On peut voir les articles spéciaux pour les détails ; ici quelques remarques générales suffiront. L’Écriture qui nomme diverses pièces de vêtements, ne parle nulle part de leur forme et de leur coupe, à l’exception de ce qui concerne les prêtres et le souverain sacrificateur ; mais on peut conclure de l’usage général de l’Orient ancien et moderne, et des besoins du climat, que les vêtements des Juifs étaient amples et à larges replis ; les modes changent peu, lorsqu’elles sont indiquées ou commandées par la nature ; et quelques bas-reliefs retrouvés à Babylone, à Persépolis, et dans les nécropoles de Thèbes, confirment ce que l’induction fait soupçonner. Le costume des femmes ne différait pas essentiellement de celui des hommes ; quelques pièces de plus, quelques ornements, peut-être une étoffe plus fine et plus riche, servaient à distinguer les deux sexes, et la défense faite aux hommes de se déguiser en femmes, ou l’inverse (Deutéronome 22.5), ne porte que sur ces quelques caractères extérieurs, et non sur un costume complet ; cette défense n’avait d’autre but que de prévenir les désordres que provoquent si souvent les méprises et les quiproquos des mascarades.
La confection des habits fut dans presque tous les temps l’une des occupations des femmes, et même des plus distinguées par leur rang (1 Samuel 2.19 ; Proverbes 31.21 ; Actes 9.39). Chez les Juifs, l’ensemble du costume se composait de deux parties principales :
1°. Le vêtement de dessous, espèce de robe ou de tunique, nommée en hébreu k’toneth, que l’on retenait autour du corps au moyen d’une ceinture, et qui recouvrait quelquefois une chemise de lin (hébreu, sadin ; Juges 14.12 ; Proverbes 31.24 ; Ésaïe 3.23), passages qui sont les uns et les autres traduits dans nos versions de manière à écarter ce dernier mot ; les riches n’étaient pas seuls à posséder ce vêtement nécessaire ; la classe ouvrière, les pêcheurs en particulier, portaient aussi des chemises, de manière à pouvoir au besoin jeter la tunique en arrière pour faciliter les mouvements, sans être tout à fait nus ; dans ce dernier cas, cependant, lorsqu’un homme n’avait plus que sa chemise, on disait souvent qu’il était nu (1 Samuel 19.24 ; 2 Samuel 6.20 ; Ésaïe 20.2 ; Jean 21.7). Les grands et les hommes en voyage portaient quelquefois aussi deux tuniques, dont l’une supérieure et avec des manches (mahatapha) était toujours plus grande que celle de dessous, qui était sans manches (mehil ; 1 Samuel 15.27 ; 18.4 ; 24.5 ; Ésaïe 3.22) ; mais cette habitude fut toujours considérée comme une affaire de luxe (Matthieu 10.10 ; Marc 6.9 ; Luc 3.11 ; 9.3).
2°. Un vêtement de dessus, ou manteau (simla, bèged, etc.). Cette pièce, qui était la plus apparente, variait aussi le plus dans sa forme, et avait différents noms suivant sa coupe, sa finesse, le sexe qui devait s’en servir, etc. En général, c’était un vêtement très ample, mais qu’on a eu tort de croire régulièrement doublé de fourrures (d’après Genèse 25.25 ; Zacharie 13.4), quoiqu’aujourd’hui encore, même en été, les Orientaux, et notamment les Turcs, aiment à se couvrir de riches pelisses. Ces deux passages citent un vêtement particulier qui, bien loin de faire règle, semble précisément n’être indiqué que comme exception.
L’ampleur du manteau pouvait, à l’occasion, servir de poche ou de sac (Ruth 3.15 ; Psaumes 79.12 ; Luc 6.38). La robe qui fut donnée à Joseph par son père, et celle que portait Tamar (Genèse 37.3 ; 2 Samuel 13.18 ; hébreu passim), étaient probablement des manteaux bigarrés de diverses couleurs et de broderies ; ils étaient extrêmement recherchés (Juges 5.28 ; 8.26 ; 2 Samuel 1.24 ; Proverbes 31.22 ; Esther 8.15 ; Ézéchiel 16.10). On les faisait, en partie, venir du dehors (Sophonie 1.8). Les vêtements blancs, de lin ou de coton, étaient également considérés comme très précieux, et cette couleur, le symbole de l’innocence, est recommandée par Salomon, dans un sens figuré, à celui qui veut vivre justement (Ecclésiaste 9.8). Le vêtement du Christ transfiguré devint tout blanc (Luc 9.29), et les anges qui apparurent aux femmes, après la résurrection, sont représentés comme vêtus de robes blanches (Matthieu 28.3) ; mais, dans ces deux cas, la couleur exprime plutôt la splendeur, le rayonnement de la pure lumière du ciel (cf. Luc 24.4). D’après la loi de Moïse, les prêtres seuls pouvaient être vêtus de blanc. Il paraît que, sous les derniers rois, un luxe dévergondé s’introduisit dans l’habillement (Jérémie 4.30 ; Lamentations 4.5 ; Sophonie 1.8) ; c’est un caractère de toutes les époques de décadence, et il durait encore parmi les Juifs au temps des apôtres (1 Timothée 2.9 ; 1 Pierre 3.3 ; Jacques 2.2). Des personnes soi-disant pieuses suivaient la mode à cet égard, et ne faisaient disparate que par leur mise recherchée (Luc 20.46 ; cf. Matthieu 23.5).
Les Orientaux ont toujours aimé changer fréquemment d’habits (Genèse 41.14 ; 1 Samuel 28.8 ; 2 Samuel 12.20) ; les riches Hébreux avaient ordinairement une garde-robe bien montée et un grand nombre de vêtements de rechange (Ésaïe 3.6-7 ; Job 27.16 ; Luc 15.22). Les rois, en particulier, avaient, comme ils ont encore aujourd’hui, des provisions d’habits de cérémonie destinés à être offerts en cadeaux (1 Samuel 18.4 ; 2 Rois 5.5 ; Esther 4.4 ; 6.8-11). La souillure légale motivait un changement de vêtements (Lévitique 6.11-27 ; 11.25 ; 15.13 ; cf. Genèse 35.2).
Pendant le deuil, les Juifs s’habillaient de vêtements grossiers, de couleur foncée et sans ampleur. Les prophètes portaient un costume analogue, à cause du sérieux de leur vie (2 Rois 1.7-8 ; Matthieu 3.4).
Deutéronome 8.4, peut s’entendre littéralement d’une miraculeuse préservation des vêtements des Israélites dans le désert, ou, d’une manière plus simple, du soin merveilleux avec lequel Dieu pourvut à cette partie des besoins d’Israël. La première interprétation, quoique plus simple en apparence, offre plusieurs difficultés de détail ; les vêtements grandissaient-ils, grossissaient-ils avec ceux qui les portaient ? Comment les enfants nouveau-nés étaient-ils vêtus ? Que devenaient les habits de ceux qui mouraient ? etc. La seconde opinion n’est pas contraire au texte, et se rapproche davantage, quant à l’esprit, de ce qu’on remarque dans la conduite ordinaire de Dieu envers son peuple.
Sur Jean 19.23, la robe sans couture a beaucoup préoccupé les interprètes, mais à tort ; elle avait été faite au métier, et l’art du tisserand était déjà assez perfectionné anciennement pour que de pareils travaux qui, aujourd’hui, ne sont qu’un jeu, pussent être exécutés. Josèphe décrit, comme étant sans couture, la robe du souverain sacrificateur (Antiquités judaïques 3.6), et l’on en connaissait de diverses espèces, les unes n’ayant d’ouverture que pour passer la tête, d’autres en ayant aussi pour les bras. Cette fameuse robe, que Calvin appelle saye ou hoqueton, est présentement à Trêves et à Argenteuil ; le premier de ces deux exemplaires a déchiré la grave Allemagne, et le nom de Ronge lui est associé pour toujours par contraste. La robe de Trêves n’est d’ailleurs pas une tunique, mais une chasuble, ce qui ajouterait à l’invraisemblance de l’imposture s’il était nécessaire d’y ajouter quelque chose.
En fait de vêtements grecs et romains, nous ne trouvons mentionné dans les Apocryphes, que la chlamys, vaste manteau dont se servaient les chasseurs, les soldats, et surtout les cavaliers (2 Maccabées 12.35) ; dans le Nouveau Testament, un manteau de voyage (2 Timothée 4.13), que les Romains mettaient par dessus la tunique, et qui était garni d’un capuchon pour préserver la tête de la pluie ou du froid, et le manteau d’écarlate (Matthieu 27.28), manteau de laine teinte que portaient ordinairement les généraux et les officiers romains, et même les empereurs jusqu’au temps de Dioclétien.