Parfum végétal qui découle en gomme d’un arbrisseau commun en Arabie. On la mélangeait quelquefois à d’autres parfums, surtout pour le service du sanctuair (Exode 30.23 ; Cantique 3.6) ; ou bien on l’employait pour parfumer les vêtements, et les lits, pour embaumer les morts, et pour oindre les personnes qu’on aimait ou qu’on honorait (Esther 2.12 ; Psaumes 45.9 ; Proverbes 7.17 ; Jean 19.39 ; Cantique 5.5). On peut conclure de Matthieu 2.11, que la myrrhe ne croissait pas naturellement en Palestine, quoiqu’elle ait pu être cultivée dans quelques jardins et sur quelques coteaux (Cantique 4.6). Dans tous ces passages il est question de cette myrrhe si recherchée de l’ancien monde. À l’état liquide ou à l’état solide, gomme ou huile, elle était l’ingrédient principal dont on composait les encens ou les parfums les plus précieux ; on la mêlait aussi au vin, non pour le rendre plus fort, mais pour lui donner un goût plus fin, quelque chose de plus recherché (comme on fait infuser de l’angélique dans de l’eau-de-vie) ; peut-être aussi ce mélange communiquait-il au vin une vertu étourdissante, et l’employait-on à cause de cela pour amortir chez les suppliciés le sentiment trop vif de la douleur (Marc 15.23).
La myrrhe découlait, soit naturellement, soit par des incisions artificielles, de l’écorce d’un arbre ou arbrisseau de l’Arabie et de l’Éthiopie, que les anciens, qui ne le connaissaient que par ouï-dire, n’ont pas décrit d’une manière exacte et suffisante. Les naturalistes modernes eux-mêmes n’ont, pendant longtemps, pu déterminer non plus d’une manière précise l’arbre de la myrrhe, et l’on s’est contenté de voir et d’apprécier dans le commerce ces morceaux de parfum, durs, opaques, en forme de larmes, que les marchands orientaux venaient échanger contre nos produits. Ehrenberg, en 1829, est le premier qui ait décrit l’arbre auquel on donne maintenant le nom de balsamodendron myrrha ; l’écorce en est unie et d’une couleur gris cendré, le bois est d’un jaune blanchâtre, les feuilles fort nombreuses reposent soit isolées, soit réunies en faisceaux, sur des pétioles courts et unis ; elles se composent de trois folioles ovées d’inégale grandeur ; les fruits reposent également sur des pétioles ; ils sont ovés et se terminent en pointe, leur peau est brune. La résine d’abord huileuse, puis de la consistance du beurre, est d’un blanc jaunâtre ; elle passe ensuite au jaune doré et devient rougeâtre en se durcissant. Il est probable que d’autres arbrisseaux donnent cependant aussi de la myrrhe, et Belon dit avoir trouvé en Palestine près de Rama, un buisson qui distillait cet encens. Ce qui est appelé de la myrrhe franche (Exode 30.23 ; Cantique 5.5), ou plutôt de la myrrhe libre, c’est celle qui coule d’elle-même et sans incisions, c’est l’essence de la résine de l’arbre ; elle est encore connue et recherchée de nos jours sous le nom de myrrha electa.
C’est probablement là la substance qu’il faut entendre par le mot hébreu lot (Genèse 37.25 ; 43.11), que nos versions ont traduit par myrrhe. L’analogie entre les noms grecs et orientaux, lorsqu’il s’agit de certains produits naturels rares et précieux, est toujours un guide probable, surtout lorsque le contexte tend à confirmer la signification donnée, et ne l’infirme pas. Aucun des anciens interprètes ne paraît avoir connu le laudanum, et ils ont mis en avant diverses traductions et hypothèses en désaccord les unes avec les autres ; parmi les modernes, le voyageur Burkhardt voit dans lot la plante du loto, ce qui ne peut concorder avec les passages ci-dessus ; et Michaélis y a voulu voir la pistache, mais l’hébreu a déjà pour cela un autre nom. Le laudanum est une espèce de résine bien connue des anciens naturalistes, Hérodote, Dioscoride, Pline. Odoriférante, molle et onctueuse, on s’en servait pour des fumigations, on en faisait aussi des huiles pour oindre à l’orientale les personnes qu’on voulait honorer ; et la médecine elle-même en faisait un grand usage. On le recueillait des feuilles d’un arbrisseau (cistus labdaniferus. Cl. XIII, Monogynie), qui croît en Arabie, en Chypre et en Syrie ; il s’élève à environ 60 cm de hauteur, avec des feuilles lancéolées, lisses et d’un vert foncé à la partie supérieure, blanchâtre à la face inférieure ; les fleurs, à cinq lobes, sont de couleur purpurine, et la capsule, de cinq à dix loges, est presque ronde. La résine, que quelques-uns ont prise pour une espèce de rosée, se recueille avant le lever du soleil, au moyen de bandelettes de cuir auxquelles elle s’attache facilement ; on promène avec soin ces lanières sur les feuilles de l’arbre, et lors qu’elles sont bien chargées de résine on les dépouille, et on recueille le parfum en petites plaques ou gâteaux (Tournefort). Un procédé plus ordinaire, en Arabie, consiste simplement à pousser des chèvres dans ces buissons ; les poils de leur barbe balayent les feuilles et recueillent en abondance le jus visqueux qu’elles distillent ; il n’y a plus alors qu’à détacher soigneusement ces gouttelettes, que l’on pétrit ensemble en gâteaux. Il est possible que la chèvre, qui a fait tant d’autres découvertes, ait aussi fait celle-là ; tout au moins l’existence de poils de chèvre dans le laudanum avait-elle fait l’objet de plusieurs discussions et commentaires.