C’est ordinairement vers le milieu d’avril, ou d’abib, que tombait et que tombe encore en Palestine, la saison des moissons (Jean 4.35), quoiqu’en plusieurs endroits aussi les épis commencent à mûrir déjà vers la fin de mars. La moisson était officiellement et solennellement ouverte le deuxième jour de Pâque, soit le quinzième de nisan, par l’offrande des prémices dans le sanctuaire de la nation (Lévitique 23.10), et durait depuis ce moment jusqu’à la Pentecôte, c’est-à -dire sept semaines, comprenant les travaux de tous genres, depuis la faucille jusqu’à l’aire et au van (Deutéronome 16.9 ; Exode 23.16 ; Lévitique 23.10ss) ; puis on offrait derechef à l’Éternel un gâteau nouveau. On recueillait d’abord les orges (2 Samuel 21.9 ; Ruth 1.22 ; 2.3), puis vers la fin d’avril ou même plus tard le blé (Genèse 30.14 ; Juges 15.1 ; Ruth 2.23 ; 1 Samuel 6.13 ; 12.17), et enfin l’épeautre.
Partout on entendait les cris joyeux des moissonneurs (Ésaïe 9.2 ; Psaumes 126.6) ; au milieu du jour ils se reposaient de leurs pénibles travaux, et se rafraîchissaient avec du pain trempé dans du vinaigre (Ruth 2.14). La faucille était, comme elle l’est encore en beaucoup de lieux, l’instrument du moissonneur (Deutéronome 16.9 ; 23.23). Le blé était ensuite lié en gerbes, que l’on amassait les unes sur les autres jusqu’à ce que la moisson fut finie (Psaumes 129.7 ; Ruth 2.16 ; 3.7 ; Juges 15.5 ; Cantique 7.2 ; Ésaïe 17.5) ; puis on foulait et on vannait le grain, souvent dans le champ même (Ruth 2.17 ; voir cependant Néhémie 13.15), et la récolte était ainsi portée dans des greniers ou granges, qui étaient le plus ordinairement des trous fabriqués en terre, des espèces de puits ou de creux, destinés à préserver le grain de la chaleur et du froid, des vers et des voleurs (Matthieu 3.12 ; 13.30 ; Luc 3.17 ; Job 5.26 ; voir Puits). Ces puits sont encore en usage dans les pays méridionaux ; on les nomme silos en Algérie, et plus d’une fois ils ont été vidés par les armées françaises. Les Juifs, surtout les riches, avaient cependant aussi quelquefois des bâtiments construits exprès pour recueillir le grain (cf. Luc 12.18).
La loi renfermait diverses prescriptions d’humanité, auxquelles les Juifs se sont presque toujours scrupuleusement soumis, et que leurs docteurs ont déterminées d’une manière plus exacte encore, afin de ne laisser aucun subterfuge ; Moïse voulait qu’on laissât quelques épis debout pour les pauvres, et les rabbins ont fixé pour cela au moins la soixantième partie de la moisson, mesure qu’ils étendaient aux fruits des arbres comme aux grains des champs ; en outre, les moissonneurs ne devaient pas faire trop attention aux épis qui pouvaient tomber des javelles, ni retourner dans les champs pour chercher une gerbe oubliée par mégarde (Lévitique 19.9 ; Deutéronome 24.19 ; Ruth 2.2). De même, pendant que les blés déjà mûrs étaient encore sur pied, chaque passant pouvait pour son usage du moment en cueillir ce qu’il lui fallait, sans que les gardes établis pour protéger les champs contre les oiseaux, les bêtes sauvages et les voleurs, eussent le droit de s’y opposer (Jérémie 4.17 ; Deutéronome 23.25 ; Matthieu 12.1).