Ville importante, qui était au temps des Romains la capitale du second district de la Macédoine, et la résidence du praeses et du questeur, les deux premiers magistrats romains. Appelée d’abord Emathia, puis Halia, puis Therma, elle reçut, à ce qu’il paraît, son nouveau nom de Philippe, père d’Alexandre (les anciens géographes et scoliastes varient cependant sur ce point), ou de son gendre Cassandre, soit en l’honneur de Thessalonique, fille de Philippe, épouse de Cassandre, soit en l’honneur d’une victoire remportée sur les Thessaliens. Située au fond du golfe qui porte son nom, sinus Thermseus, la ville faisait un grand commerce par lequel elle s’enrichissait de plus en plus ; au temps de Pline, elle avait le titre de ville libre, plus tard elle devint métropole ; au cinquième siècle, grande, populeuse, riche, elle était la capitale d’un pays d’une très grande étendue ; maintenant elle s’appelle Salonique, et compte environ 70000 habitants, qui vivent en grande partie du commerce.
D’après le récit de Strabon, Philippe, en renouvelant la ville, y fit entrer les habitants des petites villes voisines, ce qui augmenta singulièrement sa population ; plus tard, un assez grand nombre de Romains vinrent s’y fixer aussi, comme dans toutes les villes considérables de l’empire ; enfin, le commerce y attira encore des Juifs. Le nombre paraît en avoir été assez considérable, car ils y possédaient même une synagogue, ou plutôt, pour rendre précisément l’expression des Actes, la synagogue, ce qui implique que c’était la synagogue, non seulement de la ville, mais encore des environs, la synagogue dont la proseuque de Philippes pourrait n’avoir été qu’une simple annexe. C’est dans cette synagogue que Paul commença à prêcher, lorsqu’après avoir passé pour la première fois par la Phrygie et la Galatie, il eut été poussé par l’Esprit à porter l’Évangile en Europe. Forcé de quitter Philippes, il avait pris la grande route le long de la côte, et il était arrivé à Thessalonique par Amphipolis et Apollonie. Il prêcha pendant trois sabbats consécutifs, et gagna à Christ quelques Juifs et un grand nombre de païens attachés au culte juif (Actes 17.1-4) ; mais les Juifs incrédules, qu’on voit avoir été nombreux, riches et influents, causèrent un tumulte en se servant, comme de juste, des hommes oisifs et fainéants qu’ils trouvèrent sur la place publique ; le mot de Luc, [’grec], devrait proprement se traduire par flâneurs (Steiger, notes manuscrites) ; ils rassemblèrent la populace, en grande partie sans doute composée de leurs débiteurs, et qui, par ce motif, était d’autant mieux préparée à suivre l’impulsion qu’ils leur donneraient ; suivis de cette foule, ils cherchèrent Paul et Silas dans le dessein de les faire paraître en jugement devant l’assemblée populaire (Actes 17.5). Ne les ayant pas trouvés, ils s’en prirent à Jason et à ses amis, tous hommes de distinction, qu’ils n’osèrent pas juger sommairement et qu’ils traduisirent devant le sénat en formulant une accusation bien propre à effrayer une autorité municipale soumise au joug des Romains. Jason et les siens ne furent point incarcérés, mais durent fournir un cautionnement. Paul dut fuir ; il se retira d’abord à Bérée, puis à Athènes, et enfin à Corinthe. C’est de là, qu’après avoir travaillé avec bien du succès, il écrivit sa 1ère aux Thessaloniciens, (voir 1 Thessaloniciens 1.8 ; 3.6).
L’occasion de cette lettre se trouve dans l’arrivée de Timothée auprès de Paul ; il lui apporte des nouvelles du beau réveil de la Macédoine, de ce réveil dont Paul n’avait vu que les premiers moments, mais qui s’était développé après son départ sous la direction de Silas et de Timothée, non seulement dans la ville même de Thessalonique, mais aussi dans les environs, parmi les Juifs et au milieu des païens, réveil qui fournit plus tard à l’apôtre des collaborateurs et des aides (Actes 20.4). Paul loue les Thessaloniciens pour leur foi et leur charité, il les exhorte à la persévérance, leur donne quelques préceptes généraux, et s’attache à combattre des vues fausses qui s’étaient introduites dans l’Église sur divers points, spécialement sur le retour du Seigneur et le jugement dernier.
On peut diviser cette épître en cinq parties :
a) 1 à 2.16. Paul rappelle aux Thessaloniciens leur histoire spirituelle, la manière dont l’Évangile fut reçu dans leur ville, l’impression qu’a produite sur d’autres leur conversion, etc.
b) L’amour de l’apôtre pour cette Église, et sa sollicitude pour les fidèles depuis son départ (2.17 à 3.13).
c) 4.1-12. Exhortations morales, de la conduite des chrétiens en général, et de l’amour fraternel,
d) 4.13 à 5.11. Réponse aux doutes, aux erreurs, et aux préoccupations des Thessaloniciens sur le second avènement de Christ, consolations, et exhortations à la vigilance.
e) 5.12-24. Exhortations relatives à l’Église et à la morale.
2e aux Thessaloniciens.
Elle fut écrite également de Corinthe, et peu de temps après la première, pour rassurer ses amis qu’une fausse interprétation de sa première lettre, ou qu’une lettre supposée, et exploitée dans de mauvaises intentions, avait alarmés et troublés. Il censure avec plus de force encore ceux qui vivent dans l’oisiveté et dans une curiosité inquiète ; il exhorte l’Église à s’attacher toujours plus à la saine doctrine, et à surmonter avec constance les persécutions présentes ou futures (1.1-12) ; il leur annonce l’homme de péché, le mystère d’iniquité (2.1-12), et les engage à se garder de toute séduction (2.13 à 3.1-6), et à éviter tous ceux qui ne se conduisent pas d’une manière régulière (3.7-18).
L’authenticité de ces deux épîtres, prouvée par les témoignages des Pères, Polycarpe, Justin martyr, Irénée, Tertullien, Clément d’Alexandrie, n’a guère été révoquée en doute que par quelques savants tout à fait modernes, qui n’ont pas même trouvé du crédit auprès de leurs collègues, les autres rationalistes. La seconde épître a en sa faveur des témoignages encore plus anciens que la première. Quant aux commentaires, on peut citer celui de Turretin (1739), ceux de Koppe, Flatt, Pelt, Schott, et surtout celui d’Olshausen.