1 Que dirons-nous donc qu’Abraham, notre ancêtre, a obtenu selon la chair ? 2 En effet, si Abraham a été justifié par les œuvres, il a sujet de se glorifier, mais non devant Dieu. 3 Car que dit l’Écriture ? Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice. 4 Or, à celui qui travaille, le salaire n’est pas compté comme une grâce, mais comme une chose due ; 5 tandis que, à celui qui ne travaille point, mais qui croit en Celui qui justifie l’impie, sa foi lui est imputée à justice. 6 C’est aussi de cette manière que David célèbre le bonheur de l’homme à qui Dieu impute la justice sans les œuvres : 7 Heureux ceux dont les iniquités ont été pardonnées et dont les péchés ont été couverts ! 8 Heureux l’homme à qui le Seigneur n’imputera point le péché. 9 Cette déclaration de bonheur ne s’applique-t-elle donc qu’aux circoncis, ou aussi aux incirconcis ? Nous disons en effet : à Abraham la foi fut imputée à justice. 10 Comment donc lui fut-elle imputée ? Quand il était dans la circoncision, ou dans l’incirconcision ? Non dans la circoncision, mais dans l’incirconcision. 11 Et il reçut le signe de la circoncision comme un sceau de cette justice de la foi qu’il possédait dans l’incirconcision, afin qu’il fût le père de tous ceux qui croient sans être circoncis, pour que la justice leur soit imputée, 12 et le père des circoncis, de ceux qui ne sont pas seulement circoncis, mais qui marchent aussi sur les traces de la foi que notre père Abraham a eue, étant dans l’incirconcision.
13 En effet, ce n’est pas par une loi que la promesse d’être héritier du monde a été faite à Abraham ou à sa postérité, mais c’est par la justice de la foi. 14 Car si ce sont ceux qui relèvent de la loi qui sont héritiers, la foi est rendue vaine et la promesse est annulée ; 15 car la loi produit la colère ; mais où il n’y a point de loi, il n’y a pas non plus de transgression. 16 Voilà pourquoi c’est par la foi qu’on devient héritier, afin que ce soit par grâce, pour que la promesse soit assurée à toute la postérité d’Abraham, non seulement à celle qui relève de la loi, mais aussi à celle qui est de la foi d’Abraham, lequel est le père de nous tous, 17 selon qu’il est écrit : Je t’ai établi père de beaucoup de nations, devant Dieu en qui il a cru, qui vivifie les morts et qui appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient. 18 Espérant contre toute espérance, il a cru qu’il deviendrait père de beaucoup de nations, selon ce qui lui avait été dit : Telle sera ta postérité. 19 Et sans faiblir en la foi, il considéra son corps épuisé, âgé qu’il était d’environ cent ans, et l’épuisement du sein de Sarah : 20 mais à l’égard de la promesse de Dieu, il ne douta point par incrédulité, mais il fut fortifié par la foi, donnant gloire à Dieu, 21 et étant pleinement convaincu que ce qu’il a promis, il est puissant aussi pour l’accomplir. 22 C’est pourquoi aussi sa foi lui fut imputée à justice.
23 Or ce n’est pas seulement à cause de lui qu’il a été écrit: Elle lui fut imputée, 24 mais aussi à cause de nous, à qui notre foi doit être imputée, à nous qui croyons en Celui qui a ressuscité d’entre les morts Jésus, notre Seigneur, 25 lequel a été livré pour nos fautes et est ressuscité pour notre justification.
Abraham a été justifié par la foi quand il était encore incirconcis
C’est en tant que justifié par la foi et sans nulles conditions légales, qu’Abraham reçut la promesse d’hériter le monde
Ce qui confirme l’idée qu’Abraham est le père de tous les croyants, c’est que l’héritage du monde ne lui fut pas promis, à lui et à ses descendants, à condition d’observer la loi, mais en leur qualité de croyants justifiés par la foi. L’obligation légale rendrait vaine la foi et annulerait la promesse, puisqu’elle provoque le châtiment, tandis que l’absence de loi a pour conséquence l’absence de transgressions. L’héritage du monde est donc obtenu par la foi, par grâce, pour être assuré à tous les enfants d’Abraham, non seulement à ceux qui relèvent de la loi, mais aussi à ceux qui ont la foi d’Abraham, notre père à tous (13-16).
C’est par la foi qu’Abraham devint père d’une postérité
Abraham a été établi père de beaucoup de nations, selon l’Écriture, parce qu’il crut à celui qui vivifie les morts, qu’il espéra contre tout sujet d’espérance, et, malgré son âge et celui de sa femme, ne douta point de l’accomplissement de la promesse. Sa foi lui fut imputée à justice (17-22).
Application de l’exemple d’Abraham aux croyants actuels
Ce que l’Écriture dit : la foi d’Abraham lui fut imputée, est destiné à nous instruire, nous qui croyons en celui qui a rappelé à la vie notre Seigneur Jésus, mort pour nos offenses et ressuscité pour notre justification (23-25).
Ancêtre, grec avant-père (Codex Sinaiticus, B, A, C).
Ce terme, qui ne se trouve qu’ici, ne marque pas le caractère de prototype attaché à tout ce qui concerne Abraham, mais sa qualité d’ancêtre naturel, le terme de « père » (versets 11 et 12) étant réservé pour désigner la paternité spirituelle.
Il faut admettre que Paul parle ici au nom des Juifs.
Grec : Que dirons-nous donc avoir trouvé Abraham… Telle est la place de l’infinitif dans les principaux documents.
Avec cette leçon, on peut se demander s’il faut rattacher selon la chair à notre père ou à avoir trouvé.
Cette dernière liaison nous paraît seule admissible, car il importait de relever, non la nature de la paternité d’Abraham mais la voie sur laquelle il a obtenu la justice.
Il importait, en effet, au dessein de l’apôtre, surtout à l’égard des Juifs, de démontrer, par un exemple frappant, tiré de l’Ancien Testament, que la doctrine de la justification par la foi n’était pas nouvelle, mais qu’elle était déjà le fondement de l’alliance de grâce traitée par Dieu avec le peuple d’Israël.
Paul, se référant à ce qu’il vient d’exposer (donc), entre brusquement dans cette démonstration historique par une question concernant Abraham, l’ancêtre, objet, pour tous les Juifs, d’une religieuse vénération : Qu’a-t-il obtenu (Grec : trouvé) selon la chair, c’est-à-dire par ses œuvres, par ses propres forces, par sa naissance, par ses privilèges terrestres (Philippiens 3.4-6) ?
La réponse sous-entendue n’est pas : Rien du tout ! Car par ces moyens naturels Abraham avait obtenu richesses et renom ; mais il n’a pas obtenu la justification devant Dieu, le salut.
C’est ce que Paul va établir en montrant qu’Abraham a été justifié par la foi (verset 2 et suivants), et par la foi seule (verset 9 et suivants).
Ce verset explique et motive (en effet) la question posée au verset précédent. La tournure que Paul emploie trahit un certain embarras, causé par son respect pour celui que tout Israélite vénère.
C’est pourquoi il commence par supposer qu’Abraham a été justifié par ses œuvres. Si tel est le cas, il a sans doute sujet de se glorifier à cause de ce privilège exceptionnel et unique, mais devant les hommes seulement et non devant Dieu, envers qui il n’a fait que remplir son strict devoir (Luc 17.10).
Le témoignage de l’Écriture est invoqué à l’appui (car) de cette affirmation qui pouvait sembler téméraire : Abraham n’a pas sujet de se glorifier devant Dieu (verset 2).
L’Écriture déclare que c’est la foi d’Abraham qui lui fut imputée à justice, ou comptée pour Justice, portée en compte comme Justice, par un acte de la souveraine grâce de Dieu, qui a voulu attribuer une telle valeur à la foi, en vertu de la nature et de l’objet de cette foi.
C’est dans Genèse 15.6 que l’Écriture raconte ce fait. Abraham, hors d’âge d’avoir un fils, crut à Dieu, qui lui promettait une postérité aussi nombreuse que les étoiles. Dans cette promesse était impliquée celle du salut de l’humanité.
La foi d’Abraham ne saisit pas seulement la promesse que Dieu lui fait. Elle s’attache à Dieu lui-même, à sa fidélité. Elle est ainsi semblable à la confiance que tout homme doit mettre en Dieu pour ce qui concerne le salut.
Ces versets expliquent clairement la nature de la justification qu’obtint Abraham et, pour achever de démontrer qu’il n’a pas sujet de s’en glorifier devant Dieu (verset 2), mettent dans un contraste absolu le salaire dû et la grâce.
L’homme qui travaille pour un salaire (et quiconque cherche sa justice par les œuvres est dans ce cas) ne peut recevoir ce salaire comme une grâce, car il se trouve placé sur le terrain de la justice. S’il remplit sa tâche, il reçoit le salaire qui lui est dû.
Mais à celui qui constate qu’il ne peut lui-même accomplir son salut et qui dès lors ne travaille point, mais croit en celui qui justifie l’impie, c’est-à-dire renonce totalement aux moyens de la propre justice (Romains 11.6), sa foi lui est imputée à justice. Or, Abraham a choisi cette dernière voie.
Croire à une grâce, ce n’est, en aucune manière, travailler pour un salaire. La foi n’est pas une vertu, elle ne constitue pas un mérite ; elle est l’acceptation humble et reconnaissante de ce que Dieu a fait. La valeur justifiante de la foi n’est pas dans l’homme mais dans le don de Dieu qui justifié l’homme et qui accepte sa foi, la confiance de son cœur, comme si elle était la justice même.
Cette parfaite gratuité du salut est le chef-d’œuvre de la sagesse de Dieu non moins que de son amour, seule elle rend le salut possible à l’homme ; seule elle le ramène à Dieu, à l’amour pour Dieu, à l’obéissance, à la sanctification, aux vraies œuvres.
La qualification d’impie (verset 5) ne doit pas nous surprendre ; car l’impiété est bien, à des degrés divers, depuis l’habituel et inconscient éloignement de Dieu jusqu’à la révolte ouverte, la disposition du cœur irrégénéré. L’homme n’eût il point d’autres péchés, cette impiété naturelle ne lui permet pas de se justifier lui-même et nécessite une justification gratuitement accordée par Dieu.
C’est de même aussi que David célèbre le bonheur, non de celui qui s’est justifié lui-même par ses œuvres, mais de l’homme à qui Dieu impute la justice sans les œuvres.
David n’est pas invoqué comme un second exemple de foi justifiante. La déclaration du psalmiste est citée, parce qu’elle relève spécialement la non imputation du péché et qu’elle célèbre le bonheur de l’homme oui est ainsi pardonné.
Dans cette citation, le salut gratuit n’est pas seulement enseigné, il est chanté comme un bonheur, comme une vivante expérience, qui a transformé l’angoisse du pécheur condamné en la douce joie de l’enfant de Dieu (Psaumes 32.3-7).
Il faut se garder de ne voir dans cette précieuse vérité qu’une doctrine ou une opinion théologique. Elle répond au plus profond besoin de la nature humaine ; c’est la bonne nouvelle, c’est le bonheur !
Psaumes 32.1 ; Psaumes 32.2, cité exactement d’après les Septante.
Sur cette expression couvrir les péchés, voir Romains 3.25 note.
Les termes multipliés d’iniquités pardonnées, de péchés couverts, prouvent déjà l’erreur de celui qui cherche sa justice dans les œuvres.
Nous sommes aussi enseignés par cette citation que Paul n’entend autre chose par le mot de justice, sinon la rémission des péchés. Et que cette rémission est gratuite, puisqu’elle est imputée sans œuvres. Ce que montre bien aussi le mot de rémission. Car on ne dira pas que le créancier qui a reçu payement remet et quitte… mais bien celui-là qui de sa pure libéralité quitte la dette et cancelle l’obligations
Cette déclaration de bonheur (versets 7 et 8) s’applique-t-elle seulement aux Juifs ou aux païens aussi ? Est-elle (Grec :) pour la circoncision ou aussi pour le prépuce ?
Par cette question, Paul rattache (donc), à la citation qu’il vient de faire, l’exemple d’Abraham, auquel il revient pour montrer qu’aucune œuvre accomplie par le patriarche n’avait précédé sa justification qu’aucune condition légale ne lui fut imposée, que, par conséquent aussi, la justification par la foi, qui exclut tout sujet de se glorifier (versets 1-5), est assurée à tous, gentils et Juifs, sans distinction, conformément au principe énoncé à Romains 3.22 ; Romains 3.25 ; Romains 3.28-30.
Le fait que Paul allègue en réponse à la question du verset 9, c’est qu’Abraham fut justifié par la foi avant d’avoir reçu le sceau de la circoncision.
Il est déclaré juste Genèse 15 et ce n’est que dans Genèse 17 que la circoncision est instituée ; elle n’était donc pas la condition de sa justification.
Il reçut le signe qu’est la circoncision comme un sceau de la justice, de la foi, c’est-à-dire comme la confirmation de cette justice qu’il possédait déjà antérieurement par la foi (Grec : la justice de la foi, celle (foi) en incirconcision), uniquement par la foi, sans aucune prétention possible à une justice par les œuvres de la loi.
Afin qu’il fût père de tous ceux qui croient sans être circoncis (grec en état d’incirconcision, tout en étant incirconcis) : tel était le but de cette dispensation dans le plan divin.
La dernière proposition du verset : pour que la justice leur soit imputée (C, D : soit imputée à eux aussi) indique le but de leur entrée dans la famille du patriarche : c’était pour qu’ils eussent part eux aussi au même mode de justification que lui qu’ils fussent sauvés comme lui.
Les vrais enfants d’Abraham sont donc, non pas ceux qui descendent de lui selon la chair (l’apôtre ne les mentionne qu’en seconde ligne, verset 12), mais ceux qui ont la foi d’Abraham, à quelque peuple qu’ils appartiennent et qui, n’ayant que la foi, se trouvent précisément dans la situation d’Abraham quand il fut justifié.
Il ne faut pas perdre de vue l’étroite liaison de ces versets 11 et 12 : Abraham reçut le signe de la circoncision, afin qu’il fût le père… (verset 11) et le Père… (verset 12).
Ainsi dans l’intention de Dieu le signe de la circoncision fut donné à Abraham comme un sceau de la justice de la foi (verset 11), pour établir une filiation spirituelle entre lui et sa postérité selon la foi, parmi les incirconcis comme parmi les circoncis.
Bien que l’apôtre se refuse à considérer la circoncision comme un moyen de justification et de salut (c’était l’erreur des Juifs), il n’estime pas que cette institution fût sans valeur pour les temps antérieurs à l’Évangile.
La circoncision était le signe l’alliance de grâce, et, pour le véritable Israélite, le signe de la purification du cœur et de la vie (Romains 2.29). Or, ces deux biens constituent précisément, par la puissance de la foi, le privilège des vrais enfants d’Abraham.
Les versets 13-16 confirment (en effet) l’idée que tous les croyants, incirconcis et circoncis, sont fils d’Abraham et justifiés par leur foi seule, en montrant que l’héritage du monde avait été promis à Abraham et à sa postérité, sans condition légale, en leur qualité de croyants justifiés ; que cet héritage est, comme la justification, assuré à la foi seule.
La promesse d’hériter le monde n’est nulle part faite expressément à Abraham. Dieu lui avait promis seulement qu’il recevrait en héritage le pays de Canaan (Genèse 12.1 ; Genèse 13.14 ; Genèse 13.17). Mais il reçut également cette promesse plus grande : « Toutes les familles de la terre seront bénies en toi » (Genèse 12.3), promesse qui impliquait la fondation du règne messianique destiné à s’étendre au monde entier.
Sa foi embrassait ce royaume de Dieu quand, par delà la Canaan terrestre, elle découvrait « la cité qui a de solides fondements, celle dont Dieu est l’architecte et le constructeur » (Hébreux 11.10 ; comparez versets 14-16).
Ce qui était promis à Abraham et à sa postérité, c’était donc, d’abord, le monde actuel, « toutes les familles de la terre ; » ensuite, le monde renouvelé, « les nouveaux cieux et la nouvelle terre ».
En effet, la postérité d’Abraham devait comprendre Jésus-Christ, l’héritier par excellence, le Roi appelé à exercer la domination universelle et en qui la promesse faite à Abraham eut son plein accomplissement.
Le salut du monde et le règne du Messie étaient impliqués dans la promesse faite au père des croyants, comme la fleur l’est dans le bouton, le fruit dans la graine (Genèse 17.4-8 ; Genèse 22.17 ; Genèse 22.18 ; Psaumes 2.7 ; Psaumes 2.8 ; Matthieu 5.5, note ; Galates 3.8).
La promesse n’a pas été faite à Abraham par une loi, c’est-à-dire avec la condition qu’il se soumit à un régime légal. L’article manque en grec. Paul ne pense donc pas à la loi de Moïse, qui n’existait pas encore (Galates 3.17), mais à une loi quelconque dans laquelle se serait exprimée la sainte volonté de Dieu.
La promesse a été laite à Abraham uniquement par la justice de la foi (Grec : une justice de foi), de cette foi qui le mettait en possession anticipée de l’objet de la promesse.
Grec : ceux qui sont de la loi.
À l’argument tiré de l’histoire, l’apôtre ajoute des considérations psychologiques et morales sur le rôle de la loi : dans l’état de corruption de l’homme, elle lui vaut seulement le châtiment de Dieu (verset 15).
Si donc, pour obtenir l’héritage, il faut accomplir la loi, la foi, qui déjà a saisi l’objet de la promesse, est rendue vaine et la promesse elle-même est annulée. On ne saurait donc admettre que l’accomplissement de la promesse soit subordonné à une condition légale.
La loi dit : fais cela ! Et jamais l’homme ne le fait l’Évangile dit : crois en Jésus-Christ ! Et tout est accompli.
La loi transgressée produit la colère, le châtiment de Dieu, jamais la justification ni l’héritage du salut (Romains 3.20).
Les derniers mots du verset ne signifient pas qu’en l’absence de la loi il n’y a point de péché (comparez Romains 2.12) ; mais qu’il n’y a pas de transgression d’un commandement positif, qui rend la responsabilité plus grande et aggrave la condamnation (voir sur cet effet de la loi Romains 7.10 et suivants).
C’est pourquoi, c’est par la foi… à (comparez verset 13) cause des effets funestes qu’aurait l’intervention d’une loi (versets 14 et 15).
C’est par la foi qu’on devient héritier : les mots soulignés sont sous-entendus dans l’original.
À toute la postérité d’Abraham : ce nom est sous-entendu également.
En offrant l’héritage par grâce, à la foi seule, Dieu avait pour but d’assurer l’accomplissement de la promesse aux gentils comme aux Juifs, à toute la postérité spirituelle d’Abraham, le père de nous tous.
La citation, tirée de Genèse 17.5, forme une parenthèse ou une proposition incidente.
Les mots devant Dieu en qui il a cru… se rattachent à père de nous tous : (verset 16) il est père de nous tous devant Dieu, au jugement de ce Dieu devant qui il se tient, croyant à sa promesse et recevant ainsi le titre de père des croyants.
Il serait moins naturel de relier devant Dieu à la parole citée, puisque c’est Dieu qui la prononce. La citation sert de transition entre l’idée, exprimée au verset 16, qu’Abraham est le père de nous tous, idée qu’elle confirme et l’idée qui va être exposée (versets 17-22), que c’est encore par la foi qu’Abraham a eu une postérité et qu’il est devenu père de cet Isaac dont la naissance était nécessaire pour que la promesse du salut eut son accomplissement.
Cette naissance au moins pouvait paraître un fruit de la chair.
L’apôtre a demandé au verset 1 : Qu’a obtenu Abraham par la chair ? Il a obtenu son fils Isaac, pouvait répondre le Juif, par conséquent le peuple élu, par conséquent tout… Sapant par l’écriture la dernière racine du préjuge judaïque, Paul démontre que la naissance d’Isaac, non moins que la grâce de la justification et la promesse de l’héritage, a été un don accordé à la foi.
D’après beaucoup d’interprètes, l’application de l’exemple d’Abraham aux croyants commence avec verset 17 : sa foi est de même nature que la nôtre, car elle s’attache à Dieu qui vivifie les morts. Ils méconnaissent la place que tient dans les versets suivants le fait même de la naissance d’Isaac obtenue par la foi d’Abraham.
Il crut à Dieu qui vivifie les morts et qui appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient. La parole toute puissante et créatrice de Dieu, qui fait la promesse, tirera au besoin, pour l’accomplir, des morts de leur tombe ou un univers du néant.
Pour Dieu, appeler, c’est créer (Psaumes 50.1 ; Ésaïe 40.26).
Tel est l’inébranlable fondement sur lequel repose la foi. Ces paroles renferment du reste une évidente allusion au miracle que Dieu fit en Abraham et en Sarah pour accomplir sa promesse (verset 19).
Grec : Lequel, contre espérance, sur espérance, crut pour devenir,… c’est-à-dire contre toute espérance fondée sur la nature (v, 19), mais appuyé sur l’espérance que lui donnait la promesse de Dieu (versets 20 et 21).
Il ferma les yeux sur les choses visibles et sur toutes les conséquences que sa raison aurait voulu en déduire et tint le regard de sa foi arrêté sur Dieu et sur sa promesse certaine.
Tel est le vrai caractère de la foi : « voyant l’invisible » (Hébreux 11.27), elle n’attend sa confirmation ni des démonstrations de la raison, ni du cours ordinaire de la nature (Hébreux 11.1 ; Hébreux 11.11 ; Hébreux 11.17 ; Hébreux 11.30 ; Hébreux 11.35, etc.).
Il crut qu’il deviendrait ou (grec) pour devenir.
Quelques interprètes ont vu dans ces derniers mots l’indication du but qu’avait Abraham en croyant, ou qu’avait Dieu en l’amenant à croire.
D’autres traduisent moins exactement : il crut de sorte qu’il devint.
La plupart des interprètes actuels pensent que ce complément désigne simplement l’objet de la foi d’Abraham : il crut qu’il deviendrait.
La parole : telle sera ta postérité se lit Genèse 15.5.
Grec : Il considéra son propre corps amorti (le mot déjà du texte reçu manque dans B, majuscules, versions) et la mortification du sein de Sarah.
D, majuscules, Itala portent : il ne considéra pas.
Le sens serait : parce qu’il ne faiblit pas dans la foi, il ne considéra pas… La négation manque dans Codex Sinaiticus B A, C. Son absence rend la description de l’attitude d’Abraham plus saisissante ; comparez sur ce sujet Genèse 17.17 et suivants ; Hébreux 11.11 ; Hébreux 11.12.
En cela encore Abraham est le type du croyant ; il ne se dit pas que, selon la chair, l’accomplissement de la promesse est impossible ; il croit fermement à la puissance de celui qui a fait la promesse.
On peut traduire aussi : il fut fortifié dans la foi. Mais par la foi fait mieux antithèse à par incrédulité.
Abraham donna gloire à Dieu en montrant une confiance inébranlable en la fidélité de Dieu.
Lorsqu’un homme se confie à un autre, c’est qu’il le tient pour un homme juste et honnête. De même quand l’âme croit fermement à la parole de Dieu, c’est qu’elle tient Dieu pour véridique, bon et juste ; elle lui rend ainsi le plus grand honneur qu’elle puisse lui rendre ; elle lui donne raison, elle lui abandonne ses droits ; elle glorifie le nom de Dieu et laisse Dieu agir envers elle comme il veut. Or, quand Dieu voit une âme lui attribuer toute vérité et l’honorer ainsi par sa foi, il l’honore à son tour, la regarde aussi comme fidèle et véridique à cause de cette foi.
Le texte grec ne porte pas : sa foi, mais seulement : il lui fut imputé, imputation lui fut faite.
Paul reproduit, comme conclusion de toute son argumentation, la citation par laquelle il avait débuté (verset 3 note). Il lui reste à faire l’application de l’exemple d’Abraham aux croyants actuels (versets 23-25).
À qui notre foi doit être imputée, grec à qui imputation doit être faite.
L’histoire d’Abraham et de ce qu’il a obtenu par la foi a été écrite à cause de nous, à un double égard : nous y trouvons un grand enseignement et un grand exemple.
L’enseignement, c’est que, pour nous comme pour lui, il n’y a de justice devant Dieu que celle qui nous est imputée en vertu de notre foi en la promesse de la grâce. Christ devant venir ou Christ venu, le salut promis ou le salut accompli, tel est pour les fidèles de tous les temps l’objet de la foi qui les sauve.
L’exemple d’Abraham est d’autant plus propre à nous encourager qu’il y a une immense différence entre notre position et la sienne : le salut qui pour lui était voilé dans l’obscurité de l’avenir et dont l’accomplissement dépendait de tout un ensemble de conditions irréalisables aux yeux de la raison nous est apparu à nous en pleine lumière et dans toute sa glorieuse réalité.
Si donc le regard de sa foi a percé tous ces voiles pour contempler la puissance et la fidélité de Dieu, combien plus nous, à qui Dieu a parlé par son Fils, devons-nous être inébranlables en la foi et, embrasés par son amour, relever nos mains abattues et fortifier nos genoux tremblants !
Les mots : nous qui croyons en celui qui a ressuscité d’entre les morts… rappellent la parole du verset 17 « Abraham crut à Dieu qui vivifie les morts ».
Par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts s’est renouvelé et d’une manière bien plus glorieuse, le miracle accompli dans le corps « amorti » d’Abraham.
Et ce miracle de la résurrection de Jésus se renouvelle en chacun de nous, si nous croyons en celui qui l’a accompli. Il se renouvelle dès ici-bas par notre sanctification et il se renouvellera au dernier jour par notre résurrection (Romains 6.5 ; Éphésiens 1.19-20 ; Colossiens 2.12 ; Colossiens 3.1).
Grec : Livré à cause de nos fautes… ressuscité à cause de notre justification.
Si l’on pressait le sens de la préposition employée, l’apôtre voudrait dire que notre justification a été la cause de la résurrection de Jésus, de même que nos fautes avaient été la cause de sa mort.
Notre condamnation a été la cause de la mort du Christ ; c’est notre justification qui le ramène à la vie. Car sa dette, c’est la nôtre. Celle-ci acquittée, notre répondant doit sortir de la prison du tombeau où il n’est descendu que pour nous.
Mais nulle part ailleurs, Paul n’enseigne que la justification des pécheurs devait être prononcée pour que Christ pût ressusciter.
Cette idée d’une justification collective, indépendamment de la foi, est peu conforme à la pensée de l’apôtre, d’après laquelle la justification n’est accordée qu’à ceux qui s’unissent personnellement à Jésus-Christ par la foi. Aussi la plupart des interprètes pensent-ils que l’apôtre a été entraîné, par le parallélisme, à employer la même préposition dans le second membre de phrase.
C’était d’autant plus naturel que le premier membre : il a été livré à cause de nos fautes, peut être considéré comme une citation du beau fragment poétique d’Ésaïe (Ésaïe 53.5).
Dès lors, ressuscité à cause de notre justification veut dire qu’il est ressuscité, non à cause de notre justification préalablement opérée, mais à cause de cette justification dont sa résurrection était le gage, ou, en d’autres termes, que sa résurrection était nécessaire pour nous amener à croire à notre justification.
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