(1 Rois 10.11-12 ; ou algummim 2 Chroniques 2.8 ; 9.10-11)
Nom d’une espèce de bois qui se trouvait au nombre des marchandises que la flotte syrienne apportait d’Ophir, du temps de Salomon. Ces deux noms désignent la même chose, car de pareilles transpositions de lettres se font presque involontairement, et ont leurs analogues dans toutes les langues. Dans le passage du livre des Rois, les Septante traduisent ce mot par « du bois travaillé et taillé », Jérôme et la Vulgate par « ligna thyina », et dans les passages des Chroniques, les Septante le rendent, ainsi que les traductions latines, par « bois de pin ». S’attachant à ces anciennes interprétations, quelques savants ont cru que l’Almugghim était un bois résineux et odoriférant ; mais un tel bois n’aurait pu être propre à l’usage auquel le destinait Salomon, car il en fit faire, non seulement des instruments de musique, mais encore des barrières et des piliers. Par la même raison, et plus encore, il faut repousser l’idée qui veut traduire ce mot par corail.
Les anciens commentateurs juifs les plus célèbres, Kimhi et autres, pensent que ce bois d’Ophir était celui que les Arabes nomment El-Bakam, bois du Brésil, ou de Sandal rouge, lequel en tout cas fut connu et décrit bien antérieurement à la découverte du Brésil. Cet arbre croît dans les Indes ; son bois, dur et pesant, est noir au dehors, rouge au centre, et sans odeur ; il sert à la teinture, à la menuiserie et à la sculpture. D’autres interprètes pensent que c’était une espèce de pin du mont Liban (2 Chroniques 2.8) ; mais c’est peu probable à cause de ce qui est dit (1 Rois 10.12), qu’il n’était point encore venu de ce bois, et qu’on n’en avait point vu jusqu’à ce jour : un bois si précieux, et dans un voisinage aussi rapproché, n’aurait pas échappé longtemps à l’attention des architectes.
Enfin, les plus modernes prennent ce bois pour le Santalum Album de Linné, arbre de haute futaie qu’on trouve dans les Indes, en Arabie et en Afrique : ce serait le bois appelé citrus par les Romains, et thyion par saint Jérôme. Il est très odoriférant, et d’autant plus qu’il est plus près de terre et que la couleur en est plus foncée. On s’en servait comme d’encens, mais plus généralement encore pour la construction des temples, et pour la sculpture. Cette opinion qui est la plus probable est confirmée par le témoignage de Josèphe (Antiquités judaïques 8, 7). « Les vaisseaux d’Ophir, dit-il, apportaient des pierres précieuses et des pins dont Salomon faisait faire des colonnes pour le temple et pour son palais, et des instruments de musique. Ce bois était plus grand et plus fin qu’aucun autre bois connu jusqu’alors ; il avait l’apparence de bois de figuier, mais il était encore plus blanc et plus éclatant ».