(Baal des mouches, 2 Rois 1.2-3)
Dieu de Ekron. Il paraît, ou qu’on le représentait sous l’image d’une mouche, ou qu’on le regardait comme appelé à garantir de la piqûre des mouches malfaisantes : peut-être était-ce le même que le Hacor de Cyrène à qui l’on attribuait un semblable pouvoir, et que le Jupiter chasse-mouche (apomuïos) des Grecs. Le culte de cette fausse divinité était encore en usage au temps de notre Sauveur, puisque les Juifs l’accusèrent de chasser les démons par Béelzébub Je prince des démons, c’est-à-dire par Satan, comme le montre la réponse de Jésus (Matthieu 12.24 ; cf. 10.25 ; Marc 3.22 ; Luc 11.15-18) ; mais en passant dans la langue hébraïque, le nom du dieu païen fut défiguré de diverses manières, conformes au mépris que les Hébreux professaient pour tout ce qui venait du dehors, en religion surtout. Les uns l’appelèrent Béel-zebul (ou Zéboul), dieu du fumier, surnom dont le sens n’avait pas besoin d’explication sans doute, mais dont la formation grammaticale n’était pas tout à fait conforme au génie de la langue hébraïque, puisque fumier se dit Zébel, et non Zéboul ; cependant chacun sait que lorsqu’il s’agit d’un jeu de mots, l’on ne se montre pas trop exigeant quant à l’exactitude et à la précision linguistique. D’autres, à ce qu’il paraît, appelèrent ce faux dieu Baal ou Béelzébuth, soit qu’on veuille y voir un pluriel abrégé de Baal-zébub pour Baal-zébuboth, soit que les habitants d’Ekron aient eux-mêmes voulu donner, au nom de leur divinité, cette terminologie qui la faisait ressembler un peu à celle de Baal-zébaoth, l’Éternel des armées, des Hébreux, soit qu’ils aient cherché auprès des nations étrangères à cacher ce qu’il y avait de puéril dans l’image et dans les attributions de leur dieu, en déroutant par un simple changement de lettres, les recherches qu’on eut pu faire à ce sujet ; soit enfin que les Hébreux eux-mêmes se tissent scrupule de nommer par son nom une divinité païenne. À côté de ces diverses explications sur le nom de Béelzébuth, il en resterait encore une, c’est que cette manière d’écrire ne serait autre chose qu’une faute d’orthographe : on ne peut guère se prononcer d’une manière absolue, et chacun peut choisir l’explication qui lui paraît le plus probable.