Belle couleur de teinture que la plus haute antiquité paraît avoir déjà connue, et dont la légende raconte qu’elle fut découverte par Hercule Tyrien, dont le chien, ayant mangé d’un poisson à écailles, revint auprès de son maître les lèvres teintes de pourpre. Mais ici l’histoire remonte plus haut encore que la légende, et la pourpre fut employée par les Israélites avant d’avoir été connue des Tyriens. On distingue principalement deux espèces de pourpre, la rouge et la violette, l’une et l’autre se subdivisant en plusieurs nuances et qualités différentes. La première, hébreu : argaman, se tire du coquillage à pourpre proprement dit, le πορφύρα, ας, ἡ des Grecs, le purpura des Latins, qui se prend dans la mer au moyen d’amorces. La seconde, hébreu thekèleth, est le produit d’une espèce d’escargot qui s’attache aux rochers, et qui portait chez les Romains le nom de buccinum, murex, ou conchylium. L’un et l’autre coquillage est tordu en spirale, mais le premier se termine en pointe ; le second est arrondi en trompette ou en forme de cor. Les naturalistes modernes, et notamment Lamark dans son Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, ont observé et décrit plusieurs coquillages à pourpre, chez lesquels la sécrétion colorante, située dans une espèce de sac ou de réservoir, près de l’estomac, est d’abord jaune, puis verte, et ne devient rouge que lorsqu’elle a été exposée à l’air et au soleil, circonstance qui ne s’accorderait pas tout à fait avec les observations des anciens. Mais les classifications des différentes espèces de coquillages dans les systèmes modernes, chez Lamark et chez Cuvier, varient tellement, qu’on ne peut encore déterminer exactement quel était le coquillage dont les anciens tiraient leurs belles couleurs. C’est principalement sur les côtes de la Phénicie, du Péloponèse et de l’Afrique septentrionale, qu’on faisait la pêche de la pourpre, et, comme chaque coquillage ne fournissait que quelques gouttes de couleur, la pêche ne pouvait jamais être fort abondante ; aussi la pourpre se vendait-elle fort cher, à l’égal des métaux les plus précieux, et ce n’étaient, en thèse générale, que les princes et les statues des dieux qui pouvaient porter des vêtements de cette couleur (Jérémie 10.9 ; Ézéchiel 23.6 ; Cantique 7.5 ; Jonas 3.6), comme aussi, chez les Hébreux, il entrait beaucoup de pourpre dans les tapisseries du tabernacle et dans les ornements du Grand prêtre (Exode 25ss). Les rois donnaient des vêtements de pourpre comme la récompense de services signalés (Daniel 5.7-16, 29), ou comme preuve d’une bienveillance particulière (1 Maccabées 10.20-62, 64 ; cf. 11.58). À Rome, une loi impériale restreignait à certaines classes le droit de porter de semblables vêtements.
On teignait de pourpre les étoffes de laine, quelquefois aussi du lin et du coton, et c’étaient les Phéniciens qui faisaient ce travail avec le plus de perfection (Ézéchiel 27.16), et qui possédaient les établissements de teinture les plus importants. Les Lydiens (Actes 16.14), avaient aussi acquis dans ce genre de travail une réputation méritée. On a vu, à l’article Cramoisi, les différentes espèces de rouge connues des Hébreux ; mais, dans le langage ordinaire, on nommait souvent l’un pour l’autre, lorsqu’il n’importait pas d’apprécier la nuance ; les anciens confondaient surtout fréquemment le pourpre et le cramoisi, comme on peut le voir encore dans la comparaison de Marc 15.17 ; Jean 19.2 ; avec Matthieu 27.28.