1°. Le dernier des douze apôtres (Matthieu 10.4 ; Marc 3.19 ; Luc 6.16 ; Jean 6.71). Il était surnommé Iscariot, soit qu’il fût de la tribu d’Issacar, dont ce surnom serait un abrégé, soit plutôt qu’il fut de Kérijoth, ce que son nom indiquerait en hébreu. Compagnon de Jésus dans toutes ses courses, il était chargé de la bourse et du maniement des aumônes, et son caractère, peut-être naturellement avare, trouva dans cette circonstance un aliment de cupidité qui le perdit. Pour l’avare, le simple plaisir de l’addition est déjà une sensualité ; son bonheur consiste à ajouter, sa douleur est de soustraire. Au souper de Béthanie, on le vit regretter le parfum que Marie avait répandu sur la tête et sur les pieds de Jésus (Jean 12.4) ; les autres disciples parurent croire aussi que cette dépense était une prodigalité, et que le prix en eût été employé plus utilement à soulager les pauvres (Matthieu 26.8 ; Marc 14.4). Mais les pauvres n’étaient pour Judas qu’un prétexte ; s’il était avare, il était aussi voleur ; l’un conduit à l’autre ; et dans la société dont il faisait partie, société fondée sur l’amour et sur la confiance, on n’examinait pas ses comptes, on le laissait faire, et il en abusait. Irrité, soit de ce qu’une occasion si favorable pour commettre un nouveau larcin lui eût été enlevée, soit des reproches indirects que Jésus lui avait faits, et dont il était mieux à même aux autres de comprendre la portée, il conçut à la première occasion (Jean 13.2) le projet de se procurer de l’argent d’une autre manière. Les marchands étaient tout trouvés, la chose à vendre était également sous sa main ; il vendit son maître, argent comptant, aux sacrificateurs pour le prix ordinaire d’un esclave, 30 pièces d’argent (cf. Exode 21.32). De ce moment les détails donnés par les quatre évangélistes présentent quelque incertitude sur l’ordre des événements. Judas paraît être retourné vers Jésus à Béthanie (Marc 14.17) ; il revient avec lui à Jérusalem, le jeudi ; il prend sa place au milieu des douze, dans la maison où la dernière Pâque juive va être célébrée sous la forme d’un symbole, près de celui qui va être immolé comme le véritable agneau pascal qui ôte les péchés du monde ; il entend Jésus déclarer qu’un traître est au milieu d’eux ; Jésus lui donne un morceau trempé, et le malheureux, qui voit Pierre et Jean parler avec leur maître sur cette trahison qui les effraye tous, ose encore demander : Maître, est-ce moi ? Il sort alors, et, sachant que Jésus va passer la nuit en Gethsémané, il va s’entendre avec les prêtres pendant que la cène s’achève et que Jésus prie pour le monde et bénit ses disciples. Bientôt le Sauveur a passé le Cédron, et le traître vient l’embrasser au lieu même qu’il vient de tremper de ses larmes, de ses sueurs et de son sang. Le Fils de l’Homme est saisi comme un brigand par les valets des prêtres ; il quitte Gethsémané pour la croix. Mais bientôt Juda apprend que son maître a été condamné à mort ; peut-être s’était-il flatté que Jésus échapperait à ses ennemis cette fois, comme en d’autres rencontres ; il avait supposé peut-être que Jésus en serait quitte pour une réprimande, une interdiction, tout au plus la prison. Il n’avait pas prévu, il ne pouvait pas prévoir une condamnation à mort ; le dernier des supplices n’était fait que pour le dernier des criminels, et Judas, comme Pilate, ne voyait rien en Jésus qui fût digne de mort ; il avait compté sans la haine, sans la haine des prêtres. Aussi, quand il apprend la terrible sentence, tourmenté de remords, il va rendre l’argent, mais on ne lui rend pas la victime ; il est plus facile d’ôter la vie à un homme que de la lui rendre ; et le fils de perdition, désespéré, va se pendre, nous dit Matthieu 27.5. Pierre ajoute que son corps s’est crevé par le milieu, la corde s’étant peut-être rompue, et que ses entrailles ont été répandues à terre (Actes 1.18).
Judas le traître a-t-il communié ? Cette question, débattue depuis des siècles, n’a pas été résolue, et ne le sera pas ; elle dépend de l’impossible solution des trois questions suivantes : 1° Le chapitre 13 de Jean parle-t-il du souper de la Pâque, ou bien d’un repas qui eut lieu à Béthanie deux jours auparavant ? 2° Si ce chapitre parle du souper de la Pâque, Jésus a-t-il institué la cène avant ou après le lavage des pieds ? Si ce fut avant, Judas était là ; si ce fut après, il n’a pas communié puisqu’il est dit (v. 30) qu’il partit aussitôt après avoir pris le morceau. 3° Le morceau trempé que Jésus lui donna était-il un morceau de l’agneau pascal, le pain même de la communion, ou bien encore un mets indifférent ? Cette question, au reste, est moins importante que quelques personnes n’ont voulu la faire, et si même Judas a communié, il l’a fait, non comme traître, puisqu’il n’était pas manifesté, mais comme disciple ; à coup sûr, il n’aurait pas été admis à la cène le lendemain, parce qu’alors il eût été reconnu comme impie et comme traître déclaré ; aucun des apôtres n’eût voulu manger avec lui.
Jésus a fait de cet homme le plus malheureux de tous les hommes (Matthieu 26.24), et l’on a tout dit quand on a dit un Judas.
2°. Judas le Galiléen (Actes 5.37), appelé de même par Josèphe, qui lui donne aussi le surnom du Gaulonite (Antiquités judaïques 18, 4, 1.20-5, 2.), était de Gamala, ville fortifiée, au bord de la mer de Galilée, dans la basse Gaulonite. D’accord avec un certain Tsadok, il chercha à exciter les Juifs à la révolte, à propos d’un recensement ordonné par l’empereur Auguste, l’an 7 de l’ère chrétienne, trente-sept ans après la bataille d’Actiam, et les poussa à refuser de payer à un monarque terrestre un impôt qu’ils ne devaient qu’au Roi des rois. Il périt dans un engagement ; la sédition fut apaisée, mais ses adhérents n’en continuèrent pas moins leur œuvre de soulèvement, et, plus tard, sous les ordres de Manahem, son fils, et d’Éléazar, ils reprirent les armes, allumèrent dans toute la Judée le feu de la révolte, et furent cause de l’arrivée des Romains et de la ruine de tout le pays. Gamaliel, en disant que ce parti avait été dissipé, était mal informé, ou bien il a voulu parler seulement d’une dispersion momentanée.
3°. Judas, propriétaire de la maison où loge Paul à Damas ; inconnu (Actes 9.11).
4°. Judas Barsabas (Actes 15.22). Voir Barsabas 2°.