1 L’Éternel règne ; il s’est revêtu de majesté,
L’Éternel s’est revêtu, il s’est ceint de force :
Aussi la terre est-elle affermie, elle ne chancellera pas. 2 Ferme est ton trône dès longtemps,
De toute éternité tu es ! 3 Les fleuves ont élevé, ô Éternel !
Les fleuves ont élevé leur voix ;
Les fleuves élèvent le bruit de leurs flots. 4 Plus que la voix des grandes, des puissantes eaux,
Que le choc des vagues de la mer,
L’Éternel est puissant dans les lieux très-hauts. 5 Tes témoignages sont la vérité même ;
La sainteté sied à ta maison,
Ô Éternel, pour toute la durée des temps.
À côté des psaumes proprement messianiques, pour lesquels le grand événement à venir est la domination de l’Oint de l’Éternel sur la terre entière (2, 22, 45, 110), il en est d’autres qui célèbrent la royauté de l’Éternel lui-même et qui ont pour thème et pour cri de triomphe : L’Éternel règne ! Mais ces deux perspectives se confondent en une seule, puisque l’Oint de l’Éternel ne tire jamais son pouvoir et sa gloire que du fait qu’il est le représentant visible de la royauté divine elle-même. Cependant, la dualité de la conception prophétique ne disparaîtra complètement qu’à l’avènement glorieux de ce Messie, fils de David et Fils de Dieu, qu’Ésaïe appelle Emmanuel, Dieu fort, Père à toujours (Ésaïe 7.14 ; Ésaïe 9.5) et en qui l’Éternel est venu sauver son peuple.
Le Psaume 93 se rattache étroitement au Psaume 92, qui représente l’Éternel comme étant seul haut élevé, après la ruine de tous ses ennemis (Psaumes 92.9). Les deux psaumes se rapprochent aussi par cette forme de style qui consiste à interrompre par une invocation une phrase commencée, pour la reprendre et la terminer au vers suivant :
Car voici. ô Éternel !
Car voici, tes ennemis périront
Les fleuves ont élevé, ô Éternel !
Les fleuves ont élevé leur voix. (Psaumes 93.3).
Ces deux cantiques ouvrent une série de psaumes (92 à 100) qui tous célèbrent la royauté de l’Éternel. Il se peut qu’ils datent de l’époque qui a suivi le retour de l’exil, ce retour prédit, mais qui semblait impossible et par lequel l’Éternel montrait d’une manière si manifeste qu’il disposait en maître des rois et des empires de la terre. L’Éternel règne ! S’écriait l’Israélite pieux, à la vue des événements qui confirmaient d’une manière si éclatante les déclarations des prophètes, et, en dépit de l’état misérable où se trouvait encore son peuple, il annonçait comme certain l’établissement visible de sa royauté sur toute la terre. Ajoutons que l’effacement de la famille de David, à cette époque, pouvait porter les croyants à regarder directement à l’Éternel comme à leur roi.
Après avoir proclamé l’avènement du Roi divin, qui, du reste, était roi dès l’origine (versets 1 et 2), notre psaume montre la vanité, des efforts tentés pour ébranler son trône (versets 3 à 4). De ce fait ressortent d’une manière éclatante la vérité des témoignages de Dieu et la sainteté de la maison qui est le signe visible de son habitation au milieu de son peuple (verset 5).
L’Éternel règne, proprement : est devenu roi. C’était en des termes analogues que l’on proclamait l’avènement au trône d’un nouveau souverain (2 Samuel 15.10 ; 2 Rois 9.13). À chaque nouvelle manifestation de la gloire de Dieu, le peuple saint voit l’Éternel prendre à nouveau possession de son règne. Comparez Apocalypse 19.6.
Il s’est revêtu : il apparaît dans ses vêtements royaux et il vient, par une action d’éclat, de manifester sa force (comparez Ésaïe 59.17).
Aussi la terre est-elle affermie. Le triomphe des puissances impies ébranle les bases morales sur lesquelles repose l’humanité et compromet par là l’existence même du monde. Le règne de l’Éternel rétablit partout l’ordre et la stabilité.
Ton trône. Le trône de l’Éternel est de tout temps et à toujours ; celui de l’adversaire n’est que d’hier et pour un jour.
Les fleuves. Jadis la terre fut affermie au milieu des flots (Genèse 1.2, Genèse 1.9). De même l’ordre divin subsistera malgré les efforts des éléments de désordre. Les fleuves débordés sont ici l’image des assauts dirigés par l’humanité révoltée contre l’Éternel et son règne. À ce mot de fleuves, la pensée du lecteur israélite devait se reporter naturellement sur les grands fleuves du Nil, de l’Euphrate et du Tigre, qui représentaient pour lui la puissance de l’Égypte, de Babylone et de l’Assyrie. La triple répétition : les fleuves ont élevé, donne l’idée de flots toujours grossissants et débordant au loin.
La mer, l’océan des peuples, plus redoutable, dans son immensité, que le plus grand des fleuves, viendrait-elle à s’abattre sur ceux que Dieu protège, l’Éternel est plus puissant encore.
Dans les lieux très-hauts. Il domine de là toute cette agitation, qui ne saurait l’atteindre.
Tes témoignages : Ta loi, qui établit les principes éternels de ton règne (Psaumes 19.8) et tes promesses, en vertu desquelles ton peuple subsiste, se sont montrées aussi indestructibles que véritables.
Ta maison : ton temple, le témoin visible de ta royauté au sein d’Israël.
La sainteté sied à cette maison ; il convient que le peuple de Dieu lui conserve son caractère de lieu saint et ne la change pas en caverne de voleurs (Matthieu 21.13) ; il convient aussi que les peuples idolâtres ne parviennent pas à la profaner. Il convient de même que le sanctuaire de la vie intérieure du fidèle reste la propriété exclusive du Roi des rois.
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