(Matthieu 23.5)
Nom d’étymologie grecque, et signifiant préservatif. Les Juifs postérieurs à l’exil nommaient ainsi des bandelettes de parchemin sur lesquelles étaient écrits des passages de l’Ancien Testament, et qu’à l’exemple des païens, ils portaient au front ou au bras en guise d’amulettes. Cette coutume se fondait sur une interprétation littérale et mal entendue d’Exode 13.9-16, et de Deutéronome 11.18 ; 6.8.Les Juifs écrivaient sur leurs phylactères les quatre passages suivants : 1° Deutéronome 11.13-22 ; 2° Deutéronome 6.4-10 ; 3° Exode 13.11-17 ; 4° Exode 13.1-10, selon l’ordre qu’ils croyaient en avoir reçu. C’étaient surtout les hommes, et au moment de prendre leurs repas, qu’ils s’en servaient. On les mettait au bras gauche, allant du coude jusqu’à l’extrémité du doigt du milieu ; c’était le bras du cœur : on les mettait aussi sur le front, les courroies qui les retenaient faisant un nœud derrière la tête, et venant se rejoindre sur le front. Après s’en être servi, on les roulait en pointe, et on les enfermait dans une espèce d’étui de veau noir. Les phylactères étaient destinés à rappeler solennellement à ceux qui les portaient, l’observation de la loi, et l’obligation de s’appliquer de tête et de cœur à la connaissance et à la pratique de la vérité ; ils ont fini par n’être plus que de vains joujoux, comme les chapelets, les rosaires, etc. ; l’esprit de l’institution s’est perdu, la matière est restée ; ce ne furent plus des souvenirs, des aides, mais des pénitences, des ornements, ou des symboles de l’orgueil spirituel. On a voulu voir à tort dans Proverbes 6.21, une allusion aux phylactères, qui sont d’une invention plus moderne ; nous en disons autant de l’ornement dont il est parlé (en Ézéchiel 24.17), ornement de tête (peér) que nos versions traduisent par bonnet ; quelques rabbins ont cru y trouver une trace de l’usage dont nous parlons, mais ce sentiment a été réfuté et rejeté.
Il paraît que les phylactères étaient regardés par quelques-uns comme des préservatifs contre l’influence des démons.
Les Pères varient du reste beaucoup dans ce qu’ils disent à ce sujet ; les Juifs de leur temps continuaient de porter ces bandelettes de parchemin ; les chrétiens de certains lieux commençaient à imiter cet usage superstitieux ; Gélase, évêque de Rome, l’a condamné pour ce qui le concernait ; il serait à désirer que ses successeurs l’eussent imité en cela ; le dix-neuvième siècle n’eût pas vu naître la miraculeuse médaille phylactère, qui a rapporté 70000 fr., aux jésuites de Fribourg, et n’a pas empêché leurs troupes d’être battues, leurs soldats d’être tués.