Il est parlé assez souvent dans la Bible, mais toujours en passant, des mesures des Israélites ; leurs rapports, leurs grandeurs relatives, sont quelquefois déterminées (cf. Exode 16.36), mais nous n’avons aucune donnée sûre et positive sur leur grandeur absolue ; l’unité de poids ou de mesure n’est fixée nulle part, et nous devons pour ce qui concerne ce sujet nous en tenir aux indications fournies par Josèphe, l’auteur qui compare avec le plus de soin les mesures hébraïques avec les mesures en usage de son temps chez les Grecs et chez les Romains ; resterait à savoir si, à cette époque, les anciennes mesures étaient encore bien connues des Hébreux eux-mêmes, et si elles n’avaient pas été dénaturées ou oubliées pendant les jours de l’exil et de la captivité. On verra sous leurs différentes lettres les détails relatifs à chacune de ces mesures, nous ne faisons que les indiquer ici avec leurs valeurs relatives, et leur réduction approximative en mesures françaises décimales. Ajoutons seulement que les Hébreux, peuple agricole, aimaient à compter ou à mesurer en partant de certaines données naturelles ; et comme les œufs de poule ont une grandeur assez régulièrement la même, ils l’avaient prise pour unité de mesure ; les figues et les olives étaient aussi des unités de mesure pour des quantités plus petites ; la fève du caroubier était l’unité de pesanteur (un guérah). La loi de Moïse avait de même pris dans l’usage ordinaire, une main pleine, une poignée, comme unité pour la mesure des choses sèches (Lévitique 2.2 ; 5.12 ; 16.12 ; etc.).
Mesures de capacité :
A. Pour les liquides :
1. Le bath (1 Rois 7.26), 35 l.
2. Le hin, six fois plus petit, 5,83 l.
3. Le log, douze fois plus petit que le hin, 0,486 l.
B. Pour les choses sèches :
1. Le homer valant dix baths (Ézéchiel 45.11), aussi appelé core, 350 l.
2. Le léthek ou demi-core, 175 l.
3. L’épha, égal au bath, 35 l ; dix faisaient un omer.
4. Le gomer ou omer (différent du premier), la dixième partie de l’épha (Exode 16.36), 3,30 l.
5. Le sat (2 Rois 7.1), d’après les rabbins c’était le tiers de l’épha, 11,70 l.
6. Le cab, sixième partie du sat, d’après les rabbins, 1,94 l.
Dans le Nouveau Testament, les évaluations sont faites quelquefois en mesures grecques ; ainsi le chenix (Apocalypse 6.6), et les métrètes de Jean 2.6, cette dernière mesure qui répondait au bath des Hébreux et à l’amphore attique, était d’une grande capacité ; Eisenschmidt a calculé qu’elle devait contenir environ 72 bouteilles.
Mesures de longueur :
1. Le doigt ou pouce (pris en largeur, Jérémie 52.21), 0,0225 m.
2. La largeur de la main (1 Rois 7.26).
3. La paume ou palme valant 12 pouces (Ézéchiel 43.13), 0,09 m.
4. La coudée, voir cet article.
5. La canne ou verge (Ézéchiel 41.8), de la longueur de six coudées.
6. Le gomed de Juges 3.16 est, à ce qu’on suppose, un peu plus qu’une coudée, peut-être une aune.
Mesures de distance :
Le pas était la plus petite (2 Samuel 6.13), il équivalait à environ 0,54 m.
On comptait aussi par journées et par nuits de voyage (1 Rois 19.8), mais cette mesure variait naturellement beaucoup et ne peut être déterminé.
Il en est de même du kibra (Genèse 35.16 ; 48.7 ; 2 Rois 5.19), qu’on doit traduire vaguement par mesure, petit espace de pays, station, etc. ; la version syriaque et la version perse traduisent parasange, environ 1,5 lieue, 6 km. Les Septante l’entendent de l’espace qu’un cheval doit parcourir chaque jour pour conserver ses forces et son activité, c’est-à -dire au moins une lieue ; d’autres pensent au chemin qu’un cheval peut faire à la course sans s’arrêter, environ 3 lieues, etc. Les Juifs comptaient encore par chemin d’un sabbat, par milles romains, et par stades grecs.
Mesures de poids :
1. Le guéra, était le plus petit poids, que nos versions ont rendu par obole, 0,725 g environ ; c’était probablement le grain, la fève du caroubier.
2. Le béka (Genèse 24.22 ; Exode 38.26), traduit dans nos versions par demi-sicle (ou drachme), valait 10 guéras, 7,25 g.
3. Le sicle, vingt guéras, 14,5 g (Exode 30.13 ; Lévitique 27.25 ; Ézéchiel 48.12).
4. La mine (1 Rois 10.17), valait 50 sicles (725 g), d’après la traduction vulgaire de Ézéchiel 45.42 ; 15 sicles (217,5 g), d’après une traduction préférable de ce même passage, voir Mine.
5. Enfin le talent valait 60 mines, ou 3000 sicles, 43,5 kg (cf. Exode 38.25ss). Voir Sicle.
Pour tout cet article, on peut consulter l’appendice qui est à la fin du dictionnaire de Calmet ; il contient la réduction des mesures juives aux anciennes mesures de France, mais peut-être avec une précision exagérée, qu’il n’est pas possible de justifier en tous points ; il évalue la coudée juive à 1 pied, 8,5 pouces, et le stade à 125 pas géométriques, voir Mille 2°.
Miehaéli, fait remarquer que le tabernacle fournissait aux Hébreux un état exact et constant des poids et mesures ; en effet, dans la détermination législative des pièces qui entraient dans sa composition, l’on trouvait la valeur primitive et rigoureuse de toutes les mesures de longueur, de poids et de capacité en usage chez le peuple. Sans insister plus qu’il n’est juste sur cette observation, et sans attribuer, ni à Moïse, ni aux sacrificateurs l’idée que le tabernacle dût servir à déterminer de pareils détails, il faut avouer que le fait est intéressant, et que plusieurs fois peut-être le lieu Saint a pu conserver ainsi chez les Israélites les usages et les coutumes des temps anciens, gages de leur nationalité.