Cette contrée, qui porte, dans l’Écriture sainte, le nom du troisième fils de Japhet, tirait son nom, suivant les Grecs, de Médus, fils de Médée, qui fut femme d’Egée, roi d’Athènes. Obligée de fuir l’Attique, parce qu’on découvrit les embûches qu’elle dressait à Thésée, elle se retira dans le pays qu’on appelait alors plus particulièrement Asie, et donna le nom de Médes à ses habitants. La Médie n’a pas toujours eu les mêmes limites ; ses défaites et ses victoires ont quelquefois apporté, dans son étendue, de notables changements. Elle touchait au nord à l’Arménie, dont elle était séparée par l’Araxe, et bordait ensuite le rivage méridional de la mer Caspienne ; à l’orient, était l’Asie proprement dite ; au midi, la Perse et la Susiane ; au couchant, l’Assyrie ; elle était comprise entre les 34-40° lat. nord, et vers le 70° long. La partie septentrionale, sur les cotes de la mer Caspienne, était humide, froide, malsaine ; une chaîne de montagnes qui rejoignait plus loin l’Anti-Taurus, la séparait du reste de la Médie. Une peuplade rude, forte et indépendante, habitait ces demeures sauvages qui portent encore, de nos jours, le nom de Masanderen ou Silan. Au sud, se trouvait la Médie Atropatène, séparée, à l’ouest, de l’Arménie par le mont Caspius qui vient de l’Ararat, et resserrée, au sud et au sud-est, entre les montagnes de l’Oronte, qui traversent toute la Médie. Cette contrée, maintenant presque tout le Turkménistan, renfermait un grand nombre de plaines et de vallées fertiles et bien cultivées, dont le produit suffisait à l’entretien de ses habitants ; le nord seul était froid et improductif. Un troisième district, enfin, était la Grande Mèdie, au sud-sud-est de l’Oronte, traversée par le mont Zagrius, qui la sépare de la Perse à l’ouest et au sud ; des déserts la bornent à l’est, et la mer Caspienne la met en communication avec l’Hyrcanie et les Parthes. C’est un plateau élevé, mais riche en fertiles vallées et en gras pâturages ; il jouit d’un climat tempéré, salubre et serein ; son nom actuel est lrak-Adshemi. Sa capitale était Ecbatane. Là se trouvaient aussi Rages, ville bien connue par l’histoire du jeune Tobie, et les plaines de îsysa, célèbres par leurs nombreux haras, d’où sortaient des chevaux très estimés qui servaient aux rois et aux grands de leur cour.
La Médie avait été d’abord une province de l’empire d’Assyrie. Divisés en six tribus ou peuplades, les Mèdes avaient été de bonne heure assujettis par Ninus, qui en avait fait une satrapie assyrienne ; mais, après la destruction du premier empire assyrien par Arbace, ils s’affranchirent du joug ; à l’esclavage succéda la liberté, à la liberté la licence, et l’anarchie fit regretter au peuple le despotisme de ses rois. Quelques historiens assurent qu’Arbace régna sur eux, mais il n’en est pas fait mention dans Hérodote, qui dit, au contraire, qu’ils se donnèrent un roi de leur nation, et qu’ils élurent, à cet effet, un simple juge de village, Déjocès, fils de Phraortès, qui éfait devenu, par sa réputation de probité, l’arbitre de tous les bourgs. Après lui vinrent Phraortès, Cyaxare et Astyage, et les quatre, d’après Hérodote, régnèrent cent cinquante ans. Eusèbe et Syncelle comptent encore, avant Déjocès, quatre autres rois, et portent à deux cent cinquante-neuf ans la durée totale du règne des huit. Aucun des premiers n’est nommé dans l’histoire sacrée, où les Mèdes n’apparaissent que comme sujets du roi d’Assyrie Salmanassar (2 Rois 17), au temps d’Osée, roi d’Israël (731 av. J.-C.). Plus tard, sous Nebucadnetsar, on les voit indépendants et gouvernés par leurs propres rois (Ésaïe 13.17 ; Jérémie 25.25 ; 51.11-28). On peut donc croire que, peu de temps après Arbace, ils retombèrent sous le joug assyrien, et que, plus tard seulement, profitant des guerres lointaines de Sanchérib, ils s’émancipèrent entièrement pour se donner, depuis Déjocès, une suite de rois de leur choix. Au dire d’Hérodote, ils subjuguèrent, sous Cyaxare, Ninive et l’empire assyrien, jusqu’à ce que, soumis par Darius et Cyrus (voir Darius), et réunis à la Perse, ils cessèrent d’exister comme nation indépendante ; dès lors, les noms des Perses et des Mèdes sont réunis (Daniel 5.28 ; 6.15 ; 8.20 ; Esther 1.3-18 ; 10.2). La Babylonie, également sous Cyrus, fut aussi réduite en province de ce double empire médo-perse. Après deux siècles, cette immense monarchie tomba sous les coups d’Alexandre le Grand (300 av. J.-C.) ; puis, après la mort de celui-ci, Séleucus Nicator détacha la Médie de l’empire uni, et en fit une province du nouveau royaume de Syrie, jusqu’à ce que, après une suite de victoires incertaines, cette province fut définitivement agrégée à l’empire des Parthes (fondé en 230 av. J.-C.).
Les anciens Médes passaient pour un peuple belliqueux, redoutable surtout par son habileté dans le maniement de l’arc ; les montagnards conservèrent le plus longtemps leur indépendance et leur force, tandis que les habitants des plaines et des villes, livrés de bonne heure aux arts et à l’industrie, s’adonnèrent au luxe et à la mollesse qui en firent, pour leurs ennemis, une proie facile. Leur vêtement, qui se composait d’un manteau et d’un large pantalon, fut adopté par les Perses d’abord, puis généralement en Asie, par les riches et les nobles. Ils adoraient les astres : le soleil et la lune occupaient, pour eux, le premier rang ; puis venaient Jupiter, Vénus, Saturne, Mercure et Mars. Voir Chaldéens et Mages. Deux langues non sémitiques étaient parlées dans l’ancienne Médie : le zend au nord, et le pehlvi au sud ; cette dernière devint la langue dominante des Parthes.