1 Commencement de l’Évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu. 2 Selon qu’il est écrit dans Ésaïe, le prophète : Voici, j’envoie devant ta face mon messager qui préparera ton chemin ; 3 voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers, 4 Jean parut, baptisant, dans le désert, et prêchant un baptême de repentance pour la rémission des péchés. 5 Et tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem sortaient vers lui, et ils étaient baptisés par lui, dans le fleuve du Jourdain, en confessant leurs péchés. 6 Et Jean était vêtu de poils de chameau et d’une ceinture de cuir autour de ses reins ; et il mangeait des sauterelles et du miel sauvage. 7 Et il prêchait, en disant : Il vient après moi Celui qui est plus puissant que moi, duquel je ne suis pas digne de délier, en me baissant, la courroie de ses souliers. 8 Moi, je vous ai baptisés d’eau ; mais lui vous baptisera d’Esprit-Saint.
9 Et il arriva en ces jours-là que Jésus vint de Nazareth de Galilée, et il fut baptisé dans le Jourdain par Jean. 10 Et aussitôt, comme il remontait de l’eau, il vit les cieux se fendre, et l’Esprit comme une colombe descendre sur lui ; 11 et il y eut une voix des cieux : Tu es mon Fils bien-aimé, en toi je me complais.
12 Et aussitôt l’Esprit le pousse au désert. 13 Et il fut dans le désert, quarante jours tenté par Satan ; et il était parmi les bêtes sauvages ; et les anges le servaient. 14 Et après que Jean eut été livré, Jésus alla dans la Galilée, prêchant l’Évangile de Dieu, 15 et disant : Le temps est accompli, et le royaume de Dieu est proche ; repentez-vous, et croyez à l’Évangile.
16 Et comme il passait le long de la mer de Galilée, il vit Simon et André, frère de Simon, qui jetaient leurs filets dans la mer, car ils étaient pêcheurs. 17 Alors Jésus leur dit : Venez, suivez-moi, et je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. 18 Et aussitôt, laissant les filets, ils le suivirent. 19 Et passant un peu plus avant, il vit Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère, qui, eux aussi, étaient dans la barque, arrangeant les filets. 20 Et aussitôt il les appela ; et laissant Zébédée leur père dans la barque, avec les ouvriers, ils le suivirent. 21 Et ils viennent à Capernaüm ; et aussitôt étant entré dans la synagogue, le jour du sabbat, il enseignait. 22 Et ils étaient frappés de sa doctrine, car il les enseignait comme ayant autorité, et non pas comme les scribes. 23 Et à ce moment, il y avait dans leur synagogue un homme ayant un esprit impur, et il s’écria, 24 disant : Qu’y a-t-il entre toi et nous, Jésus, Nazarénien ? Es-tu venu pour nous perdre ? Nous savons qui tu es : le Saint de Dieu ! 25 Mais Jésus le réprimanda, en disant : Tais-toi, et sors de lui ! 26 Alors l’esprit impur l’ayant agité avec violence et ayant jeté de grands cris, sortit de lui. 27 Et ils furent tous terrifiés, de sorte qu’ils discutaient entre eux : Qu’est-ce que ceci ? Un enseignement nouveau avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. 28 Et sa renommée se répandit aussitôt de tous côtés, dans toute la contrée voisine de la Galilée.
29 Et aussitôt, étant sortis de la synagogue, ils allèrent avec Jacques et Jean dans la maison de Simon et d’André. 30 Or, la belle-mère de Simon était couchée, malade de la fièvre, et aussitôt ils lui parlent d’elle. 31 Et s’étant approché, il la fit lever, l’ayant prise par la main ; et la fièvre la quitta, et elle les servait.
32 Mais le soir étant venu, lorsque le soleil se fut couché, on lui amenait tous ceux qui étaient malades et les démoniaques ; 33 et toute la ville était rassemblée à la porte. 34 Et il guérit beaucoup de malades de diverses maladies, et chassa beaucoup de démons ; et il ne permettait pas aux démons de parler, parce qu’ils le connaissaient.
35 Et le matin, comme il faisait fort obscur, s’étant levé, il sortit, et s’en alla dans un lieu désert, et là il priait. 36 Et Simon et ceux qui étaient avec lui, allèrent à sa recherche ; 37 et ils le trouvèrent ; et ils lui disent : Tous te cherchent. 38 Et il leur dit : Allons ailleurs, dans les bourgades prochaines, afin que là aussi je prêche ; car c’est pour cela que je suis sorti. 39 Et il allait par toute la Galilée, prêchant dans leurs synagogues et chassant les démons. 40 Et un lépreux vient à lui, le suppliant et se jetant à ses genoux, et lui disant : Si tu veux, tu peux me purifier. 41 Et Jésus, ému de compassion, étendant sa main le toucha, et lui dit : Je le veux, sois purifié. 42 Et aussitôt la lèpre le quitta, et il fut purifié. 43 Et Jésus lui parlant sévèrement, le renvoya aussitôt, 44 et lui dit : Garde-toi d’en rien dire à personne, mais va, montre-toi au sacrificateur, et offre au sujet de ta purification ce que Moïse a commandé, pour leur être en témoignage. 45 Mais lui, étant sorti, se mit à beaucoup publier et à divulguer l’affaire ; en sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais il se tenait dehors, dans des lieux déserts, et on venait à lui de toutes parts.
Titre
C’est ici le commencement de l’Évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu (1).
L’apparition de Jean-Baptiste
Le baptême et la tentation de Jésus
Comparer Matthieu Matthieu 3 à Matthieu 4.11 ; Luc 3 à Luc 4.13.
Ce livre contient : l’Évangile, la bonne nouvelle de Jésus-Christ, qui en est l’objet.
Matthieu Matthieu 1.1 ouvre son livre par un titre analogue ; mais, conformément à son but, qui était d’annoncer aux Juifs la messianité de Jésus-Christ, il l’appelle « fils de David, fils d’Abraham ».
Marc, qui donne à son livre une destination plus universelle, nomme Jésus Fils de Dieu, lui attribuant ainsi dès l’abord sa dignité divine.
Tischendorf omet ces mots Fils de Dieu, d’après Codex Sinaiticus Irénée, Origène, etc. ; mais comme ils se lisent dans tous les autres manuscrits et toutes les versions anciennes, il faut les conserver.
Plusieurs interprètes modernes, à la suite de Bengel, font des mots du verset 1 : Commencement de l’Évangile de Jésus-Christ Fils de Dieu, le titre de tout le livre (comparer un titre analogue Osée 1.2, dans la version grecque). C’est la construction la plus simple.
Le second verset se lie à ce qui suit et commence le récit de l’apparition de Jean-Baptiste. D’autres appliquent ces mots au seul ministère de Jean-Baptiste ; deux constructions sont dans ce cas possibles :
Avec le verset 4 commencerait une nouvelle proposition.
L’Église primitive considérait le ministère de Jean-Baptiste comme le point de départ de l’œuvre de notre rédemption (Actes 1.22). Marc voudrait exprimer cette idée.
Le texte reçu, avec A et des majuscules, porte ici dans les prophètes, contrairement aux témoignages les plus décisifs.
C’est une correction très ancienne (Irénée l’a déjà), jugée nécessaire parce que l’évangéliste va citer deux prophètes (versets 2 et 3).
Faut-il, pour cela, lui attribuer un défaut de mémoire ? Ne peut-on pas admettre que, ayant l’intention de citer la prophétie si connue d’Ésaïe, il écrive d’abord le nom de ce prophète, puis que, se souvenant d’une autre prédiction qui convient également à son but, il cite cette dernière en premier lieu ?
Malachie 3.1. Voir, sur cette prophétie, Matthieu 11.10, note ; Luc 7.27, note.
Ésaïe 40.3. Voir Matthieu 3.3 note.
Sur ce désert, voir Matthieu 3.1, 3e note.
Jean ne prêchait pas seulement un baptême, il prêchait la loi qui devait réveiller dans les âmes le sentiment du péché et leur faire désirer ce baptême, qui dès lors était véritablement pour elles un baptême de repentance, mot qui désigne non seulement la douleur et l’humiliation du péché, mais le changement de dispositions morales qui en résulte (comparer Matthieu 3.2 1re note).
Ce baptême de repentance devait avoir pour résultat la rémission ou le pardon des péchés. Non que Jean lui-même procurât à ceux qu’il baptisait le pardon de leurs péchés, mais il annonçait la venue très prochaine de Celui qui a l’autorité de les pardonner et qui baptise du Saint-Esprit (Voir, sur le baptême de Jean comparé à celui de Jésus-Christ, Matthieu 3.11, 4e note).
Voir Matthieu 3.6, note.
Le texte reçu fait dire ici à l’évangéliste : « tous étaient baptisés par lui », ce qui est une erreur ; car, parmi cette foule qui affluait au Jourdain, plusieurs, sans doute, étaient peu préparés à recevoir le baptême de la repentance et ceux-là, Jean ne les baptisait sûrement pas.
Ces mots : confessant leurs péchés, n’impliquent pas que chacun de ces nombreux Israélites faisait au prophète le récit détaillé de ses fautes, mais bien que tous se reconnaissaient pécheurs et s’humiliaient devant Dieu. Sans une telle confession, il n’y a point de vraie repentance.
Voir Matthieu 3.4, note.
Plus la corruption du siècle est grande, plus il importe que les serviteurs de Dieu donnent l’exemple du renoncement à eux-mêmes. Ils prêchent par leur vie plus encore que par leurs paroles.
Voir Matthieu 3.11.
Le premier et le troisième Évangile rapportent avec plus de détails la prédication de Jean-Baptiste ; le récit de Marc, plus abrégé que le leur et s’en rapprochant beaucoup dans les termes qu’il emploie, renferme des traits caractéristiques qui lui sont propres.
Ainsi ce mot : en me baissant (verset 7), qui peint si bien l’humble attitude de Jean devant le Seigneur ; ainsi encore, en annonçant que Jésus baptisera de l’Esprit-Saint, Marc n’ajoute pas : et de feu.
Cette prophétie de Jean, relative au baptême de l’Esprit-Saint que devait administrer le Sauveur, montre que le précurseur était initié à la nature spirituelle de son règne ; aucun signe extérieur n’en marquera l’avènement ; l’âme fidèle seule reconnaîtra la grandeur de Jésus-Christ au-dessus de tous ses serviteurs et la nécessité absolue de ce baptême de l’Esprit, sans lequel tout resterait mort en elle.
Voir, sur le baptême de Jésus, Matthieu 3.13-17 ; Luc 3.21-22, notes.
Ici encore, Marc, dans son récit abrégé, conserve des traits qui lui sont propres : dans le Jourdain ; il vit les cieux se fendre ou se déchirer, expression énergique qui peint la scène ; enfin, dans Marc comme dans Luc, la voix divine s’adresse directement à Jésus : Tu es mon Fils bien-aimé, en toi je me complais.
Cette rédaction rend très probablement la forme originaire de la parole divine. Jésus lui-même dut recevoir ce solennel témoignage qu’il était le Fils bien-aimé du Père, puisqu’il s’était abaissé en acceptant ce baptême des pécheurs et qu’il avait été, en retour, rempli de l’Esprit de Dieu sans mesure.
Aussi est-ce lui qui est le sujet du verbe : il vit les cieux se fendre. Jean fut cependant le témoin de la manifestation divine (comparer Jean 1.32).
Voir Matthieu 4.1-11, notes.
Marc raconte en ces quelques lignes l’histoire de la tentation dont Matthieu et Luc donnent tous les détails. Et pourtant il est faux d’affirmer, comme on l’a fait, que le récit de Marc serait incompréhensible sans les deux autres. Il contient, au contraire, tous les traits principaux de ce drame moral, pour autant qu’il nous est possible de le comprendre : la solitude du désert, les quarante jours, l’action de Satan, le secours des anges. Il renferme même plus d’un trait original.
Ainsi cette expression énergique : l’Esprit le pousse (grec le jette dehors) au désert ; ainsi encore cette mention des bêtes sauvages, qui donne à toute la scène un caractère unique de solitude, d’abandon et de danger.
Marc, de même que Luc, rapporte que Jésus fut tenté durant tout le temps de son séjour au désert, tandis que Matthieu place la tentation au terme des quarante jours. Au cours de ses méditations solitaires Jésus fut assailli de pensées contraires à la volonté divine, de suggestions de Satan, qui se résumèrent et se concentrèrent dans les trois assauts suprêmes que Matthieu et Luc nous ont racontés.
Retour en Galilée et commencement du ministère de Jésus
L’emprisonnement de Jean ramène Jésus en Galilée. Résumé de sa prédication : avènement du royaume de Dieu, repentance, foi (14, 15).
Vocation des quatre premiers disciples
En passant le long du lac, Jésus appelle à le suivre Simon et André, puis Jacques et Jean. Ceux-ci laissent Zébédée leur père avec les ouvriers (16-20).
Comparer Matthieu 4.12-25 ; Luc 4.14-15.
Voir au sujet de ce retour de Jésus en Galilée et du motif indiqué, Matthieu 4.12-13, notes et Jean 3.24, note.
Le texte reçu porte : « l’Évangile du royaume de Dieu ». Les mots soulignés ne sont pas authentiques, mais la pensée qu’ils expriment se retrouve au verset suivant.
Matthieu (Matthieu 4.23) dit : « l’Évangile du royaume ».
Marc résume la prédication de Jésus-Christ par cette belle expression : l’Évangile de Dieu, c’est-à-dire la bonne nouvelle du salut dont Dieu est l’auteur (comparer verset 1 et Romains 1.1 ; Romains 1.16). Les paroles qui suivent diront comment l’homme pécheur s’approprie les richesses de cet Évangile.
Le temps qui était alors accompli était la grande époque déterminée par Dieu, annoncée par les prophètes, espérée et désirée par les croyants de l’ancienne Alliance, le temps du salut (comparer Galates 4.4).
C’est alors que le Sauveur commença à fonder sur la terre le règne ou royaume de Dieu (voir sur ce terme Matthieu 3.2, note).
Le moyen d’entrer dans ce royaume spirituel est, pour l’homme pécheur, de se repentir ou se convertir (termes qui ne rendent ni l’un ni l’autre la pensée de l’original, exposée dans Matthieu 3.2, 2e note) et de croire à l’Évangile.
Cette double expérience de l’âme humaine : le sentiment profond et douloureux du péché et la foi du cœur qui embrasse tous les trésors de grâce offerts par l’Évangile, est ordinairement simultanée ; c’est une même œuvre de l’Esprit de Dieu en elle.
Marc seul a conservé ce résumé si riche et si complet de la prédication de Jésus-Christ, qui renferme en germe tous les enseignements de l’Évangile.
Voir, sur ce récit, Matthieu 4.18-22, notes.
Marc seul a conservé ce trait caractéristique, que les deux fils de Zébédée laissent leur père dans la barque avec les ouvriers.
Faut-il en conclure que cet abandon de leur père pouvait ainsi mieux se justifier aux yeux des fils et leur paraître moins dur ?
Faut-il admettre au contraire que le métier de Zébédée s’exerçait en grand et que le sacrifice de ses fils dut lui être d’autant plus onéreux ? Ces questions et d’autres semblables ne trouvent aucune réponse dans le texte.
Le démoniaque dans la synagogue
Aussitôt après son arrivée à Capernaüm, Jésus entre dans la synagogue ; c’est un jour de sabbat, il enseigne et tous sont surpris de sa doctrine, quand un homme possédé d’un esprit impur s’écrie : Es-tu venu pour nous perdre ? Nous savons qui tu es : le Saint de Dieu. Jésus ordonne à l’esprit de se taire et de sortir de cet homme ; il obéit après avoir agité violemment le possédé et avoir poussé un grand cri. Cette guérison provoque l’étonnement et les discussions des témoins. La renommée de Jésus se répand (21-28).
La belle-mère de Simon
Dans la maison de Simon et d’André, Jésus guérit de la fièvre la belle-mère de Simon, en la saisissant par la main. Elle les sert (29-31).
Guérisons de la soirée
Après le coucher du soleil, Jésus guérit, à la porte de la maison, de nombreux malades ; il défend aux démons de proclamer qui il est (32-34).
Recueillement matinal et voyage d’évangélisation
Le lendemain, de grand matin, Jésus se rend dans un lieu désert pour prier. Ses disciples le poursuivent dans sa retraite, lui apprenant que tous le cherchent. Jésus leur déclare qu’il doit aller prêcher dans les villages environnants. Il se met à parcourir la Galilée (38-39).
Voir sur Capernaüm ou, ainsi que portent les manuscrits les plus anciens, Capharnaoum, Matthieu 4.13, note et sur la synagogue des Juifs, Matthieu 4.23 ; Luc 4.15, notes.
Matthieu Matthieu 8.5 et Luc Luc 4.31 marquent d’une manière plus précise cette arrivée de Jésus à Capernaüm, où il accomplit la guérison qui va suivre (verset 23 et suivants).
Matthieu place cette remarque sur l’autorité de l’enseignement de Jésus-Christ à la suite du sermon sur la montagne (Matthieu 7.28-29, note), où l’application n’en est pas moins appropriée. Luc Luc 4.32 fait une observation semblable à la même occasion que Marc.
Comparer Luc 4.33-37.
Grec : Et aussitôt était dans leur synagogue un homme en un esprit impur, c’est-à-dire qui était en la puissance de cet esprit (comparer Marc 5.2 ; et, d’autre part, Marc 12.36 ; Luc 4.1 ; Luc 4.14, où la même expression désigne l’action du Saint-Esprit).
Impur, parce qu’il appartenait au royaume des ténèbres, du mal (Voir, sur les démoniaques, Matthieu 8.28, note).
Par le mot aussitôt placé en tête, le narrateur marque que Jésus, après avoir déployé sa puissance dans l’enseignement, eut à la montrer sans retard dans un acte de guérison.
Selon le texte reçu, les paroles du démoniaque commenceraient par cette exclamation : ha ! ou laisse ! laisse-nous en repos.
Ce mot est tiré de Luc Luc 4.34.
Les deux questions qui suivent expriment le même sentiment, celui de ne vouloir rien avoir à faire avec Jésus, venu pour perdre, détruire le royaume des ténèbres. Les démoniaques savent cela (comparez Matthieu 8.29), parce qu’ils savent que Jésus est le Saint de Dieu, celui que Dieu a sanctifié (Jean 10.36), le SAINT par excellence (Actes 4.27 ; Apocalypse 3.7).
C’est donc le contraste absolu qu’il y a entre cette sainteté de Jésus et les esprits impurs qui fait le tourment de ces derniers et il faut remarquer que celui-ci ne parle pas seulement en son propre nom, mais au nom de tous ses semblables : toi et nous ; nous savons.
Le texte reçu avec A, B, C, D porte : Je sais.
Les uns rejettent cette leçon comme empruntée à Luc ; les autres pensent que la leçon : nous savons est une correction destinée à accorder ce verbe avec les nous qui précèdent.
Jésus adresse la parole au démon et le distingue positivement ainsi de l’homme que ce démon faisait parler : sors de lui. Si donc cette influence démoniaque n’avait été qu’un préjugé populaire, Jésus aurait évidemment partagé ce préjugé.
Le silence que Jésus impose au démon se rapporte surtout à la confession que ce dernier vient de faire : Tu es le Saint de Dieu. Le Sauveur rejette ainsi un témoignage qui lui vient du royaume des ténèbres (comparez Actes 16.18) et dont on devait bientôt tirer parti contre lui (Marc 3.22).
Dernier paroxysme du mal, avant la guérison, dernier effort de la fureur du démon qui se sent vaincu (comparer Marc 9.26 ; Luc 9.42).
Le texte reçu porte : « Qu’est-ce que ceci ? Quelle est cette nouvelle doctrine ? Il commande avec autorité, etc ».
Cette leçon est imitée de Luc. Le rapport avec le verset 22 oblige de rattacher avec autorité à enseignement.
Quelques-uns traduisent : « Un enseignement nouveau en autorité » ou « par l’autorité qui s’y déploie ».
Les spectateurs font un rapprochement entre l’autorité de la parole et la puissance qui se montre dans l’acte. Ils concluent avec raison que la manifestation de cette puissance, qui délivre les âmes du royaume des ténèbres, suppose un enseignement nouveau, une nouvelle révélation. Révélation et rédemption, prophétie et miracle étaient pour des Israélites dans un rapport intime.
Suivant les uns, dans les pays voisins de la Galilée ; suivant d’autres, dans la contrée galiléenne qui environne Capernaüm.
Le récit de cette guérison est un des morceaux communs à Marc et à Luc qui ne se trouvent pas dans Matthieu.
Comparer Matthieu 8.14-17 ; Luc 4.38-44.
Ce dernier évangéliste, aussi bien que Marc, indique que Jésus opéra cette guérison à la demande de ses disciples. Tandis que Marc dit qu’ils lui parlèrent d’elle aussitôt, Luc remarque qu’ils l’interrogèrent ou le consultèrent au sujet de la malade. Ainsi ils s’habituaient à avoir recours à lui dans toutes leurs détresses.
Le texte reçu porte : à l’instant la fièvre la quitta. La plupart des critiques omettent le mot à l’instant, d’après Codex Sinaiticus, B, C.
Ils attendirent, pour lui amener leurs malades, que le soleil fût couché, c’est-à-dire que le sabbat fût passé, parce qu’ils estimaient que c’eût été violer le repos de ce jour (comparer Jean 5.10).
Il faut remarquer que les évangélistes distinguent les malades (grec ceux qui se portaient mal) d’avec les démoniaques (voir sur ces derniers Matthieu 8.28, note et comparez sur cette distinction Marc 1.34 ; Matthieu 8.16).
La ville de Capernaüm (verset 21).
Toute la ville signifie la plupart de ses habitants (comparez Matthieu 3.5), qui se pressaient à la porte de la demeure où Jésus se trouvait.
Il est inexact de traduire : « ne permettant pas aux démons de dire qu’ils le connaissaient ».
Il leur impose silence pour les empêcher de parler de lui, parce qu’ils le connaissaient et que, dés lors, ils lui auraient rendu un témoignage que Jésus rejette (comparer verset 25, note).
Ce passage (versets 32-34) montre combien de miracles Jésus accomplit qui ne sont pas racontés dans les évangiles. Jean, Jean 20.30 en fait lui-même l’observation et plusieurs autres passages des évangiles font allusion à de nombreuses guérisons qui ne sont qu’indiquées (Matthieu 4.23 ; Matthieu 8.16 ; Matthieu 9.35 ; Matthieu 12.15 ; Matthieu 14.36 ; Matthieu 15.30 ; Marc 3.10 ; Marc 6.56 ; Luc 4.40 ; Luc 6.19, etc.).
Toute l’activité de Jésus a été de même infiniment plus riche que ne le rapportent nos récits évangéliques.
Marc et Luc ont seuls ce récit (versets 35-39). Le premier a conservé divers traits qui lui sont particuliers.
Il sortit de sa demeure où il avait opéré les guérisons qui précèdent (verset 33). Il se retire dans un lieu désert pour y retremper son âme dans la communion de Dieu, son Père : là il priait.
Cette mention des prières de Jésus qui revient assez fréquemment dans les évangiles, éclaire d’une vive lumière les rapports de Jésus avec son Père durant le temps de son abaissement sur la terre. Il avait besoin de la prière : combien plus ses pauvres disciples !
Ceux qui étaient avec lui (Simon), c’étaient ses condisciples nommés au verset 29.
Ils allèrent à sa recherche (grec ils le poursuivirent) dans l’intention de le ramener vers la foule qui l’avait entouré la veille : tous te cherchent. Jésus se laisse troubler dans sa retraite et son recueillement ; et s’il ne se rend pas à leurs désirs, c’est pour porter ailleurs son activité dévouée (verset 38).
Sorti de sa demeure (verset 35) avec l’intention de quitter pour quelque temps Capernaüm afin de prêcher dans les diverses bourgades de la Galilée. Tel est le premier sens qui s’offre à l’esprit d’après le contexte et qui est admis par plusieurs interprètes.
D’autres pensent que ce mot signifie : c’est pour cela que je suis sorti, issu du sein du Père et venu dans le monde (Jean 8.42), c’est-à-dire pour prêcher l’Évangile en tous lieux.
Mais ce verbe sans complément n’a jamais cette signification. Elle ne lui a été attribuée que pour mettre notre passage en harmonie avec Luc (Luc 4.43) qui dit : « C’est pour cela que j’ai été envoyé ».
La même préoccupation a donné naissance à une variante très répandue qui porte : « C’est pour cela que je suis venu ».
Prêcher la vérité divine et faire du bien en détruisant le royaume des ténèbres, telle était la double activité de Jésus ; comparez Matthieu 4.23.
La guérison
Un lépreux vient le supplier de le purifier. Jésus le touche et le guérit (40, 41).
Une défense non observée
Jésus le renvoie aussitôt en lui défendant sévèrement de parler de sa guérison et en lui ordonnant de se montrer au sacrificateur pour se conformer aux prescriptions de la loi. Mais cet homme va divulguer partout ce qui lui est arrivé, de sorte que Jésus ne peut plus se montrer dans la ville (42-45).
Voir, sur cette guérison, Matthieu 8.2-4, notes et comparez Luc 5.12-16.
Matthieu la place immédiatement après le sermon sur la montagne, tandis que Luc (Luc 5.12-16) la met après la pêche miraculeuse.
Encore ici, Marc a en propre divers traits qu’il faut remarquer. B, D omettent les mots : et se jetant à ses genoux.
Ému de compassion. Marc seul a noté cette sympathie profonde que Jésus éprouve pour le lépreux.
Les trois synoptiques rapportent la guérison immédiate (aussitôt) du lépreux.
Matthieu, au point de vue légal, dit : sa lèpre fut purifiée ;
Luc, au point de vue humain : la lèpre le quitta ;
Marc combine les deux pensées et dit : la lèpre le quitta et il fut purifié.
Tandis que Matthieu et Luc rapportent une simple défense faite au lépreux de raconter sa guérison (comparez sur les causes de cette défense Matthieu 8.4, note), Marc se sert d’expressions difficiles à concilier avec la compassion que Jésus vient de témoigner à ce malheureux : (verset 41) grec lui ayant parlé sévèrement ou lui ayant fait de sévères menaces, il le jeta aussitôt dehors.
On a dit (Meyer, Lange) que Jésus agissait ainsi parce que le lépreux avait violé la loi en s’introduisant dans une maison ou une synagogue (verset 39) et qu’après avoir donné essor à sa compassion et délivré le malade, il voulait aussi relever et sanctionner l’ordre légal.
Cela n’est pas très satisfaisant et ne concilie pas le contraste entre les deux manières d’agir. On retrouve la même défense sévère avec menace adressée à des aveugles que Jésus venait de guérir (Matthieu 9.30) et qui n’avaient transgressé aucune loi.
Ne pourrait-on pas en conclure que le sentiment d’indignation, le frémissement (sens de l’original) que Jésus éprouvait dans ces occasions, n’était pas causé par les malades qui allaient divulguer ses miracles, mais bien par l’opposition et l’inimitié des adversaires, toujours aux aguets pour en prendre occasion de l’accuser ?
Dans le cas du lépreux, le sacrificateur pouvait être irrité contre Jésus pour avoir permis à cet homme atteint d’une maladie contagieuse et légalement impure de s’approcher de lui.
Voir Matthieu 8.4 ; note.
Grec : « à divulguer la parole », par où les uns entendent la parole que Jésus lui avait adressée (verset 41), tandis que d’autres prennent ce mot dans son sens hébraïque : la chose, l’affaire.
On a proposé aussi de l’entendre, comme Marc 1.2, de la parole du royaume, de la bonne nouvelle, de la miséricorde de Dieu manifestée en Jésus. Mais le pauvre lépreux pouvait-il être immédiatement transformé en prédicateur de l’Évangile et le contexte ne montre-t-il pas qu’il s’agit du fait que Jésus lui avait défendu de divulguer ? On comprend que le lépreux guéri eût beaucoup de peine à contenir l’effusion de sa reconnaissance et de sa joie ; mais il aurait fait beaucoup mieux, pour lui-même et pour la cause de Jésus, d’obéir simplement à l’ordre qu’il avait reçu.
Marc seul rapporte la désobéissance du lépreux et les conséquences fâcheuses qu’elle eut pour le ministère de Jésus dans ces contrées. On peut se demander pourquoi Jésus ne pouvait plus se montrer ouvertement dans une ville ?
On a répondu que c’était parce que, ayant touché un lépreux, il était légalement souillé. On a dit encore que, à cause de ces foules qui venaient à lui de toutes parts, il ne voulait pas occasionner de la rumeur ou exciter une vaine curiosité dans la ville. Ne serait-ce pas surtout parce qu’il voulait éviter tout ce qui pouvait accroître le mauvais vouloir de ses adversaires et provoquer, avant le temps, des persécutions contre lui ?
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