Moab était le fils de Lot et de sa fille aînée (Genèse 19.37). Ses descendants, riches en troupeaux, occupèrent les contrées situées à l’orient de la mer Morte et du Jourdain, après qu’ils en eurent chassé la race géante des Emim (Deutéronome 2.10). Le nom de campagnes de Moab était plus spécialement affecté aux plaines qui se trouvaient en face de Jéricho (Nombres 22.1 ; Deutéronome 34.8 ; Josué 13.32). L’Arnon, qui se jette dans le Jourdain, les séparait de Gad et de Ruben. Les Moabites avaient aussi possédé d’abord la partie comprise entre l’Arnon et le Jabbok ; mais ils en avaient été dépossédés par les Amoréens qui, à leur tour, durent se retirer devant Moïse, et céder leurs montagnes et leurs pacages aux troupeaux des Rubénites et des Gadites (Josué 13 ; Nombres 21.13-26 ; Juges 11.18). Pendant le voyage du désert, les Israélites respectèrent le territoire et les frontières de Moab (Deutéronome 2.9 ; Juges 11.15-18 ; 2 Chroniques 20.10) ; ils le devaient, mais ils allèrent plus loin qu’ils ne devaient, et se souillèrent aux fêtes de ces impurs idolâtres (Nombres 25.1).
Sous les juges, les Moabites s’étaient rendus tributaires les Israélites, au moins la partie méridionale du pays et les tribus transjourdaines ; mais, au bout de quelque temps, ils furent vaincus à leur tour, et soumis par Éhud (Juges 3.12-30). Le livre de Ruth semble indiquer une époque d’alliance, ou, tout au moins, de relations amicales entre les deux pays. Puis, sous Saül, les hostilités recommencèrent, et David imposa aux Moabites un tribut en menu bétail (1 Samuel 14.47 ; 2 Samuel 8.1 ; 2 Rois 3.4), qu’ils payèrent dans la suite aux rois d’Israël, jusqu’au jour où ils trouvèrent le moyen de s’en affranchir, après la mort d’Achab (1 Rois 1.1 ; 3.4ss ; cf. Ésaïe 16.2).
Le roi Joram leur fit la guerre pour les soumettre de nouveau : mais, quoiqu’il envahît leur pays après les avoir vaincus, on ne trouve plus aucune mention d’un tribut qu’ils auraient payé (2 Rois 3.4 ; 2 Chroniques 20.1) ; il paraît qu’ils se relevèrent sous Joas, mais que Jéroboam II les soumit de nouveau (2 Rois 13.20 ; 14.28 ; Amos 6.14). Après que les tribus transjourdaines eurent été emmenées en captivité par les Assyriens, les Moabites s’emparèrent peut-être de toute la contrée qu’elles avaient occupée, peut-être aussi furent-elles bientôt refoulées au-delà de l’Arnon par l’invasion de Tiglath-Pilézer, qui eut lieu peu de temps après (1 Chroniques 5.26).
C’est peut-être à cette époque que se rapporte l’oracle d’Ésaïe (15 et 16), ainsi que celui de Jérémie 48. Les Moabites, soumis par l’armée chaldéenne, et rendus tributaires de Nebucadnetsar, conservèrent cependant leurs propres chefs, et mirent bientôt au service du conquérant des troupes auxiliaires qui agirent de concert avec lui contre Juda (2 Rois 24.2) ; puis, lorsque l’armée chaldéenne eut quitté la Palestine, les princes moabites, avec les chefs de quelques États voisins, cherchèrent à détourner Sédécias de la fidélité qu’il avait promise, comme vassal, à Nebucadnetsar (Jérémie 27.3). On ne connaît pas le résultat de cette démarche ; mais on sait qu’après la ruine de Juda, sous son dernier roi, les Moabites firent éclater, sur les malheurs de ce royaume, une joie maligne que les prophètes leur reprochent amèrement (Sophonie 2.8 ; Ézéchiel 25.8), ce qui n’a pourtant pas empêché quelques Juifs, fuyant la guerre des Chaldéens, de trouver un asile parmi eux, comme on le voit (Jérémie 40.11).
L’historien Josèphe rapporte que, cinq ans après la destruction de Jérusalem, Nebucadnetsar fit la guerre aux Moabites, et qu’il les subjugua. Cependant la date de cette expédition n’est pas très sûre ; il paraîtrait même qu’elle doit être placée encore onze ans plus tard, après la prise de Tyr, qui eut lieu seize ans après celle de Jérusalem. Quand les Juifs furent rentrés dans leur pays, au retour de la captivité, le pays de Moab était habité comme auparavant, mais la population était mélangée ; on voit même (Esdras 9.1 ; Néhémie 13.23), que beaucoup de Juifs avaient épousé des femmes moabites et ammonites. Dès lors, le nom de Moab se perd ; il n’en est plus guère fait mention que Daniel 11.41, et Josèphe, Antiquités judaïques 13 ; 14.2-15 ; et 4 Guerre des Juifs 3.3,3, et il se confond probablement sous le nom plus général d’Arabes.
Le nom des Moabites apparaît souvent dans les oracles des prophètes, niais il est toujours accompagné de menaces et de malédictions qui se rattachent aux rapports politiques et religieux de Moab et d’Israël depuis les jours de Balaam (Ésaïe 11.14 ; 15 ; 16 ; 25.10 ; Jérémie 48 ; Amos 2.1 ; Sophonie 2.8 ; cf. Psaumes 60.8 ; 83.6 ; etc.).
Le pays de Moab, une partie du Kérek de nos jours, était en général montagneux, mais coupé de riches vallées et de plateaux fertiles, arrosé par les eaux de l’Arnon, du Séred, et du torrent du désert (Amos 6.14 ; Ésaïe 15.7 ; mal traduit dans ce dernier passage la vallée des Arabes) : le blé, la vigne et les arbres fruitiers y étaient cultivés avec avantage, et le bétail y prospérait (Ruth 1.1 ; 2 Rois 3.4 ; Ésaïe 16.8).
La capitale du pays était Ar-Moab, ou Rabbath-Moab, (Aréopolis) située près de l’Arnon, à 6 lieues est de la mer Morte, et à 12 lieues sud-est de Calirrhoé ; on remarquait encore la forteresse de Kir-Moab, et dans la partie méridionale du pays Tsoar et Lukhith (Ésaïe 15.5).
Nous avons peu de données sur la constitution politique et religieuse des Moabiles ; ils paraissent avoir été régis de manière monarchique (Nombres 22.4 ; Juges 3.12 ; 1 Samuel 22.3 ; Jérémie 27.3), et avoir conservé leurs rois (vassaux) même sous la domination des Israélites (2 Rois 3.4) ; mais à côté de ces rois se trouvaient, comme chez les nations voisines, les chefs de famille, anciens et seigneurs, espèce d’aristocratie dont les prérogatives modéraient ce qu’il y avait de trop absolu dans l’exercice de la royauté (Nombres 22.8-14 ; 23.6). La religion de Moab était un culte (voluptueux) de la nature (Nombres 25.1), de Baal-Péor et de Kémos (Nombres 21.29 ; 25.3), des sacrifices humains sont aussi mentionnés (2 Rois 3.27).