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Ce nom, dérivé du grec sunedrion (lieu où l’on siège ensemble), n’apparaît pas dans l’Ancien Testament et il n’est pas prouvé que dans le Nouveau il désigne, comme quelques-uns le croient, la même cour de justice dont l’établissement, par Josaphat, est raconté dans 2 Chroniques 19. Il y a trop de lacunes dans l’histoire du Judaïsme pour que cette identification soit certaine. Il importe assez peu, d’ailleurs, d’établir ce point, — l’existence et la juridiction de cette assemblée n’ayant d’autre intérêt, aujourd’hui, que celui qu’il tient de l’histoire de Jésus et des apôtres.
Le nom de Sanhédrin apparaît d’abord dans le texte Matthieu 5.22 : « Celui qui dira à son frère : Raca ! sera passible de la justice du Sanhédrin. » Ces mots n’ayant pas été prononcés dans la langue grecque, qui nous les a transmis, nous ne savons pas par quel terme Jésus désignait le tribunal auquel il fait allusion, mais comme il parlait à des Galiléens, il y a tout lieu de croire qu’il désignait non le Sanhédrin de Jérusalem, mais la petite assemblée qui administrait la justice dans chaque village et qui était composée des chefs de la synagogue.
Dans les trois autres textes où nous trouvons le nom de Sanhédrin, il s’agit du tribunal de Jérusalem, devant lequel comparaissent Jésus (Luc 22.66), Pierre et les autres apôtres (Actes 5.27), Etienne (Actes 6.12), et enfin Paul (Actes 23). Il est très difficile de préciser quelles étaient, au temps de Jésus, les attributions du Sanhédrin. Sous la domination romaine, il semble bien que l’administration des affaires publiques était partagée, d’une certaine façon, entre le Procurateur (voyez ce mot), représentant l’empire, les Tétrarques (voyez ce mot), représentant l’ancienne royauté, et enfin le Sanhédrin. On ne sait même pas si cette distribution du pouvoir donnait à chacun de ces éléments une fonction déterminée. La politique constante des Romains était de laisser, autant que possible, aux peuples conquis, leur indépendance religieuse et, par suite (les lois anciennes étant toujours des lois religieuses), l’administration de la justice traditionnelle. On ne peut donc douter que les attributions du Sanhédrin fussent très étendues et nombreuses. On pense assez généralement que les Romains avaient cependant enlevé au Sanhédrin le droit de mettre à mort, se réservant la ratification et l’exécution de toute condamnation à la peine capitale. C’est du moins ce qui semble impliqué par le récit de la condamnation de Jésus et particulièrement par la parole des Juifs à Pilate : « Il ne nous est pas permis de mettre à mort » (Jean 23.31). Il est vrai qu’Etienne, ayant comparu, lui aussi, devant le Sanhédrin, fut exécuté séance tenante, sans aucun appel au pouvoir exécutif du Procurateur. Etait-ce là une procédure admise par Rome, ou était-ce une irrégularité ? — Certains historiens croient que les Romains faisaient, à cet égard, une entière liberté aux Juifs, mais que, dans beaucoup de cas, les Juifs, eux-mêmes, préféraient abandonner leur droit à décréter la peine capitale. En effet, l’es crimes qu’avait à juger le Sanhédrin avaient souvent un caractère politique : il s’agissait de punir des fanatiques, des zélotes (voyez ce mot), des meurtriers que la passion patriotique et religieuse avait affolés. Le peuple, qui se sentait opprimé par Rome et n’avait qu’une demi-confiance dans les grands personnages du Sanhédrin, manifestait ouvertement son indulgence ou même sa sympathie à ces exaspérés du nationalisme juif. Les juges naturels de ces meurtriers pouvaient craindre d’être accusés d’antipatriotisme s’ils frappaient ceux dont le seul crime, pensait-on, était de travailler à la délivrance du peuple élu. Ainsi, dans nombre de procès, le Sanhédrin, par crainte des exaltés, si nombreux, et des Pharisiens, presque tous ardents nationalistes, aurait pris l’habitude d’obtenir de l’autorité romaine la condamnation, en tout. cas l’exécution, et telle aurait été son attitude dans le procès de Jésus, dont la popularité lui était connue.
Quelle était la composition du Sanhédrin ? Il était, paraît-il, composé de 71 membres. Le Nouveau Testament les répartit en trois classes : les Grands-Prêtres (c’est-à-dire le Grand-Prêtre en fonction, les anciens Grands-Prêtres et les membres de leurs familles), les Anciens (chef des grandes familles sacerdotales et laïques) et les Scribes (voyez ce mot). La tradition juive veut que la présidence du Sanhédrin ait toujours appartenu aux Scribes. Il en fut ainsi après la ruine du Temple, en 70. Mais au temps de Jésus et des apôtres, le président du Sanhédrin était certainement le Grand-Prêtre.
Lorsque Jésus fut condamné, Caïphe présidait le tribunal. — Au point de vue des opinions, il est certain que l’assemblée était partagée, sans que nous puissions dire dans quelles proportions, entre les Sadducéens (voyez ce mot), qui se recrutaient dans la caste sacerdotale, et les Pharisiens (voyez ce mot), très nombreux parmi les Scribes (Actes 23.6).
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