1 Car voici, le jour vient, ardent comme une fournaise. Tous les impies et tous ceux qui font le mal seront du chaume, et le jour qui vient les embrasera, dit l’Éternel des armées, et ne leur laissera ni racine, ni rameau. 2 Mais pour vous qui craignez mon nom, se lèvera un soleil de justice, et la guérison sera dans ses rayons ; vous sortirez et vous bondirez comme les veaux qu’on engraisse. 3 Et vous foulerez les méchants, car ils seront de la cendre sous la plante de vos pieds, au jour que je prépare, dit l’Éternel des armées. 4 Souvenez-vous de la loi de Moïse mon serviteur, que j’ai chargé en Horeb de statuts et d’ordonnances pour tout Israël. 5 Voici, je vous envoie Élie, le prophète, avant que vienne le jour de l’Éternel, grand et redoutable. 6 Il ramènera le cœur des pères vers les fils et le cœur des fils vers leurs pères, de peur que je ne vienne et que je ne frappe la terre à la façon de l’interdit.
La prophétie suprême sur le jour de l’Éternel au point de vue du triage qu’il amènera au sein d’Israël lui-même.
Il exercera à la fois une action destructive (verset 1) et vivifiante (verset 2). Le verset 3 réunit ces deux actes.
Sous le premier rapport, c’est une fournaise qui consume. Comparez Malachie 3.2-3.
Tous les impies…, tous ceux qui… Le prophète reprend les termes dont se sont servis les Juifs Malachie 3.15 en y ajoutant le mot tous, qui marque que Dieu frappera les coupables quels qu’ils soient, païens ou Juifs, en particulier les contempteurs de sa justice.
Du chaume. Jean-Baptiste employait une image analogue en annonçant ce jour de la justice, Matthieu 3.10 : Il brûlera la balle, etc.
Ni racine, ni rameau. Une destruction complète et définitive. Comparez Ésaïe 1.31.
Un soleil de justice. Ce jour sera pour les justes comme le magnifique lever d’un soleil, dont la chaleur sera uniquement bienfaisante et restaurante. Ce sera la personne de celui que Jérémie appelait le Seigneur notre justice, Jérémie 23.6. Parfaitement juste lui-même, il fera enfin régner sur la terre la parfaite justice.
Dans ses rayons. Littéralement : dans ses ailes. Les rayons du soleil levant ressemblent à des ailes attachées au disque de l’astre. Ceux sur qui ces rayons tombent sont aussitôt pénétrés d’une puissance de vie qui produit en eux la santé parfaite. Par cette image, le prophète désigne l’Éternel dans son apparition messianique, et cela, sans distinguer la première de la seconde venue du Seigneur.
Comme les veaux qu’on engraisse : les veaux bien entretenus, pleins de santé et de force, qui bondissent aussitôt qu’on leur ouvre les portes de l’étable.
Les justes glorifiés prendront part au jugement des impies. Comparez 1 Corinthiens 6.2 ; Apocalypse 20.4. Le prophète décrit ici la préparation à ce grand jour.
Souvenez-vous de la loi de Moïse. C’est sous la sauvegarde de la loi du Sinaï que Moïse avait dès l’abord placé le peuple ; Israël l’avait violée et avait subi les conséquences de cette révolte ; maintenant Malachie le replace sous la protection de cette loi jusqu’à la venue du Messie. Ce sera par sa fidélité ou son infidélité envers elle qu’il décidera de la question de savoir si cette venue sera pour lui une fournaise ou un soleil.
Tout Israël. En opposition à la division et à la dispersion actuelles. L’observation fidèle de la loi l’aurait maintenu réuni. Le prophète semble faire espérer sur cette voie la réunion future du peuple.
Mais cet avertissement ne suffit pas à la sollicitude de l’Éternel ; il prendra, avant que le moment arrive, une mesure plus énergique. Comme il avait autrefois suscité Élie en Israël pour restaurer le règne de la loi, il enverra un nouveau prophète semblable à lui pour opérer une œuvre analogue dans le temps qui précédera le jour de l’Éternel. Il est impossible de douter que ce personnage ne soit le même que celui dont Malachie a parlé Malachie 3.1. L’explication qu’il donne de son ministère dans le verset suivant ne permet pas davantage de douter que cette prophétie, ne se soit réalisée en la personne de Jean-Baptiste. Comparez Luc 1.16-17 ; Matthieu 11.10 ; Matthieu 17.10-13.
Grand et redoutable : allusion menaçante au désir charnel de la venue de ce jour (Malachie 3.1).
Il ramènera le cœur des pères… On a parfois appliqué ces mots à l’apaisement des divisions dans le sein des familles israélites, comme si le rétablissement de la paix domestique était la préparation à la réception du Messie. Mais il serait bien étrange qu’un fait si spécial fût l’objet de la dernière sommation de Dieu à son peuple, en vue du moment où il va paraître ; et rien absolument, dans le ministère de Jean-Baptiste, ne justifie une pareille application. Ce qui séparait Israël de son Dieu, c’était le formalisme, le culte purement extérieur et l’orgueil national dont ce culte était l’aliment ; et c’était en cela que consistait essentiellement la différence avec le sentiment qui avait animé les pères du peuple, les patriarches, dont le cœur était rempli d’une vraie crainte et d’un sincère amour de Dieu. Un abîme séparait ainsi les pères d’avec les descendants, à tel point que les premiers rougissaient à la vue de ces derniers. Comparez Ésaïe 29.22 ; Ésaïe 53.6. Cet abîme, le précurseur du Messie doit chercher à le combler en ramenant le cœur des fils à la sincère piété des pères et en faisant ainsi que le regard des pères puisse de nouveau reposer avec satisfaction sur leurs fils. Par ce retour du peuple à ses commencements, il le préparera à une glorieuse fin.
De peur que je ne vienne. Cette expression signifie ici : comme vous ne voudriez pas que je vinsse.
Et que je ne frappe la terre à la façon de l’interdit. C’était ainsi que l’Éternel était venu contre les Cananéens, en les détruisant à la façon de l’interdit, par la main d’Israël lui-même. En exécutant ce châtiment, Israël avait prononcé sa propre sentence, s’il profanait à son tour la terre de Canaan. La première promesse de Dieu envers lui avait été de lui donner ce pays ; la dernière menace est celle de le lui enlever ; et c’est avec cette menace, la plus terrible de toutes, que le Dieu de l’alliance prend congé de son ancien peuple et le laisse désormais marcher à la clarté des révélations qu’il a reçues.
Malachie, le dernier prophète de l’Ancien Testament, se rapproche aussi le plus du Nouveau par les traits suivants :
Toute la révélation prophétique nous paraît dominée par les trois intuitions suivantes :
Ces trois intuitions. étroitement liées, ne sont pas exposées systématiquement et d’après une marche suivie, dans les enseignements et les visions prophétiques. Chaque prophète en a contemplé une ou quelques faces, appropriées aux besoins de son temps et à ses propres prédispositions personnelles, sans qu’il soit possible d’établir entre ces révélations successives une gradation bien marquée. Il y a dans l’inspiration prophétique trop de spontanéité, pour que nous puissions en mesurer rationnellement le cours. Ce que nous pouvons constater, c’est le caractère complet et pleinement suffisant de cette révélation préparatoire.
Mais on doit se demander par quelle raison ce jet si puissant, après avoir jailli d’une manière continue et abondante depuis le neuvième jusqu’au cinquième siècle avant notre ère, a tout à coup tari avec Malachie et n’a recommencé à jaillir que quatre siècles plus tard, à l’apparition de Jean-Baptiste. Cette cessation subite et tranchée avait déjà frappé les Juifs. Leur principal historien, Josèphe, déclare que : la succession des prophètes a pris fin avec le règne d’Artaxerces-Longue-Main.
Plusieurs fois, il est fait allusion dans les livres des Maccabées au manque total de prophètes. L’on renvoie la solution de certaines questions au moment où s’élèvera de nouveau un prophète de l’Éternel.
Faudrait-il chercher la cause de ce phénomène dans l’affaiblissement de l’esprit théocratique et dans le déclin du zèle pour la cause de Jéhova ? Mais à aucune autre époque de son histoire le peuple israélite n’a montré un élan monothéiste plus ardent, un enthousiasme national plus victorieux qu’à l’époque des Maccabées. Ou bien l’histoire du peuple avait-elle perdu quelque chose de son mouvement et l’activité nationale ne trouvait-elle plus d’objet capable d’exciter vivement son intérêt ? Mais c’était au contraire le moment où tombait la barrière qui avait jusque-là comme emprisonné ce peuple. À la suite des conquêtes du peuple grec, Israël envoyait ses colonies commerciales dans le monde entier et commençait à exercer sa suprématie religieuse sur tous les peuples du monde civilisé.
Pourquoi donc plus d’envoyé direct de Dieu, soit pour appuyer le peuple dans sa grande lutte nationale en faveur de la croyance et du culte monothéistes contre le pouvoir politique païen qui avait juré sa ruine, soit pour diriger ce grand mouvement d’extension géographique et de conquête spirituelle qui ouvrait à Israël un tout nouvel avenir ?
Si le prophétisme n’était qu’un phénomène naturel de conscience morale ou d’enthousiasme politique, cette grande question d’histoire religieuse resterait sans réponse.
Il y a un temps pour parler et un temps pour se taire a dit l’Ecclésiaste. Cela est vrai, non pas seulement pour les hommes, mais aussi pour Dieu. Pendant quatre à cinq siècles, l’Éternel avait semé la parole prophétique dans le cœur de son peuple, se levant matin et se couchant tard, selon la belle expression d’un prophète. L’heure était venue où la récolte devait répondre à ces abondantes semailles. Après avoir reçu un riche talent de la main de son Maître, le serviteur était maintenant appelé à le faire valoir.
La tâche qui à cette époque commençait pour Israël, était double : c’était, en premier lieu, de s’approprier la révélation reçue et consignée dans les écrits destinés à en perpétuer la connaissance et de faire pénétrer cette lumière divine dans sa vie individuelle et collective, C’était, ensuite, de communiquer cette révélation au monde entier, en rendant témoignage devant tous les peuples au Dieu unique et saint et en répandant l’attente de Celui qui devait apporter au monde, avec la révélation définitive, le salut divin.
C’est ainsi que l’arbre, planté, cultivé, arrosé, émondé par les mains de Dieu, devait fructifier pour lui-même et pour le monde. Il n’avait, pour le moment du moins, plus rien à recevoir de nouveau ; il ne lui restait qu’à laisser s’épanouir richement son don.
Cette tâche. Israël l’a-t-il remplie ? Oui et non.
Oui, puisqu’il s’assimila si bien le monothéisme, ce principe de sa vie nationale, que la persécution la plus violente ne parvint pas à l’en détacher. Oui encore, puisque, en se répandant chez tous les peuples, il devint leur apôtre et rassembla partout autour de lui ces groupes de prosélytes croyants qui ouvrirent bientôt la porte du monde des Gentils aux prédicateurs du Christ.
Mais, d’autre part, non, puisque cette double activité à l’intérieur et à l’extérieur fut pour Israël lui-même frappée de stérilité par l’orgueil pharisaïque et par le littéralisme rabbinique qui l’altéra et l’entrava. La tâche providentielle s’accomplit, mais comme en dépit de l’instrument choisi pour l’exécuter ; et lorsque cet agent alla même jusqu’à se constituer en adversaire et que le moyen devint obstacle, il dut subir le rejet tragique, le chérem terrible, dont l’avait menacé le dernier prophète, dans sa dernière révélation (Malachie 4.6). Le porteur de la parole et de l’œuvre divines est tombé ; mais la parole et l’œuvre sont demeurées.
Ainsi s’expliquent et la période prophétique et la période dénuée de prophètes et le réveil enfin de la nouvelle période prophétique. L’histoire de la révélation chrétienne nous présente une marche analogue : d’abord le Christ avec la révélation apostolique ; puis l’Église laissée à elle-même sous la direction de l’Esprit, avec la mission de conquérir le monde ; enfin le retour du Christ.
Ici, comme là, le Maître commence par venir et donner ; puis il s’en va pour éprouver, enfin il revient et juge.
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