Village, réservoir, et source célèbre des environs de Jérusalem (Jean 9.7). Le village est situé à droite quand on remonte la vallée de Josaphat, et il est comme suspendu sur le sommet escarpé du mont du Scandale, sur lequel Salomon avait bâti un temple à ses dieux étrangers. La source, appelée aussi fontaine de la Vierge, jaillit au fond d’une vaste caverne taillée en partie par la main des hommes dans les flancs rocailleux du mont Morija, dans la vallée de Josaphat ; deux rampes de degrés, aussi unis et aussi blancs que du marbre, conduisent à la source, dont les eaux qui coulent doucement (Ésaïe 8.6), se réunissent par une pente presque imperceptible dans un canal souterrain qui, après avoir traversé toute la colline, reparaît dans la vallée des Tyropéens, et dépose ses eaux dans le réservoir du même nom. Ce réservoir a la forme d’un parallélogramme, les murs en sont de pierres de taille ; après avoir grimpé un moment dans une grotte taillée dans le roc, on descend quelques degrés pour arriver à l’endroit où l’eau se jette dans le réservoir ; elle y arrive, non point en se versant par-dessus l’ouverture de la grotte, mais en filtrant secrètement par-dessous ; une grande abondance de fleurs sauvages croissent sur ses bords. De là, par un petit canal creusé dans le rocher, l’eau du réservoir va arroser les jardins situés plus bas sur des terrasses (cf. Cantique 4.15), et connus sous le nom de jardins du roi (Néhémie 3.15). En ne distinguant pas toujours la source de son réservoir, on est arrivé, soit à confondre la source de Siloé avec la fontaine du Foulon, voir Roguel, soit à voir des contradictions dans les données bibliques, soit à changer la position du réservoir ; Gesenius, Tholuck, Hitsig, d’après quelques anciens, placent cette source à l’angle sud-ouest de Sion ; Winer la confond avec le bassin inférieur du Guihon.
Il faut remarquer que la source de Siloé, qui n’est nommée qu’une ou deux fois dans l’Ancien Testament, et trois fois dans le Nouveau, n’est jamais accompagnée du moindre renseignement topographique, de sorte que c’est à la tradition seule qu’on doit en appeler pour la fixation de son emplacement, comme nous l’avons fait. Il en résulte aussi que la grande réputation que ces eaux ont acquise, n’est qu’une renommée légendaire et traditionnelle, qui n’a rien de biblique ; le doux murmure d’une source tranquille, ornée d’un beau nom, et quelques moines intéressés à la faire valoir, ont fait de Siloé un poste important, que les anciens habitants de Jérusalem seraient étonnés de voir si grandement apprécié.
Abandonnée pendant la captivité, la porte de la fontaine ( ?) fut reconstruite ou réparée par Shallum (Néhémie 3.15). Il y avait une tour au-dessus de la source, dans le village de Siloé, et son écroulement, qui écrasa dix-huit personnes, donna lieu à Jésus de redresser les fausses idées des Juifs sur la relation des châtiments avec le péché (Luc. 13.4). C’est au réservoir de Siloé que Jésus envoya l’aveugle-né laver ses yeux qu’il avait guéris avec de la boue, un jour de sabbat (Jean 9.7). Voir Salive.
Sans qu’il y ait intermittence complète, les eaux de cette source sont par moments, et tour à tour, beaucoup plus rares et beaucoup plus abondantes ; Robinson a constaté ce phénomène, qui avait déjà été attesté par Chateaubriand et par d’autres ; l’eau est troublée subitement par les eaux nouvelles qui se précipitent, et peut-être que la vertu du réservoir de Béthesda (Jean 5.7), provenait d’un fait analogue qui mettait en mouvement des matières ayant des propriétés curatives spéciales. L’eau de Siloé a été goûtée et diversement appréciée par presque tous les voyageurs ; Chateaubriand l’a trouvée saumâtre ; Lamartine, limpide et savoureuse ; Richter, bonne ; Robinson lui a trouvé un goût un peu salé, mais point du tout désagréable ; du reste il avoue qu’en de certaines saisons, elle a un mauvais goût. De nos jours encore, les plus incrédules ne manquent pas de s’y laver les yeux pour se préserver d’ophthalmies..