L’Écriture mentionne sous ce nom trois rois différents :
1°. Le fils de Tabrimmon, que Asa, roi de Juda, gagna et fit marcher contre Baësha, roi d’Israël. Cette expédition fut fatale aux dix tribus, et notamment à celle de Nephtali, dont plusieurs villes furent surprises et pillées (1 Rois 15.18ss).
2°. (1 Rois 20.1). Ben-Hadad, roi de Syrie, fils et successeur du précédent, marcha contre Samarie accompagné de trente-deux autres rois, et, suivi d’une nombreuse armée, il fit le siège de cette ville. Puis il fit orgueilleusement sommer Achab de se rendre à lui à discrétion, corps et biens. Mais Achab, appuyé sur l’avis des anciens du pays, lui fit répondre : « Que celui qui endosse le harnais ne se glorifie pas comme celui qui le quitte ». Le sens était clair : Ben-Hadad comprit le défi ; la bataille s’engagea, les Syriens furent mis en déroute, et le roi lui-même s’enfuit avec toute sa cavalerie. Ben-Hadad, cependant, ne se tint pas pour battu ; il attribua sa défaite à la protection des dieux d’Israël, et comme on avait combattu sur les montagnes, il s’imagina que c’était là peut-être la résidence de ces dieux, et que dans la plaine ils ne seraient plus d’aucun secours à leurs adorateurs. En conséquence, il se remit de rechef en campagne, au bout d’une année, avec une armée formidable, auprès de laquelle, dit l’écrivain sacré, les enfants d’Israël ne paraissaient pas plus que « deux troupeaux de chèvres ». Les deux armées demeurèrent sept jours en présence dans les plaines de Jizréhel, après quoi elles en vinrent aux mains, et les Israélites tuèrent cent mille hommes aux Syriens : le reste s’enfuit dans la ville d’Aphek, dont la muraille s’écroula sur eux et les écrasa au nombre de vingt-sept mille. Caché dans la ville, Ben-Hadad envoya quelques-uns des siens auprès du vainqueur pour demander sa grâce. Il l’obtint ; il fut épargné, malgré l’ordre contraire qu’Achab avait reçu de l’Éternel, et il fit alliance avec Achab, s’engageant à lui rendre les places conquises par son père, et à lui livrer quelques villes frontières.
Après une paix de trois ans (1 Rois 22.1), la guerre fut reprise entre le roi de Syrie et les deux rois alliés d’Israël et de Juda, qui voulaient s’emparer de la ville de Ramoth, que Ben-Hadad, contrairement à la foi des traités, refusait de livrer. Ben-Hadad avait donné l’ordre à ses capitaines de ne viser que sur Achab ; et quoiqu’on ne pût le reconnaître, à cause de son déguisement et de la lâcheté avec laquelle il avait voulu exposer Josaphat seul aux traits de l’ennemi, il fut mortellement blessé par une flèche tirée comme au hasard. L’armée israélite reçut l’ordre de battre en retraite ; la campagne était terminée.
Sous le règne de Joram on vit de nouveau Ben-Hadad reparaître en Israël (2 Rois 6.8ss). Comme tous les plans et projets du Syrien étaient connus de Joram avant même qu’ils fussent exécutés, Ben-Hadad fut fort irrité, pensant qu’il avait un traître auprès de lui ; mais ayant appris que c’était le prophète Élisée qui déjouait ainsi sa tactique, il envoya des gens à Dothan pour s’emparer de lui : mesure inutile, car l’Éternel sauva le prophète en frappant d’éblouissement les messagers de Ben-Hadad.
Quelque temps après, le roi de Syrie ayant rassemblé son armée, vint de nouveau mettre le siège devant Samarie. Comme le blocus se prolongeait, il y eut une grande famine dans la ville (2 Rois 7.4). Ben-Hadad espérait les soumettre par ce moyen ; il était près de réussir, les assiégés, à la dernière extrémité, commençaient à se livrer au désespoir, lorsque l’Éternel les visita d’une délivrance miraculeuse. Les troupes syriennes entendirent pendant la nuit un bruit de chariots et de chevaux, comme le bruit d’une grande armée (sans doute celle qu’Élisée avait fait voir à son serviteur sur la montagne (6.17), et croyant que c’étaient les rois des Héthiens et des Égyptiens, qui venaient au secours d’Israël, ils s’enfuirent précipitamment, saisis d’épouvante, en laissant tout leur bagage et leurs vivres dans le camp.
De retour à Damas, Ben-Hadad tomba malade, et ayant appris l’arrivée d’Élisée dans cette ville, il envoya auprès de lui avec de riches présents Hazaël, un de ses officiers, pour lui demander s’il pourrait se relever de cette maladie. Précédemment déjà, d’après le conseil d’une jeune esclave israélite, il avait envoyé son serviteur Naaman, atteint de la lèpre, auprès du roi d’Israël, en le priant de le faire guérir par Élisée, qui n’était apparemment autre chose, pour lui, qu’un habile magicien dont le roi pouvait disposer à sa guise. Voici la réponse que le prophète fit reporter à Ben-Hadad : « Vas, et dis-lui : certainement tu en pourrais relever ; toutefois l’Éternel m’a montré que certainement il mourra ». En effet, bien que sa maladie ne fût pas mortelle, Ben-Hadad fut le lendemain trouvé mort dans son lit : Hazaël l’avait étouffé pour régner à sa place (884 avant Jésus-Christ).
Riche, puissant et fort, ce monarque ambitieux, trois fois se leva contre Israël, et trois fois dut s’enfuir ; c’est que le Dieu qui protégeait les tribus n’était pas seulement le Dieu des montagnes, c’était encore le Dieu des plaines. Le petit royaume d’Israël ne fut point redevable de son salut à ses propres forces, mais à la présence et aux prières du prophète Élisée. Dieu avait choisi les choses faibles de ce monde pour rendre confuses les fortes « afin que nulle chair ne se glorifiât devant lui » (1 Corinthiens 1.27-29).
3°. Fils de Hazaël le meurtrier du précédent. Il opprima les dix tribus sous Joakhaz, roi d’Israël, mais fut vaincu et chassé sous Joas, roi de Juda (2 Rois 13). Il reçut de son père, ou il prit lui-même le nom de Ben-Hadad, qui, étant commun à un grand nombre de rois syriens (Jérémie 19.27 ; Amos 1.4) pouvait cacher son usurpation et faire oublier la nouveauté de la dynastie parvenue.