Séleucus Nicator, le premier monarque syro-grec, fonda seize villes de ce nom, en mémoire de son père Antiochus ; mais l’Écriture ne parle que de deux d’entre elles.
1°. La capitale de la Syrie. On pense qu’elle fut bâtie sur l’emplacement où se trouvait la ville de Ribla, au pays de Hamath (2 Rois 23.33 ; 25.6-20, 21), où Nebucadnetsar demeura pendant une partie du siège de Jérusalem, où il fit mourir une partie des enfants de Sédécias, creva les yeux de ce prince lui-même, et priva de la vie quelques-uns des principaux de Juda. Cette ville était située sur les deux rives de l’Oronte, à environ 27 km de la mer et d’Alep. Près de là se trouvait le fameux temple de Daphné, un des plus célèbres lieux de refuge qu’il y eût à cette époque. La ville d’Antioche avait environ 15 km de tour ; elle servait de résidence aux successeurs d’Alexandre dans cette partie de son vaste empire, et fut une des plus riches et des plus florissantes villes du monde. On peut dire qu’elle était la capitale de l’Orient romain. Les Juifs y obtinrent égalité de droits avec les Grecs ; Vespasien, Titus et d’autres empereurs la comblèrent d’honneurs et de franchises. Ce fut là que Paul et Barnabas annoncèrent les premiers l’Évangile (Actes 11.19-27) ; qu’Agabus prédit une grande famine (v. 28) ; que Pierre essaya un instant de dissimuler ses vrais sentiments en refusant de manger avec les païens (Galates 2.11-12), et que les disciples du Rédempteur reçurent pour la première fois le nom de chrétiens (Actes 11.26). Antioche devait être le premier centre des missions païennes ; la seule vue humaine pouvait déjà le faire présumer ; ses rapports avec les Grecs et les habitants de l’Asie Mineure étaient plus fréquents et plus naturels que ceux d’une ville juive : des hommes considérés, tels qu’un Simon Niger, un Lucius de Cyrène, un Manahem élevé à la cour (13.1), y secondaient et pouvaient y remplacer plus ou moins pendant leur absence les Apôtres missionnaires ; et l’Esprit de Dieu n’avait pas tardé à faire voir par des faits que telle était aussi sa volonté.
L’Église d’Antioche demeura longtemps célèbre : un des quatre patriarches de l’Orient y avait son siège, et l’illustre Chrysostome y prêchait à la fin du quatrième siècle, aux applaudissements de tous et avec d’éclatants succès.
Cette ville fut, dans le quatrième siècle, presque renversée à trois reprises par des 5 tremblements de terre, et à peu près aussi souvent dans le cinquième. L’an 548 de Jésus-Christ les Perses la brûlèrent et en passèrent les habitants au fil de l’épée. L’empereur Justinien la rebâtit plus belle qu’auparavant, mais bientôt les Perses la reprennent et en abattent les murailles. L’an 588, soixante mille de ses habitants périssent par un tremblement de terre ; aussitôt rebâtie, elle est prise par les Sarrasins, l’an 637, et depuis ce moment le christianisme y est presque anéanti. L’an 966 l’empereur grec Nicéphore reprend Antioche, et peu de temps après elle tombe au pouvoir des Turcs. En 1098, elle est délivrée par les croisés, puis 90 ans plus tard elle redevient la proie des infidèles, qui la démolissent de fond en comble. Ses ruines actuelles, connues sous le nom d’Antakieh, comptent encore 18000 habitants, dont 3000 professant le christianisme.
2°. Antioche, capitale de la Pisidie, sur le mont Taurus, à l’est d’Apollonie, n’est plus maintenant qu’un bourg inconnu et nommé Akschehr, ou, selon d’autres, Versatgeli. Paul et Barnabas y prêchèrent l’Évangile avec de grands succès jusqu’au moment où les Juifs ayant excité le peuple contre eux, les contraignirent de s’éloigner (Actes 13.14ss, cf. 2 Timothée 3.11).