Signifie, en vieux persan, un grand roi. C’était un nom générique, et en quelque sorte un titre donné aux rois de Perse. Plusieurs rois de ce nom sont mentionnées dans l’Écriture, mais il règne beaucoup d’incertitude sur l’identité de ces rois avec ceux dont nous parle l’histoire profane. Ces noms, qui n’étaient souvent que les noms généraux des rois d’une dynastie ou des titres honorifiques accordés à quelques-uns d’entre eux, variaient en outre si facilement, soit par le changement des voyelles, soit par le changement des consonnes, soit même par l’addition ou le retranchement d’une ou de plusieurs syllabes, en passant d’une langue à l’autre, du persan au grec, et du grec au latin, que parfois ils sont devenus entièrement méconnaissables. Il arrive ainsi que souvent plusieurs rois portent un seul nom, comme aussi que plusieurs noms très différents ne servent à désigner qu’un seul et même personnage. De tout cela résulte une confusion que les recherches historiques peuvent parvenir à débrouiller dans bien des cas, mais qui parfois déroute aussi la critique. Le cas actuel en est un exemple : nous trouvons dans la Bible trois Artaxerxès différents ; mais il n’est pas sûr que le deuxième et le troisième ne soient pas le même, Artaxerxès Longuemain ; il est de même possible que l’un des Artaxerxès soit identique avec l’un des Assuérus q. v.
1°. Celui qui est mentionné en Esdras 4.7-8, est presque sans contestation le faux Smerdis, surnommé par d’autres Mardus, par d’autres encore Speudata ou Oropaste. Prétendu fils de Cyrus, et prétendu frère cadet de Cambyse, il fut porté au trône des Perses par une révolution de prêtres (522 avant Jésus-Christ) ; mais son usurpation ne fut pas de longue durée : au bout de huit ans il fut renversé. Cédant aux menées des Samaritains, et en suite d’un rapport de Rehum, Artaxerxès fit défendre aux Juifs de continuer les travaux commencés pour le rétablissement du temple et de Jérusalem ; il eut ainsi le temps, pendant son règne si court, d’être trouvé faisant la guerre à Dieu. Ces travaux restèrent interrompus l’espace d’environ soixante ans.
2°. Peut-être le fameux Xercès, époux d’Ester, sous le nom de Assuérus, et successeur de Darius Hystaspe (Esdras 7.1-11 ; 8.1). La septième année de son règne tomberait sur l’an 478 av. C. Il est cependant possible, ainsi que nous l’avons dit, que ce soit Artaxerxès Longuemain. C’est l’opinion de Bossuet, c’est encore celle de plusieurs historiens ; c’est celle de Gesénius, mais ce n’est qu’une opinion ; les données manquent, et c’est parce que les dates sont incertaines et fixées diversement, que les uns plaçant le retour des Juifs en 478, le mettent sous Xercès ; les autres, le renvoyant à 437, le placent sous le règne de Longuemain. Tout cela importe peu. À la requête d’Esdras, cet Artaxerxès permit aux Juifs de reprendre la suite de leurs travaux et de pourvoir à la reconstruction du temple. L’édit qu’il promulgua à cet effet est empreint d’un esprit de générosité, de paix et d’amour pour le bien du peuple de Dieu ; il permet aux exilés de retourner dans leur patrie ; il leur permet de faire des collectes, de recueillir autour d’eux l’or et l’argent dont ils auront besoin, et de l’employer comme il leur semblera bon ; il leur rend les ustensiles et vases sacrés destinés au service de l’Éternel, et les autorise, en outre, à puiser dans les trésors royaux tout ce qui sera nécessaire pour les dépenses de leur culte. Esdras est chargé d’établir des juges, des magistrats et des hommes capables d’appliquer les lois de Dieu, et de les enseigner à ceux qui ne les sauraient pas ; enfin le roi exempte de toutes charges, impôts et tributs, les sacrificateurs, lévites, chantres, portiers, porteurs d’eau, et autres employés du nouveau temple.
3°. C’est, sans contestation, l’Artaxerxès qui reçut le surnom de Longuemain (Néhémie 2.1 ; 5.14 ; 13.6). Le commencement de son règne ne se laisse pas préciser très exactement ; selon les uns il commença 474 ans avant Jésus-Christ, selon d’autres, et c’est plus probable, en 464 ; il régna jusqu’en 425.Ce roi, qui accepta les services de Thémistoele exilé, avait pour échanson un vieillard vénérable, Juif d’origine, et dont la tristesse un jour le frappa et l’irrita. « Que le roi vive éternellement, lui répondit l’échanson ; mais comment mon visage ne serait-il pas abattu, puisque ma ville, qui est le lieu des sépulcres de mes pères, demeure désolée ? Si le roi le trouve bon, et si ton serviteur t’est agréable, envoie-moi en Judée, vers la ville de mes pères, pour la rebâtir ». Le roi et sa femme eurent égard à la prière du Juif qui, lui-même, nous a conservé ce récit ; c’est Néhémie. Il obtint une escorte et des passeports pour son voyage, avec les pleins pouvoirs nécessaires pour se procurer tous les matériaux dont il aurait besoin ; il fut même fait gouverneur de Judée par Artaxerxès. C’est de cet edit en faveur des Juifs qu’il faut partir pour compter les soixante et dix semaines de Daniel (Daniel 9.24-25). « Cette importante date, dit Bossuet, a de solides fondements ».