Chef des péagers de Jéricho, désirant vivement de voir Jésus, et ne pouvant y réussir à cause de la foule, parce qu’il était petit, monta sur un sycomore, et fut distingué par Jésus, qui savait et appréciait ce qui se passait au-dedans de lui. Jésus entra dans sa maison malgré les murmures du peuple, lui annonça le salut, et produisit sur lui une impression si profonde, que, repentant de ses actions, le riche publicain s’engagea non seulement selon les prescriptions de la loi (Exode 22.1), à rendre le quadruple de ce qu’il avait dérobé en abusant de sa position, mais encore à donner la moitié de ses biens aux pauvres (Luc 19.2 ; etc.). Zachée était Juif, comme le prouve son nom (le même que Zaccaï, Esdras 2.9 ; Néhémie 7.14), signifiant juste ; on croit aussi que le Zabbaï de Esdras 10.28, et Néhémie 3.20, où nos versions portent à tort Zaccaï, n’est qu’une faute de copiste pour Ziccaï ; ce nom aurait été fort répandu), sa connaissance de la loi dans son offre de restitution, et le témoignage que lui rend Jésus d’être aussi un enfant d’Abraham.
Les Juifs n’étaient pas exclus des fonctions de péagers, mais ils y perdaient leur réputation, et passaient pour des traîtres aux yeux de leurs compatriotes, qui haïssaient naturellement les vexations d’une douane étrangère, et ne pouvaient que haïr davantage ceux des leurs qui consentaient à se faire les instruments de cette odieuse administration. Les paroles de Zachée, quoiqu’au présent, indiquent non pas des habitudes d’intégrité qu’il aurait eues jusqu’alors dans sa profession, mais sa ferme résolution de renoncer pour l’avenir au péché, et de le réparer pour le passé. La réponse de Jésus le réhabilite, et humilie ses ennemis, en lui laissant le titre d’enfant d’Abraham ; elle encourage la famille du publicain à le suivre dans le chemin nouveau de la vérité, en annonçant que le salut est venu dans sa maison ; elle renferme enfin une allusion à la vie passée du péager, en disant que le Fils de l’homme est venu sauver ce qui était perdu. La tradition ajoute que Zachée devint plus tard évêque de Césarée en Palestine ; mais cette manière de relever la gloire de tous les hommes dont il est parlé dans le Nouveau Testament, rappelle trop la canonisation accidentelle du mauvais riche, dont on avait fait saint Dives d’après un exemplaire de la Vulgate.