Ce furent là les premiers temples dans lesquels on adora la Divinité : les païens faisaient même de chaque forêt, grande ou petite, la demeure de certains génies. La terreur secrète qu’inspire l’obscurité, le silence qui règne dans les bois, peut-être aussi le sentiment de la solitude et de l’isolement, élève l’âme et la dispose à un vague besoin d’adoration religieuse ; les hauts lieux qui se présentent comme des temples naturels, où l’on est plus près du ciel, et d’où l’on domine davantage la terre, partageaient avec les ashères l’honneur d’être choisis pour la résidence de toutes les espèces de divinités imaginées et créées par l’esprit de l’homme. Quoi qu’il puisse y avoir de naturel et même de vrai dans le recueillement qu’on éprouve en ces lieux de retraite, ce n’est point là le véritable culte de l’Éternel, c’est une religiosité de païens, une religiosité panthéiste, et l’histoire prouve combien les peuples les plus dépravés, les plus impies, ont pourtant su, eux aussi, avoir cette religion qui dispense de toute autre. Moïse, afin de préserver son peuple des contagions païennes, lui ordonna de détruire tous les autels qu’il trouverait sur les hauteurs, ou dans les ashères (bocages) de Canaan (Exode 34.13 ; Deutéronome 7.5 ; 12.3). Mais l’attrait d’une religion naturelle et commode, la passion du fruit défendu, l’exemple des Cananéens, entraînèrent les Israélites vers le culte des ashères, et les prophètes rattachèrent souvent à la violation de cette portion de la loi, les menaces qu’ils annoncèrent de la part de Dieu, comme devant tomber sur Israël et sur Juda (1 Rois 14.23 ; 2 Chroniques 33.19 ; Jérémie 17.2 ; Michée 5.13, etc. Ésaïe 17.8 ; 27.9, etc.).