« Afin que vienne sur vous, dit Jésus en pariant des scribes et des pharisiens, tout le sang juste qui a été répandu sur la terre, depuis le sang d’Abel le juste jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le temple et l’autel » (Matthieu 23, 35). Quel est ce Barachie ? c’est une question qui est toujours restée pendante depuis Origène et les Pères, et qui l’est encore maintenant. Quelques-uns ont pensé à Jebérékia, père de Zacharie (Ésaïe 8.2), d’autres à Barachie, père du prophète Zacharie (Zacharie 1.1), d’autres au père de Zacharie, père de Jean-Baptiste ; mais ce sont de pures hypothèses qui ne reposent que sur une ressemblance de nom, sans que l’histoire nous fournisse aucune preuve que ces différents Barachie soient morts de mort violente. Il reste enfin deux suppositions qui, l’une et l’autre, se rapportent au passage de 2 Chroniques 24.20-23. Là nous lisons que Zacharie, fils de Jehoïada, ayant reproché au peuple leurs transgressions, fut assommé de pierres par l’ordre du roi, au parvis de la maison de l’Éternel. Selon les uns, Barachie serait un second nom de Jehoïada, et c’est un moyen souvent employé et souvent justifié de concilier d’apparentes contradictions ; il n’était pas rare, en effet, qu’un homme portât des noms différents. Selon d’autres, Jehoïada serait le père de Barachie, et l’aïeul de Zacharie ; il y aurait donc une génération omise dans le récit des chroniques, mais il arrivait assez fréquemment que dans la généalogie d’un homme on ne comptât que ceux de ses ancêtres qui étaient le plus connus. Cette dernière manière de voir paraît plus vraisemblable, et peut s’appuyer encore sur le fait de la longue vie de Jehoïada qui atteignit l’âge de 130 ans (2 Chroniques 24.15). Jésus, en choisissant cet exemple au milieu de tant d’autres, aurait voulu faire sentir aux pharisiens que l’Écriture sainte tout entière, d’un bout à l’autre, rend témoignage à leur endurcissement ; car l’exemple d’Abel est tiré de la Genèse, et celui de Zacharie serait tiré du second livre des Chroniques qui, dans le texte hébreu, est placé à la fin du volume sacré.