1°. Cinquième descendant de Caïn, le premier polygame connu (Genèse 4.19-23), épousa Ada et Tsilla, qui, d’après Josèphe, lui donnèrent soixante-dix-sept fils ; la Bible ne nomme que Jabal, Jubal, Tubal-Caïn et sa sœur Naama. « Et Lémec dit à ses femmes : Ada et Tsilla, écoutez ma voix ; femmes de Lémec, prêtez l’oreille à ma parole : Je tuerai un homme pour ma blessure, et un jeune homme pour ma meurtrissure ; si Caïn est vengé sept fois, Lémec le sera soixante-dix-sept fois » (v. 23-24). Qu’est-ce que ce chant énigmatique ? Les interprètes s’y sont perdus. Quelques-uns pensent qu’un double meurtre l’accable, celui de Caïn qu’il aurait tué par inadvertance, dit la tradition, et celui de son fils Tubal-Caïn, qu’il aurait tué comme l’auteur involontaire de ce premier meurtre ; il cherche alors à se consoler au sein de sa famille par l’espérance que la miséricorde divine qui a protégé Caïn lui serait aussi accordée, et même en proportion de ses crimes ; ou bien il veut amuser ses femmes en leur chantant ses crimes, et en se moquant de la vengeance céleste ; il y ajoute l’ironie, et suppose que Dieu, l’amateur du crime, lui saura plus gré encore de son double meurtre, et le protégera davantage. D’autres pensent que Lémec, voyant ses femmes effrayées de toutes les armes inventées par ses fils, leur dit pour les rassurer : « Ai-je donc tué quelqu’un ? et d’ailleurs Dieu ne me le pardonnerait-il pas ? » D’autres, enfin, supposent que ces paroles n’expriment que les projets d’une fierté féroce. « Je me sens plus fier et plus méchant que Caïn ; si quelqu’un me touche, je le tue, quand il ne me ferait qu’une légère blessure ». Peut-être le plus simple est-il de prendre le chant de Lémec comme une composition poétique d’un mauvais genre que la tradition aurait conservée, et que Moïse rappelle en y rattachant en même temps la peinture du caractère de son auteur.
2°. Lémec ou Lamech (Genèse 5.25 ; 1 Chroniques 1.3 ; Luc 3.36), descendant de Seth et fils de Methushélah, vécut sept cent cinquante-trois ans. Il devint père de Noé à l’âge de cent quatre-vingt-huit ans, et lui donna son nom, qui emporte l’idée de repos, parce que, dit-il, « Celui-ci nous consolera à l’égard de notre ouvrage et du travail de nos mains, à cause du sol que l’Éternel a maudit » (Genèse 5.29). Ces paroles, qui dans leur sens le plus simple pourraient ne se rapporter qu’à la joie de Lémec d’avoir un fils pour aide et compagnon de sa vie, renferment aussi une première trace des espérances messianiques : Lémec voyait que le péché était arrivé à son comble, et que le jugement de Dieu ne pouvait se faire attendre ; il prévoyait que son fils serait un instrument remarquable dans la main de Dieu, et il aura, comme tant d’autres, rapproché dans la perspective prophétique des événements qui devaient être séparés par des siècles, la délivrance de Noé, la délivrance du monde par Jésus.