Proprement, lumière et intégrité (Vulg. doctrina et Veritas) ; une fois on trouve Thummim et Urim (Deutéronome 33.8), ou par abréviation seulement Urim (Nb 27.21 ; 1 Samuel 28.6). C’était, pour les Juifs, le saint oracle qui, placé sur la poitrine du souverain sacrificateur (Exode 28.30 ; Lévitique 8.8 ; cf. 1 Samuel 23.9), révélait à celui qui l’interrogeait la volonté du Dieu fort (Nombres 27.21 ; 1 Samuel 28.6 ; cf. Esdras 2.63 ; Néhémie 7.65). C’est à l’Urim qu’on avait recours toutes les fois qu’il est parlé de consulter l’Éternel (1 Samuel 22.10 ; 2 Samuel 2.1). Voilà tout ce que l’on connaît de précis relativement à cette pièce importante du pectoral, et ce que l’on peut ajouter ne repose que sur des traditions contraires, et sur des hypothèses.
Deux écrivains juifs de la race sacerdotale, mais qui paraissent n’avoir pas vu ce dont ils parlent, diffèrent beaucoup dans les détails de leur exposition. D’après Josèphe, l’Urim et le Thummim n’était autre chose que les douze pierres précieuses du pectoral, qui, par leur éclat extraordinaire, rendaient une réponse affirmative. D’autres pensent que l’Urim et le Thummim était quelque chose d’ajouté au pectoral, soit dessus, soit à côté, dans une bourse très riche, soit dedans ; Philon croit que c’étaient deux figures brodées sur le pectoral, représentant l’une la vérité, l’autre l’intégrité ; Cyrille pense que ces deux mots étaient simplement gravés sur deux pierres précieuses, ou sur une lame d’or, ou brodés sur le pectoral entre les rangs des pierres précieuses ; quelques rabbins pensent que c’était le vrai, mais indéchiffrable nom de Jéhovah, le saint tétragrammaton, qui était écrit sur une lame d’or, ou un collier de pierreries descendant sur la poitrine du grand prêtre, ou trois pierres précieuses, l’une portant le mot oui, l’autre non, et la troisième sans inscription (Michaélis). Il y a plus de divergence encore sur la manière d’interroger cet oracle, et sur les circonstances dans lesquelles il était permis de le consulter. Quelques rabbins enfin, suivis par Spencer, mais contredits par Josèphe et Philon, pensent que l’usage de consulter l’Urim, en Israël, ne subsista que sous le tabernacle, et qu’il cessa avec la construction du temple et l’avènement de la royauté, l’Urim appartenant à la théocratie, ou gouvernement direct de Dieu, qui prit fin lorsque la royauté héréditaire eut été établie en Israël : ce qui confirmerait ce sentiment, c’est que l’on ne trouve dans l’histoire sainte aucune trace de l’Urim depuis Salomon jusqu’à la destruction du temple.
Au milieu de toutes ces incertitudes, voici ce que l’on peut reconnaître comme prouvé, ou comme probable :
1°. L’Urim était différent du pectoral, mais intimement lié avec lui (Exode 28.30 ; cf. Lévitique 8.8). Le texte ne décide pas s’il était dessus ou dedans.
2°. Il était différent des pierres précieuses elles-mêmes, puisque dans ce même chapitre (Exode 28.17), Moïse a déjà ordonné qu’elles fussent placées sur le pectoral. On peut supposer aussi qu’il était caché dans la doublure du pectoral, car on ne comprendrait pas qu’un saint mystère eût été exposé à la vue de tous, et que dans ce cas on n’eût pas des renseignements plus clairs et plus précis sur sa nature.
3°. Le sort était quelquefois employé en même temps que l’Urim était consulté (1 Samuel 10.20 ; 14.36-42), ce qui n’implique point, comme le croit M. Coquerel (Biogr. sacr. 176), que l’Urim lui-même fût employé pour le tirage au sort.
4°. Ce serait conclure sans prémisses suffisantes que de conclure de 1 Samuel 28.6, que l’Urim était une espèce de voix intérieure, comparable aux songes ou à l’inspiration des prophètes. La même observation s’applique à la conclusion qu’on a voulu tirer du silence de l’oracle (1 Samuel 14.37 ; 28.6) ; car il y a bien d’autres oracles, témoin la baguette divinatoire, qui ne répondent pas toujours quand on les interroge. Il faudrait savoir au juste ce que c’était que l’Urim, avant de pouvoir se prononcer sur le sens réel de ces passages.