1 Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. 2 En effet, la loi de l’Esprit de vie en Jésus-Christ m’a affranchi de la loi du péché et de la mort. 3 Car, chose impossible à la loi, parce qu’elle était faible par le fait de la chair, Dieu, en envoyant son propre Fils dans une chair semblable à celle du péché et à cause du péché, a condamné le péché dans la chair ; 4 afin que la justice ordonnée par la loi fût accomplie en nous qui marchons, non selon la chair, mais selon l’Esprit.
5 Car ceux qui vivent selon la chair s’affectionnent aux choses de la chair ; mais ceux qui vivent selon l’Esprit s’affectionnent aux choses de l’Esprit. 6 Car l’affection de la chair, c’est la mort ; mais l’affection de l’Esprit, c’est la vie et la paix ; 7 vu que l’affection de la chair est inimitié contre Dieu, car elle ne se soumet pas à la loi, car aussi elle ne le peut ; 8 or ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu. 9 Mais vous, vous n’êtes point dans la chair, vous êtes dans l’Esprit, si vraiment l’Esprit de Dieu habite en vous ; mais si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, il n’est point à lui. 10 Or, si Christ est en vous, le corps, il est vrai, est mort à cause du péché ; mais l’esprit est vie à cause de la justice. 11 Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus-Christ d’entre les morts vivifiera aussi vos corps mortels, à cause de son Esprit qui habite en vous. 12 Ainsi donc, frères, nous sommes redevables, non à la chair pour vivre selon la chair,… 13 car, si vous vivez selon la chair, vous devez mourir ; mais si, par l’Esprit, vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez.
14 Car tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. 15 Car vous n’avez point reçu l’esprit de servitude pour retomber dans la crainte ; mais vous avez reçu l’Esprit d’adoption, par lequel nous crions : Abba ! Père ! 16 L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. 17 Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ, si nous souffrons avec lui, afin que nous soyons aussi glorifiés avec lui. 18 En effet, j’estime que les souffrances du temps présent ne comptent guère auprès de la gloire à venir qui doit être révélée pour nous. 19 Car la création attend avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu. 20 Car la création a été soumise à la vanité, non pas volontairement, mais à cause de celui qui l’y a soumise, avec espérance, 21 vu que la création elle-même sera aussi affranchie de la servitude de la corruption pour avoir part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu.
22 Car nous savons que toute la création soupire et souffre les douleurs de l’enfantement jusques à maintenant ; 23 et non seulement elle, mais nous aussi qui avons les prémices de l’Esprit, nous-mêmes aussi nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l’adoption, la rédemption de notre corps. 24 Car c’est en espérance que nous avons été sauvés ; or, quand on voit ce qu’on espère, ce n’est pas de l’espérance ; car ce que l’on voit, pourquoi l’espérerait-on ? 25 Mais si nous espérons ce que nous ne voyons point, nous l’attendons avec patience. 26 Et de même aussi, l’Esprit vient en aide à notre faiblesse ; car nous ne savons pas ce que nous devons demander pour prier comme il faut ; mais l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables ; 27 or celui qui sonde les cœurs connaît quelle est la pensée de l’Esprit, parce que c’est selon Dieu qu’il intercède pour des saints.
28 Mais nous savons que toutes choses concourent au bien de ceux. qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein. 29 Parce que ceux qu’il a préconnus, il les a aussi prédestinés à être conformes à l’image de son Fils, afin que celui-ci soit le premier-né entre plusieurs frères ; 30 or ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; et ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; or ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés. 31 Que dirons-nous donc à ce propos ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? 32 Lui qui n’a point épargné son propre Fils, mais l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnerait-il pas aussi gratuitement toutes choses avec lui ? 33 Qui intentera une accusation contre les élus de Dieu ? Dieu est celui qui justifie ! 34 Qui condamnera ? Jésus-Christ est celui qui est mort, bien plus, qui est ressuscité, qui aussi est à la droite de Dieu, qui aussi intercède pour nous ! 35 Qui nous séparera de l’amour du Christ ? L’affliction, ou l’angoisse, ou la persécution, ou la faim, ou la nudité, ou le péril, ou le glaive ? 36 selon qu’il est écrit : à cause de toi nous sommes livrés à la mort tout le jour, nous avons été regardés comme des brebis destinées à la boucherie. 37 Au contraire, dans toutes ces choses, nous sommes plus que vainqueurs par Celui qui nous a aimés. 38 Car j’ai l’assurance que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, 39 ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour que Dieu nous a témoigné en Jésus-Christ, notre Seigneur.
Notre affranchissement par la loi de l’Esprit de vie en Jésus-Christ
La condamnation qu’entraînait le péché est supprimée dans toutes ses conséquences pour ceux qui sont en Jésus-Christ, car ils ont passé de la domination du péché et de la mort à celle de l’Esprit de vie en Jésus-Christ. Dieu, en effet, les a élevés à cet état de justice, auquel la loi ne pouvait les amener, parce que la chair leur ôtait toute force ; en envoyant son Fils dans une chair semblable à notre chair habitée par le péché, il a condamné cette habitation du péché dans la chair, et cela, pour que la justice commandée par la loi fût accomplie en nous qui marchons, non selon la chair, mais selon l’Esprit (1-4).
La vie selon la chair et la vie selon l’Esprit
Les aspirations et l’activité de la première se rapportent à la chair, celles de la seconde à l’Esprit. Celles-là sont une source de mort, celles-ci de vie. Les premières, en effet, impliquent l’inimitié contre Dieu, la révolte contre sa loi ; elles ne sauraient nous rendre agréables à Dieu (5-8).
La victoire sur la mort est assurée aux chrétiens, parce qu’ils ont l’Esprit de Christ
Paul déclare à ses lecteurs qu’ils ne vivent plus selon la chair, si du moins l’Esprit de Dieu et de Christ habite en eux ; autrement, ils ne seraient pas chrétiens. Cet Esprit donne la vie à leur esprit, quand même le corps est voué à la mort à cause du péché. C’est l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus, qui habite en eux ; il est puissant aussi pour rendre la vie à leurs corps mortels (9-11).
La vie nouvelle en Jésus-Christ, affranchie de la chair sous le régime de l’Esprit, est le signe de notre adoption et le gage de notre glorification future, de notre victoire définitive.
Paul reprend le sujet de l’affranchissement du péché, qu’il avait commencé d’exposer à Romains 6. Les interprètes hésitent pour désigner l’idée à laquelle se rattache le donc qui introduit ce nouveau développement. Quelques-uns pensent que Paul présente ce qu’il va dire de l’affranchissement du chrétien comme la conclusion de l’exclamation (Romains 7.25) « Grâces soient rendues à Dieu ! »
D’autres pensent que l’apôtre, se reportant par delà le morceau Romains 7.7-25, relie sa pensée à ce qu’il avait dit (Romains 7.1-6) de l’affranchissement de la loi. Mais la saisissante description de la lutte de l’homme sous la loi n’était pas une simple digression. Plusieurs estiment que notre proposition est plutôt la conclusion de Romains 7.25b « Moi même, moi, tel que je suis sans Christ, réduit à mes propres forces, je suis esclave, par l’entendement, de la loi de Dieu, mais, par la chair, de la loi du péché ». Il en résulte que, en Jésus-Christ, je suis affranchi de cet esclavage du péché. Cette conclusion, sans doute, ne s’impose pas rigoureusement ; mais c’est ici, comme le dit Schlatter, « la logique de la foi ». Et l’on peut dire, à ce point de vue, que les affirmations de l’apôtre sur l’affranchissement du chrétien en Christ sont la conclusion hardie qu’il tire de la situation désespérée où se trouve l’homme luttant par ses seules forces contre la chair. Cette relation entre Romains 8 et ce qui précède subsiste donc, même si Romains 7.25 La fin du verset doit être considéré comme une interpolation.
Dans Romains 8, Paul décrit les conséquences magnifiques de la délivrance en Christ : le renouvellement complet de la nature humaine et même de toute la création ; et enfin il célèbre, dans un vrai chant de triomphe, l’assurance du salut fondée sur l’éternel et immuable amour de Dieu en Christ.
Maintenant qu’ils ne sont plus sous la loi, à laquelle ils sont morts (Romains 7.6), ceux qui sont en Christ, c’est-à-dire ceux qui vivent dans une communion réelle et intime avec lui, n’ont plus à redouter aucune condamnation.
Le terme aucune condamnation embrasse tous les effets du péché qui en sont le châtiment : la culpabilité qu’il fait peser sur nous et dont nous sommes affranchis par la justification, la domination du péché en nous qui entraîne notre mort spirituelle et physique et dont nous sommes affranchis par la sanctification.
En Jésus-Christ, notre garant en présence de la justice divine, par notre union avec lui, nous sommes délivrés graduellement de toutes ces funestes conséquences du péché.
Le texte reçu porte : « pour ceux qui, en Jésus-Christ, marchent non selon la chair, mais selon l’Esprit ». C’est une glose de précaution contre la gratuité du salut. Ces mots ont été transportés ici du verset 4, où ils sont à leur place.
Codex Sinaiticus, B, etc., portent : t’a affranchi ; si c’est la leçon authentique, il faut admettre que Paul fait appel à ses lecteurs et à leur expérience de rachetés. Il oppose celle-ci aux douloureuses expériences de l’esclave du péché, dont il avait parlé à la première personne (Romains 7.7-25).
Ces paroles expliquent et motivent (en effet) la consolante affirmation du verset 1. Elles renferment la réponse à la question désespérée que se posait l’homme charnel, impuissant à accomplir la loi (Romains 7.24).
L’Esprit n’est pas l’élément spirituel qui élève l’homme au-dessus de la brute mais, comme l’indique le complément de vie, c’est l’Esprit de Dieu qui crée la vie et qui la communique au croyant.
En parlant de la loi de l’Esprit de vie, qu’il oppose à la loi du péché et de la mort, l’apôtre emploie ce mot de loi dans le sens de puissance réglée, de régime qui s’impose à la volonté (comparez Romains 7.21 ; Romains 7.23).
On pourrait faire dépendre les mots : de la mort directement du verbe : m’a affranchi, mais il est plus naturel de les rattacher au complément de la loi, comme les mots du péché, qui précèdent immédiatement.
Plusieurs rapportent le complément : en Jésus-Christ, au verbe : m’a affranchi ; mais, ainsi construite, la proposition ne serait qu’une répétition de l’idée exprimée au verset 1.
Il vaut donc mieux considérer comme une seule locution les mots : la loi de l’Esprit de vie en Jésus-Christ. C’est en Jésus-Christ que la loi de l’Esprit de vie a été manifestée au sein de notre humanité ; c’est par lui qu’elle est devenue le moyen d’affranchir l’homme de la loi du péché et de la mort.
La loi du péché, c’est la puissance que le péché exerce sur celui qui est son esclave (Romains 7.21 ; Romains 7.23, notes). C’est à tort que l’on a appliqué cette expression à la loi mosaïque, en se fondant sur Romains 7.9-13.
Les versets 3 et 4 prouvent et expliquent (car) l’affirmation du verset 2, en montrant comment la loi de l’Esprit de la vie en Jésus-Christ nous a affranchis de la loi du péché et de la mort.
Chose impossible à la loi (grec), en ce qu’elle était faible par le fait de la chair ; on a proposé aussi de traduire : tandis que (aussi longtemps que) elle était faible ; ou encore : l’œuvre impossible à la loi, en laquelle œuvre la loi était faible par le fait de la chair et de la résistance que la chair opposait à l’action de la loi.
Quelle était cette œuvre que la loi était incapable d’accomplir ? L’apôtre l’indique dans la proposition principale : Dieu a condamné le péché dans la chair.
La chair : ce terme est pris dans son acception la plus générale ; c’est la chair de l’homme, le domaine dans lequel le péché a établi son siège principal. Cette chair, corrompue par le péché, dominant sur l’esprit au lieu de lui obéir, entraîne l’homme à la mort (verset 6).
Condamner le péché dans la chair, c’est établir que le péché n’a aucun droit à régner dans la chair, et, par suite, l’expulser de ce domaine dont il s’est emparé, mettre fin à son empire.
Cette œuvre, la loi n’a pu l’accomplir, parce qu’elle était faible par le fait de la chair. Elle rencontrait une résistance invincible dans cette chair qui aspire à jouir et redoute de souffrir, qui paralyse la volonté de l’homme désireux d’obéir à la loi et l’entraîne à méconnaître même les conditions de son vrai bonheur.
La faiblesse de la loi par le fait de la chair, l’apôtre l’a abondamment prouvée au chapitre précédent. Or, ce que la loi n’a pu faire, Dieu l’a fait : en envoyant son propre Fils dans une chair semblable à celle du péché et pour le péché, il a condamné le péché dans la chair.
La formule par laquelle Paul exprime le fait de l’incarnation du Fils de Dieu : (grec) en ressemblance de chair de péché, est remarquable. Elle évite également de n’attribuer à Jésus que l’apparence d’une chair humaine (ce qui serait le cas si l’apôtre avait écrit : « dans une ressemblance de chair ») et de le rendre participant de la nature corrompue de l’homme pécheur (ce qui résulterait de l’expression : « dans une chair de péché »).
En disant : en ressemblance de chair de péché, l’apôtre enseigne que le Fils de Dieu a vraiment pris notre chair, avec ses besoins multiples, ses infirmités diverses, sa sensibilité, sa capacité de souffrir et de mourir. Cette sensibilité, qui est le propre de la chair, n’est pas mauvaise en soi. Jésus a constamment maintenu sa chair sous la domination de l’Esprit.
Jamais les désirs de la chair ne l’ont entraîné hors de la voie du devoir de l’obéissance à Dieu, de la sainteté. Il n’a participé, à aucun degré, à la corruption de la nature humaine, au péché qui, depuis Adam, se transmet d’homme à homme, comme un funeste héritage.
À ce point de vue, Paul peut affirmer que le Fils de Dieu n’a été « qu’en ressemblance de chair de péché ». C’est sur le complément : chair de péché que porte proprement le terme de ressemblance : il exclut l’identification complète de la chair de Jésus-Christ et de notre chair. Que, dans la pensée de Paul, Jésus ait été exempt de tout péché, cela ressort avec évidence de 2 Corinthiens 5.21.
L’apôtre indique le motif de l’envoi du Fils de Dieu en ressemblance de chair de péché, quand il ajoute : et à cause du péché (grec pour ou touchant le péché) pour effacer le péché et réparer le mal causé par le péché dans tous les domaines.
Cette locution pour le péché désigne quelquefois dans la version grecque de l’Ancien Testament une classe de sacrifices : « les sacrifices pour le péché » (Lévitique 7.37 ; Psaumes 40.7, cité Hébreux 10.6). Il n’est pas probable que Paul l’ait prise dans ce sens très spécial, qui n’est pas indiqué par notre contexte. En effet, l’acte par lequel Dieu a condamné le péché n’est pas, comme l’ont pensé beaucoup d’interprètes, le sacrifice de la croix.
Pour attribuer cette pensée à l’apôtre, on est obligé de considérer le participe : en envoyant, comme désignant un fait antérieur à celui que mentionne la proposition principale : Dieu a condamné le péché. Cela serait peu conforme à la syntaxe grecque. Il faut voir plutôt, dans l’acte exprimé par le participe, le moyen par lequel s’accomplit l’acte exprimé par le verbe. D’ailleurs, s’il n’en était pas ainsi, l’apôtre ne dirait pas par quel moyen Dieu a condamné le péché, il faudrait sousentendre cette idée essentielle : en livrant son Fils pour nous à la mort de la croix.
Sans doute, la condamnation du péché, dont parle l’apôtre, fait penser à la « démonstration » de la justice divine en celui que Dieu « a exposé comme moyen de propitiation dans son sang par la foi » (Romains 3.25). Mais il n’est pas probable que Paul revienne ici sur ce sujet de la rédemption par la mort de Christ pour nous. Il parle de la sanctification et de notre entier affranchissement du péché.
L’expression : « Dieu a condamné le péché dans la chair », doit être prise au sens large : comme le terme de « condamnation » au verset 1, elle implique la réparation de toutes les conséquences du péché.
Dès lors, il est plus indiqué de considérer la condamnation du péché dans la chair comme un effet de l’incarnation du Fils de Dieu. Dieu a condamné le péché, en envoyant son Fils dans une chair semblable à celle du péché, car il a ainsi mis ce Fils en mesure de réaliser la sainteté parfaite dans une vie humaine, de montrer qu’il est possible de vivre sans péché dans la chair, de triompher de toutes les tentations dont la chair est la source ou l’occasion (Hébreux 4.15).
En fournissant aux hommes cette démonstration, dans la vie terrestre de son Fils, Dieu a condamné le péché dans la chair, d’une manière plus éclatante et plus efficace qu’il ne l’avait fait par la loi, dont la lettre morte ne présentait qu’un idéal abstrait. Il a établi aux yeux de tous que le péché n’a pas de droit à régner dans la chair, qu’il n’est pas une nécessité inhérente à la nature de l’homme.
Ce grand fait moral d’une vie humaine sainte s’impose dès lors, comme leur idéal, à ceux qui sont en Christ et se réalise en eux à mesure que la loi de l’Esprit de vie en Jésus-Christ les affranchit de la loi du péché et de la mort.
Le but de Dieu, en condamnant le péché dans la chair par la vie sainte de Jésus-Christ (verset 3), est énoncé en ces termes : (grec) afin que la juste ordonnance de la loi, c’est-à-dire tout ce que la loi ordonne, avec justice, fut accomplie en nous (l’apôtre ne dit pas : « par nous »), qui marchons non selon la chair, mais selon l’Esprit.
La loi est accomplie dans la vie nouvelle, victorieuse des passions de la chair et sainte, que l’Esprit crée en nous ; cette vie satisfait seule aux exigences de la loi, qui « est spirituelle ; » (Romains 7.14) en elle est reproduit le modèle parfait que nous offre la vie du Christ (Romains 8.29 ; Jean 17.19 ; 2 Corinthiens 3.18).
L’Esprit est le Saint-Esprit, l’Esprit du Christ glorifié et non l’esprit de l’homme. Le premier seul est la norme infaillible de notre marche ; mais l’Esprit divin est présenté par l’apôtre comme s’unissant étroitement à l’esprit de l’homme, comme habitant en lui et inspirant ses désirs et toute sa vie.
Paul vient d’affirmer que « le juste droit de la loi » (verset 4) s’accomplit en ceux qui triomphent de la chair par la puissance de l’Esprit de Christ habitant en eux.
Il prouve (car) cette affirmation, en montrant que la prédominance de la chair ou celle de l’Esprit détermine les dispositions habituelles de l’homme, ses aspirations constantes, par là même tout son état moral et ses rapports avec Dieu.
À cet effet, il trace, dans les versets 5-8, un parallèle entre ceux qui (grec) sont selon la chair et ceux qui sont selon l’Esprit.
Pour bien comprendre ce parallèle et tout le développement qui suit, il faut remonter à la description que l’apôtre a faites à Romains 6, de notre affranchissement du péché dans la communion avec Christ mort et ressuscité. Comparer aussi les paroles de Jésus dans son entretien avec Nicodème (Jean 3).
Les termes par lesquels Paul caractérise l’état moral de l’homme naturel : « marcher selon la chair » (verset 4), « s’affectionner aux choses de la chair » (verset 5), « l’affection à la chair » (versets 6 et 7), « être dans la chair » (verset 9), « être redevable à la chair » (verset 12), « vivre selon la chair » (verset 13), sont synonymes de ceux qu’emploie Jésus quand il dit de l’homme irrégénéré : « ce qui est né de la chair est chair ».
Et les termes opposés du parallèle : « marcher selon l’Esprit, s’affectionner aux choses de l’Esprit », etc., correspondent à la déclaration : « ce qui est né de l’Esprit est esprit ».
Il est de la plus haute importance de bien saisir ce point de départ de la vie chrétienne et de la sanctification, qui est le même chez tous les hommes quels que soient leurs antécédents.
Si le chrétien cherche à améliorer ou à purifier en lui le vieil homme avant d’avoir passé par la nouvelle naissance, il n’entreprend pas seulement une œuvre vaine et irréalisable, mais il court le danger, toujours renaissant, de retomber sous le joug de la loi, comme les Galates ; son entreprise même est déjà la négation de la grâce. Le vieil homme ne peut pas être sanctifié, il faut qu’il soit crucifié (comparez Romains 6.6), c’est-à-dire livré à la mort par le renoncement à soi. L’Esprit doit donc soutenir une lutte perpétuelle contre la chair et ses convoitises et cette lutte n’est que le côté négatif de la vie du régénéré : le côté positif, l’activité qui développe en lui la vie nouvelle, consiste à entretenir une relation constante avec celui qui est l’auteur et la source de cette vie, à recevoir toujours de nouveau l’Esprit d’en haut. Régénéré par la grâce, il vit et croit dans la grâce et par elle.
Paul confirme et explique (car) l’opposition irréductible des deux affections mentionnées au verset 5, en montrant les buts opposés auxquels elles tendent et les résultats contraires auxquels elles aboutissent : la mort d’un côté, la vie et la paix de l’autre (comparez Galates 6.8).
L’affection de la chair, l’affection de l’Esprit : nous conservons ce terme faute d’un plus exact ; on pourrait être tenté de traduire : la « pensée » de la chair, la « pensée » de l’Esprit, si ce mot n’éveillait l’idée d’une activité purement intellectuelle, tandis que le mot grec désigne aussi une faculté morale, c’est à la fois le penser et le vouloir.
De là vient que l’apôtre parlant au point de vue absolu de la régénération (voir la note précédente) ne dit pas seulement que l’affection de la chair « donne » la mort, mais qu’elle est déjà la mort, la mort spirituelle, qui devient définitive, si celui qu’elle atteint n’est pas réveillé de ce funeste sommeil, de même, l’affection de l’Esprit ne « produit » pas seulement la vie et la paix, elle est déjà la vie et la paix, la vie impérissable dans la communion de Dieu, la paix qui naît du rétablissement de nos relations normales avec Dieu et du plein épanouissement, du fonctionnement harmonique de toutes nos facultés.
Comparer Romains 5.10 ; Colossiens 1.21 ; Jacques 4.4.
L’affection de la chair est inimitié contre Dieu, dans son essence, parce que l’homme dominé par elle rapporte tout à sa propre satisfaction et ne veut rien donner à Dieu.
Il hait Dieu, parce que Dieu est en droit de tout exiger de lui. Il ne se soumet pas à la loi de Dieu. Cette loi est spirituelle elle est accomplie ou violée dans le cœur avant tout, elle suppose que l’homme aime la volonté de Dieu, or, comment l’homme pourrait-il se soumettre à cette loi tant que la disposition dominante de son cœur est l’inimitié contre Dieu ? L’apôtre en a montré l’impossibilité.
Être dans la chair, en son pouvoir exprime une déchéance plus grande que : « être selon la chair » (verset 6). La chair n’est plus seulement la règle de la vie elle la constitue tout entière. À l’inimitié de l’homme charnel contre Dieu, répond la désapprobation le déplaisir de Dieu, conséquence dernière de l’esclavage de la chair.
Paul admet sans hésiter que les frères auxquels il écrit ne sont plus dans la chair.
Mais, afin de prévenir de dangereuses illusions, il rappelle d’abord positivement : si vraiment…, puis négativement : mais si quelqu’un n’a pas… la condition indispensable ou plutôt la cause efficiente de cet affranchissement de la chair, savoir la présence, l’habitation de l’Esprit de Dieu, de l’Esprit de Christ dans l’homme régénéré (comparez 1 Corinthiens 3.1 ; 1 Corinthiens 3.16).
L’apôtre désigne le Saint-Esprit à la fois comme Esprit de Dieu et Esprit de Christ. En effet, Christ nous l’a acquis par son sacrifice (Galates 3.13 ; Galates 3.14), aussi Paul le nomme-t-il fréquemment l’Esprit de Christ (Galates 4.6 ; Philippiens 1.19).
Cette identification de l’Esprit de Dieu et de l’Esprit de Christ, qui se retrouve aussi dans les discours de Jésus dans la chambre haute (Jean 14.16-26 ; Jean 15.1-8, Jean 15.26), nous instruit de la nature et des effets de notre communion avec le Christ glorifié et vivant. Parce que cette communion est la communion avec Dieu lui-même, elle est puissante pour accomplir l’œuvre de notre affranchissement et de notre sanctification, pour créer nous la vie nouvelle, qui est la vie de Christ lui-même (comparez Matthieu 28.19 ; 2 Corinthiens 13.13 ; Galates 2.20).
Christ en nous, vivant en nous par son Esprit, est la source de la vie spirituelle actuelle et sera l’agent de la résurrection de notre corps au dernier jour (verset 11).
Le péché, introduit dans le monde par la faute d’Adam (Romains 5.12), est la cause de la mort du corps ; de même, la justice qui vient de Dieu, la justification saisie par la foi, est la cause de la vie de l’esprit, c’est-à-dire de l’organe par lequel l’homme entre en rapport avec Dieu et s’approprie la vie divine.
L’antithèse des termes mort, vie, est absolue, parce que l’apôtre présente les choses telles qu’elles sont aux yeux de Dieu.
Le corps est mort déjà, parce qu’il porte en lui la sentence et le germe de sa destruction, il est « adjugé et voué à la mort », comme dit Bengel. Mais, ajoute l’apôtre, afin de confirmer ce qu’il dit au verset 6, l’esprit est vie et un jour Dieu, qui vous communique dès ici-bas cette vie impérissable, vivifiera aussi votre corps, afin d’arracher au péché ce dernier trophée de sa victoire (verset 11, comparez Jean 6.54 ; Jean 6.57).
La seconde affirmation : l’esprit est vie, n’est pas moins absolue que la première et il ne faut pas l’affaiblir en traduisant : « l’esprit est vivant », ce qui pourrait s’entendre de son existence naturelle actuelle, tandis que l’apôtre veut dire que nous possédons la vie divine à cause de la justice de Christ.
Le croyant a été revêtu de cette justice qui permet à l’Esprit divin de s’unir à notre esprit pour lui communiquer la vie éternelle.
D’autres pensent que la justice désigne ici la sainteté communiquée au croyant ; cette interprétation renverse l’ordre des faits, la sainteté n’est pas la cause, elle est le fruit de la vie de l’Esprit.
On a proposé aussi d’entendre les mots : le corps est mort, dans un sens moral, de la mort au péché, comme dans Romains 6.2 ; Romains 6.11 ; mais le verset suivant, qui parle de résurrection, dans le sens propre du mot, ne permet pas cette interprétation.
L’apôtre présente la doctrine de la résurrection dans un rapport intime et vivant avec le renouvellement spirituel qui s’opère dès ici-bas dans le croyant. Jésus lui-même a été « déclaré Fils de Dieu avec puissance selon l’Esprit de sainteté par sa résurrection d’entre les morts » (Romains 1.4, comparez 1 Pierre 3.18 ; 1 Timothée 3.16).
Cet Esprit de sainteté et de vie, qui était en lui, a vaincu la mort, salaire du péché. Il n’était pas possible que le Saint fût retenu par elle (Actes 2.24).
Or ceux qui lui sont unis par une foi vivante, sont faits participants du même Esprit, de l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts et ils possèdent ainsi le gage assuré d’une résurrection semblable, bien plus, ils ont déjà la vie qui triomphera même de la mort du corps, quand le Créateur tout-puissant donnera à cette vie son plein développement, quand il vivifiera vos corps mortels.
Telle est la source de la résurrection d’entre les morts (1 Corinthiens 6.13 ; 1 Corinthiens 6.14 ; 2 Corinthiens 4.14 ; comparez Jean 5.21-29 ; Jean 6.54).
Jésus-Christ est la leçon de Codex Sinaiticus, A, C, D. B porte Christ.
Les derniers mots du verset sont, d’après B, D, majuscules, versions : à cause de son Esprit ; Codex Sinaiticus, A, C, portent : par le moyen de son Esprit…
La première leçon se recommande par le fait qu’elle sauvegarde la conformité avec les expressions du verset précédent, qui est intentionnelle : à cause du péché, la mort ; à cause de la justice, la vie, à cause de l’Esprit en nous, la résurrection.
La mortification du corps, obligation qui découle de notre affranchissement de la chair
Nous ne devons plus vivre en obéissant aux inspirations de la chair, ce serait nous vouer à la mort. Détruire, avec l’aide de l’Esprit, les pratiques du corps, c’est saisir la vie (12-13).
Fils et héritiers de Dieu
Ceux qui obéissent à la direction de l’Esprit sont fils de Dieu. Preuve en soit l’expérience des chrétiens : ils ne sont pas des esclaves tremblants, mais ils se sentent adoptés de Dieu et lui donnent le tendre nom de Père. L’Esprit leur rend le témoignage qu’ils sont héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ, à condition de partager ses souffrances pour être aussi associés à sa gloire (14-17).
Les versets 12 et 13 paraissent au premier abord interrompre la description des grâces que l’Esprit de Dieu et de Christ apporte a ceux en qui il habite. Cette description, commencée au versets 10 et 11, sera reprise au verset 14.
Avant de parler du suprême privilège du chrétien, celui d’être fils et héritier de Dieu, l’apôtre rappelle que la vie de l’Esprit se développe seulement chez celui qui, par une obéissance constante à la direction de cet Esprit, se soustrait à l’action de la chair.
Il présente cet affranchissement sous forme d’exhortation indirecte : puisque nous avons été affranchis par l’Esprit de la domination de la chair (verset 3 et suiv), et puisque le corps même est destitué à être arraché à la puissance du péché et de la mort, nous avons une obligation qui est non de vivre encore selon la chair, mais de faire mourir par l’Esprit les actions du corps (verset 13).
L’espérance de la résurrection du corps devient ainsi pour le chrétien un motif puissant de se préserver de toute souillure, de la chair aussi bien que de l’esprit (2 Corinthiens 7.1 ; Colossiens 3.4 ; Colossiens 3.5).
Vous devez mourir.
Le verbe grec exprime la perspective déjà actuelle de cette conséquence d’une vie selon la chair : vous êtes voués à la mort.
On s’attendait à trouver ici la reprise de la proposition commencée au verset 12 « Nous sommes redevables, non à la chair… mais à l’Esprit ».
Comme s’il avait énoncé cette dernière pensée, qui allait sans dire, l’apôtre continue : Mais si, par l’Esprit, vous faites mourir les actions (ou : les pratiques) du corps, vous vivrez.
D’après la leçon la plus autorisée, il substitue le corps à « la chair », dont il était question dans versets 12 et 13, peut-être parce que, en disant : vous vivrez, il pense déjà à la résurrection qui transformera notre corps matériel en un corps spirituel (verset 11).
C’est en vue de ce but glorieux qu’il exhorte les chrétiens à sanctifier leur corps. Au reste, le corps actuel a sa vie propre, inspirée par les convoitises de la chair, qui tendent sans cesse à se transformer en actions et peuvent par conséquent être appelées « les actions du corps ».
Les chrétiens ont le devoir de les faire mourir par l’Esprit, c’est-à-dire en obéissant constamment à l’Esprit de Dieu, en le laissant déployer sa puissance dans leur faiblesse. Jésus parle de même « d’arracher l’œil », de « couper la main » qui nous font tomber dans le péché (Matthieu 5.29 ; Matthieu 5.30 comparez Colossiens 3.5 ; 1 Corinthiens 9.27).
L’apôtre prouve et explique (car) l’affirmation qui précède : vous vivrez.
Vous vivrez un jour de la vie véritable et éternelle, vous eu avez la Garantie dans le fait que, conduits par l’Esprit de Dieu, vous êtes fils de Dieu.
À cette opération puissante de l’Esprit de Dieu en lui (verset 13), l’homme reconnaît qu’il est fils de Dieu, né de Dieu, qu’il peut appeler Dieu son Père. L’Esprit de Dieu n’agirait pas en lui s’il n’était fils de Dieu.
On a prêté aussi à l’apôtre la pensée suivante : « Ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont par cette action même, élevés à la dignité de fils de Dieu ». Mais Paul écrivait aux Galates : (Galates 4.6) « Parce que vous êtes fils de Dieu, Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils »
L’Esprit donne à son tour à ceux qu’il conduit le sentiment intime, l’inébranlable conviction qu’ils sont fils de Dieu.
C’est la couronne du vainqueur, c’est une grâce plus éclatante que celle de faire mourir par l’Esprit les actions du corps. Aussi l’apôtre ne dit-il plus seulement : « ceux qui vivent dans l’Esprit », mais ceux qui sont conduits par l’Esprit, montrant que l’Esprit doit être maître de notre vie comme le pilote est maître du vaisseau qu’il gouverne.
Cette grande affirmation que le chrétien est fils de Dieu, l’apôtre la prouve d’abord par la nature de l’Esprit même que le chrétien a reçu : c’est un esprit filial (verset 15) ; puis par le témoignage intime que le Saint-Esprit rend à la conscience du croyant (verset 16).
Nous n’avons point reçu l’esprit de servitude, l’esprit de l’esclave qui tremble devant son maître, pour retomber dans la crainte (grec encore pour crainte).
La crainte était le sentiment dominant dans les rapports des païens avec leurs dieux (Actes 17.22), et, à certains égards, dans ceux des Israélites avec le Dieu saint qui s’était révélé à eux au milieu des foudres du Sinaï (Exode 20.18, suivants ; Ésaïe 6.5 ; Psaumes 39.13).
Cet esprit de servitude et de crainte ne vient pas de Dieu ; l’homme pécheur en est pénétré dès qu’il sent son péché et constate le désordre que ce péché introduit dans ses rapports avec Dieu (Genèse 3.8 ; Genèse 3.10).
À la place de cet esprit de servitude, le croyant a reçu l’Esprit d’adoption.
L’Esprit d’adoption n’est pas simplement un sentiment filial, c’est l’Esprit de Dieu lui-même qui nous est donné parce que Dieu nous adopte et fait ainsi de nous ses enfants (Galates 4.6 ; Éphésiens 1.5-8). Cet Esprit met ceux qui le reçoivent dans un rapport filial avec Dieu, tout semblable à celui que Jésus, leur frère aîné, entretient avec son Père (Jean 17.21-23) ; il leur communique les privilèges du Fils.
Par cet Esprit, nous crions : Abba ! Père ! Il nous inspire l’absolue et inaltérable confiance qui nous est nécessaire pour donner à Dieu, en tout temps, ce nom de Père, sous lequel Jésus l’invoquait dans sa plus grande détresse (Marc 14.36). Après avoir achevé l’œuvre de notre rédemption Jésus disait à ses disciples : « Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20.17).
L’apôtre, bien qu’écrivant en grec, conserve le mot araméen : Abba, parce que ce mot, de sa langue maternelle, évoquait pour lui les plus doux souvenirs. Ces deux syllabes étaient les premières que le petit enfant balbutiait en s’adressant à son père ; le mot n’a pas d’autre étymologie. Il est possible aussi que ce terme araméen ait été employé dans les prières de l’Église primitive, même chez les Grecs.
Plusieurs termes araméens se sont ainsi introduits dans le langage religieux des Églises grecques : Amen, Hosanna, Alléluia. Pour les néophytes grecs, on ajoutait au nom araméen : Abba, le terme grec : Père.
Grec : L’Esprit lui-même témoigne avec notre esprit,… c’est-à-dire que le témoignage qu’il rend à notre esprit concorde avec le sentiment filial que notre esprit éprouve (verset 15) et confirme ce sentiment.
Les termes employés par l’apôtre nous montrent que, même quand nous avons reçu l’Esprit de Dieu, notre esprit en reste distinct.
Dieu habite en l’homme par son Esprit, le dirige, le sanctifie ; mais la personnalité de l’homme ne se fond pas et ne disparaît pas en Dieu ; l’Esprit Saint, don de Dieu à l’homme, reste distinct de l’esprit de l’homme. Rien n’est plus opposé au christianisme que les erreurs du panthéisme, qui nie la réalité et la permanence de la personnalité en l’homme et en Dieu.
Le terme d’enfants, substitué à celui de « fils », qui exprimait, au verset 14, la dignité de « ceux qui sont conduits par l’Esprit », a quelque chose de plus intime et fait sentir toute la force du lien de vie qui nous unit à Dieu.
Dans le sentiment de son adoption, le chrétien trouve le gage de sa gloire future.
Enfant du Père céleste, il sera nécessairement son héritier.
Dieu, sans doute, ne meurt pas et ne laisse pas ses biens à des descendants. Être héritier de Dieu, c’est, pour l’homme, avoir part à sa vie, à sa gloire, à son règne ; c’est être réintégré dans la position de roi de la création qui lui avait été assignée d’abord et dont il a été privé en devenant pécheur et charnel (Genèse 3.17-19).
Mais à tous les degrés de sa rédemption et de sa glorification, l’homme n’est rien sans Christ ; c’est par Christ seulement qu’il a droit à cet héritage du Père, dont Christ a déjà pris possession (Matthieu 28.18 ; Romains 1.4 ; Philippiens 2.9-11 ; Éphésiens 4.10) ; en d’autres termes, il n’est héritier de Dieu que parce qu’il est cohéritier de Christ, qui veut bien partager avec lui tous ses privilèges (Luc 22.28 ; Luc 22.29).
Le chrétien voit dans ce titre magnifique quelle est la grandeur de son héritage : il est fait égal à Christ (verset 29).
De plus, dans la succession d’un père terrestre, chacun des enfants ne reçoit qu’une partie, l’héritage céleste, au contraire, semblable à la lumière du soleil que chacun reçoit pleinement sans en rien ôter aux autres, est destiné à tous dans son indivisible totalité.
Ce qui en fait l’essence, c’est l’amour éternel ; et l’on peut dire de cet amour, avec infiniment plus de raison, ce qu’on a dit de l’amour maternel : « Chacun en a sa part et tous l’ont tout entier ».
Mais pour avoir part, avec Christ, à ce glorieux héritage, il y a une condition à remplir : marcher dans la voie des renoncements et des saintes douleurs, qu’il a suivie lui-même.
Si nous souffrons avec lui… Sans cela « la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu ». L’apôtre sait combien la chair répugne à cette condition de la souffrance, mais il sait aussi que, si notre vieil homme persiste dans son refus de suivre Christ en portant sa croix, il n’y a pour nous aucune perspective de participer à son héritage. C’est pourquoi il rappelle cette indispensable condition.
Mais si la souffrance est un moyen de sanctification dont nul ne peut se passer, Dieu prend soin de la dispenser à ses enfants selon qu’ils en ont besoin et il leur donne avec l’épreuve la force de la surmonter (1 Corinthiens 10.13).
Si la souffrance est inséparable de la vocation du chrétien ici-bas, celui qui en est exempt a lieu de se demander s’il suit Jésus-Christ dans la voie où il a marché et de craindre qu’il ne puisse parvenir à sa gloire, qui ne s’obtient que par une sainte conformité à sa vie dans la souffrance, au contraire, le fidèle voit se resserrer les liens qui l’unissent à Christ et grandir l’assurance qu’il a du salut (2 Timothée 2.8-13 ; 1 Pierre 4.13).
L’idée que nous avons à souffrir avec Christ sert de transition aux développements qui vont suivre.
Les souffrances du temps présent et les soupirs de la création, des croyants et de l’Esprit
La gloire finale assurée aux fidèles
Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui ont été appelés selon son dessein éternel. Il les a, en vertu de sa préconnaissance, prédestinés à être conformes à l’image de son Fils, premier-né de beaucoup de frères ; puis il les a appelés, justifiés et glorifiés (28-30).
L’apôtre montre (en effet) que les souffrances que le chrétien doit endurer avec Christ, pour être glorifié avec lui (verset 17), ne sauraient ébranler son assurance d’avoir part à cette gloire
J’estime, dit-il, en énoncent, pour ainsi dire, le résultat d’une évaluation qu’il a faite, que les souffrances du temps présent, c’est-à-dire les épreuves inséparables de la vie d’ici-bas, ne comptent guère auprès de (grec ne sont pas équivalentes, ou dignes de) la gloire (grec) devant être révélée pour nous ou en nous.
La préposition grecque exprime le mouvement vers et l’entrée dans ; cette « révélation de la gloire » ne comprendra pas seulement notre transformation, mais celle de la nature (verset 21), elle sera donc plus générale que ne le donne à entendre la traduction : révélée « en nous ».
Dans 2 Corinthiens 4.17 ; 2 Corinthiens 4.18, Paul a établi la même comparaison entre « la légèreté de l’affliction du présent » et « le poids éternel de gloire » et il motivait cette estimation par le fait que l’affliction appartient aux « choses visibles qui ne sont que pour un temps » la gloire aux « choses invisibles qui sont éternelles ».
En décrivant la gloire comme un bien à venir, l’apôtre indique pourtant qu’elle est déjà présente, car il ne dit pas : auprès de la gloire qui doit être, mais auprès de celle qui doit être révélée, elle existe donc déjà, mais cachée. Il dit de même ailleurs (Colossiens 3.3) en termes plus clairs : « Notre vie est cachée avec Christ en Dieu ». Attends-la donc avec confiance. Elle est déjà toute prête, elle attend tes souffrances.
Ne t’afflige pas de ce qu’elle tarde encore, mais réjouis-toi à la pensée qu’elle est si grande, si ineffable qu’elle dépasse infiniment l’économie présente et que c’est pour cela qu’elle t’est réservée là-haut.
Grec : Car l’attente ardente (littéralement l’attente à tête levée) de la création aspire à (ou : saisit de loin) la révélation des fils de Dieu.
Paul prouve (car) par le soupir universel de la création, que nous aurons certainement part à la gloire à venir, en dépit des souffrances que nous avons à endurer dans le temps présent.
Cette preuve comme la conclusion du verset 1 (voir la note), relève de « la logique de la foi » Si le salut est accompli virtuellement par la mort et la résurrection de Jésus-Christ, s’il se réalise spirituellement dans les croyants par leur justification et leur sanctification, il n’est point encore opéré extérieurement dans l’univers.
Par notre corps, nous faisons partie de cette création qui souffre. C’est ce qui explique la contradiction qu’il y a dans notre situation : nous sommes sauvés et destinés à la gloire céleste, mais nous souffrons dans le temps présent et pour autant que nous appartenons à la « création soumise à la vanité » (verset 20).
L’apôtre ne prouve pas seulement la certitude de la gloire réservée aux enfants de Dieu ; il montre en même temps sa grandeur infinie : la délivrance de la création tout entière y est impliquée. Ce regard jeté en passant (versets 19-22) sur les effets les plus lointains du péché dans la nature sur les souffrances dont il est la source pour tous les êtres et sur les temps bienheureux où tous ces ravages seront réparés, nous ouvre une perspective glorieuse, bien propre à raffermir notre foi ébranlée par la vue de l’immensité de la souffrance dans le monde entier.
La création, ce sont tous les êtres, la nature entière opposée à l’humanité. Les chrétiens, en tout cas, ne sont pas compris dans ce terme, puisque c’est la révélation des fils de Dieu que la création attend et que, au verset 23 l’apôtre distingue, nettement leur soupir du soupir de la création.
On peut se demander si l’humanité naturelle est désignée par ce terme de création, ou du moins est impliquée dans ce que l’apôtre appelle de ce nom. On objecte à cette supposition que Paul ne dirait pas de l’humanité qu’elle « a été soumise à la vanité non volontairement mais à cause de celui qui l’y a soumise ; » (comparez Romains 5.12 ; Romains 1.18-25) et surtout il ne lui prêterait pas cette universelle aspiration à la rédemption (comparez Romains 3.9, suivants).
Si l’on oppose à cette explication, qui voit dans la création la nature entière, que l’apôtre ne saurait prêter un « soupir », un ardent désir, une attente à cette nature composée en partie d’êtres sans intelligence et sans conscience d’eux-mêmes, en partie d’objets inanimés et insensibles on oublie que ce n’est là qu’un symbole saisissant des souffrances qu’endurent tous les êtres doués de sensibilité, des convulsions qui agitent le monde matériel, de la lente et constante destruction de l’univers.
La révélation des fils de Dieu aura lieu au retour de Christ qui manifestera quels sont ses vrais disciples et les introduira dans la gloire de son règne (Colossiens 3.4 ; Jean 3.2 ; Matthieu 13.43).
L’apôtre fait allusion à un châtiment qui a exercé ses effets sur la création tout entière. À l’origine, tout ce que Dieu avait créé était « très bon » (Genèse 1.31), conforme aux desseins de Dieu, aux fins de l’homme, roi de la création et de tous les êtres que Dieu avait appelés à l’existence.
Nulle part ne se voyaient des éléments de désordre et de destruction ni ne s’entendaient les cris de la douleur. Il n’en fut plus ainsi après la chute : Dieu maudit la terre souillée par le péché de l’homme (Genèse 3.17-19), c’est là ce que l’apôtre rappelle en disant que la création a été soumise à la vanité, c’est-à-dire à l’instabilité, à la dissolution à la mort.
Dès lors, en effet, tous les êtres vivants ne parviennent péniblement à la plénitude de leur existence que pour déchoir et périr ; la conservation momentanée d’un seul coûte la vie à des milliers d’autres ; partout règnent le travail, la lutte, la souffrance, la mort.
L’apôtre voit dans tous ces maux une conséquence du péché de l’homme ; sa chute a causé une perturbation profonde dans l’œuvre parfaite du Créateur.
Si la création a été soumise à la vanité, ce n’est pas volontairement mais à cause de celui qui l’y a soumise. Qui est-ce ? Les uns répondent : Adam, par sa chute, ou, d’une manière plus générale, l’homme, en se livrant au péché. D’autres : Satan, en provoquant par la tentation la chute de l’homme. D’autres encore : Dieu, par le jugement qu’il prononça sur la création (Genèse 3.17-19).
Cette dernière explication est conforme au récit de la Genèse ; elle laisse intacte la puissance de Dieu, souverain maître de la nature ; elle semble confirmée par le complément : la création a été soumise avec espérance (grec sur l’espérance, restant fondée sur elle).
La principale objection qu’on peut lui faire, c’est l’expression à cause de : Dieu n’est pas la cause de la malédiction de la nature. Si l’on insiste sur cette tournure, on sera plutôt conduit à admettre la première explication proposée, qui est conforme à la parole adressée à Adam : « La terre sera maudite à cause de toi » (Genèse 3.17).
La conjonction qui se lit en tête de ce verset, dans la majorité des manuscrits, peut se traduire par que ou par parce que.
Avec la première traduction, notre verset indiquerait ce que la création espère, avec la seconde le motif qu’elle a d’espérer.
Mais le texte adopté par la plupart des critiques, suivant Sin, D, etc., porte une autre conjonction : vu que ou en raison de ce que.
La création elle-même, bien que composée d’êtres privés d’intelligence et de conscience, sera délivrée aussi, tout comme l’humanité, de la servitude de la corruption, c’est-à-dire qui vient de la corruption et consiste en un asservissement à cette corruption.
L’accent porte sur la servitude, car l’apôtre lui oppose la liberté de la gloire des enfants de Dieu, il entend par là l’affranchissement de la nature et son association à la gloire des enfants de Dieu, le plein épanouissement de toutes les puissances de vie qui sont en elle.
Quand ces puissances se déploieront complètement, la nature servira de théâtre à l’activité des enfants de Dieu parvenus à la gloire, à la splendeur de la vie bienheureuse et éternelle.
Ce n’est pas toi seulement, mais ce qui t’est inférieur, ce qui est privé de raison et de conscience, qui aura part avec toi aux biens à venir. La création sera délivrée de la servitude de la corruption, cela veut dire qu’elle cessera d’être corruptible, qu’elle participera à la même glorification que ton corps. Elle est devenue corruptible quand tu as été livré à la corruption ; elle suivra de même ta destinée quand tu seras glorifié. Il en est d’elle comme de la nourrice d’un prince royal qui est associée à sa fortune, lorsqu’il monte sur le trône. Vois comment l’homme marche toujours en tête de tous les êtres et comment tout arrive à cause de lui ! Vois comment l’apôtre console celui qui est engagé dans la lutte, en lui montrant l’amour infini de Dieu ! Si la créature qui a été appelée à l’existence à cause de toi a le droit d’espérer, combien plus toi, puisque c’est pour toi qu’elle aura part à cette gloire.
Comparer, sur ce renouvellement de toutes choses, Matthieu 19.28 ; Actes 3.21 ; 2 Pierre 3.13 ; Apocalypse 21.1 et suivants, ainsi que les déclarations qui se lisent déjà chez les prophètes : Ésaïe 11.6-9 ; Ésaïe 55.12-13 ; Ésaïe 65.17-25 ; Ézéchiel 34.25.
Paul trouve une confirmation (car) de l’espérance qu’il vient d’exprimer au verset 21, dans le soupir universel de la création ; sa logique est ici, comme au verset 1 et au verset 19 « la logique de la foi ».
Ce que l’apôtre appelle le soupir de toute la création, c’est, au fond, l’instinct de tout être vivant, qui repousse la souffrance et la mort, son ardente aspiration à en être délivré, à vivre toujours et pleinement.
Cette aspiration n’est pas vaine, ce désir sera un jour accompli. C’est pourquoi l’apôtre appelle ces souffrances de la nature les douleurs de l’enfantement. Comme la mère en travail d’enfantement souffre pour mettre au monde l’enfant qu’elle porte dans son sein, ainsi la nature lutte sous les étreintes de la mort, afin de produire la création nouvelle et glorieuse qui doit sortir d’elle au jour marqué pour « la révélation des enfants de Dieu ».
Si Paul semble prêter à la création un désir conscient d’être délivrée de ses souffrances et même une « volonté » (verset 20), il faut peut-être voir dans son langage plus qu’une personnification poétique de la nature. Toute la création est liée par un rapport intime et mystérieux à l’humanité, qui en est le but et l’âme, c’est en elle que la création trouve sa conscience et l’organe par lequel elle fait entendre sa plainte.
Cette idée parait exprimée dans le texte au moyen de verbes composés : soupirs avec, souffre les douleurs de l’enfantement avec, c’est-à-dire avec l’humanité qui endure consciemment les mêmes souffrances. Ceux qui n’admettent pas cette explication pensent que la préposition avec exprime simplement le concours de tous les êtres à ce commun soupir.
La création n’est pas seule à soupirer ; nous aussi qui avons les prémices de l’Esprit, nous soupirons en nous-mêmes, malgré cette possession de l’Esprit qui est le gage certain de notre glorification.
Les prémices étaient, en Israël, les premières gerbes que l’on prélevait sur la moisson pour les apporter en offrande à l’Éternel (Lévitique 23.10).
Il y a deux manières de comprendre l’expression : les prémices de l’Esprit.
On peut y voir un premier don partiel de l’Esprit, qui présage et prépare la communication de l’Esprit dans sa plénitude. Mais l’apôtre ne parle pas d’une nouvelle et plus complète effusion de l’Esprit.
L’Esprit, communiqué aux chrétiens dès à présent constitue, à ses yeux, les prémices ; la moisson, qui suivra, ce sera la rédemption de notre corps (2 Corinthiens 5.2-5).
La rédemption du corps, c’est son complet affranchissement du péché et de la mort (1 Corinthiens 15.54), sa transformation à la ressemblance du corps de Jésus-Christ Glorifié (Philippiens 3.21).
Cette rédemption du corps, Paul l’appelle aussi l’adoption ; ce mot est pris ici dans un sens un peu différent de celui qu’il avait au verset 16 et Galates 4.5. Là, il désignait l’état de droit du pécheur que Dieu a reçu en grâce et reconnu pour son fils ; ici, il s’applique à l’état de fait de l’homme qui aura pris possession de sa condition de fils de Dieu, qui aura remporté la victoire définitive sur le mal et qui jouira de la plénitude de la vie, dont tout l’être, en un mot, aura été rendu à sa destination primitive.
Les versets 24 et 25 expliquent (car) pourquoi les chrétiens sont encore dans un état d’attente : (verset 23) nous sommes sauvés, mais en espérance.
Notre salut est accompli, il nous est acquis, mais nous ne le voyons pas encore. Il est l’objet de notre espérance.
Or il est précisément dans la nature de l’espérance de posséder sans voir ; la vue la fait cesser : (grec) l’espérance vue n’est pas espérance, car ce que l’on voit, pourquoi l’espérerait-on encore ? (Quelques manuscrits omettent encore. B porte : qui espère ce qu’il voit ?).
Mais d’autre part, comme notre espérance est certaine (Romains 5.5), nous pouvons attendre son accomplissement même au sein des plus rudes épreuves, avec patience et persévérance (le mot grec a les deux sens) ; c’est sur ce complément que porte l’accent.
Après le soupir de la nature (verset 22) et le soupir des enfants de Dieu (verset 23), les soupirs inexprimables de l’Esprit.
L’apôtre avait opposé les deux premiers soupirs : « non seulement… mais aussi… » (verset 23), il assimile (et de même aussi) l’intercession de l’Esprit au soupir des croyants, parce qu’ils sont de même nature.
Grec : l’Esprit prend part à notre faiblesse avec nous, à notre place. Le verbe grec présente l’image d’un homme qui saisit un fardeau avec et à la place de celui qu’il veut aider à le porter. La suite développe cette pensée.
Le texte reçu porte : nos faiblesses, Codex Sinaiticus, B, A, C, D, etc., : notre faiblesse.
On a entendu par notre faiblesse, nos défaillances dans l’attente persévérante sous le poids de l’affliction (verset 26) ; mais il s’agit plutôt de la faiblesse dans la prière, provenant de ce que nous ne savons pas ce que nous devons demander pour prier comme il faut.
Par ces mots, qu’il ajoute immédiatement, Paul explique (car) ce qu’il appelle notre faiblesse. Il dit littéralement : ce que nous devons prier, selon ce qu’il faut, nous ne savons pas.
Notre ignorance est donc relative aux objets de nos requêtes, plutôt qu’à la manière dont nous devons prier. Paul lui-même nous en offre un exemple quand il demande à être délivré de « l’écharde qui lui avait été donnée dans la chair » (2 Corinthiens 12.7). Jésus aussi a hésité sur ce qu’il devait demander à son Père (Jean 12.27).
Mais voici le secours : l’Esprit de Dieu met dans nos cœurs la vraie prière. Quand l’apôtre dit : l’Esprit lui-même intercède, il ne veut pas dire qu’il adresse à Dieu une prière à notre place, sans notre participation, mais qu’il prie en nous, pour autant qu’il habite en nous.
L’intercession de Jésus-Christ (verset 34) a lieu hors de nous, dans le ciel, auprès de Dieu, devant qui il se présente comme notre Médiateur (Hébreux 7.25 ; Hébreux 9.11-12 ; Hébreux 9.24 ; Hébreux 10.11-12), mais l’action de l’Esprit s’exerce dans le cœur des fidèles, ainsi que le montre verset 27.
L’Esprit se répand en eux, les anime de sa vie, les soutient dans leur faiblesse, leurs craintes, leurs combats. Non seulement il dirige leurs pensées vers le Dieu de vérité et d’amour, mais quand, malgré son secours, ils s’égarent dans leur ignorance, succombent aux tentations ou sentent s’éteindre leur ardeur, il parle à Dieu du fond de leur être par des soupirs inexprimables, il crée en eux des aspirations qu’aucune parole humaine ne saurait exprimer.
Celui qui sonde les cœurs, désignation du Dieu pour qui rien n’est caché, usitée déjà dans l’Ancien Testament (1 Samuel 16.7 ; 1 Rois 8.39, Psaumes 7.10 etc.).
Ce Dieu connaît la pensée (Grec : l’affection, l’aspiration, les désirs les plus intimes ; comparez, sur le sens de ce mot verset 6, note) de l’Esprit, c’est-à-dire de l’Esprit Saint en nous, lorsqu’il forme ces soupirs inexprimables qui, pour Dieu, n’ont pas besoin d’être exprimés.
Dieu connaît cette pensée de l’Esprit, parce que c’est selon Dieu, c’est-à-dire d’une manière conforme à la volonté de Dieu et qui lui est agréable, que l’Esprit intercède pour des saints, pour des hommes consacrés à Dieu et, comme tels, précieux à ses yeux.
Il n’y a de vraie prière que celle qu’inspire à l’âme l’Esprit de vérité, de sainteté et d’amour. Et cette prière-là est certaine d’être exaucée.
La mention de l’Esprit qui vient au secours de notre faiblesse (versets 26 et 27) a servi de transition entre la description du soupir universel, résultant des « souffrances du temps présent » (versets 18-25), et celle de la glorification finale, que l’apôtre aborde maintenant pour l’opposer à la première.
Nous souffrons, nous soupirons,… mais nous savons que toutes choses concourent au bien de (grec en bien à) ceux qui aiment Dieu.
Toutes choses, toutes les créatures de Dieu qui ont en lui « la vie, le mouvement et l’être », tous les événements, dont aucun ne se produit sans qu’il le permette, concourent (grec travaillent ensemble) à un même but : le bien de ceux qui aiment Dieu.
Le mal même n’est pas excepté, car, soit le mal moral, soit le mal physique, tout reste soumis à la volonté de Dieu qui par des voies mystérieuses, poursuit l’accomplissement de ses desseins de miséricorde et opère le salut, le bonheur éternel de ses enfants (versets 29 et 30).
Exemples : l’histoire de Joseph, le rôle du peuple juif et de Judas dans la mort de Jésus.
Les jugements de Dieu les plus sévères et les plus terribles, quoiqu’ils soient en eux-mêmes des châtiments du péché, peuvent être convertis en bénédictions pour celui qui s’humilie sous les coups de la justice divine et apprend à aimer Dieu. Alors le châtiment devient un moyen de grâce.
Il faut insister sur ce complément : (grec) à ceux qui aiment Dieu, dans l’original, il est placé en tête de la proposition et par là mis en relief. Il exprime l’indispensable condition morale que l’homme doit remplir pour avoir l’assurance que toutes choses concourent à son bien.
Tant qu’il n’est pas amené à cette fin de son être : aimer Dieu, il ne peut s’appliquer cette consolante vérité. Toutes choses, au contraire, doivent concourir au mal de celui qui refuse obstinément son cœur à Dieu.
Mais qui sont « ceux qui aiment Dieu ? » Ce sont ceux (grec) qui sont des appelés selon le dessein de Dieu. En effet, les grâces dont ils jouissent, les bons sentiments qui remplissent leur cœur, leur amour pour Dieu, tout cela repose sur la grâce de Dieu qui les a appelés selon son dessein éternel.
Le mot grec exprime l’idée d’un dessein arrêté à l’avance ; suivant les uns, avant le moment de l’appel, suivant les autres, avant le temps, éternellement. Cette dernière explication est plus conforme à la pensée de l’apôtre (Éphésiens 1.3-10 ; Éphésiens 3.11 ; 1 Corinthiens 2.7).
L’appel de Dieu ne se borne pas à une invitation extérieure par l’Évangile, il est une œuvre intérieure de la grâce, qui attire l’homme et l’amène à la foi (Romains 1.6, note ; Romains 9.11 ; Éphésiens 1.11 ; 2 Timothée 1.9, etc.).
Les versets 29 et 30 indiquent la raison pour laquelle toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu (verset 28), pour laquelle, en d’autres termes, leur salut éternel est assuré : c’est que Dieu les a préconnus et prédestinés à ressembler à son Fils glorifié.
Pour Dieu, préconnaître, ce n’est pas simplement prévoir, dans une prescience toute passive L’idée de prescience n’épuise pas la notion de préconnaître. Ce que Dieu connaît à l’avance existe déjà pour lui.
Dans le langage de l’Écriture, la connaissance que Dieu a d’un être implique toujours une idée d’approbation, de faveur, d’amour ; c’est comme objets de son amour que Dieu connaît les hommes (Matthieu 7.23 ; Matthieu 11.27 ; Jean 10.14 ; Jean 10.15 ; 1 Corinthiens 2.9 ; 1 Corinthiens 13.12 ; Galates 4.9).
Préconnaître implique donc l’élection par grâce (comparez 11.2) Aussi n’est il dit nulle part que Dieu ait préconnu les méchants, ni qu’il ait formé un dessein de réprobation.
Parmi les interprètes qui n’admettent pas ce sens du mot préconnaître et qui s’en tiennent à l’idée de la simple prescience, les uns sous-entendent : Dieu les a préconnus « comme étant ceux qui croiront », les autres : « comme étant ceux qui aimeront Dieu » (verset 28).
La première supposition serait seule conforme à la pensée de l’apôtre, car il n’enseigne pas que nous sommes sauvés par l’amour, mais par la foi ; celle-ci, simple acceptation, n’ôte rien à la gratuité du salut.
Mais il est encore préférable de ne rien sous-entendre du tout, après « ceux qu’il a préconnus », car dans ce passage où il veut montrer le ferme fondement sur lequel repose l’assurance de notre salut, l’apôtre n’envisage que les actes de Dieu et non les sentiments de l’homme.
Après la préconnaissance, la prédestination. C’est le second anneau de cette chaîne de la grâce qui, partant des profondeurs du dessein éternel de Dieu, aboutit à la glorification des rachetés.
En disant que Dieu a prédestiné ou prédéterminé les élus, l’apôtre marque aussitôt à quel glorieux changement il les destine : à être conformes à l’image de son Fils, c’est-à-dire à revêtir la forme sainte et glorieuse que Christ a revêtue en entrant dans la gloire du ciel, à reproduire l’image de Christ, comme Christ reproduit l’image de son Père (1 Corinthiens 15.49 ; 2 Corinthiens 3.18 ; 2 Corinthiens 4.4 ; Colossiens 1.15 ; Philippiens 3.21 ; 2 Timothée 2.12).
Le but de la prédestination des élus à être conformes à l’image du Fils, c’est qu’ils glorifient le Père, sur la terre et dans l’éternité (1 Pierre 1.2 ; Éphésiens 1.4 et suivants). Ils le peuvent d’autant mieux que, par leur transformation même, ils sont devenus une famille sanctifiée, où Jésus-Christ est le premier-né entre plusieurs frères.
Oh ! si ce but glorieux de l’élection et de la prédestination avait été mieux compris et plus constamment envisagé ! Les chrétiens auraient senti qu’ils étaient l’objet d’un amour infini, qui les appelait à aimer comme ils étaient aimés et combien d’arides disputes eussent été remplacées par d’ardentes actions de grâces et de vives manifestations de charité fraternelle !
Après avoir nommé la prédestination et son but, l’apôtre les actes par lesquels Dieu exécute, dans le temps et pour chaque élu à son tour, le dessein qu’il a arrêté par devers lui de toute éternité.
C’est d’abord l’appel (ou la vocation) déjà mentionné au verset 28. Jésus l’a décrit (Jean 6.44) comme l’action que le
Père exerce sur les hommes pour les attirer au Fils ; cette action comprend l’œuvre de la loi, qui prépare l’âme pour Christ (Galates 3.24), le revoit de la conscience, les aspirations souvent douloureuses que les promesses de Dieu font naître dans le cœur du pécheur, jusqu’au moment où Jésus-Christ lui-même se révèle à lui comme le Sauveur « plein de Grâce et de vérité ».
Alors s’ouvrent à lui les sources abondantes de la justification, cette grâce que l’apôtre a exposée dans toute sa richesse (Romains 3 à Romains 5) : il les a aussi justifiés, il leur a appliqué individuellement la déclaration de justice, qui assure le pardon de leurs péchés à tous les croyants. Il leur a procuré ainsi la paix, après laquelle leur âme soupirait.
Enfin l’œuvre divine s’achève par le triomphe définitif de la vie jusque là cachée sous l’infirmité de la chair, par la glorification de tout l’homme, corps et âme, admis à habiter les nouveaux cieux et la nouvelle terre.
Il est à remarquer que l’apôtre parle même de ce dernier développement au passé, comme d’un fait déjà accompli. C’est qu’à ses yeux, l’œuvre du salut, que Dieu, immuable dans sa fidélité, ne commence jamais pour la laisser inachevée (Philippiens 1.6), est déjà accomplie pour toute âme qui en a éprouvé les premiers effets.
Jésus, notre Sauveur, a été glorifié déjà. Dans la glorification du Chef celle de tous les membres du corps est virtuellement accomplie (Éphésiens 2.6).
Dieu est pour nous : il nous a fait don de son Fils
Il résulte des actes divins par lesquels s’est accompli notre salut que Dieu est pour nous ; rien ne peut plus dès lors nous perdre, car en livrant pour nous son propre Fils à la mort, Dieu nous a garanti tout ce qui est nécessaire à notre salut (31, 32)
Plus que vainqueurs par l’amour de Christ, dont rien ne pourra nous séparer
Pour les élus de Dieu, il n’y a plus ni accusateur ni condamnation. Christ est mort et ressuscité et il intercède pour eux. Aucune épreuve ni aucune persécution ne pourra nous séparer de l’amour du Christ ; dans toutes, nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés (33-37).
Triomphante affirmation de la certitude du salut final
Ni mort, ni vie, ni aucune créature quelconque, en aucun point de la durée ou de l’espace, ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu en Jésus-Christ, notre Seigneur (38, 39)
Paul est parvenu au terme de l’ascension qu’il a faite avec ses lecteurs en leur exposant l’Évangile de la grâce et en leur montrant, pour finir (versets 18-30), les motifs que le disciple de Jésus-Christ a d’espérer son salut avec une inébranlable assurance.
Il jette un regard en arrière sur la route parcourue, puis donne un rapide coup d’œil aux dangers que le chrétien peut encore courir ; enfin, comme un homme qui tient une victoire certaine, il entonne un magnifique chant de triomphe.
Que dirons-nous donc ?… c’est la conclusion que l’apôtre tire de ce qu’il vient de dire sur « le dessein » de Dieu (versets 28-30).
À ce propos (grec par rapport à ces choses ; la traduction : « outre ces choses », ne se justifie pas), c’est-à-dire, au sujet du dessein de Dieu tout d’abord, puis de sa préconnaissance, de sa prédestination, de l’appel, de la justification et de la glorification, par lesquels il accomplit son dessein ; à propos de toutes ces grâces que l’apôtre vient de présenter dans leur enchaînement admirable. Elles prouvent manifestement que Dieu est pour nous.
Or, si nous jouissons de la protection du Dieu tout-puissant, qui sera contre nous ?
Voilà qui nous est comme une muraille d’airain, à savoir quand nous considérons qu’ayant Dieu propice, nous serons assurés contre tout danger. Il n’entend pas toutefois qu’il n’y aura rien qui nous sera contraire ; mais il nous promet victoire contre toute manière d’ennemis.
Ce qui nous garantit que Dieu nous protégera en toute circonstance c’est le grand fait par lequel il nous a prouvé son amour (Romains 5.8).
Dans l’expression : Il n’a point épargné son propre Fils, il y a une allusion à la parole que l’ange de l’Éternel adresse à Abraham au moment où il va sacrifier Isaac (Genèse 22.12).
Abraham avait donné à Dieu ce qu’il avait de plus cher au monde, son fils, celui sur qui reposait la promesse ; en l’immolant, il avait tout donné à Dieu : image faible mais juste de la conduite du Père céleste lui-même, qui, pour sauver les pécheurs, donne son propre Fils (expression qui fait ressortir l’insondable amour de Dieu).
Paul tire de ce don la conclusion bien justifiée : que pourrait-il encore nous refuser ? comment ne nous donnerait-il pas aussi gratuitement toutes choses avec lui ?
Son premier don implique tous les autres. Voilà pourquoi il est impossible que rien soit contre nous (verset 31).
Augustin et, après lui, plusieurs interprètes ont proposé de ponctuer toutes les phrases qui suivent de manière à en faire des questions : Qui accusera les élus de Dieu ? Dieu qui les justifie ? et ainsi de suite.
La seconde question serait chaque fois destinée à montrer l’absurdité de la supposition impliquée dans la première.
Mais Dieu ne peut être conçu comme accusateur, même par hypothèse ; et d’ailleurs devant qui intenterait-il accusation contre les élus ?
L’apôtre envisage, dans leur cause la plus intime les doutes et les craintes qui peuvent encore assaillir le croyant : les péchés qu’il a commis et dont il ne peut effacer le souvenir. N’entraîneront-ils pas sa condamnation au jugement dernier (Romains 2.3-6) ?
Mais qui donc se porterait accusateur contre lui, puisque Dieu est celui qui justifie, qu’il a résolu avant les temps notre justification et qu’il l’a parfaitement accomplie en son Fils (Romains 1.16-17 ; Romains 3.21 et suivants).
S’il n’y a plus d’accusateur qui ose s’élever contre le chrétien, il ne reste non plus de juge pour le condamner ; puisque le juge lui-même (Romains 2.16 ; Actes 17.31 ; Jean 5.27 et suivants), Jésus-Christ, est celui qui est mort et a porté ainsi la peine qu’il aurait eu à prononcer sur les pécheurs (Romains 3.24 ; Romains 4.25).
Notre condamnation serait en contradiction avec sa mort et, bien plus encore, avec sa résurrection et avec le rôle d’intercesseur qu’il remplit pour nous auprès de Dieu.
Il est mort, bien plus, il est ressuscité : il a non seulement donné sa vie pour nous racheter de la condamnation, mais il est revenu à la vie pour nous communiquer dans sa communion une vie victorieuse du péché et sainte qui nous arrache plus sûrement encore à la condamnation et à la mort, puisqu’elle est déjà la vie éternelle commencée ici-bas (Romains 6.23).
En prenant place à la droite de Dieu, Jésus-Christ a assumé le gouvernement du monde que Dieu lui a remis (Psaumes 110.1 ; Matthieu 28.18 ; 1 Corinthiens 15.25 ; Philippiens 2.9-11). Il agit dans la vie de ceux qui croient en lui et leur communique le Saint-Esprit (Actes 2.33).
Dans l’intercession du Sauveur pour nous auprès de Dieu, quelques interprètes voient uniquement la continuation de son œuvre médiatrice et non la prière pour les siens.
C’est une erreur, née d’un préjugé dogmatique et qui ne se fonde pas sur l’exégèse. En effet, le verbe grec, que nous traduisons par intercéder, signifie proprement : rencontrer quelqu’un, lui parler, lui adresser une requête, une supplication. Il n’y a pas d’autre sens dans Hébreux 7.25 ; Hébreux 9.24. Le recours au divin intercesseur est particulièrement précieux au pécheur qui vient de tomber (1 Jean 2.1 ; comparez Luc 22.32).
L’intercession du Sauveur est en rapport aussi avec la communication de l’Esprit. En prenant congé de ses disciples, Jésus leur disait : « Je prierai le Père, qui vous donnera un autre consolateur, afin qu’il soit éternellement avec vous l’Esprit de vérité… » (Jean 14.16).
Continuons donc à chanter avec actions de grâces le beau cantique de Clottu :
Oui, pour son peuple Jésus prie.
Plein de confiance en Dieu qui justifie (verset 33), et pénétré de l’amour du Christ qui a donné sa vie et intercède pour nous (verset 34), Paul se demande, en troisième lieu, s’il reste quelque autre ennemi qui pourrait nous séparer de l’amour rédempteur dont Christ nous a aimés (B, A, portent l’amour de Dieu).
Il pense à toutes les épreuves qui atteignent le fidèle ici-bas et spécialement aux persécutions sanglantes que les premiers chrétiens avaient à endurer de la part d’un monde hostile.
C’est d’abord l’affliction (ou tribulation) et l’angoisse (grec l’état où le cœur est à l’étroit) qui en résulte ; les deux termes sont associés aussi dans Romains 2.9.
Il y ajoute, comme dans 2 Corinthiens 12.10, la persécution exercée par les autorités. Puis il mentionne la faim, la nudité, le péril, termes dont 2 Corinthiens 6.4 ; 2 Corinthiens 6.10 ; 2 Corinthiens 11.23-27 nous présentent le saisissant commentaire.
Le glaive évoque l’image d’une exécution capitale. En écrivant ce mot dans sa lettre aux Romains, Paul mentionnait d’avance, comme le remarque Bengel, l’instrument du supplice qu’il devait subir dans leur ville.
Paul trouve la condition des disciples du Christ dépeinte dans une parole du Psaumes 44.23, où le psalmiste se plaint à Dieu des souffrances que les Juifs fidèles enduraient en un temps de cruelles persécutions : À cause de toi, nous sommes livrés à la mort tout le jour, à toute heure du jour, nous avons été (grec) estimés comme des brebis destinées à la boucherie ; la sentence a été portée, elle n’attend que son exécution.
Ce psaume se rapporte aux circonstances particulières du temps où il fut écrit ; mais l’apôtre, comme en général les écrivains sacrés, voient dans les événements du règne de Dieu, à une époque donnée, une prophétie de ceux qui devaient s’accomplir dans des temps futurs, parce que les mêmes causes produisent les mêmes effets.
Si, déjà au temps du psalmiste, le peuple qui avait reçu la loi de Dieu était exposé à la haine et à la persécution, combien plus le seront aujourd’hui les disciples de Celui qui est par excellence la Lumière du monde, resplendissant dans les ténèbres et qui ne fut pas même accueilli par « les siens » (Jean 1.9-11). La haine du monde est toujours en proportion de la clarté et de la force avec lesquelles se manifeste la vérité de Dieu.
Parler ainsi, en s’appuyant sur sa propre force, serait, de la part de l’homme, le comble de l’orgueil et de la folie ; aussi l’apôtre a-t-il soin d’ajouter : par celui qui nous a aimés.
Il pense à Christ et non à Dieu, car l’aoriste (passé défini) : nous a aimés, fait allusion à un acte par lequel cet amour s’est manifesté : le sacrifice de Christ sur la croix (comparez Galates 2.20).
Christ, qui nous a témoigné un tel amour, fera tout ce qu’il faudra pour nous rendre plus que vainqueurs.
Par cette expression, l’apôtre veut indiquer soit que notre victoire est une victoire triomphante et joyeuse, soit que l’épreuve se change pour nous en bénédiction (Romains 5.3-5).
La question est toujours : « Qui pourra nous séparer de l’amour de Christ » (verset 35). C’est le seul malheur à redouter.
Paul a répondu pour les souffrances que les hommes infligent (versets 36 et 37).
Mais le chrétien n’a-t-il point d’autre adversaire ou d’autre péril à redouter !
L’apôtre exprime sa ferme conviction (verbe au parfait : j’ai été et je suis persuadé) qu’il n’est aucune puissance sur la terre et dans le ciel, dans le présent et dans l’avenir, qui puisse nous séparer de l’amour que Dieu nous a montré en Jésus-Christ (verset 39).
La mort, qui guettait sans cesse les premiers chrétiens (verset 36), ce roi des épouvantements, qui, dans tous les temps, soumet notre foi à la suprême épreuve, Christ l’a vaincue. Il traversera avec nous le sombre passage.
La vie, avec ses mille occasions de dissipation et de tentation et tous ses douloureux et insondables mystères, pourrait-elle nous séparer pour toujours de Celui que nous avons reconnu comme notre Sauveur ? Non certes ! Christ « a la puissance de garder notre dépôt jusqu’au grand jour » (2 Timothée 1.12).
Il éclaire pour nous, autant qu’ils peuvent l’être de ce côté du voile, les mystères qui troublent notre foi. À cette première antithèse des deux termes les plus généraux : mort, vie, l’apôtre ajoute l’énumération de tout ce qui pourrait menacer le croyant.
Ces puissances adverses semblent groupées par paires :
À la suite de la seconde paire se lit le terme isolé de puissances. Bien qu’il se trouve dans tous les Majuscules, beaucoup de critiques estiment qu’il provient d’une très ancienne faute de copiste. S’il est authentique, il désigne d’une manière générale toutes les puissances quelconques que l’on pourrait supposer encore.
De même, le dernier terme de l’énumération, également isolé : ni aucune autre créature, est destiné à mentionner n’importe quel être créé qui aurait été omis dans la nomenclature précédente.
On a proposé aussi de traduire : « quelque autre création ». L’apôtre émettrait la supposition d’une nouvelle création qui se serait substituée à la création actuelle et il se demanderait si, dans ce monde nouveau, nous pourrions oublier l’amour de Dieu en Jésus-Christ à cette question il répondrait hardiment que rien ne pourra jamais ni nulle part en effacer le souvenir.
Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus-Christ, notre Seigneur. Christ nous en est le garant ; c’est en lui que nous le possédons. Dieu ne peut pas plus cesser de nous aimer que cesser d’aimer son Fils unique. Gloire et louange à Dieu de ce qu’un pauvre pécheur peut célébrer en un tel langage l’assurance de son salut !
Paul termine ici l’exposé, commencé à Romains 1.16, de la doctrine du salut gratuit offert à tout croyant.
Vous êtes actuellement sur une version optimisée pour mobile, si vous souhaitez basculer sur la version complète suivez le lien suivant : Épître de Paul aux Romains 8