Les chèvres, comprises avec les moutons sous le nom général de Tson, formaient le menu bétail en opposition avec le gros bétail, Bakhar, ou les bœufs. Les patriarches en possédaient, comme de nos jours encore les Bédouins, de nombreux troupeaux (Genèse 15.9 ; 32.14 ; 37.31), et les Israélites postérieurs firent également consister une grande partie de leur fortune dans le nombre de ces animaux (1 Samuel 25.2 ; Cantique 6.5 ; Proverbes 27.26). La chèvre était un animal pur ; on s’en servait pour les repas et pour les sacrifices (Deutéronome 14.4), et l’on choisissait de préférence, comme encore maintenant, les jeunes chevreaux (Genèse 27.9 ; 38.20 ; Juges 6.19 ; 13.15 ; cf. 1 Samuel 16.20). On en estimait beaucoup le lait (Proverbes 27.27), que l’on regardait comme plus sain que celui de la brebis. Les prophètes, les prédicateurs de la repentance, et en général les hommes à principes sévères, ainsi que les nécessiteux, se couvraient ordinairement de peaux de chèvres : on se servait encore du poil de ces animaux pour en faire des couvertures de tentes (Exode 26.7 ; 35.6 ; 36.14), peut-être aussi des matelas. Les chèvres des Bédouins sont communément noires ; dans la Syrie et la Basse-Égypte elles sont plus grosses que les nôtres, d’un rouge clair, et les oreilles pendantes. Il ne paraît pas que la chèvre angora soit jamais désignée dans la Bible.
La défense de cuire le chevreau dans le lait de sa mère (Exode 23.19 ; 34.26), c’est-à-dire dans du beurre, pouvait avoir pour but de favoriser l’agriculture par l’obligation de se servir d’huile pour l’assaisonnement des viandes : le législateur, qui voulait fixer au sol la nation juive, devait multiplier les occasions qui en rendissent les produits nécessaires. Mais il est difficile de n’y pas voir aussi, ne fût-ce que dans l’expression, une de ces prescriptions touchantes qui, en inspirant la pitié et la sympathie pour les animaux, devaient adoucir le cœur de l’homme.
L’empire macédonien est représenté (Daniel 8.5), sous l’emblème d’un « bouc sortant d’entre les chèvres », et l’on remarque que la Macédoine, dans les premiers temps de son histoire, possédait une telle multitude de chèvres, que plusieurs villes prirent ces animaux pour leurs symboles, et les frappèrent sur leurs monnaies : les habitants même prirent le nom d’Egéens (chevriers), qui s’est conservé jusqu’à nos jours dans le nom de la mer Egée.