Ce mot (hébreu B’dôlach) ne se trouve que deux fois dans la Bible (Genèse 2.12 ; Nombres 11.7). Dans le premier de ces passages, il est nommé à côté de l’or et de la pierre précieuse de Shoham (v. Onyx), comme une production du pays de Havilah, qu’entourait ou traversait un des fleuves du paradis ; dans le second, la manne lui est comparée. Plusieurs savants, des commentateurs juifs, Bochart et d’autres, pensent que le bdellion désigne des perles, et cette explication s’accorderait bien avec la comparaison établie entre cette substance et la manne qui était ronde, blanche et en petits grains ; de plus, d’après les mêmes interprètes, le sens étymologique du mot B’dôlach doit signifier « une chose précieuse », sens qui s’appliquerait également bien à la perle ; enfin il faut convenir que le passage de la Genèse ne présente aucun empêchement à cette explication. Il est à observer, néanmoins, qu’aucune des anciennes versions ne traduit ce mot par perle ; les Septante le rendent par escarboucle ou rubis dans Genèse 2.12, et par cristal dans les Nombres ; les autres versions grecques anciennes le traduisent par bdellion, mot qui désigne une résine transparente et odoriférante qui découle d’un certain palmier sur les bords du golfe Persique, en petits morceaux assez ronds, comme des larmes ; cette résine, d’une couleur foncée ou jaunâtre, et d’un goût amer, répand une odeur très agréable lorsqu’on la brûle. Il est bien possible que ce soit en effet là le B’dôlach mentionné dans les deux passages de la Bible, du moins l’affinité du nom grec avec l’hébreu ne saurait être méconnue ; et d’ailleurs il faut observer que la langue hébraïque a un mot particulier pour désigner les perles. La manne peut être comparée au bdellion en tant que c’est un jus résineux épaissi en globules. Mais d’un autre côté, on ne conçoit pas pourquoi cette résine, le bdellion, aurait été nommée dans la Genèse à coté de l’or et d’une pierre précieuse, vu qu’elle n’était pas très estimée et peut-être pas même connue des anciens.
D’autres savants, les plus anciens commentateurs juifs et d’autres, pensent enfin qu’au lieu de lire B’dôlach, il faut lire B’rôlach, changement de lettre qui a très facilement pu se faire en hébreu, et qui serait appuyé du témoignage des Septante, qui, dans un des deux passages, ont rendu le mot par cristal. B’rôlach désignerait alors le bérylle, sorte de cristal, auquel la manne peut aussi être comparée (Exode 16.14-31).