1 De David.
Béni soit l’Éternel, mon rocher,
Qui forme mes mains pour le combat
Et mes doigts pour la bataille, 2 Mon bienfaiteur et ma forteresse,
Ma haute retraite et mon libérateur,
Mon bouclier et celui vers qui je me réfugie,
Celui qui range mon peuple sous moi ! 3 Éternel ! Qu’est-ce que l’homme, que tu le connaisses ? Le fils de l’homme mortel, que tu en tiennes compte ? 4 L’homme est semblable à un souffle ;
Ses jours sont comme l’ombre qui passe. 5 Éternel ! Abaisse les cieux et descends,
Touche les montagnes et qu’elles fument ! 6 Fais briller ton éclair et les disperse,
Lance tes flèches et les mets en déroute ! 7 Étends tes mains d’en haut, sauve-moi,
Et me retire des eaux profondes,
De la main des fils de l’étranger, 8 Dont la bouche profère le mensonge
Et dont la droite est une droite trompeuse. 9 Ô Dieu, je veux te chanter un cantique nouveau ;
Sur la lyre à dix cordes, je veux te célébrer, 10 Toi qui donnes le salut aux rois,
Qui délivres David, ton serviteur, du glaive meurtrier. 11 Sauve-moi, et me retire de la main des fils de l’étranger,
Dont la bouche profère le mensonge
Et dont la droite est une droite trompeuse. 12 Que nos fils soient comme des plantes
Croissant en leur jeunesse,
Nos filles comme des colonnes d’angle bien taillées,
Ainsi qu’on en voit dans les palais, 13 Nos celliers remplis, fournissant toute espèce de biens,
Nos troupeaux se multipliant par milliers,
Par dix milliers dans nos champs, 14 Nos génisses fécondes ;
Qu’il n’y ait ni brèches, ni fuites,
Ni clameurs dans nos rues ! 15 Heureux le peuple pour lequel il en est ainsi ;
Heureux le peuple dont l’Éternel est le Dieu !
Après les deux psaumes de supplication que l’on vient de lire, voici deux cantiques où domine la louange (Psaumes 144 et 145) et qui fraient la voie à la grande doxologie finale du recueil entier (Psaumes 146 à 150).
Le Psaume 144 est extrait en partie du Psaume 18 : il en reproduit les splendides images (versets 1 et 2, 5 à 7) et intercale au milieu de ces fragments des paroles sur la faiblesse de l’homme, empruntées aux Psaumes 8 et 39. Ce qu’il a d’original, c’est le refrain des versets 7, 8 et 11 : Sauve-moi… de la main des fils de l’étranger…
Quant à la strophe finale (versets 12 à 15), fort différente du reste du psaume par son rythme et son style et ne se reliant à ce qui précède que par une conjonction d’un sens vague et indéterminé, elle fait l’effet d’avoir appartenu à une autre composition. Le tableau qu’elle présente des bienfaits de la paix termine, il est vrai, fort bien ce chant de guerre.
Nous nous demandons si l’intention du psalmiste n’a pas été de composer, au moyen de paroles de David, une prière à l’usage des armées de David ou plutôt de ses successeurs, ainsi que le font supposer certaines formes de langage appartenant à une époque moins ancienne que celle de ce roi. Le nom de David (verset 10) peut désigner ici ses descendants, aussi bien que lui-même.
Après avoir rappelé ce qu’est l’appui de l’Éternel pour l’homme faible et impuissant (versets 1 à 4), le psaume invoque le secours du Seigneur avant la bataille (versets 5 à 8), puis il célèbre à l’avance la délivrance qui sera accordée à David et à son peuple (versets 9 à 11) et il décrit la prospérité d’une nation dont l’Éternel est le Dieu (versets 12 à 15).
Mon bienfaiteur, littéralement : ma grâce, celui qui me fait grâce, qui a pitié de moi, qui est bon envers moi. Ces versets sont l’écho de Psaumes 18.3 ; Psaumes 18.35-48. La parole de Psaumes 18.48 : Qui m’assujettit les peuples, est remplacée ici par ces mots : Qui range mon peuple sous moi.
Qu’est-ce que l’homme ?… Psaumes 8.5.
Que tu le connaisses. Il s’agit ici d’une connaissance inspirée par l’affection. Le Psaume 8 dit : Que tu te souviennes de lui.
Un souffle… l’ombre qui passe : combinaison de Psaumes 39.6 et Psaumes 102.12.
Mets en déroute l’ennemi !
On retrouve ici les expressions de Psaumes 18.10, Psaumes 18.15, Psaumes 18.17-18, Psaumes 18.45. Ce qui, au Psaume 18, est raconté comme fait accompli (Il abaissa les cieux et descendit…), est ici l’objet d’une requête, comme si le psalmiste disait : Fais maintenant ce que tu as fait jadis.
Touche les montagnes… Comparez Psaumes 104.32.
Une droite trompeuse : qui jure faussement et ne tient pas ce qu’elle a promis.
Cantique nouveau…, lyre à dix cordes. Comparez Psaumes 33.2-3.
Du glaive meurtrier, littéralement : du glaive mauvais, qui est au service du mal et des méchants.
Que nos fils… Cette strophe commence, en hébreu, par la conjonction ascher, signifiant : que, parce que, ou en sorte que. Ce dernier sens nous semble seul applicable ici, alors même que les temps de verbes employés dans les propositions qui suivent indiquent moins ce que l’on attend pour l’avenir que l’état de fait que l’on constate dans le présent. La version Segond renonce à rendre la conjonction et traduit : Nos fils sont comme des plantes… Mais ainsi toute cette partie du psaume reste sans lien avec ce qui précède.
Les fils sont comparés à des plantes, à cause de leur croissance vigoureuse (Psaumes 128.3) ; les filles sont l’ornement de la maison, à laquelle est consacrée leur activité. Cette idée d’ornement est évidemment celle qu’a en vue le psalmiste, dans ce passage, mais il est difficile de déterminer ce qu’il entend par angles bien taillés. Les uns pensent, ainsi que l’indique notre traduction, à des colonnes sculptées, bien que le mot de colonne ne soit pas dans le texte, d’autres à des ciselures de la boiserie intérieure, telles qu’on en voit encore maintenant dans les angles des grandes salles de réception des palais de Damas.
Ni brèches, ni fuites, ni clameurs : allusion aux malheurs de la guerre, brèches pratiquées dans les murs de la ville, fuite des habitants, cris de lamentation. Le terme que nous avons traduit par fuite signifie proprement :sortie et peut s’appliquer soit à des sorties de l’armée assiégée, soit à la fuite des habitants cherchant à se soustraire aux derniers désastres, soit à leur départ de la ville au moment où ils sont emmenés en captivité.
Heureux le peuple… : reproduction à peu près textuelle de Psaumes 33.12.
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