1°. (Daniel 9.1), doit être Astyage le Mède, fils du vaillant Cyaxare, qui concourut au renversement de l’empire des Assyriens et à la destruction de Ninive ; il fut père de Darius le Mède et de Mandane, et grand-père de Cyrus (601 avant Jésus-Christ).
2°. (Esdras 4.6), c’est Cambyse, roi de Perse (529 avant Jésus-Christ). Il succéda à son père Cyrus, et régna sept ans et cinq mois. À peine fut-il monté sur le trône que les Samaritains le sollicitèrent d’empêcher la reconstruction du temple de Jérusalem, et quoiqu’il ne leur accordât pas officiellement leur demande en publiant un décret formel de révocation, les travaux commencés restèrent suspendus tout le temps de son règne. Ce prince, en général, ne fut célèbre que par sa violence, sa folie et sa cruauté. Après avoir fait avec succès la guerre d’Égypte, il perdit son armée dans les déserts de la Lybie par son obstination à vouloir envahir l’Éthiopie. Dans sa rage il fit tomber la tête de ses principaux officiers, celle de son frère, et même celle de sa sœur. Apprenant que le mage Patizithes, auquel il avait confié le gouvernement en son absence, en avait profité pour placer sur le trône son propre frère, mage comme lui, Smerdis, qu’il donnait pour Smerdis le frère de Cambyse, celui-ci hâta son retour dans son royaume. On dit qu’en traversant la Judée, il assouvit sur les malheureux Juifs la fureur qui l’animait ; mais près du mont Carmel, il se blessa lui-même de son épée, en descendant précipitamment de son cheval, et comme il se sentait mourir, il réunit ses officiers, leur déclara qu’il avait fait mourir lui-même son propre frère Smerdis, et que celui qui occupait maintenant le trône n’était qu’un imposteur, et les engagea fortement à venger et punir cette usurpation, voir Artaxerxès 1°. Que ce Cambyse soit l’Assuérus dont il est parlé en Esdras 4, et Smerdis le mage, l’Artaxerxès mentionné immédiatement après, c’est un point sur lequel il ne saurait y avoir de doute, puisqu’il n’y a eu que ces deux rois entre Cyrus qui donna l’édit en faveur des Juifs, et Darius qui le confirma.
3°. Enfin, l’Assuérus dont il est parlé dans le livre d’Ester et qui fut le mari de cette belle et pieuse Juive. On a essayé de toutes sortes de conjectures, et l’on a cherché un peu partout quel était le roi de Perse auquel pouvait le mieux se rapporter, sous le point de vue historique, le peu que nous savons de cet Assuérus. On en a fait tour à tour Cambyse, Smerdis, Darius fils d’Hystaspe, Darius Nothus, Artaxerxès Mnémon, et enfin le fameux Xercès, et Artaxerxès Longue-main. L’histoire profane ne nous donne aucune indication qui puisse nous mettre sur la voie ; nulle part il ne nous est parlé d’un roi perse, époux d’une Israélite Ester ; nulle part nous ne voyons un premier ministre Haman disgracié et remplacé par un Juif Mardochée. Les Grecs et les Romains, qui seuls nous ont conservé l’histoire de la Perse, ne font nulle part mention du massacre projeté des Juifs de la dispersion ; mais leur silence sur ce point ne prouve rien ; il tient à ce qu’ils avaient assez d’autres choses à nous raconter, quand ils voyaient l’Orient se ruer sur l’Occident par millions d’hommes, et les principes des gouvernements se discuter dans de sanglantes batailles. Ester pâlissait devant Marathon peut-être, et Mardochée devant Salamine. Mais Ester a été la première femme d’un roi perse, et Mardochée son premier ministre. Qui est ce roi ? La plupart des interprètes semblent, au milieu de toutes les suppositions que nous venons d’énumérer, hésiter entre Xercès et Longue-main. C’est donc très probablement de l’un de ces deux rois qu’il est question, et les raisons que l’on met en avant pour Xercès paraissent l’emporter encore de beaucoup sur celles qui prouvent en faveur d’Artaxerxès Longue-main. En effet, ce dernier (v. notre article) a été contemporain de Néhémie ; sa femme parut s’intéresser à lui (Néhémie 2.1), et l’on ne comprendrait pas comment, si cette femme était Ester, Néhémie ne l’aurait jamais nommée, ne fût-ce qu’en passant ou pour lui donner un témoignage public de la reconnaissance de ses compatriotes, dont elle avait protégé la vie contre les tentatives de leur oppresseur. D’ailleurs, on ne saurait pas non plus où placer l’histoire d’Ester sous le règne de cet Artaxerxès : serait-ce pendant que Néhémie était à la cour ? mais comment Ester eût-elle souffert jusqu’alors cet asservissement des Juifs dont se plaint l’échanson ? serait-ce après la faveur accordée à Néhémie de retourner à Jérusalem pour en rebâtir le temple et les murailles ? mais cette faveur même était une garantie qui devait rendre impossibles les machinations de Haman contre les Hébreux dispersés. Ces motifs, joints à la circonstance que cette histoire tout entière cadre mieux avec l’histoire de Xercès et avec la chronologie, nous paraissent décisifs autant qu’il peut y avoir quelque chose de décisif en pareille matière. Le fameux Xercès aurait été l’époux de la cousine de Mardochée (485-465 avant Jésus-Christ). Le caractère cruel, capricieux, voluptueux, bizarre, de ce prince est le même dans les livres d’Hérodote et dans le livre d’Esther ; là nous le voyons faisant frapper et emprisonner la mer qui a détruit son pont de bateaux ; ici, par une boutade sans motifs, nous l’entendons livrer, donner le peuple juif tout entier à Haman pour qu’il en fasse « comme il lui plaira » (Esther 3.11). Là ce prince farouche se prend à verser des larmes en contemplant son immense armée du haut d’une colline, à la pensée que, dans un siècle, il n’existera plus un seul de ces innombrables guerriers ; ici de même, en apprenant les représailles sanglantes des Juifs révoltés à Susse, Assuérus paraît ému et voudrait venger les familles en deuil. Pour ce qui regarde la chronologie, on peut encore comparer Esther 4.3 ; 2.16.