(que l’Éternel établit, ou ordonne, 1 Chroniques 3.15 ; 2 Rois 23.34 ; 2 Chroniques 36.4)
Fils aîné de Josias, ne monta sur le trône qu’après que son frère Joachaz en eut été renversé. Il régna onze ans (610-599) et fut d’abord tributaire du roi d’Égypte, Neco, qui lui avait fait obtenir la couronne. Il marcha dans les voies de l’iniquité, comme faisait alors la nation toute entière. Au commencement de son règne il fit poursuivre le prophète Urie en Égypte où il s’était réfugié, il le fit périr par l’épée et refusa à son cadavre les honneurs de la sépulture (Jérémie 26.1-21 ; 2 Rois 24.1). Plus tard, Jérémie remplit auprès de ce malheureux monarque les fonctions d’un fidèle interprète de la volonté divine, et n’échappa qu’avec peine et par la protection du Seigneur aux ordres donnés de l’arrêter, lui et Baruc, persécutions qui ne manquent jamais aux témoins de la vérité vis-à-vis d’une génération corrompue. Jehoïakim jette même au feu, après l’avoir déchiré avec un canif, le recueil des oracles célestes, comme l’autruche qui pense échapper aux coups du chasseur en cachant sa tête dans le buisson, comme aussi les hommes irrégénérés qui refusent de penser à la mort parce qu’elle leur fait peur. En 606, Nebucadnetsar, corégent de son père Nabopolassar, bat les Égyptiens à Circésium à l’embouchure du Chaboras dans l’Euphrate (Jérémie 46.2) ; il s’avance jusque près de la Méditerranée, menace Jehoïakim de l’emmener captif à Babylone, et finit par lui laisser son trône moyennant un fort tribut ; il emporte en même temps les vases du temple, et prend en otages Daniel et ses amis. Trois ans après, en 603, Jehoïakim se révolte contre Nebucadnetsar, qui, trop occupé des guerres importantes qu’il livre en Orient, ne peut songer que plus tard (599) à punir la défection de son vassal. Jérusalem est prise, et son roi périt. On a, sur la mort de Jehoïakim, les quatre données suivantes (2 Rois 24.6 ; 2 Chroniques 36.8 ; Jérémie 22.19 ; 36.30) ; les deux dernières semblent contredire les premières ; Prideaux, Jahn et Haevernick cherchent à concilier ces notices différentes, en supposant que Jehoïakim a péri pendant le siège dans une sortie dont il n’est pas parlé dans les livres historiques ; on peut cependant se passer de cette hypothèse, admettre que Jehoïakim est mort de mort naturelle à Jérusalem, et que Nebucadnetsar, à son arrivée trois mois après, irrité de ne plus pouvoir le punir vivant, l’aurait fait arracher à son tombeau et jeter hors de la ville. Le cadavre de ce roi portait la marque des incisions qu’il s’était faites en l’honneur des faux dieux ; on put lire sur son corps le sort des idolâtres. Quant au caractère de Jehoïakim, voici le portrait qu’en fait Jérémie : « Malheur à celui qui bâtit sa maison par l’injustice, et ses chambres hautes par le manque de droiture ; qui se sert pour rien de son prochain, et ne lui donne rien pour son travail ;… Car tes yeux et ton cœur ne sont qu’à ton gain déshonnête, et au sang innocent pour le répandre, et à l’oppression et à la violence pour les faire… Il sera enseveli de l’ensevelissement d’un âne, – traîné et jeté par-delà les portes de Jérusalem » (22.13-19). Son nom se trouve encore, mais comme simple indication de date, ou accompagné du nom de son fils (Jérémie 1.3 ; 52.2 ; 25.1 ; 27.1 ; 24.1 ; 35.1 ; 28.4). C’est aussi lui qui est nommé Jéchonias (Matthieu 1.11), dans la seconde division de la liste généalogique du Sauveur ; l’existence de ce nom dans les premiers manuscrits n’est pas prouvée ; il est probable qu’il a été ajouté plus tard et qu’on doit le supprimer.