Les patriarches et les premiers Hébreux furent nomades et bergers ; Abraham, lsaac, Jacob et ses douze fils voyagent conduisant après eux de nombreux troupeaux de chèvres, de brebis, de bœufs, d’ânes et de chameaux, qu’ils mènent paître dans les steppes solitaires de Canaan, de l’Égypte ou de l’Arabie. Cette vie nomade cessa plus ou moins généralement, lorsque les Israélites se furent emparés de la terre promise, et que la culture du sol fut devenue leur principale richesse ; mais on continua de trouver, surtout chez les tribus transjourdaines, bon nombre d’hommes qui conservèrent, au milieu de leurs villes fortifiées, des habitudes plus en rapport avec celles de leurs ancêtres ; Nabal en est un exemple (1 Samuel 25.2 ; cf. 2 Rois 3.4). Ces riches propriétaires avaient sous leurs ordres des centaines de serviteurs qu’ils pouvaient au besoin transformer en soldats, soit pour des haines et des vengeances personnelles (Genèse 14.14), soit pour la garde des troupeaux et des citernes (13.7 ; 26.20). Bergers, nomades ou sédentaires, ils habitaient sous des tentes (Cantique 1.7 ; 2 Chroniques 14.15 ; Ésaïe 38.12 ; Jérémie 6.3). Ils étaient ordinairement munis d’un bâton recourbé vers le bout (1 Samuel 17.40 ; Michée 7.14), d’une poche ou bissac, et d’un chien, pour repousser les bêtes féroces contre lesquelles ils luttaient parfois, et souvent avec avantage (Amos 3.12 ; Ésaïe 31.4 ; 1 Samuel 17.34). Du reste, ils avaient rarement des armes proprement dites, même des frondes. Ils se construisaient des guérites ou de petits observatoires, au haut desquels ils montaient pour découvrir les pièces de bétail égarées, ou pour prévenir de plus loin les dangers dont ils pouvaient être menacés (Michée 4.8), c’est peut-être à cette circonstance qu’ils doivent d’avoir été cités comme types de la vigilance (Nahum 3.18 ; v. Luc 2.8). Ils ne devaient rien négliger pour recouvrer un animal perdu (Ézéchiel 34.12 ; Luc 15.5) ; ils portaient dans leurs bras ceux qui étaient faibles et malades (Ésaïe 40.11), et prenaient garde de les échauffer ou de les fatiguer par des marches forcées (Genèse 33.13). Leur principal vêtement était un manteau dont ils s’enveloppaient tout le corps (Jérémie 43.12) ; ils se nourrissaient de fruits sauvages, de figues (Amos 7.14), et, au besoin, de carouges (Luc 5.16) ; ils ne recevaient point de gages en argent, mais ils avaient une certaine part aux produits du troupeau, aux petits qui naissaient pendant le temps de leur service (Genèse 30.32), et au lait dont ils pouvaient faire leur nourriture (1 Corinthiens 9.7). Il est évident (d’après 1 Samuel 16.17-18), que la musique était un délassement ordinaire des bergers hébreux, comme elle l’est des gardeurs de troupeaux dans tous les pays. Sous les rois, la charge d’inspecteur en chef des troupeaux était un emploi considérable (1 Samuel 21.7) : et l’on peut dire, en général, que la condition de berger était fort considérée : les fils et les filles de riches propriétaires ne craignent pas de s’occuper eux-mêmes de ces soins ; les prophètes, les rois, et Dieu lui-même, prennent et acceptent le titre honorable de pasteurs et bergers (cf. Psaumes 23.1 ; Jean 10.1 ; Hébreux 13.20), titre qui joue comme symbole un grand rôle dans les livres saints. Les récits des voyageurs modernes en Perse reproduisent trait pour trait le tableau des soins pastoraux de Ésaïe 40.11, et ailleurs.
Quant à la grotte des bergers dont parlent certains voyageurs, amateurs de reliques à tout prix, v. l’art. Bethléhem.