1°. Méditerranée, appelée mer intérieure par les Romains ; les Hébreux la désignaient par grande mer (Nombres 34.6-7 ; Josué 1.4), mer d’occident (Deutéronome 11.24 ; Zacharie 14.8), mer des Philistins (Exode 23.31), ou simplement la mer (1 Rois 5.9) ; elle formait toute la frontière occidentale de la Palestine. Le rivage de la Méditerranée est escarpé et souvent à pic de Tyr à Ptolémaïs ; vers le sud il s’abaisse et devient sablonneux après avoir formé près du mont Carmel le grand golfe d’Acco ou Ptolémaïs, le seul port naturel de toute la côte ; des mouillages artificiels ont été de bonne heure creusés à Césarée, Joppé et Gaza. La marée, très peu considérable dans la Méditerranée, est presque insensible et très irrégulière sur les côtes de la Palestine. Un courant qui va du sud au nord se fait apercevoir, surtout à l’époque des inondations du Nil, et dépose sur les côtes d’immenses amas de sables et de boue ; aussi a-t-on remarqué depuis quelques siècles que la rive méridionale gagne du terrain sur la mer, on a découvert entre Gaza et Joppé des bancs de corail, et ces eaux sont très poissonneuses. Le commerce juif eût trouvé dans la Méditerranée un puissant auxiliaire, mais déjà l’Égypte et la Phénicie avaient pris possession de l’empire maritime, et d’ailleurs les empêchements que la loi de Moïse mettait au commerce extérieur ne permirent pas longtemps aux Hébreux de profiter des avantages que la nature leur procurait ; les bois du Liban, destinés à la construction du temple furent cependant transportés par mer à Joppé ; c’est également sur la Méditerranée que Jonas s’embarqua pour échapper à la mission divine.
2°. Mer Morte ; c’est le plus grand des trois lacs de la vallée du Jourdain ; elle porte aussi dans la Bible les noms de mer Salée, mer de la Campagne, mer Orientale (Deutéronome 3.17 ; 4.49 ; Genèse 14.3 ; Josué 3.16 ; Ézéchiel 47.18 ; Joël 2.20 ; Zacharie 14.8). Josèphe, Diodore de Sicile et Pline l’appellent lac Asphaltite, et les Arabes lui ont conservé le nom de mer de Lot. Nous empruntons à Braem les détails suivants, en les modifiant ou les complétant par d’autres géographes et par les détails des voyageurs modernes (Raumer, Chateaubriand, etc.). Le Ghor, ou vallée du Jourdain, conserve sa forme et sa largeur ; les bords en sont des montagnes escarpées et nues ; la chaîne orientale semble être une prodigieuse muraille ; on n’y distingue aucun sommet, et l’on dirait seulement que la main du peintre qui a tracé sur le ciel cette longue ligne horizontale, a tremblé en quelques endroits ; ces montagnes, au dire de quelques voyageurs, ressemblent, par leur grandeur et leur situation, aux rives du lac de Genève, vis-à-vis de Lausanne et de Vevey. La chaîne occidentale n’est ni aussi élevée, ni aussi uniforme ; elle présente même des montagnes de figures extraordinaires et bizarres.
Au fond de la vallée, entre ces deux chaînes, est encaissé un bassin sombre et profond qui a 22 lieues de long sur 5 à 6 de large (Josèphe compte 580 stades en longueur et 130 en largeur), et qui est rempli par les eaux claires, lourdes et très salées d’un lac immobile et mort. Comme ces eaux contiennent une quantité de sel presque égale à la moitié de leur volume, elles sont si pesantes que le vent ne les agite qu’avec peine. Arvieux, qui voulut porter à ses lèvres quelques gouttes de ces eaux, les trouva si amères et si cuisantes, qu’elles lui causèrent une vive douleur et produisirent de l’enflure ; Chateaubriand les compare à une forte dissolution d’alun ; un voyageur anglais, qui s’y baigna avec six de ses amis, raconte ainsi ses impressions : « Si nous voulions nager, nous avions de la peine à maintenir nos pieds sous l’eau ; si nous voulions nous tenir perpendiculairement, la moitié du corps surnageait, et nous avions de la peine à garder l’équilibre, probablement à cause de la plus grande pesanteur de la tête et des épaules, qui étaient hors de l’eau et qui ne trouvaient pas dans la partie inférieure du corps un contrepoids suffisant. L’un d’entre nous qui ne savait pas nager, restait étendu sur l’eau immobile comme un morceau de liège, et nous avions en général beaucoup de peine à plonger entièrement. Le goût de l’eau à la bouche est très repoussant, salé, amer, sulfureux, et si fort que pendant longtemps nos yeux, qui en avaient été mouillés, en ressentirent une cuisson douloureuse ; la peau même en était affectée, et je suis persuadé que si l’on établissait ici une maison de bains, ils agiraient puissamment et avantageusement sur les maladies de la peau ».
Ce lac n’a point d’écoulement, mais l’action d’un soleil ardent y produit une évaporation très active qui dépose une très grande quantité de sel sur les pierres et sur les chétifs arbrisseaux de ses bords, et qui, selon quelques auteurs, peut suffire à maintenir le niveau ordinaire ; mais quand on pense que le Jourdain seul charrie journellement en moyenne 6090000 tonnes d’eau dans la mer Morte (Shaw), il devient plus probable que ces eaux se perdent par des communications souterraines, soit avec la mer Rouge, soit avec la Méditerranée, soit avec l’intérieur du globe. On ne voit aucune plante, aucune habitation sur ses rives ; c’est un désert de sel et de bitume, de l’aspect le plus triste. Aucun poisson ne peut vivre dans ses eaux, et ceux qui y descendent avec les flots du Jourdain y périssent bientôt (Ézéchiel 47.8-10). On n’y voit pas même un coquillage vivant (Seet-zen). Les bêtes sauvages, qui n’y trouvent ni nourriture ni breuvage, l’évitent et semblent le redouter ; à peine y découvre-t-on quelques vautours, des aigles qui ont élevé leur aire sur ses noirs rochers, et des hirondelles qui font la chasse à quelques insectes près de ses bords. De légères éruptions volcaniques qui partent de ses profondeurs, quelques nuages de vapeurs d’une couleur sombre, s’élancent par moments, surtout vers le milieu du jour, et obscurcissent, mais pour peu de temps seulement, la pureté naturelle de son atmosphère ; sur ses rives orientales on trouve des sources chaudes contenant du soufre et un asphalte gras et foncé, qui passe de ces sources dans la mer, sur laquelle il nage en masse parfois très considérables ; on les recueille soit pour médicaments, soit pour la teinture des laines, soit pour la construction des bâtiments à la place de chaux ; c’est de là que la mer Morte a pris aussi le nom de lac Asphaltite.
La place qu’elle occupe était jadis un pays délicieux comme un jardin de Dieu. L’ardeur du soleil y était adoucie par des eaux abondantes, et elle favorisait probablement ici, comme sur les rives du lac de Génésareth, la production en une même contrée, des fruits les plus variés ; la fertilité du sol y était encore accrue, ainsi que dans la plaine de Babylone et ailleurs, par sa nature bitumineuse. Mais les habitants de la plaine de Siddim, étaient des hommes méchants, et leurs péchés attirèrent sur eux les jugements du Seigneur ; il les avait en vain avertis (Genèse 14), et il fit pleuvoir du feu et du soufre sur Sodome, Gomorrhe, Tseboïm et Adama ; la fumée monta du pays comme d’une fournaise. Nulle contrée sur la terre entière n’offre une telle désolation, et l’état où a été réduite cette vallée jadis si belle, atteste depuis nombre de siècles que le jour du Seigneur vient sur tous ceux qui se croient en sûreté, tout en vivant dans l’oubli de Dieu et dans le péché. On peut conférer les passages suivants de l’Écriture, où il est parlé de ce terrible événement (Ésaïe 13.19 ; 1.9-10 ; Jérémie 23.14 ; 49.18 ; 50.40 ; Ézéchiel 16.46 ; Osée 11.8 ; Sophonie 2.9 ; Deutéronome 29.23 ; Matthieu 10.15 ; 11.23-24 ; 2 Pierre 2.1-10 ; Jude 7). Au temps de notre Seigneur, et de nos jours encore, quelques voyageurs peut-être un peu faciles à persuader, croient avoir vu près des bords de cette mer des ruines de murs et de palais dans l’emplacement des villes détruites. Cette contrée doit être un jour renouvelée (Ézéchiel 16.53-55, 56 ; 47.8ss).
Il existe un contraste frappant entre cette mer et le lac de Génésareth, si riant et si fertile ; et l’on recherchait pendant le Moyen Âge pourquoi l’eau bénite du Jourdain se versait dans la mer de malédiction, dans la mer du Diable, La mer Morte est toujours citée dans l’Écriture, comme un exemple permanent des jugements de Dieu, et elle est mentionnée seulement dans l’Ancien Testament, qui ne parle qu’en passant du lac de Kinnéreth, tandis que le lac de Génésareth et ses villes ont été le principal théâtre de la vie de notre Sauveur.
3°. Mer Rouge (hébreu mer des roseaux) ; appelée par les Grecs et les Latins golfe Arabique. On ne sait d’où lui vient son nom de mer Rouge ; quelques-uns l’attribuent à certaines herbes marines abondantes dans ses eaux, et dont les feuilles sont tachetées de rouge, d’autres à un ancien roi Erythros (rouge), ou Édom, qui a la même signification, et qui par sa puissance aurait peut-être bien mérité de donner son nom à cette mer (Calmet) ; d’autres enfin (Reland et Rosenmuller), le regardent comme synonyme de mer méridionale, les poètes appelant quelquefois la zone torride zone rouge à cause de l’ardeur de son climat. L’ancien nom de mer Rouge servait d’abord à désigner toute la mer qui sépare l’Afrique et les Indes, et comprenait ainsi les deux golfes principaux, celui de l’Arabie et celui de Perse ; plus tard cependant sa signification s’est restreinte au seul golfe qui sépare l’Égypte de l’Arabie, l’Afrique de l’Asie ; vers le nord il se divise en deux branches, l’Héroopolitanus, maintenant Bahhr Assuez ou Baahr el Kolsum, et à l’orient, l’Elanites ou golfe élanitique, maintenant Bahhr El Akaba ; ces deux branches comprenaient entre elles l’Arabie Pétrée. La longueur de la mer Rouge depuis le détroit de Bab-el-Mandeb est de 300 milles géographiques en suivant la rive africaine ; la largeur varie beaucoup et ne dépasse guère 6 milles au détroit ; la profondeur est également très diverse, de 300 pieds en plusieurs endroits, et de 27 seulement près de Suez (Niebuhr). Le flux et le reflux s’y font sentir sur tous les bords d’une manière très remarquable, atteignant près de Suez 2 m en temps ordinaire, et 26 dm dans le mauvais temps (Dubois-Aymé). Sa surface est, sauf dans le bras de Suez, couverte d’une espèce d’algue, de mousse ou de roseau appelé en hébreu souph, d’où elle a tiré son nom ; voir Roseaux.
Quant à ce qui concerne la description géographique des côtes de la mer Rouge, nous n’avons pas à nous en occuper ici. Le plus célèbre événement auquel se rattache le souvenir de la mer Rouge, est le passage miraculeux des Israélites, raconté en Exode 14. On a cherché à l’expliquer d’une manière naturelle, et l’on a substitué la science et la sagesse de Moïse à la puissance de Dieu ; il faut avouer qu’il y a en effet quelque chose de simple et de naturel dans plusieurs détails de cette explication, et nous la reproduisons d’après les divers auteurs qui l’ont développée.
Moïse, parfaitement au fait des heures de la marée, connaissant aussi les gués de la mer Rouge, aurait sous ces deux rapports choisi les circonstances les plus favorables pour effectuer, avec la plus grande promptitude possible, la traversée que l’approche des Égyptiens avait rendue nécessaire, et à laquelle il n’aurait peut-être pas pensé sans cela. Sans rien pouvoir déterminer sur l’endroit qu’il choisit, il est de fait qu’anciennement le golfe qu’ils passèrent s’étendait beaucoup plus au nord, et qu’il avait là une largeur beaucoup moins grande que plus bas ; près de Suez encore (Niebuhr), cette largeur ne dépasse guère 1500 pas, ce qui équivaut à quatre fois seulement la largeur de l’Elbe. En plusieurs endroits il y a des gués ou des bancs de sable, qui pendant la marée basée sont presque à fleur d’eau, et très faciles à franchir. Le fond de l’eau vers le nord de ce golfe est uni, sans coraux, et presque sans algues ni herbes marines ; il se compose essentiellement de sable. On sait que c’est à peu près là que passèrent les Hébreux, et Moïse aura choisi le gué le moins profond et le moment du reflux.
Quant à la difficulté de faire traverser ce gué à 600000 hommes, sans compter les femmes et les petits enfants, pendant les six ou sept heures seulement que dure la marée basse, elle est levée par la circonstance mentionnée (v. 21), d’un grand vent d’orient qui retint les eaux, comme cela se voit souvent en temps d’orage, et Michaélis admet à cause de cette circonstance, une marée double qui dura douze heures, et dont le retour plus violent et plus rapide, parce qu’il avait été longtemps arrêté, fut pour les Égyptiens le messager de mort.
Dubois-Aymé fait disparaître encore quelques autres difficultés en supposant que le passage s’est effectué plus au nord de Suez, là où l’on voit maintenant, au sud d’Adsherud, un banc de sable qui paraît s’être formé d’une manière lente et progressive sur un lit peu profond, par les sables du midi ; le lit de Suez aurait aussi été anciennement beaucoup plus bas qu’il n’est aujourd’hui. Josèphe compare le miracle du passage de la mer Rouge avec le passage de la mer de Pamphylie par les Macédoniens sous Alexandre ; mais dans ces passages il est plutôt question de rives côtoyées que de bras de mer traversés ; cette observation de l’historien juif est peut-être ce qui a fait croire à quelques anciens pères et rabbins, du reste peu importants, que les Hébreux n’avaient fait que côtoyer la mer Rouge, mais elle n’a pas eu grand succès ; il en est de même de plusieurs autres essais de solutions rationalistes, comme aussi de la négation même du fait.
L’explication du passage à gué pendant la marée basse, a en revanche trouvé un grand nombre de partisans, depuis les prêtres de Mémphis, qui, au rapport d’Artapane, s’étaient prononcés dans ce sens, jusqu’aux temps modernes où elle a été développée par beaucoup de savants et de théologiens, Leclerc, Michaélis, Ritter, Paulus, Dœderlein, Winer, etc. Il n’y a contre elle qu’une seule objection, mais elle est grave ; c’est que le texte sacré, soit de Moïse, soit des auteurs inspirés qui rappellent cet événement, parle clairement d’un fait miraculeux, d’un passage de la mer Rouge d’une rive à l’autre dans un lit très vaste, que les eaux retirées leur laissèrent à sec (Exode 14.16-17 ; 15.8 ; Psaumes 78.13 ; 114.3-5 ; 77.16 ; Ésaïe 63.11 ; habakuk 3.15). Ce n’est qu’après avoir maintenu la séparation des eaux comme miraculeuse, que l’on peut y joindre, mais plus comme secours ou comme explication, la coïncidence de faits naturels, de bas-fonds ou de marée basse, comme points de contact entre la nature et le surnaturel, entre le connu et l’inconnu ; le verset 21 établit en effet, comme on le voit d’ailleurs par l’examen de presque tous les miracles, que si Dieu peut créer des moyens miraculeux, il peut se servir aussi des moyens ordinaires d’une manière miraculeuse.
4°. Mer de Tibériade, voir Génésareth.
5°. Le mot de mer est encore employé dans l’Écriture en diverses acceptions moins étendues, pour désigner une portion de la mer (Ésaïe 11.15), un étang, voir Jahzer, ou les grands fleuves, le Nil, l’Euphrate, le Tigre, etc. Une langue de mer désigne ce que nous appellerions une langue de terre. Quant à la mer d’airain ou de fonte, voir Cuve ; quant à la mer de sable, voir Mirage.