Les Hébreux, comme de nos jours encore les Orientaux, avaient l’habitude d’enterrer leurs morts hors des villes, et loin des habitations (Genèse 23.9 ; Josué 24.33 ; Luc 7.12 ; Jean 11.30). Les rois seuls, et les prophètes, paraissent avoir eu quelquefois le privilège d’avoir leurs tombeaux dans des villes (1 Samuel 25.1 ; 28.3 ; 1 Rois 2.10 ; 2 Rois 10.35 ; 12.21 ; 2 Chroniques 16.14 ; 28.27). D’ordinaire ces tombeaux étaient des grottes ou des cavernes, et l’on choisissait de préférence des endroits ombragés, des jardins entourés d’arbres (Genèse 23.17 ; 33.8 ; 1 Samuel 31.43 ; 2 Rois 21.18-26 ; Jean 19.41) ; la Palestine contient beaucoup de grottes naturelles, cependant on aimait mieux en général en construire d’artificielles, faire creuser dans un rocher une chambre, ou un caveau régulier, parfois très étendu, comprenant plusieurs compartiments réunis par des galeries, et destiné soit à une famille entière, soit à des personnes privilégiées (Ésaïe 22.16 ; 2 Chroniques 16.14 ; Matthieu 27.60 ; Jean 11.38 ; Luc 23.53). Quelquefois aussi ces tombeaux étaient placés sur des montagnes (2 Rois 23.16). On voit (Ésaïe 14.18 ; 1 Rois 2.34 ; 2 Chroniques 33.20), que des personnes pouvaient obtenir l’autorisation de se faire enterrer dans leurs maisons, c’est-à-dire sur leur propriété, dans le jardin attenant à leur maison.
Les princes et les grands n’étaient pas seuls à posséder des tombeaux de famille (2 Rois 9.28 ; 2 Chroniques 32.33 ; 35.24), mais on en trouvait dans presque toutes les familles aisées et respectables (Genèse 23.20 ; Juges 8.32 ; 2 Samuel 2.32 ; 1 Rois 13.22), et c’était un vœu naturel des mourants d’être ensevelis dans les sépulcres de leurs pères (Néhémie 2.3 ; Genèse 47.29 ; 50.5 ; 2 Samuel 19.37 ; 1 Rois 13.22-31), et l’on voit (par Jérémie 26.23), que c’était pour les grands une grave peine que d’être ensevelis dans le cimetière commun. Ceux qui n’avaient pas de tombeaux de famille, désiraient au moins d’être ensevelis dans leur patrie, en terre sainte. On fermait les sépulcres avec de grosses portes, ou en roulant une pierre à leur ouverture, surtout pour les préserver du carnassier chacal (Matthieu 27.60 ; 28.2). On les reblanchissait à neuf après la saison des pluies, au mois de mars (Matthieu 23.27), et les rabbins ajoutent que c’était pour prévenir les nombreux voyageurs qui se rendaient à Jérusalem pour la Pâque, de ne pas se souiller en s’arrêtant trop près de la demeure des morts. La Palestine, la Syrie, et le vieil Édom, renferment encore un grand nombre de ces monuments ; les uns sont creusés perpendiculairement dans la terre, et l’on y descend par des degrés ; les autres sont placés horizontalement, et l’on y entre de plain-pied ; à l’intérieur on trouve le plus souvent deux ou trois pièces ou divisions, dont la seconde est plus basse que la première ; la plupart ont dans la muraille des niches ou enfoncements de 2 à 2, 5 m de long, dans lesquels on déposait les cadavres.
Parmi les tombeaux qui entourent Jérusalem, les plus remarquables sont les sépulcres des rois (2 Chroniques 21.20 ; 28.27 ; Néhémie 3.16). Ils sont situés au nord de la ville, se composent d’un vestibule et de sept chambres, et paraissent réellement être des tombeaux de rois ; mais il est peu probable que ce soient ceux des anciens rois de Juda. Les tombeaux des juges (des membres du sanhédrin), au nord-ouest de Jérusalem, sont moins remarquables et encore plus entourés de mystère quant à leur authenticité.
De bonne heure l’usage s’introduisit d’élever des monuments sur les tombeaux ; ce ne furent d’abord que des pierres brutes ou grossièrement travaillées (cf. Job 21.33) ; plus tard, ce furent de magnifiques mausolées, souvent enrichis d’inscriptions, de sculptures ou de bas-reliefs symboliques (2 Samuel 18.18). La violation des sépulcres, le vol des ornements, des armes (Ézéchiel 32.27), et, en général, de ce qu’on pouvait avoir déposé avec les morts dans la tombe, la sacrilège exhumation des ossements, passait déjà, dans l’antiquité, pour une honteuse et barbare profanation (Jérémie 8.1). Quelquefois on dérobait les cadavres pour les employer à des sortilèges, et l’on a cru voir (Ésaïe 65.4), une allusion à cette coutume ; mais il est plus probable qu’il s’agit, dans ce passage, ou de sacrifices superstitieux offerts sur les tombeaux pour apaiser les mânes des morts, ou d’une espèce de nécromancie qu’on pratiquait la nuit sur les tombeaux. Après l’exil, on rechercha soigneusement les tombeaux des prophètes et des saints hommes de l’ancienne alliance, on rétablit ceux qui tombaient en ruines, et on les embellit de divers ornements (Matthieu 23.29), signe de respect que l’antiquité grecque connut aussi, mais qui ne sauva pas les Juifs des accusations méritées de Notre Seigneur et du reproche de persécuter les prophètes vivants et de les honorer morts. Voir Mort, Synagogue, etc.