Les Hébreux se la laissaient croître, comme faisaient et comme font encore presque tous les Orientaux (à l’exception cependant des Égyptiens ; car Joseph fut rasé pour être rendu digne de paraître en la présence de Pharaon, Genèse 41.14). Parfois ils l’écourtaient, ou même la rasaient entièrement en certaines places, suivant des formes régulières. Mais les coins de la barbe (Lévitique 19.27, probablement les favoris) que les Arabes rasent habituellement, ne devaient jamais tomber. Quelques-uns des Juifs modernes, par principe, conservent encore un léger filet de barbe depuis l’oreille, et au menton la barbe entière. Les Hébreux soignaient particulièrement cette partie de leur figure qu’ils regardaient comme leur plus bel ornement, et ils l’oignaient d’huiles odoriférantes (Psaumes 133.2 ; Daniel 10.3). Raser quelqu’un malgré lui, c’était lui faire un affront sanglant, et 2 Samuel 10.4, nous montre une guerre contre Hanun, résultant d’un traitement de ce genre fait aux envoyés du roi David. Niebuhr et Tavernier rapportent des faits semblables (cf. Ésaïe 7.20 ; 50.6, etc.). Moïse prescrit une tonsure complète comme mesure de santé (Lévitique 14.9) ; mais, à l’exception de ce seul cas, ce n’était jamais que dans un deuil profond que les Israélites se rasaient ou s’arrachaient la barbe (Ésaïe 15.2 ; Jérémie 41.5 ; 48.37 ; Esdras 9.3), ou négligeaient d’en prendre soin (2 Samuel 19.24). Néhémie, dans sa fureur contre ceux des Juifs qui avaient contracté des alliances étrangères, en battit quelques-uns et leur arracha les cheveux (Néhémie 13.25). Les esclaves n’avaient pas le droit de se laisser croître la barbe, que les Orientaux considéraient et considèrent encore comme l’apanage exclusif de l’homme libre et fort. On baisait la barbe de celui qu’on voulait honorer ou se rendre favorable (2 Samuel 20.9). Enfin cette excroissance capillaire était si considérée, elle jouait un tel rôle, qu’on mettait à part tous les poils qui tombaient sous le peigne, et qu’on les conservait avec beaucoup de soin.