(Boan, forme galiléenne pour ben, fils ; roguèz, de ragaz, tremblement, ébranlement, tonnerre), surnom de Jacques et de Jean. Surnom donné par notre Seigneur à Jacques et à Jean, fils de Zébédée (Marc 3.17), probablement à cause de la puissance de leur parole.
Plusieurs commentateurs pensent que ce surnom fut donné aux fils de Zébédée à cause de la scène dans laquelle ils voulurent, à l’exemple d’Élie, faire descendre le feu du ciel sur une bourgade des Samaritains qui avait refusé de recevoir le Sauveur (Luc 9.34ss). Jésus leur dit alors : Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés ; paroles qui impliquent certainement un blâme et non un éloge comme le prétendent quelques théologiens. Sous sa forme la plus adoucie, ce blâme signifierait : Vous confondez les deux économies : sous l’ancienne, Élie a pu frapper de la foudre ceux qui méconnaissaient sa mission ; sous la nouvelle qui est une alliance d’amour, il n’en est plus ainsi ; le Fils de l’homme n’est pas venu pour faire périr les âmes des hommes, mais pour les sauver. Les mots du verset 55.« censura fortement » excluent, dans tous les cas, l’idée d’une louange, et si le nom de Boanergès a quelque rapport avec cette circonstance, ce ne serait que comme un souvenir que Jésus leur rappelle : Fils du tonnerre, hommes de zèle et de puissance, oubliez-vous de quel esprit vous devriez être animés ?
Cependant, même avec cette modification dans le sens, le nom de Boanergès ne paraît que difficilement pouvoir se placer ici. Olshausen, pour sa part, nie toute espèce de corrélation entre le fait et le surnom. Il n’y a pas d’exemple, dit-il, qu’un blâme ait jamais été formulé de telle manière que le souvenir en fut rattaché comme surnom à celui qui avait commis une faute, et ce serait plus étrange encore dans ce cas-ci, où la conduite des deux apôtres, blâmable au point de vue chrétien, se justifiait cependant au point de vue juif, non seulement en théorie et d’une manière générale, mais encore par l’exemple d’Élie qu’invoquent les apôtres. Puis le fait que ce surnom n’est rappelé que en Marc 3.17, dans la liste des apôtres, parallèlement au surnom de Pierre donné à Simon comme un des caractères de sa mission future, comme éloge, ne permet pas de supposer qu’immédiatement après, en parlant de deux des apôtres les plus distingués avec Pierre, un blâme soit enregistré d’une manière aussi éclatante. Les Pères de l’Eglise l’ont ainsi pensé dès le commencement, et ils ont vu dans les mots « fils du tonnerre » le portrait du caractère apostolique des fils de Zébédée.
Nous modifierons ce jugement en rapportant le nom de Boanergès à l’œuvre des apôtres plutôt qu’à leur caractère. Il rappellerait l’ébranlement que l’Évangile devait occasionner dans le monde (Aggée 2.5-7 ; cf. Hébreux 12.26 ; Jérémie 23.29). Jacques est trop peu connu pour qu’on puisse dire jusqu’à quel point sa personnalité légitimait le surnom qu’il reçut, et quant à Jean, la douceur de son caractère est si proverbiale qu’on a peine à se le représenter comme un fils du tonnerre. Cependant, comme on a eu occasion de le voir ailleurs, sa douceur n’a rien d’efféminé, sa fermeté était plus égale que celle de plusieurs de ses collègues, et il se montre dans ses épîtres, dans la première surtout, non seulement si zélé, mais encore si intrépide dans sa lutte contre les erreurs et les fausses doctrines, que le nom de Boanergès n’aurait rien d’étrange, même appliqué à sa personnalité. Voir encore 2 Jean 1.10, et l’Apocalypse.
Ces surnoms, comme ceux qui furent donnés à Simon, à Abram, à Jacob, ont pour but de caractériser le nouvel homme ; ils sont le symbole de la nouvelle nature, de la nouvelle naissance (cf. Ésaïe 62.2 ; 65.15 ; Apocalypse 2.17). Le Seigneur, en appelant ses serviteurs, leur donne de nouveaux noms.