(Actes 23.26)
Chiliarque romain, tribun commandant de la garnison qui se trouvait à Jérusalem dans la forteresse Antonia, et à la tête de laquelle il était placé en l’absence du gouverneur Félix, lorsqu’au cinquième voyage de Paul dans cette ville, il fut appelé à intervenir entre lui et le peuple. Il s’empara de l’apôtre et le fit charger de chaînes, puis l’interrogea sur les motifs de son arrestation ; il croyait tenir un prisonnier célèbre, un Égyptien qui, quelques jours auparavant, avait excité une sédition et emmené au désert 4000 hommes. La défense de l’accusé n’ayant pas répondu à l’attente du tribun, celui-ci allait lui faire donner la question quand il apprit que Paul était Romain ; le lendemain il le fit comparaître devant le sanhédrin ; mais ces magistrats comme le peuple ne trouvèrent que des cris, des vociférations, des menaces et des violences à opposer à la vérité. Lysias dut derechef faire protéger Paul militairement. Une seconde comparution devait avoir lieu, mais ce n’était qu’un prétexte pour fournir à une quarantaine d’assassins l’occasion d’enlever et de tuer Paul ; Lysias fut averti de ce complot par le neveu de l’apôtre et prit ses mesures en conséquence ; 470 hommes, archers et cavaliers, furent commandés pour conduire l’apôtre en sûreté à Césarée Stratonis au bord de la mer, et le remettre entre les mains de Félix à qui Lysias écrivit une lettre favorable à l’accusé. Toute la conduite de Lysias est digne d’un brave soldat ; ignorant de bien des choses, il ne comprend rien aux questions théologiques juives, il prend Paul pour un révolutionnaire égyptien, il s’étonne d’apprendre qu’il sait le grec, il ne s’informe pas même si son prisonnier est Romain, et veut procéder avec lui de la manière ordinaire dont on traitait les étrangers ; mais tout est chez lui ferme, juste et loyal ; il s’assure du prévenu autant pour le protéger que pour s’en emparer, et toujours il le traite avec convenance, le soustrait à la fureur du peuple, à celle du conseil, à celle des conjurés ; il traite amicalement le neveu du prisonnier, l’écoute, prend d’énergiques mesures pour que la justice puisse avoir son libre cours, et recommande, dans son préavis à Félix, le prévenu qu’il regarde comme innocent. Quelle différence entre cette conduite et celle d’un Hérode, d’un Pilate, ou d’un membre du sanhédrin ! c’est parmi les païens que l’apôtre de la vérité, persécuté par les siens, a trouvé les protecteurs les plus fermes et les plus honorables, Lysias et Jules le centenier ; toutefois il ne paraît pas que ces hommes si honorables selon le monde, aient recherché ou goûté la vérité, car hélas ! dans ce monde, l’honneur et les vertus naturelles ne tiennent que trop souvent lieu de religion.