On se servait de cornes, principalement de cornes de bœuf, comme de verres pour boire, ou plus fréquemment encore, comme de vases pour conserver les liquides, le fard, l’huile, etc. (1 Samuel 16.1-13 ; 1 Rois 1.39). Une des filles de Job est appelée Kéren-Happouk, corne d’antimoine (42.14). On les employait aussi, dans l’antiquité, comme instruments à vent, ainsi que le font encore les bergers des Alpes, quoique les instruments de cuivre, ou d’autre métal, fussent aussi déjà fort anciennement connus (cf. Josué 6.5 ; Juges 7.16).
L’autel des holocaustes avait à ses quatre coins des cornes de bois recouvertes d’airain (Exode 27.2). L’autel des parfums avait aussi quatre cornes, mais recouvertes d’or (Exode 30.2 ; cf. Jérémie 17.1 ; Amos 3.14). Dans le second temple elles étaient de pierre, et avaient une coudée de longueur. On n’en connaît pas exactement la destination ; peut-être, d’après le Psaumes 118.27, servaient-elles à retenir les victimes.
Le souverain pontife les arrosait du sang des sacrifices (Exode 29.12 ; Lévitique 4.7-18 ; cf. 8.18 ; 9.9 ; 16.18 ; Ézéchiel 43.20). Chez les Juifs comme chez les païens, les criminels se réfugiaient auprès des autels dont ils empoignaient les cornes, et qu’ils regardaient comme des asiles sacrés (1 Rois 1.50 ; 2.28).
La corne est souvent prise pour le symbole de la force, en allusion à la force du taureau qui réside dans son front. Ainsi dans l’original de Jérémie 48.25, on lit : la corne de Moab a été rompue : de même Lamentation 2.3, la corne d’Israël. Tu élèveras ma corne comme celle d’une licorne, dit le Psalmiste (92.10). Et la corne du juste sera élevée en gloire (112.9). L’Éternel fera germer la corne de la maison d’Israël (Ézéchiel 29.21). Quoique les dignitaires de l’Orient aient encore aujourd’hui l’habitude d’orner leur coiffure d’une espèce de corne avancée, ce serait aller trop loin que d’y chercher l’origine de cette manière de parler ; le rapprochement indiqué plus haut est à la fois plus clair et plus simple. Les Latins avaient la même expression ; ainsi nous trouvons dans Horace, Od. 3.21 (1 o), 18. : Et addis cornua pauperi ; les Arabes appelaient Alexandre le Cornu, pour indiquer sa puissance ; et une superstition chrétienne s’est plu à donner des cornes à Moïse (on les montre encore à Gènes). David appelle Dieu la corne de son salut (Psaumes 18.2). Enfin les puissances des Perses, des Grecs, de la Syrie et de l’Égypte, sont représentées dans le livre de Daniel (7 et 8) comme autant de cornes ; Daniel et Alexandre sont un bouc et un bélier qui se heurtent violemment de leurs cornes, l’Antichrist est la petite corne.