1°. Prophète, fils de Jimla (397 av. J.-C.), fut, à la demande de Josaphat, consulté par Achab sur l’issue de la campagne qu’il se proposait d’entreprendre contre la Syrie (1 Rois 22 ; 2 Chroniques 18). Achab le haïssait à cause de plusieurs oracles qu’il avait déjà prononcés contre lui, et peut-être ce prophète est-il le même que celui dont il est parlé en 1 Rois 20.28-41. Mandé auprès du monarque, il est averti en chemin que tous les autres prophètes, au nombre de 400, ayant annoncé l’heureux succès de la guerre, il ait à en faire autant ; mais, prophète de l’Éternel, vrai prophète, il ne dira que ce que Dieu lui dira.
Il connaît les mauvaises dispositions d’Achab, il ne craint pas de les irriter encore par l’ironique amertume de son début. Achab voit que ses promesses de bonheur ne sont que dérisoires, et, lorsque le prophète, changeant de langage, lui annonce, d’une voix solennelle, la confusion de ses armées, la dispersion du peuple, sa mort à lui-même, il voit murmurer le monarque et ses faux prophètes ; il continue alors, il instruit le procès de chacun, il frappe le roi, il frappe les messagers de mensonge, il raconte une vision divine, le conseil de Dieu et de ses anges, l’esprit d’étourdissement envoyé sur Achab, de mensonge sur ses prophètes-courtisans. En vain l’orgueilleux et violent Sédécias donne un soufflet à Michée ; en vain Achab fait jeter le prophète en prison, l’oracle ne saurait être changé, la vérité demeure, les prédictions s’accomplissent, Israël est vaincu, Achab est tué.
L’Histoire sainte s’arrête ici, sans donner aucun détail ultérieur sur la vie et l’activité de ce prophète ; mais, dans ce peu de détails, on reconnaît partout l’homme ferme, juste, fidèle à son maître comme à la vérité ; rien ne l’émeut, rien ne l’abat, rien ne l’irrite. Il était contemporain d’Élie, et rappelle, à quelques égards, ce grand caractère plein de feu, d’énergie, et parfois d’ironie, un se demande pourquoi Josaphat, désirant entendre un prophète du vrai Dieu, fait chercher Michée plutôt qu’Élie. C’est peut-être qu’on ignorait où se tenait ce dernier ; peut-être aussi parce que la haine d’Achab contre le grand prophète était trop implacable ; plus probablement et plus simplement enfin parce que Michée était là, et qu’il avait aussi l’esprit du Seigneur comme Élie.
2°. Michée, le sixième des petits prophètes (758-699). Nous n’avons sur sa personne et sur sa famille d’autres indices que ceux qu’il nous donne lui-même (1.1). Il était de Moréseth, et fut contemporain des rois Jotham, Achaz et Ézéchias, contemporain, par conséquent, des prophètes Ésaïe, Osée et Amos, et de deux siècles postérieurs au fils de Jimla, dont il a été parlé ci-dessus.
Les royaumes de Juda et d’Éphraïm, ce dernier surtout, étaient dans ces jours de crise qui préparaient leur ruine : Salmanassar se levait contre Éphraïm, Sanchérib contre Juda, et, malgré quelques délivrances momentanées et miraculeuses, le temps était à l’orage. Cependant le peuple n’y prenait pas garde, et cette fatale sécurité, qui précède les grandes catastrophes, régnait sur les habitants des deux royaumes et les endormait. Les prophètes seuls veillaient. Michée déclare tour à tour à Jérusalem et à Samarie, à Juda et à Éphraïm, les châtiments qui les attendent, et les invite à la repentance et au salut ; mais il sait bien qu’on ne l’écoutera pas ; il le dit lui-même : « Un esprit d’erreur, un prophète de mensonge qui prêcherait le vin et la cervoise, voilà qui serait un prophète pour ce peuple » (2.11). Son nom et l’amertume de ses prédictions contribuèrent, cent ans plus tard, à sauver les jours de Jérémie (26.18 ; cf. Michée 3.12), que les principaux de Jérusalem voulaient mettre à mort, parce qu’il avait censuré leur mauvais train, et annoncé la ruine de la ville sainte.
Le style de Michée est vif, chaleureux, animé, pittoresque ; il abonde en figures, et revêt, par moments, la forme du dialogue. Son livre se divise en trois parties :
(a). les chapitres 1-3, qui renferment la description de l’état moral du peuple, et les châtiments qui l’attendent ;
(b). les chapitres 4 et 5 sont une prophétie messianique, un coup d’œil dans l’avenir, la perspective de jours meilleurs ;
(c). retour à la première partie, 6 et 7. On peut aussi le diviser historiquement en trois parties, dont la première (1-2.10) renferme les oracles prononcés sous Jotham, roi de Juda, et sous son contemporain, Pékah d’Israël ; la seconde (2.10 à 4.8) a été prononcée sous Achaz et sous Ézéchias, qui fut associé à son trône pendant les dernières années de sa vie, ainsi que pendant la fin du règne de Pékah en Israël ; la troisième enfin appartient au règne d’Ézéchias, dont les six premières années coïncident avec la plus grande partie du règne d’Osée, le dernier roi d’Israël (4.9 à 7). C’est dans cette dernière portion de son livre que se trouve cet oracle si clair et si connu des Juifs, de la naissance du Messie en Bethléem de Juda. Ésaïe (2.2-4), a copié presque littéralement Michée 4.1-3 ; du moins l’opinion inverse qui suppose que c’est Michée qui a copié Ésaïe se justifie moins bien, de même que celle qui veut que tous les deux aient emprunté ces versets à un troisième prophète plus ancien.
3°. Fils de Guemaria (Jérémie 36.11). Ayant entendu lire dans la salle de son père les oracles de Jérémie contre Jehoïakim, et peut-être ayant vu l’impression que ces paroles avaient faite sur le peuple, il trouva la chose assez importante, et courut avertir les princes. Il ne paraît pas qu’il se proposât de nuire au prophète, et l’on aurait tort de voir en lui un délateur ; il a voulu servir les intérêts de ses maîtres, et n’a pas cru pouvoir mieux les servir qu’en leur faisant connaître la parole de l’Éternel ; il était assez naïf pour croire que les grands et les chefs des nations désirent d’être éclairés. Si le roi s’est irrité, si la vie du prophète a été en danger, la faute n’en est point à lui, mais aux mauvaises dispositions de Jehoïakim et à son inimitié contre la vérité.
4°. Israélite de la tribu d’Éphraïm (Juges 17 et 18), vivait probablement pendant l’époque qui s’écoula entre la mort de Josué et l’institution des juges, vola à sa mère 1100 pièces d’argent qu’il ne tarda cependant pas à lui rendre ; une partie de cette somme fut consacrée à l’achat de deux images, le reste dut subvenir aux frais de ce culte idolâtre. Michée fit lui-même un éphod et des théraphims, et consacra l’un de ses fils pour prêtre à l’Éternel, mêlant ainsi dans sa conduite le paganisme et la religion révélée, et paraissant ne pas s’apercevoir de toutes ses inconséquences. Bientôt un lévite passe, et Michée l’engage comme prêtre au service de sa maison, dans l’espoir que l’Éternel lui fera du bien pour ce singulier acte de fidélité ; mais cette espérance est vaine, son lévite le trahit, quelques espions danites envoyés à la découverte deviennent maîtres de ses secrets, et les livrent avec ses trésors à la troupe armée qui les accompagne. Il réclame, il poursuit, mais ses paroles comme ses démarches sont inutiles, on refuse de l’entendre, et il rentre chez lui, désolé d’avoir perdu des dieux qui n’avaient pourtant pas su le défendre, et dont au contraire la possession avait été pour lui une cause de ruine, en attirant l’attention et la convoitise des soldats pillards. L’histoire de Michée, épisode peu intéressant d’une époque où il n’y avait en Israël ni état ni gouvernement, reste comme un exemple de l’aveuglement où l’idolâtrie jette ceux qui abandonnent la droite voie, et du malheur qui s’attache à ceux qui veulent suivre à la fois Dieu et le monde, les ténèbres et la lumière. Ce pauvre Juif a été peut-être plein de bonnes intentions par-devers lui, mais un zèle sans connaissance n’a pas de prix aux yeux de l’Éternel, lorsque c’est par sa faute que le pécheur manque des connaissances qu’il devrait avoir dans la doctrine de la vérité.