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Routes
Dictionnaire Biblique Bost Westphal

Les grandes routes de la Palestine devaient être, d’après la nature du terrain, les unes montueuses et rocheuses, les autres planes et sablonneuses ; les premières étaient les plus difficiles, et dans les temps de pluies, lorsque les eaux découlaient en abondance des montagnes, improvisaient des ruisseaux et grossissaient des rivières, le passage de ces routes était dangereux, parfois même impraticable ; elles avaient d’un autre côté l’avantage d’être solides, fermes, dures, ce qui est considérable dans un pays où l’on n’est pas, comme dans l’ancien Orient, bien avancé dans l’art des ponts et chaussées. Le passage (Deutéronome 19.3), relatif à l’entretien des routes conduisant aux villes de refuge, est tout à fait isolé dans l’Écriture ; et si Josèphe semble indiquer que les routes à l’entour de Jérusalem avaient été pavées par Salomon, c’est le seul indice que nous en ayons. On voit au reste, par l’analogie (Ésaïe 40.3), que lorsque les rois se mettaient en voyage on préparait la route devant eux, en rendant praticable et sans danger le chemin qu’ils devaient suivre. Les Romains furent les premiers qui construisirent en Orient des routes régulières, et en organisèrent un réseau dans les pays soumis à leurs armes ; ils élevèrent aussi, mais seulement sous les derniers empereurs, des pierres milliaires en Palestine.

Il est naturel que des moyens de communication plus ou moins parfaits aient relié entre elles les différentes villes, entre eux les différents villages de la Palestine ; la liste de ces petites routes serait sans valeur et resterait nécessairement incomplète. Nous n’avons à nous occuper ici que des routes principales du pays, lesquelles servaient en même temps à mettre Israël en communication avec les contrées voisines ; elles sont restées jusqu’à aujourd’hui à peu près les mêmes que ce qu’elles étaient autrefois. La configuration de la Palestine donne à ses routes deux directions principales ; les unes sont longitudinales et courent du nord au sud, les autres sont transversales et vont de l’est à l’ouest. Parmi les premières, on remarque :

1°. La route maritime, qui conduit de Sidon en Égypte, en suivant les côtes de la Méditerranée ; elle passe par Tyr ; sa première station en Palestine est Acre ou Acco ; longeant de près le rivage, et souvent taillée dans le roc, elle passe au pied du Carmel, traverse Césarée, Joppé, les villes principales des Philistins, Askélon, Gaza, où de fertiles gradins commencent à faire place à un terrain inculte et sablonneux ; près d’El Arish on trouve le vrai désert de Sur, puis Pélusium et l’Égypte.

2°. Sur l’étroit plateau du haut pays occidental est une seconde route longitudinale qui, de Jérusalem, conduit vers le sud à Hébron et relie les principales villes de la Judée, et vers le nord s’avance jusqu’en Galilée, et sert de communication entre les trois provinces, puisqu’elle traverse la Samarie en entier. Une forte journée conduit de Jérusalem à Sichem ; la route touche à Samarie, traverse la plaine de Jizreël, et aboutit à Nazareth.

3°. La vallée du Jourdain, n’a jamais offert une route régulière et facile ; les Galiléens, qui voulaient éviter la Samarie en se rendant à Jérusalem, traversaient le fleuve au midi près de Bethséan, et le repassaient de nouveau au nord près de Jéricho ; cette route défectueuse s’arrêtait là, et ne longeait la mer Morte ni à droite, ni à gauche.

Parmi les routes transversales, on distinguait surtout celle d’Acco à Nazareth, au nord, et celle de Joppé à Jéricho par Jérusalem, au sud. La première, partant d’Acco et se dirigeant vers le sud pour éviter les montagnes, touchait presque, à la plaine de Jizreël, remontait vers le nord-est à Tibériade, longeait la mer à Génésareth jusqu’à Capernaüm, traversait le Jourdain près du puits de Jacob, et se dirigeait de là au nord-est, en franchissant les hauteurs peu escarpées de l’Anti-Liban jusqu’à Damas. C’était là le chemin de la mer, qui vient d’au-delà du Jourdain (Ésaïe 8.23 ; Matthieu 4.15) ; les Romains y avaient établi un péage important (Matthieu 9.9), et, jusqu’à l’époque des croisades, ce fut la route la plus fréquentée de toute la Palestine, et la principale par laquelle les caravanes arrivaient de l’intérieur de l’Asie jusqu’aux ports des Phéniciens. La route de Joppé (Jaifa) à Jérusalem est tortueuse, et compte 60 km de longueur ; après avoir traversé la plaine de Saron, on arrive à Ramlé, la station principale, qui n’a été fondée qu’au huitième siècle ; puis, au milieu de collines variées, on entre dans les gorges des montagnes de Juda, on longe la vallée des Térébinthes, on passe le mont Guihon, d’où l’on aperçoit, dans le lointain, les montagnes qui forment la rive orientale de la mer Morte, et l’on ne tarde pas à entrer dans Jérusalem.

Le chemin de Jéricho, mentionné (Matthieu 20.29 ; 21.1 ; Luc 10.29-37), est aujourd’hui fréquenté par les pèlerins qui viennent célébrer, dans le Jourdain, la mémoire du baptême de Jésus-Christ. On descend dans la vallée de Josaphat ; on traverse la partie sud du mont des Oliviers, sur la pente duquel est Béthanie ; les montagnes deviennent escarpées et arides ; les rochers sont de plus déchirés et affreux ; c’est là, dit-on, le désert de la Quarantaine, où eurent lieu les scènes de la tentation du Sauveur. Le sentier est suspendu sur d’effrayants précipices ; çà et là on trouve quelques ruines d’aqueducs et de réservoirs, ou les restes d’antiques terrasses, et une multitude de cavernes jadis habitées par des ermites. En sept heures, on arrive dans la plaine de Jéricho. La route se partage alors ; un bras poursuit à l’est, et conduit, en deux heures, au Jourdain ; c’est le chemin que prirent les Israélites après le voyage du désert ; l’autre suit le pied des rochers, et se dirige vers le nord, pendant trois heures, jusqu’à l’endroit où la rivière présente un gué sûr et facile ; c’est le chemin que suivent les pèlerins qui viennent de la Galilée.

On pourrait mentionner aussi la route de Hébron à Gaza, celle de Jérusalem à Gaza (Actes 8.26), celle de Hébron à la mer Morte, celle de Sichem à Jéricho, celle de Cana à Tibériade, etc. La contrée la plus dépourvue de routes était la Samarie, vrai pays de montagnes, que ne traversent ni des caravanes de marchands, ni des caravanes de pèlerins, et qui fut toujours assez riche pour se suffire à lui-même.

Ruben