Fils de Salomon par l’Ammonite Naama, et son successeur au trône de Jérusalem (1 Rois 11.43 ; 14.21-31). Il fut le premier roi de Juda. La prospérité du règne de son père ne permettait pas de prévoir la division du royaume qui devait éclater sous son règne, et l’affaiblissement qui en serait la suite. Il avait quarante et un ans lors de son avènement. Il se hâta de réunir les tribus, mais au lieu de les convoquer à Jérusalem, il choisit Sichem comme lieu de rendez-vous, peut-être à l’instigation de ses ennemis non encore déclarés. Ce fut une faute de sa politique, et il l’expia. Le peuple parla librement, il demanda la diminution des impôts ; les mécontentements comprimés sous le règne précédent éclatèrent, les jalousies se firent jour ; Roboam, fort comme le sont les faibles, demanda un délai avant de répondre, et prêtant l’oreille à des conseils de jeunes gens, il voulut faire de l’énergie, repoussa brutalement les légitimes demandes de ses sujets, et mit le feu à la révolution.
Éphraïm et les tribus qui marchaient avec lui, ne voulaient pas d’un roi de Juda ; l’occasion était bonne, le prétexte honnête, la division éclata, et dix tribus se séparèrent de Roboam, de Juda, de Jérusalem, et du temple. Elles choisirent pour roi Jéroboam. Le fils de Salomon voulut courir aux armes, mais le prophète Shemahïa, déclarant la séparation consommée, le fait accompli, fit renvoyer les troupes (1 Rois 12.21 ; 2 Chroniques 11.1). Roboam songea dès lors à fortifier le peu qui lui restait de l’héritage paternel, il bâtit des forteresses et les approvisionna : il donna asile aux prêtres et aux lévites fidèles des dix tribus qui, chassés par les veaux d’or, se réfugiaient en Judée, en protestant contre la révolution et contre ses conséquences. Les Israélites fidèles des dix tribus, assemblée libre aussi quoique tenue en suspicion, continuaient de venir sacrifier à Jérusalem, et le pouvoir de Roboam se fortifiait de ces adhésions morales. Il continua de rattacher par des alliances tout ce qui restait de la maison de David, choisit Abija pour son successeur, et donna à ses autres fils des postes importants dans ses villes fortes.
Mais après trois années de sagesse, il se fatigua du culte de l’Éternel et de ses bénédictions ; le péché et l’idolâtrie reprirent le dessus, et en la cinquième année de ce règne, Shishak roi d’Égypte, l’ancien protecteur de Jéroboam, monta contre Jérusalem, ravagea le pays, et ne cessa de triompher que lorsque le peuple, averti par Semahïa, cessa de pécher. Roboam ne racheta la paix qu’au prix des trésors du temple et du palais, et il dut remplacer par des boucliers d’airain les magnifiques boucliers d’or que l’on portait en pompe devant Salomon. Il régna douze ans encore, sans gloire, ennemi de Jéroboam et sujet de Shishak, puis il mourut à l’âge de cinquante-huit ans, après en avoir régné dix-sept, et fut enseveli avec ses pères en la cité de David.
Les prophètes Iddo et Semahïa ont écrit des mémoires de ce règne si grand par les résultats que produisit la nullité de celui qui lui donna son nom. Abija lui-même parla ainsi de son père, l’appelant « jeune et craintif ; et il ne s’est pas montré fort devant eux » (2 Chroniques 13.7) ; si ces paroles ne sont pas respectueuses, elles caractérisent du moins parfaitement l’esprit et le système de Roboam. On peut conclure (1 Rois 14.30 ; 2 Chroniques 12.15), que, s’il n’y eut pas guerre proprement dite entre les deux royaumes, il n’y eut pas de paix non plus, et que des hostilités de détail continuèrent de donner issue à la vieille rivalité d’Éphraïm et de Juda. Voir ce qui a été dit à l’article de ces deux tribus. Quant aux femmes et aux enfants de Roboam, voir 2 Chroniques 11.18ss.