle ! Que le nouveau marié quitte sa chambre et la mariée son dais nuptial ! 17 Et que les sacrificateurs, qui font le service de l’Éternel, pleurent entre le portique et l’autel, et qu’ils disent : Epargne, ô Éternel, ton peuple, et ne livre pas ton héritage à l’opprobre pour que les nations les tournent en proverbe ! Pourquoi dirait-on parmi les peuples : Où est leur Dieu ? 18 Et l’Éternel a été ému de jalousie pour la terre, et il a eu pitié de son peuple. 19 Et l’Éternel a répondu et dit à son peuple : Voici, je vais vous envoyer le blé, le moût et l’huile, et vous vous en rassasierez ; et je ne vous livrerai plus à l’opprobre parmi les nations. 20 Et celui qui vient du septentrion, je l’éloignerai de vous et je le pousserai vers une terre aride et désolée, le devant vers la mer d’orient, l’autre bout vers la mer d’occident ; il en montera une infection. Car il s’est glorifié de grandes choses. 21 Ne crains point, terre, égaie-toi et réjouis-toi ; Car l’Éternel a fait de grandes choses. 22 Ne craignez point, bêtes des champs ; car les oasis du désert ont verdi ; car l’arbre porte son fruit ; le figuier et la vigne donnent leur richesse. 23 Et vous, fils de Sion, égayez-vous et réjouissez-vous en l’Éternel, votre Dieu, car il vous a donné la pluie d’automne, comme il convient, et il fait descendre sur vous par torrents pluie d’automne et pluie du printemps, premièrement. 24 Et les greniers se rempliront de froment, et les cuves regorgeront de moût et d’huile. 25 Et je vous compenserai les années qu’ont dévorées les sauterelles, la larve, la nymphe et l’insecte, ma grande armée que j’avais lâchée sur vous. 26 Et vous mangerez à être rassasiés, et vous louerez le nom de l’Éternel, votre Dieu, qui a fait des merveilles en votre faveur ; et mon peuple ne sera plus jamais confus. 27 Et vous saurez que je suis au milieu d’Israël, et que moi, l’Éternel, je suis votre Dieu et qu’il n’y en a point d’autre ; et mon peuple ne sera plus jamais confus. 28 Et il arrivera après cela que je répandrai mon Esprit sur toute chair ; vos fils et vos filles prophétiseront, vos vieillards auront des songes, vos jeunes gens auront des visions. 29 Et même sur les serviteurs et sur les servantes je répandrai mon Esprit en ces jours-là. 30 Je ferai paraître des prodiges dans les cieux et sur la terre, du sang, du feu et des colonnes de fumée. 31 Le soleil se changera en ténèbres et la lune en sang, avant que vienne le jour de l’Éternel grand et redoutable. 32 Et il arrivera que quiconque invoquera le nom de l’Éternel échappera ; car sur la montagne de Sion et dans Jérusalem il y aura des réchappés, comme l’a dit l’Éternel, et parmi les survivants seront ceux que l’Éternel appelle.
Un grand nombre d’interprètes envisagent cette nouvelle description comme se rapportant au même événement que la précédente : Joël recommencerait en termes plus énergiques le tableau du fléau qu’il n’avait en quelque sorte qu’esquissé au chapitre 1. Cette supposition nous paraît inadmissible. D’abord ce serait un manque de goût choquant, dont un écrivain tel que Joël n’est pas capable, que de recommencer ainsi dans un second tableau à peu près semblable la description du même fait. Puis la plaie dont il est parlé au chapitre 1 est un fait décrit comme presque passé, lors même que la sécheresse se fait encore durement sentir. Ce fléau est tellement un fait accompli que les trois transformations de la sauterelle ont déjà eu lieu, Joël invite les parents à transmettre la mémoire de cet événement lugubre à leurs enfants et par ceux-ci à leurs descendants ; les sacrificateurs doivent publier un jeûne et toutes les classes du peuple mener deuil. Enfin, Joël 1.2-5, le prophète parle des ravages causés par les sauterelles comme d’un malheur actuel que Dieu réparera dans l’avenir en cas de repentance. Dans le chapitre 2, au contraire, tout est encore à venir. On doit sonner de la trompette pour annoncer le nouveau malheur qui approche. Ce malheur ne sera pas seulement un prélude de la journée de l’Éternel, comme celui de Joël 1.15 ; ce sera la journée de l’Éternel elle-même (Joël 2.1-2). Tous les efforts de quelques interprètes pour distinguer ce jugement que décrit le chapitre 2 d’avec la journée de l’Éternel, dont il ne serait aussi que le prélude, échouent contre les termes du texte. Comparez particulièrement le verset 11 qui identifie absolument les deux choses.
D’après cela, Israël se trouve placé, au moment où lui parle le prophète, entre deux jugements, l’un actuel sous le poids duquel il est courbé, l’autre dans l’avenir, qui, s’il vient à se réaliser, sera pour le peuple le jour de la destruction complète. L’invitation au jeûne et à la repentance qu’il adresse au peuple a pour but non seulement d’obtenir la réparation des maux causés par le premier, mais encore plus de prévenir l’accomplissement du second. Mais il reste à savoir quelle est la nature du jugement futur que voit arriver Joël. Est-ce une nouvelle invasion de sauterelles, plus considérable encore que celle dont souffre déjà Israël ? Ou est-ce une invasion d’armées ennemies décrite sous une image empruntée à la forme du châtiment actuel ? Il serait bien étrange de voir le jour de l’Éternel rattaché à une invasion d’insectes et un fléau de ce genre annoncé par le son du cor, tandis que ce signal d’alarme se rapporte partout ailleurs à l’invasion d’une armée ennemie (Jérémie 4.5 ; Jérémie 6.1 ; Osée 5.8 ; Osée 8.1). L’on est inévitablement conduit à donner à ce second tableau un sens beaucoup plus grave qu’au premier. Si le fléau des sauterelles, semble dire le prophète, ne vous conduit pas à la repentance, craignez un jugement plus sévère, celui que l’Éternel accomplira par une invasion de sauterelles d’une nature toute différente (celle d’une armée venant du nord, Joël 2.20).
Le cor. Cet instrument était fait originairement avec la corne du bélier.
La trompette : voir Jérémie 4.5, note.
Il vient, il est proche (voir Joël 1.15, note). Le prophète cherche à communiquer à tout le peuple l’émotion dont il est saisi. La crainte du jugement qui s’approche doit le réveiller de l’engourdissement spirituel.
Il emploie quatre expressions différentes pour faire sentir la solennité redoutable du jugement dont il contemple l’approche. Des masses de brouillards et de nuages répandent au matin l’obscurité sur toute la nature ; puis au lieu de l’éclat de l’aurore, apparaît un peuple aux armes brillantes, qui apporte avec lui la destruction. Même s’il s’agit, comme nous le pensons, d’une armée ennemie, il y a évidemment allusion aux sauterelles qui venaient de dévaster le pays. L’approche de ces insectes s’annonce par un reflet jaunâtre et sinistre. Voici ce que raconte le moine portugais François Alvarez dans sa relation d’un voyage en Abyssinie : Un jour avant l’arrivée des sauterelles, nous pouvions constater leur approche par un reflet jaune renvoyé de leurs ailes sur le ciel. Une autre fois, ce phénomène se produisit d’une façon si intense que le reflet jaunâtre se répandit sur la terre.
Ce passage rappelle le mot du conquérant barbare : L’herbe ne recroît jamais où mon cheval a passé.
Des chevaux. De tous temps on a remarqué l’analogie qui existe entre l’apparence des sauterelles et celle des chevaux ; les Italiens les appellent cavallete, les Allemands Heupferde. Job dit en parlant du cheval : Le fais-tu bondir comme la sauterelle ? (Job 39.23). C’est sur cette comparaison des sauterelles avec des chevaux que s’appuient ceux qui voient ici ou la même ou une nouvelle plaie de sauterelles ; car, disent-ils, la cavalerie ennemie ne peut être comparée à des sauterelles, puisque celles-ci le sont à des chevaux. Mais ils ne sentent pas l’énergie légèrement sarcastique de l’expression du prophète : des sauterelles semblables à des chevaux et qui, dans ce cas, en seront bien réellement. Comparez Jérémie 51.27, où les chevaux sont comparés à des sauterelles et Apocalypse 9.1-11 où, exactement comme dans notre passage, une invasion d’ennemis est représentée sous l’image de sauterelles, qui sont elles-mêmes comparées à des chevaux.
Voir la description du chapitre 1. Toujours la même ironie : ce peuple robuste, rangé en bataille comme des sauterelles, est l’armée ennemie.
Thomson, ouvrage cité, raconte le fait suivant : Lorsque la tête de la colonne atteignit le palais de l’émir Asaad à Abeîh, elle ne prit pas la peine d’en contourner les angles ; escaladant la muraille comme des soldats qui montent à l’assaut, elle passa par-dessus, atteignit la maison de… et, malgré tous les efforts qu’on fit pour arrêter ce torrent vivant, passa sur le toit… Rien n’est plus frappant que l’obstination que mettent ces insectes à marcher tous dans la même direction comme une armée disciplinée. N’ayant pas de chef, il faut bien qu’ils soient poussés par un instinct commun.
Toutes ces expressions ont donc leur vérité, appliquées aux sauterelles, mais combien plus à une armée d’invasion !
Images de la désolation du pays, empruntées toujours à ce même fléau.
C’est l’Éternel lui-même qui agit par les grandes plaies de la nature et de l’histoire ; c’est pourquoi il est représenté comme le chef invisible de l’armée envahissante, quelle qu’elle soit, sauterelles ou peuple étranger. Attila s’appelait le fléau de Dieu.
L’usage de déchirer ses vêtements en signe de deuil est fort ancien ; voir Genèse 37.34 ; Josué 7.6 ; Job 1.20 ; et comme il est un signe du déchirement du cœur, il n’a de prix devant Dieu qu’autant qu’il est accompagné de cet acte intérieur.
Cette description du caractère de Dieu repose sur la révélation que Dieu en a lui-même donnée à Moïse, Exode 34.6-7.
Qui sait s’il. Il est des choses que Dieu veut d’une, manière absolue ; c’est par rapport à celles-là qu’il est dit de lui, Nombres 23.19, qu’il n’est pas homme pour mentir, ni fils de l’homme pour se repentir ; mais il y a des promesses et des menaces qu’il fait conditionnellement et de l’accomplissement desquelles il se désiste, si les conditions morales qu’elles supposent viennent à ne pas se réaliser. Comparez Jérémie 18.7-10 ; Jonas 3.9-10.
Invitation aux sacrificateurs de convoquer les différentes classes du peuple. L’emploi du cor a un tout autre sens dans ce contexte qu’au verset 1.
Les enfants, même à l’âge le plus tendre, ne doivent pas manquer à l’appel, soit parce qu’ils participent au péché général du peuple, soit parce que la présence de ces êtres faibles et relativement innocents doit parler au cœur de Dieu.
Le nouveau marié : ceux-là mêmes qui sont en fête doivent s’associer à la douleur publique.
Le dais… : qui durant la semaine des noces couvre le lit nuptial.
Mais ce sont, surtout les sacrificateurs qui doivent donner l’exemple et en quelque sorte le ton au peuple entier. Quel spectacle que celui des représentants du sacerdoce rangés entre le portique du temple et l’autel des holocaustes et étendant leurs mains vers le ciel avec supplication !
Pourquoi dirait-on ? Comparez Psaumes 79.10.
Le retour de la grâce divine est un fruit de l’acte d’humiliation et de prière qui vient d’être décrit. Il a lieu d’abord d’une manière prochaine et préalable, puis d’une manière finale et parfaite. Ainsi que dans la première partie, le jugement était présenté d’abord comme châtiment d’avertissement (chapitre 1), puis comme jugement de destruction complète (chapitre 2), il en est de même de la bénédiction. Et d’abord, comme bénédiction prochaine. Celle-ci renferme trois grâces :
La plupart des interprètes envisagent aujourd’hui les deux versets 18 et 19 comme une notice historique, par laquelle Joël ferait connaître au lecteur le résultat du jeûne solennel qui avait été publié. Il faudrait ainsi supposer un certain intervalle de temps écoulé entre ce qui précède et ce qui suit. Nous ne pouvons nous ranger à cette idée, d’abord parce que cette notice historique, survenant tout à coup et sans préparation, est en soi un fait très invraisemblable ; puis, parce que, dans cette supposition, le prophète aurait dû mentionner en quelques mots l’accomplissement réel de l’acte d’humiliation dont il avait pris l’initiative ; ce récit serait la condition indispensable des paroles suivantes, renfermant celui du retour de la faveur divine. Enfin la mention, au verset 19, des paroles mêmes prononcées par l’Éternel montre qu’il ne s’agit pas ici du récit d’un fait réel, mais que c’est le prophète qui continue à parler et qui met par avance ces paroles dans la bouche de Dieu, quand il se retournera vers le peuple à la suite de l’acte de pénitence de ce dernier. Tout est à venir. Les verbes au passé dans ces deux versets sont, comme si souvent, une représentation anticipée de l’avenir certainement attendu.
Après la promesse générale du verset 19, est décrite la première grâce spéciale que l’Éternel accordera à son peuple repentant ; il éloignera le danger d’extermination totale qui le menaçait. Déjà un ennemi venant du septentrion a commencé à envahir le pays. Cette dénomination : le septentrional : tsephoni, ne peut guère s’appliquer à un essaim de sauterelles, puisque celles-ci arrivent en général non du nord, mais du sud ou de l’est, des déserts d’Arabie ou de Syrie ; que si, dans certains cas exceptionnels, il en est autrement, comme on le prétend, Joël ne pourrait, en tout cas, tirer d’un fait aussi particulier une dénomination ayant un caractère usuel comme ce terme de tsephoni, le septentrional. On s’est efforcé par cette raison de chercher à ce terme des sens différents ; on n’a pas réussi. Mais ce que l’on sait en revanche, c’est que les invasions des grands peuples orientaux, les Assyriens et les Babyloniens, sont toujours désignées comme venant du nord. Comparez Ésaïe 14.31 ; Jérémie 1.3, note et une foule d’autres passages. Ce sont donc des ennemis de ce genre qui sont figurés ici sous l’image des sauterelles.
Et je la pousserai. La destruction de l’armée ennemie est représentée comme celle d’une nuée de sauterelles que pousserait le vent du nord. L’ouragan presse sur le centre de la colonne qui est jeté au midi vers le désert d’Arabie ; les deux ailes sont poussées l’une dans la mer Morte à l’orient, l’autre dans la Méditerranée à l’occident. Ainsi aurait été détruite par une sorte de miracle et sans coup férir, sous Josaphat, un demi-siècle avant Joël, l’armée innombrable des Moabites et des Ammonites (2 Chroniques 20.4 et suivants).
Le devant, l’autre bout : pour les Juifs, le devant est toujours l’orient, le derrière l’occident.
Il en montera une infection. Volney, dans son voyage en Syrie et en Égypte, dit : Les vents du sud et du sud-est chassent violemment les nuages de sauterelles sur la Méditerranée et ils les y noient en si grande quantité que, lorsque leurs cadavres sont rejetés sur le rivage, ils infectent l’air pendant plusieurs jours à une grande distance.
Saint Jérôme, qui a passé une grande partie de sa vie en Palestine, fait une remarque analogue à propos de notre verset ; il a vu des bandes de sauterelles enlevées par le vent et jetées soit dans la mer Morte, soit dans la Méditerranée ; leurs cadavres rejetés sur le rivage produisaient une telle infection que des maladies contagieuses sur le bétail et sur les hommes en étaient souvent la conséquence.
Le prophète insiste sur ce fait de l’infection ; il veut le faire contraster avec les prétentions orgueilleuses de cet ennemi.
Il s’est glorifié, littéralement : il a fait grand. Peinture de la jactance et de la confiance en sa propre force. Il est difficile de comprendre comment un sentiment pareil pourrait être attribué à des sauterelles. C’est ce qui a engagé plusieurs interprètes à rapporter le pronom il à l’Éternel mais l’Éternel vient de parler de lui-même à la première personne et le même verbe va lui être appliqué au verset 21, pour opposer sa grandeur réelle à la grandeur prétendue de l’ennemi. Le il ne peut donc désigner que l’ennemi détruit.
La seconde bénédiction promise. Non seulement l’Éternel détourne le châtiment imminent, mais il répare tous les désastres causés par le fléau précédent. Chacun des traits qui suivent correspond à l’un de ceux de la désolation précédente (fin du chapitre 1).
Bêtes des champs : comparez Joël 1.20.
Oasis du désert : comparez Joël 1.10 ; Joël 1.11 ; Joël 1.17.
Le figuier et la vigne : comparez Joël 1.12.
Fils de Sion : comparez Joël 1.14.
La pluie d’automne, opposée à la sécheresse : Joël 1.19-20.
Comme il convient ; littéralement : en justice ou pour la justice. L’expression triviale : comme de juste, rendrait bien l’idée. À la réconciliation du peuple avec son Dieu succède le rétablissement du fonctionnement régulier de la nature. Le contexte ne permet point de donner ici à moré (pluie d’automne) le sens de docteur, que ce mot peut avoir aussi et d’entendre comme la Vulgate : un docteur pour vous enseigner la justice.
Premièrement. Ce mot est remarquable ; il trouve son explication dans le, après cela du verset 28. Dieu commencera par rendre à son peuple, à la suite de sa repentance, les bénédictions temporelles ; puis il le comblera d’une bénédiction spirituelle inespérée et toute nouvelle.
Les greniers, les cuves : comparez Joël 1.10.
Je vous compenserai : comparez 1.4. Le fléau avait donc duré des années.
Réponse à la prière du verset 17. Ici (verset 28) commence le chapitre 3 dans le texte hébreu.
De même que les fléaux des sauterelles et de la sécheresse (chapitre 1) étaient aux yeux du prophète les préludes de l’invasion d’ennemis étrangers bien autrement redoutables, de même la pluie matérielle, promise verset 23, sera le gage et le prélude d’une autre pluie dont la nature et les effets appartiennent à un domaine bien plus élevé. Dieu répandra son Esprit sur toute chair ; à l’aridité naturelle de son peuple labouré par le jugement succédera une admirable floraison spirituelle qui s’étendra à toutes les classes de la population. Ce ne seront pas seulement quelques hommes privilégiés, tels que les prophètes, qui deviendront les organes de l’Esprit, mais le peuple entier (toute chair) deviendra un peuple d’inspirés, de prophètes ; et ainsi s’accomplira le vœu si hardi exprimé jadis par Moïse, Nombres 11.29 : Plût à Dieu que tout le peuple fût prophète !
Après cela : voir au verset 23. Après le rétablissement temporel, l’élévation à un état spirituel tout nouveau par la puissance de l’Esprit.
Toute chair. Cette expression désigne parfois toute l’humanité ; mais ici (vos fils, vos filles) elle s’applique spécialement à tous les membres du peuple d’Israël ; comparez Ézéchiel 21.4.
Je répandrai : une effusion semblable à celle d’une pluie abondante et générale.
Prophétiseront. Le mot prophétiser désigne l’énoncé d’une révélation par le moyen d’un discours inspiré.
Songes, visions. Ces deux termes se rapportent non plus à l’énoncé de la révélation, mais à la révélation elle-même. D’après Nombres 12.6, les visions et les songes étaient les deux formes par lesquelles Dieu communiquait ses révélations prophétiques.
Et même… Le prophète semble lui-même surpris de cette partie de son message. En effet, nous ne voyons pas un seul cas dans l’Ancien Testament où un esclave ait reçu le don de prophétie, tandis que l’Évangile fait de l’esclave méprisé et avili un affranchi du Seigneur (1 Corinthiens 6.12).
Aussi cette promesse a-t-elle paru si invraisemblable aux auteurs de la traduction des Septante, qu’ils ont ajouté le mot mes qui n’est pas dans le texte (mes serviteurs…) et trouvé le moyen d’appliquer ainsi cette expression non plus aux esclaves proprement dits, mais à tous les Israélites, hommes et femmes, en général. Ce mes a passé dans la citation de Pierre, Actes 2.18.
Cette effusion de l’Esprit Saint doit préparer le peuple de l’Éternel à la venue finale du règne de Dieu. Aussi le prophète y rattache-t-il immédiatement les signes précurseurs du jour de l’Éternel, qui auront lieu et sur la terre et dans le ciel. Ici-bas : le sang, le feu, la fumée, effets soit de tremblements de terre et d’éruptions volcaniques, soit d’une guerre terrible dans laquelle le sang coule, les villes et les villages sont consumés et les tourbillons de fumée portent au loin la nouvelle de ces désastres. La première Pentecôte a été suivie pour le peuple juif de la ruine de Jérusalem et de la dévastation de la Terre Sainte, Mais la Pentecôte dure encore. Elle s’est étendue au monde entier, à toute chair dans le sens le plus large du mot, ce qui nous prouve que l’application de la prophétie va plus loin encore et que les signes précurseurs dont parle Joël n’ont point eu leur réel accomplissement à l’époque de la ruine de Jérusalem.
Dans ses derniers discours (Matthieu 24.29 ; Marc 13.24-25 ; Luc 21.25-26), le Seigneur annonce qu’au moment où la fin de l’économie actuelle approchera, de grandes commotions dans la nature et particulièrement dans les astres avec lesquels la terre est le plus étroitement liée, préluderont à cette catastrophe. Joël mentionne ici l’affaiblissement de la lumière du soleil et la couleur rougeâtre et menaçante de la lune, messagère ordinaire de calme et de sérénité.
Les deux versets 30 et 31 signalent l’un le point de départ, l’autre le terme de l’époque réservée à l’effusion de l’Esprit sur la terre ; ils rapprochent ces deux événements, dont l’un ouvre, l’autre ferme cette ère qui aboutit à la crise finale. C’est que Joël, aussi bien que saint Pierre à la Pentecôte, ignore totalement la durée de cette période, qui est en réalité une Pentecôte continue.
Cependant, jusqu’à ce que le jour final arrive, ce sera un temps de salut. Sur la montagne de Sion se rassembleront, comme en un sûr abri, tous les sauvés et parmi ceux-ci se trouveront non seulement tous les Juifs fidèles, mais quiconque invoquera par l’acte personnel de la foi le nom de l’Éternel. Le mot quiconque paraît donc indiquer que le privilège du salut s’étendra, au-delà des limites de la filiation israélite, à tout individu humain qui accomplira la condition de l’invocation du nom de Jéhova et la suite confirme cette conclusion.
Car comme l’a dit l’Éternel. Joël s’appuie ici sur une déclaration antérieure de l’Éternel et comme les termes dont il se sert sont les mêmes que nous lisons dans Abdias 1.17, nous ne pouvons douter que ce ne soit l’écrit de ce prophète qu’il cite ici textuellement.
Parmi les survivants… Par là, Joël ajoute un trait important à la promesse d’Abdias, trait qu’annonçait déjà le mot quiconque. Parmi la troupe des réfugiés qui échappent en Sion à la condamnation finale prête à fondre sur le monde rebelle, il distingue à côté des Juifs fidèles une classe particulière de survivants : ceux que l’Éternel appelle ; évidemment les individus d’entre les païens qui entendront et accepteront l’appel miséricordieux du Seigneur. Comparez la parole de Pierre au jour de la Pentecôte, Actes 2.39.
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